Khalid Ibn Walid – qu’Allah l’agrée – se dirigea vers l’Irak à la tête de quarante milles hommes environ et fit la paix avec les habitants du Sawad. Ensuite il s’avança jusqu’au Banu Baqila et dit : « Envoyez moi un de vos hommes sages et des plus âgés. »
Ils lui envoyèrent ‘Amr abd al masih al Baqila. Ce dernier s’avança d’une démarche posée.
Khalid dit : « Ils nous ont envoyé un vieillard sénile. »
L’homme s’approcha de lui et dit : « Que tu jouisses de ta matinée ! Puisses-tu éloigner de toi la malédiction, Ô Khalid ! »
Khalid – qu’Allah l’agrée – rétorqua : « Allah a apporté une salutation autre que celle-ci. Jusqu’où remontes-tu ? »
« Du dos de mon père » répliqua l’homme.
« D’où sors-tu ? » questionna Khalid.
«Du ventre de ma mère » fit l’homme.
« Sur quoi es-tu ? » continua Khalid.
« Sur la terre » affirma l’homme.
« Dans quoi es-tu alors ? » questionna Khalid.
« Dans mes vêtements » rétorqua l’homme.
« Comprends-tu ? » demanda Khalid.
« Oui, et j’attache aussi » répondit l’homme.
« Tu es fils de combien ? ».
« Fils d’un seul homme ».
Khalid -qu’Allâh l’agrée- ajouta : « Je n’ai jamais vu jusqu’à ce jour, quelqu’un à qui je pose une question et qui dévie dans sa réponse. »
L’homme rétorqua : « Je ne réponds qu’à la question que tu me poses. Demande ce que tu veux ! »
« Tu es en guerre ou en paix ? »
« Je suis en paix ».
« Dans ce cas, quel est le sens de toutes ces forteresses ? »
« Nous les avons érigées » dit l’homme « pour le simplet, jusqu’à ce que l’homme raisonnable vienne le délivrer. »
« Combien d’années as-tu vues ? » « Trois cent cinquante ans ».
« Qu’as tu connu ? »
« J’ai vu la mer se retirer de ce coin ; j’ai vu la femme parmi les habitants de Hira déposer son panier, puis s’en aller jusqu’au Sham, à travers des villages contigus, qui sont devenus ruines et déserts. Telle est la loi d’Allah envers Ses créatures et Ses pays. »
Il avait en sa possession un poison fulgurant.
Khalid lui demanda : « Qu’est-ce que c’est ? » « C’est un poison fulgurant » fut sa réponse.
« Qu’est-ce qui t’y accule ? »
« Si ce que tu as donne satisfaction à mon peuple et aux gens de mon pays, je louerai Allah et je l’accepterai. Au cas contraire, je ne voudrais pas être le premier à apporter l’humiliation à son peuple. Bien au contraire, je l’avalerai afin de trouver le repos. »
Khalid s’en saisit et dit : « Au nom d’Allah, par Allah, au nom d’Allah, Seigneur de la terre et du ciel. Au nom d’Allah, avec le nom duquel rien sur terre ni dans le ciel ne saurait nuire. »
Ensuite il l’avala et fut pris d’un étourdissement. Puis, son front transpira et il se leva, comme délivré d’un entrave.
Ibn Baqila retourna chez les siens en disant : « Je reviens de chez un satan. Donnez à ces gens ce qu’ils demandent. »
Cité par Ibn al Jawzy dans Sifat as Safwa

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