Ghardaïa. La population appelle la… … police au calme ! Il aurait été intéressant de demander aux policiers grévistes de Ghardaïa ce qu’ils en pensent. Entre un sit-in, une protesta et une salve de colère, poser cette question, juste cette question aux camarades de la maison bleue : «C’est quoi un pays que l’on gouverne avec le cerveau, pas avec les pieds ?» Pour des mecs qui usent leurs godasses depuis des mois dans le bourbier du M’Zab, leur avis aurait caractère de point de vue avisé. La question ne leur a pas été posée, et c’est bien dommage. Reste l’exploit ! Ah ! Ça oui ! Pour un exploit, c’en est un. Un régime totalitaire, un régime qui brime et interdit à tour de bras et de matraques de flics, ce régime-là qui réussit à mettre en colère ses «forces de la répression», à les faire descendre dans la rue pour autre chose que pour taper sur du gaucho, du prolo, du barbu, ou sur la synthèse des trois, un prof gréviste, chapeau Khouya Abdelaziz, ou Khouya l’Autre, Monsieur votre frère. De la belle ouvrage, ma foi ! Là, à l’instant, j’apprends que Tayeb Bélaïz vient d’être dépêché à Ghardaïa. Je me tiens littéralement le ventre. Imaginez un instant que le Tayeb, gagné lui aussi par le vent de folie ambiant, débraie à son tour, fasse grève et se mette à gueuler des slogans hostiles au Palais devant les grilles de la Wilaya ? Remarquez, peut-être faut-il poser la question autrement, envisager la trame dramatique d’une autre façon, tellement les choses s’accélèrent : le wali de Ghardaïa a-t-il été à son tour agressé, après son confrère d’Illizi ? Moi, je vous le dis, ça s’emballe, et ça s’emballe sec ! Encore quelques heures, et composer le 17 pour signaler une urgence d’ordre public sera considéré comme un délit, une marque de solidarité avec les poulagas grévistes. Comment punir ceux qui auront eu l’outrecuidance révolutionnaire et déviationniste d’appeler le 17 ? En envoyant contre eux la troupe ? Mais quelle troupe ? Les flics font grève. Le DRS est décimé et interdit d’entreprise. Que reste-t-il de debout dans cette République mon Dieu ? Mais ouiiiii ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Les scouts, bien sûr. Vu la situation, il faut vite décréter l’année 2015 année des scouts. Louveteaux et éclaireurs de tout le pays levez le bras, la paume de la main en avant, et en formation de randonnée ! La nation a besoin d’un corps non encore gagné par la colère. Rassurez-moi, dites-moi Bark : Yek les scouts, ils ne sont pas encore en colère ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
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