Saâdani se soigne en France. Faut-il s’inquiéter ? Oui, absolument. Faut s’inquiéter sérieusement pour… … les médecins ! Je rigole, je rigole, avec cette histoire de Saâdani qui se soigne en France –une info exclusive du Soir d’Algérie — mais reste le fond du problème. Coup sur coup, le Président, le patron du premier parti du pays, de très hauts commis de l’Etat, des figures du régime ont été soignés en France, en Europe et en d’autres parties du «monde bien soignant». Le plus naturellement qu’il soit on nous annonce que tel responsable a été évacué vers telle clinique prestigieuse des bords de Seine ou des berges du lac Léman, comme si ça devait… couler de source, constituer un processus normal, voire banal. Banal ta mère ! Quelle crédibilité peut avoir ce système qui soigne ses bobos, grands et petits, chez Fafa au moment même où des hôpitaux algériens brûlent, avec des patients dedans ? C’est quoi cette gâchette sanitaire rapide sur laquelle ils appuient aussi souvent dans le Palais et dans ses dépendances et qui leur permet de s’envoler aussi prestement vers la France pour s’y faire retaper, alors que toi, tu supplies qu’on t’avance de deux mois ton rendez-vous en radiothérapie, celui qu’on a bien voulu te délivrer au lance-pierre étant programmé six mois plus tard, inch’Allah si Dieu veut, peut-être, peut-être pas ? Non M’sieur ! Ce n’est pas un point de détail, les plus hautes personnalités du régime qui se soignent à l’étranger, à leur tête Abdekka. C’est central, comme problématique. C’est existentiel ! C’est un point de fracture essentiel. Faut qu’on nous le dise, que ça soit assumé publiquement : le bétail, c’est ici que ça se soigne, dans les alcôves vétérinaires, tafadhalou les moutons et les brebis. Et le haut du panier, les crabes aux pinces d’or, c’est la clinique Hartmann, à «Bariz», chez Anne Hidalgo ! Ya sidi, inscrivez ça quelque part dans la future Constitution ! Au moins, là les choses seront claires. Mais que ça se passe comme ça, par le simple fait du prince, qu’il soit institué, canonisé par une jurisprudence non écrite que les pontes du système se voient dédié un «couloir sanitaire» français, suisse ou américain, alors que la plèbe peut mourir dans un hôpital en feu, c’est de l’apartheid ! C’est de la discrimination criminelle. Faut-il que les Algériens se massent autour de l’avion médicalisé de Abdekka, tiennent sit-in devant sa passerelle, fassent cordon «in-sanitaire» de part et d’autre de cet aéroplane pour que l’on saisisse l’innommable injustice du système de soins algérien ? Faut-il qu’en plus de manifester à In-Salah contre les dégâts à venir sur notre santé à cause du gaz de schiste, nous remontions plus au nord pour immobiliser leurs avions médicalisés achetés avec nos impôts et qu’ils ont accaparés, leur conférant des statuts ubuesques de jets privés ? Attention ! Les incendies ne se déclarent pas seulement dans les hôpitaux psychiatriques. A force de pousser ce peuple dans ses derniers retranchements, jusqu’à la colère folle, le feu peut aussi gagner les tarmacs. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |