Mozilla a décidé de renoncer à tout développement sur Firefox OS. Le système en lui-même n’est pas tout à fait mort car sa base est open source. Il pourrait donc se créer des forks si la communauté en reprend les rênes. Le travail sur Gecko, lui, continue.Firefox OS rejoint la liste croissante des plateformes mobiles qui ont tenté leur chance et n’ont pas réussi. L’idée de Mozilla était intéressante sur le papier : créer un contrepoids aux grosses plateformes fermées en proposant une base ouverte et un développement basé sur les technologies du web. Au centre de cette plateforme, le moteur Gecko, qui servait notamment pour les interfaces et les capacités des applications.Une maturation lente, un marché déjà encombré

La première version de Firefox OS était cependant assez « brute ». Les fonctionnalités basiques étaient présentes, mais après plusieurs années d’Android et iOS, les utilisateurs en attendaient davantage. D’un autre côté, Firefox OS se destinait avant aux marchés émergents – en tout cas dans un premier temps.Petit à petit, le système s’était renforcé en gagnant en fonctionnalités et en élargissant les possibilités pour les développeurs tiers. Pourtant, ce n’était pas suffisant, et ce pour une raison très simple : Android et iOS existaient déjà. Pour un très grand nombre d’entreprises, il est délicat d’aller créer d’autres applications mobiles quand les deux plateformes majoritaires ont déjà été servies, question de budget de développement et de support. Microsoft, avec des moyens bien plus vastes, a également fait les frais de cette réalité.
Le dernier bastion s'écroule

Aussi, l’annonce de décembre 2015 n’était pas vraiment étonnante : le développement commercial de Firefox OS était arrêté pour les smartphones. Il restait cependant certaines catégories de produits où le système de Mozilla se trouvait aussi, notamment les téléviseurs connectés (Panasonic par exemple).Désormais, c’est tout développement de Firefox OS qui est mis à l’arrêt. Plus question à partir de maintenant pour Mozilla d’investir encore dans la plateforme. Une décision qui fait suite à une étude de la situation par l’équipe Connected Devices, dont la conclusion était que le pilotage du projet pouvait être assuré par les partenaires commerciaux. De fait, Firefox OS 2.6 est la dernière mouture stable disponible du système, et il n’y en aura pas d’autres.La communauté invitée à poursuivre...

Quelle suite ? Ari Jaaksi et David Bryant, tous deux de chez Mozilla, indiquent que le temps du ménage et du recentrage est venu : « Bien que le travail de Mozilla sur Firefox soit arrêté, nous avons vraiment besoin de continuer à faire évoluer le code sous-jacent qui comprend Gecko, notre moteur de plateforme web, qui fait partie du développement de Firefox. Pour évoluer rapidement et permettre des changements architecturels substantiels dans Gecko, nous avons besoin de supprimer tout code relatif à B2G du dépôt central ». Rappelons que B2G signifie « Boot 2 Gecko » et constitue la base open source du projetFirefox OS.La conséquence est simple : si la communauté veut que le développement de B2G se poursuive, elle doit le reprendre en mains. Il existera cependant une précision de taille pour tout fork de ce projet : « Pour que la communauté continue à travailler sur B2G, elle devra entretenir une base de code incluant une version complète de Gecko, et aura donc besoin de le « forker » et de continuer le développement de son côté, sur une branche séparée ».... mais avec un fork obligatoire de Gecko

En clair, le développement de Gecko, donc le moteur de rendu de Firefox, reste sous l’entier contrôle de Mozilla. B2G ne peut pas fonctionner sans Gecko, mais puisqu’il s’agit également d’un projet open source, ils peuvent en réaliser un fork pour leurs propres besoins. Rien ne les empêchera par la suite de synchroniser les branches en allant récupérer régulièrement les nouveautés ajoutées par Mozilla.Mozilla se dit conscient que la décision est difficile et risque de provoquer de nombreuses déceptions, tant pour ceux qui attendaient que l’éditeur chamboule le marché mobile, que pour la communauté autour de B2G. Pour cette dernière, le travail risque de devenir complexe sans le soutien direct de Mozilla et la nécessité du fork de Gecko. La société indique cependant que c’était pour elle le seul moyen de continuer efficacement.Encore un rencentrage sur Firefox

Il est intéressant en tout cas de remarquer qu’avec le temps, le regard de Mozilla revient toujours sur Firefox. La dernière version a été l’occasion d’éliminer la fonction de communication Hello, qui n’avait visiblement pas rencontré le succès escompté. Les développements récents du navigateur provoquaient quelques troubles, Firefox perdant peu à peu son image de navigateur léger et personnalisable à l’envie. Petit à petit, les efforts de l’éditeur se recentrent sur cet objectif. L’arrivée du multiprocessus réclame d’ailleurs de sérieuses ressources développeurs.Windows XP ne sera plus supporté en mars 2017

Le ménage ne se fait d’ailleurs pas que dans les projets et les fonctionnalités de Firefox. Autour du navigateur, les plateformes prises en charge subissent en ce moment de vastes assauts, l’éditeur souhaitant en finir avec les plus vieilles. Avec Firefox 49, trois anciennes versions d’OS X ne sont ainsi plus supportées.Mais Firefox 53, qui doit arriver en mars 2017, abandonnera pour sa part Windows XP et Vista. La question était posée depuis longtemps pour le dinosaure XP, Firefox devenant le seul vrai refuge pour les utilisateurs des navigateurs concurrents, qui ont coupé ce support au cours de la dernière année. Rappelons que Windows XP ne reçoit plus aucune mise à jour – y compris de sécurité – depuis avril 2014.