Microsoft est au plus haut en Bourse depuis 1999, et ce n'est pas grâce à Windows
Les investissements de Microsoft dans le cloud - les services hébergés en ligne - permettent l'éclosion de nouvelles activités très lucratives pour le géant de l'informatique.
Les efforts de Microsoft commencent à payer. L'action du groupe informatique s'est envolée jeudi soir au-delà des 60 dollars à la Bourse de New York. C'est la première fois qu'elle atteint un tel niveau depuis 1999, avant l'explosion de la bulle Internet. Elle était toujours à un niveau de 59,80 dollars à l'ouverture des marchés vendredi, en hausse de 4,46%. La capitalisation boursière de Microsoft reste inférieure à celle de 1999, à 618 milliards de dollars au plus haut, alors qu'elle avoisine les 463 milliards aujourd'hui. Mais les résultats trimestriels de Microsoft, dévoilés jeudi, ont tout de même enthousiasmé les marchés. De prime abord, ils paraissent plutôt moribonds. Le chiffre d'affaires de Microsoft s'est élevé à 20,5 milliards de dollars entre les mois de juillet et septembre. Il est supérieur aux attentes des analystes, mais n'a quasiment pas progressé en un an. Les bénéfices sont eux en baisse de 10%, à 5,8 milliards de dollars.
Dans les détails, pourtant, il y a de quoi se réjouir. Ce trimestre, Microsoft a livré une performance très honorable dans le cloud, qui recouvre tous les services hébergés en ligne proposés par le géant de l'informatique. Le chiffre d'affaires de la division «cloud intelligent» a augmenté de 8% sur un an pour atteindre 6,4 milliards de dollars. Surtout, les revenus d'Azure, la plateforme de cloud de Microsoft réservée aux entreprises, ont augmenté de 116% en un an. Ils avaient déjà progressé de 102% les trois mois précédents. La marge brute des activités cloud pour les entreprises de Microsoft a augmenté de 7 points en trois mois, atteignant un niveau de 49%.
Baisse des revenus de WindowsLa stratégie cloud de Microsoft a également bénéficié à sa division dédiée à la productivité, qui regroupe notamment les revenus issus de l'exploitation de la suite bureautique Office. Son pendant hébergé en ligne, Office 365, est diponible depuis cinq ans. Il compte plus de 85 millions d'utilisateurs en entreprises, en hausse de 40% sur un an. À cela s'ajoutent 24 millions d'abonnés chez les particuliers. Microsoft ne distingue pas le chiffre d'affaires de Microsoft Office, vendu à l'unité sous forme de licence, et d'Office 365. Il est probable que les revenus du cloud ne dépassent pas encore ceux de la vente de licence. Néanmoins, la progression constante des abonnés à Office 365 est une bonne nouvelle pour le groupe américain, qui s'assure par là des revenus recurrents plutôt que ponctuels, au gré des ventes de licences Office.
Pour le moment, le plus gros des revenus de Microsoft est toujours issu de la vente de Windows, son système d'exploitation. La division «personal computing» représente un peu moins de la moitié du chiffre d'affaires du groupe américain, avec 9,3 milliards de dollars pour ce trimestre. Ce dernier est néanmoins en baisse de 2% sur un an, là où les divisions productivité et cloud intelligent sont en hausse constante. Microsoft a souffert d'une baisse drastique de 72% du chiffre d'affaires dans les téléphones. Cela fait suite à son annonce de l'abandon du marché des smartphones grand public, au mois de mai.
Produit emblématique de Microsoft, Windows est lui-même en pleine mutation. La dernière version du logiciel d'exploitation, Windows 10, a été offerte gratuitement pendant un an aux utilisateurs de PC. Elle pousse elle-même les services de Microsoft hébergés dans le cloud, également rémunérés par abonnement, comme OneDrive ou Office 365. Les licences Windows appartiennent au passé, et Microsoft met petit à petit cap sur l'avenir.