Rêves : pourquoi certains s'en souviennent et d'autres pasCertaines personnes se remémorent leurs rêves mieux que d’autres. Une équipe française vient de mettre le doigt sur les régions cérébrales à l’origine de cette différence. Ces dernières favoriseraient les réveils nocturnes, indispensables à la mémorisation des songes nocturnes.




C’est pendant le sommeil paradoxal que l’on rêve. Cette activité nocturne peut durer dix minutes jusqu’à plus d’une heure. Certaines régions cérébrales nous aident à nous en souvenir. © martinak15, Flickr, cc by 2.0
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Chaque nuit, nous passons un peu de notre temps dans le monde des rêves. Ces moments particuliers du sommeil fascinent les Hommes depuis toujours. Alors que les anciens les prenaient pour des messages divins, les psychanalystes y voient une expression de notre inconscient. Aujourd'hui, certains neurobiologistes pensent qu'ils servent à renforcer notre personnalité psychique ou à consolider nos apprentissages. Ils sont pourtant loin d’avoir livré tous leurs secrets.Par exemple, si certaines personnes ne se souviennent quasiment jamais de leurs rêves au petit matin, d’autres sont capables de raconter de manière très détaillée ce qui leur est arrivé au cours de leurs songes. Pourquoi ? Des chercheurs de l’Inserm viennent de lever une partie du voile sur ce mystère. Dans leur étude, publiée dans la revue Neuropsychopharmacology, ils ont découvert des régions du cerveau particulièrement actives chez les « grands rêveurs », c’est-à-dire les individus capables de bien se souvenir de leurs aventures nocturnes.

Le carrefour temporo-pariétal est une région du cerveau située à la jonction des lobes temporal et pariétal. Elle est impliquée dans de nombreuses fonctions et permettrait notamment de se souvenir de ses rêves. © Polygon data are from BodyParts3D, Wikimedia Commons, cc by sa 2.1
Cette thématique n’est pas nouvelle pour les neurologues français. L’année dernière déjà, ils avaient montré que le cerveau des grands rêveurs était beaucoup plus réactif aux stimuli de l’environnement que celui des autres personnes. Selon eux, cette sensibilité plus importante induirait de courtes mais fréquentes phases d’éveil pendant la nuit ce qui leur permettrait de mieux se rappeler de leurs songes. Les chercheurs avaient d’ailleurs montré que les grands rêveurs avaient deux fois plus de phases d’éveil que les petits rêveurs. Restait cependant à identifier les régions du système nerveux impliquées dans ce phénomène.Les réveils nocturnes aident à se souvenir des rêves

Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont évalué les activités cérébrales de 41 volontaires pendant des périodes d’éveil et de sommeil. Pour cela, ils ont utilisé la tomographie par émissionsde positons (TEP), une technologie d’imagerie médicale qui permet de mesurer en 3D l’activité métabolique d’un organe, en l’occurrence du cerveau. Parmi les candidats, 21 ont été classés dans le groupe des grands rêveurs car ils se souvenaient de leurs rêves en moyenne 5,2 fois par semaine alors que les 20 autres ont été catégorisés comme petits rêveurs.Chez les grands rêveurs, le cortex préfrontal médian et le carrefour temporo-pariétal, la région impliquée dans l'orientation de l'attention vers les stimuli extérieurs, sont très actifs pendant la phase de sommeil. « Cela explique pourquoi les grands rêveurs réagissent davantage aux stimuli de l'environnement et se réveillent plus au cours de leur sommeil que les petits rêveurs », explique Perrine Ruby, la directrice de cette recherche. « C’est d’ailleurs probablement pour cela qu’ils mémorisent mieux leurs rêves. En effet, le cerveau endormi n'est pas capable de se rappeler d’une nouvelle information, il a besoin de se réveiller pour pouvoir le faire. » En réalité, ces résultats ne sont pas complètement nouveaux et confirment une étude précédente qui a montré que des lésions au niveau de ces deux zones cérébrales empêchaient de se souvenir de ses rêves.De nombreuses questions restent encore sans réponse. On peut par exemple se demander si les grands rêveurs font plus de rêves que les autres. Il serait également intéressant de connaître l'utilité de se souvenir de ses rêves et si cela a un impact sur la santé. Toutes ces problématiques et tant d’autres sont au programme des recherches futures de l’équipe de l’Inserm.