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Le groupe japonais Sony s'est à nouveau lancé, mercredi 20 février, dans la guerre des consoles de salon de nouvelle génération. Comme le laissaient entendre des fuites, avant la soirée de présentation à New York, la machine – qui n'a pas été montrée – sera fondée sur un processeur à huit cœurs. Sony a aussi fait la démonstration de fonctions sociales. La PS4 promet ainsi une intégration poussée aux réseaux sociaux : grâce à un nouveau bouton sur la manette, le joueur pourra partager en direct son jeu avec des amis.

Certaines possibilités du cloud (la dématérialisation) en matière de jeu ont aussi été mises en avant. Sony envisagerait, à terme, de porter des jeux de la Playstation 2 et 3 sur tous ses supports, y compris la PS Vita, console portable de Sony. Mais la mise en place effective du service demeure floue. La sortie de la nouvelle console est prévue "pour les fêtes de fin d'année 2013", mais Sony n'a pas précisé quels seraient les premiers pays servis ni le prix de la machine.

Avec sa nouvelle machine, Sony se lance avant tout dans la reconquête des "hardcore gamers". "La console sera relativement chère, et les joueurs occasionnels disposent déjà de smartphones et de tablettes", explique Ed Barton, un des responsables du cabinet Strategy Analytics. "La PS4 doit se distinguer des autres appareils et prouver qu'elle est capable de proposer une expérience de jeu qu'on ne peut pas retrouver ailleurs", poursuit-il.
NOUVEAU CYCLE
La cible de Sony sera donc la même que celle de la PlayStation 3, sortie fin 2006, et écoulée à plus de 70 millions d'exemplaires. "L'élargissement de la cible initiale interviendra sans doute plus vite pour cette génération, parce que le prix de lancement sera vraisemblablement plus attractif, comparé à la PS3", nuance toutefois Piers Harding-Rolls, responsable de la division jeux chez IHS Screen Digest.
Pour Sony, c'est la (re)conquête du salon – où gravitent de plus en plus d'appareils connectés à Internet – qui est cruciale. "La PlayStation, c'est le cheval de Troie du salon connecté", résume M. Barton. Le groupe japonais cherche en effet à déployer un écosystème et une interopérabilité entre tous ces appareils, qu'il s'agisse de ses consoles, mais aussi de ses smartphones et tablettes.
Le groupe japonais doit aussi faire face à la concurrence des consoliers traditionnels, qui renouvellent leur offre. Nintendo a déjà lancé, fin 2012, sa Wii U, une console de salon misant sur l'exploitation du second écran. De son côté, Microsoft a lancé un compte à rebours pour la présentation de sa nouvelle console lors du salon de l'E3, grand-messe du jeu à Los Angeles.
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NOUVEAUX ENTRANTS
La stratégie du groupe américain devrait être sensiblement la même que Sony, même si Microsoft comptera certainement aussi sur son dispositif de reconnaissance de mouvement Kinect, déjà disponible sur XBox 360. Aux Etats-Unis, notamment, Microsoft dispose d'importants partenariats avec des chaînes de télévision, permettant au groupe de faire de sa nouvelle XBox une machine destinée au divertissement en direct.
De nouveaux entrants veulent enfin s'arroger une partie du marché des consoles de salon, dans un marché global estimé à 44 milliards d'euros pour 2013. Après une importante levée de fonds sur le site de financement participatif Kickstarter, Ouya, la console utilisant le système Android, devrait aussi arriver. Mais ces systèmes devraient plus cohabiter avec les consoles de salon traditionnelles que leur prendre des parts de marché.
Ce nouveau cycle de consoles est d'autant plus important que Sony, en difficulté, compte ériger le jeu vidéo en vitrine. Le groupe s'est engagé dans une importante restructuration, et une redéfinition de ses priorités. Dans ce cadre, il décloisonne peu à peu les frontières entre les consoles traditionnelles et les appareils mobiles.
Mais comme l'indiquent les derniers résultats trimestriels, la part du jeu, dans les ventes totales du groupe tentaculaire qu'est Sony, est à relativiser. Les ventes de jeux se situent, par exemple, à la même hauteur que les services financiers proposés par l'entreprise...
FREE-TO-PLAY OU ABONNEMENT ?

Le lancement d'une nouvelle console de salon demeure toutefois stratégique, surtout après les ventes en demi-teinte de la console portable PS Vita, essentiellement dues au manque d'un catalogue de titres important. L'entreprise vient d'ailleurs de réduire le prix de la Vita au Japon.
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La présentation de la PS4 s'inscrit enfin dans la problématique de la monétisation de l'écosystème du jeu vidéo. Il est très difficile d'évaluer les coûts de lancement d'une nouvelle machine, mais pour certains experts, les investissements liés à la recherche et développement et au marketing se situent entre 3 et 4 milliards d'euros. Sony a également payé le prix fort pour le rachat de l'entreprise de cloud gaming Gaikai, pour 300 millions d'euros l'an passé.
Dans l'économie traditionnelle du marché du jeu, les consoles sont vendues à perte, et les recettes se font sur les ventes de jeux. Avec cette nouvelle génération de consoles, Sony devrait continuer d'expérimenter de nouvelles ressources. Le free-to-play, où l'accès au jeu est gratuit et les contenus additionnels payants, très répandu sur mobiles, existe déjà sur PS3. Mais comme Microsoft, Sony continue de miser sur le modèle de fidélisation et d'abonnement. Face à la concurrence, un véritable "Netflix pour jeux vidéo", incluant des possibilités de cloud gaming, pourrait être un atout pour Sony.
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Source: Lemonde.fr