Eric Schmidt, le président de Google, interrogé en marge d'une conférence à Washington vendredi 26 avril, a expliqué que, selon toute vraisemblance, les "Google Glasses", les lunettes du géant américain, ne seraient pas commercialisées avant 2014. Il allait falloir attendre encore quelques mois.

L'information a fait le tour de la planète high-tech. Et pour cause : l'intérêt pour cet accessoire futuriste ne cesse de monter. Il se chausse comme des lunettes, mais dispose, en sus, d'un capteur d'images dans le coin externe droit de l'oeil, d'une connexion Wi-Fi et bluetooth, avec les smartphones et les tablettes.

Les lunettes permettent de filmer la scène que voit celui ou celle qui les porte, et de visualiser, en réalité augmentée, à quelques centimètres devant sa rétine, des informations complémentaires : l'heure, des tweets, des e-mails, etc.

L'engin se commande par la voix. Pour faire une photo de son champ de vision, il suffit de dire : "Photo !"

Les lunettes fonctionnent avec le système d'exploitation Android de Google, qui équipe déjà sept smartphones sur dix dans le monde, et un nombre toujours croissant de tablettes.

"C'est une nouvelle forme d'ordinateur qui permet d'accéder à Internet sans avoir à utiliser ses mains. Les lunettes ont à peu près toutes les fonctionnalités d'un smartphone", expliquait Sergey Brin, l'un des deux cofondateurs de Google, à un journaliste du Wall Street Journal, dans une vidéo récente.

L'accessoire a été dévoilé pour la première fois en juin 2012, lors du rendez-vous annuel des développeurs de Google. Jusqu'à présent, très peu d'élus avaient pu tester l'engin. On l'avait vu sur le nez de quelques "people" : celui de la créatrice de vêtements Diane von Fürstenberg lors de son défilé à la Fashion Week de New York à l'automne 2012, par exemple.

Depuis début 2013, le buzz ne cessait de monter. M. Brin et Larry Page, l'autre fondateur de Google, ne ratent pas une occasion de porter les lunettes quand ils font des apparitions publiques.

Mi-avril, le géant mondial des services en ligne en a envoyé 2 000 paires en test à des développeurs informatiques dans le monde entier. L'objectif étant de les encourager à concevoir des applications spécifiques.

Car, pour Google, ces lunettes n'ont rien d'un gadget. Avec la "voiture sans conducteur", un autre de ses projets futuristes (mais moins avancé), elles sont considérées, en interne mais aussi par une partie de la communauté high-tech, comme une future plate-forme majeure d'accès au Web, aussi crédible que peut l'être celle des smartphones aujourd'hui. Et probablement complémentaire.

Timothy Jordan, un des responsables du projet chez Google, a présenté quatre applications déjà développées pour ses lunettes lors du festival South by Southwest, à Austin, en mars. L'application New York Times permet par exemple d'afficher les gros titres du jour en levant les yeux au ciel. Celle de Gmail affiche les titres des messages les plus urgents et permet d'en dicter sans sortir son smartphone de sa poche.

Les "Google Glasses" participent à la famille des objets technologiques qui font corps - au sens propre - avec leur utilisateur. Samsung travaille ainsi à une montre connectée à Internet qui pourrait être commercialisée dans les semaines qui viennent. La rumeur prête à Apple le même projet.

Ces produits sont rendus possibles par la miniaturisation, toujours plus avancée, des composants, et, dans le cas des lunettes, par les progrès réalisés dans la reconnaissance vocale.

Certains, très optimistes, prédisent à ces produits un succès fulgurant. Dans une étude parue il y a quelques jours - mais avant l'aveu de M. Schmidt -, le cabinet d'études IHS parie sur la vente de 6,6 millions de lunettes connectées en 2016.

A condition que Google en baisse le prix - elles sont vendues 1 500 dollars (1 148 euros) l'unité aux développeurs. Et que les applications pour le grand public soient vraiment pertinentes.

Celles qui sollicitent trop leurs utilisateurs pourraient vite lasser. Imaginez le mal de tête si vous receviez systématiquement des bons de réduction dans votre champ de vision quand vous faites les courses. Pour prévenir de telles dérives, Google a prévenu qu'il allait contrôler les applications a priori.