Canal Plus serre les dents en France, Vivendi veut investir lourdement






Il y a deux jours, Vivendi annonçait ses résultats financiers pour le troisième trimestre 2015. Outre le renforcement de sa prise de participation dans Gameloft, le géant français des médias a dévoilé ses intentions pour les deux années à venir et il compte bien se servir de ses 8 milliards d'euros de liquidités pour réaliser plusieurs acquisitions.
Les derniers résultats de Vivendi n'ont pas séduit les marchés, mais ils étaient pourtant conformes aux prévisions de l'entreprise. Celle-ci a réalisé sur les neuf premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 7,615 milliards d'euros, un résultat en hausse de 7 % sur un an. Ses bénéfices sont également en hausse, avec un résultat net de 501 millions d'euros, en progression de 13,4 % par rapport à l'an passé
Canal trébuche en France et en Pologne

Pour comprendre ce qui a fait tiquer les marchés, il faut plonger un peu plus loin dans les résultats de la société. On y apprend que les revenus de la télévision payante en France métropolitaine sont en baisse de 1,9 M sur un an, à 2,541 milliards d'euros Pourquoi cette baisse ? Tout simplement parce que le Groupe Canal + commence à perdre des abonnés.
Au 30 juin 2015, l'entreprise comptait en France métropolitaine 5,964 millions d'abonnés individuels ayant souscrit à 9,307 millions d'abonnements. Une même personne pouvant à la fois souscrire une offre Canal + avec une autre pour Canalsat. Au 30 septembre, on ne compte plus que 5,926 millions d'abonnés avec 9,315 millions d'abonnements. La société a donc signé 8 000 contrats supplémentaires au dernier trimestre, mais en perdant 38 000 clients. Sur un an, la baisse est même de 88 000 clients et de 84 000 contrats.
La chute est du même ordre de grandeur en Pologne, le deuxième plus gros marché du Groupe Canal +. L'entreprise y a perdu 70 000 abonnés en un an, sur un total qui s'établit désormais à 2,084 millions de personnes. En Afrique et au Vietnam, le groupe est parvenu à séduire respectivement 472 000 et 100 000 nouveaux clients, de quoi largement compenser les pertes françaises.
« Une période d'investissements potentiellement élevés »

Vivendi a également annoncé disposer de 8 milliards d'euros de liquidités au 30 septembre, une somme que le géant français des médias ne compte pas laisser dormir tranquillement sur ses comptes. Au contraire, il fait savoir que « dans son ambition de construire un groupe international de médias ainsi que de production et de distribution de contenus, Vivendi prévoit une période d’investissements potentiellement élevés de deux ans, en 2016 et 2017 ». Par investissements potentiellement élevés, la société entend qu'elle n'exclut pas de se lancer dans quelques acquisitions ciblées à l'avenir.
Justement, outre sa récente prise de participation dans Gameloft et Ubisoft, à respectivement 15,98 % pour 59 millions d'euros et 10,81 % pour 256 millions d'euros, Vivendi a déjà bien pioché dans son pactole pour se lancer dans diverses acquisitions. 217 millions d'euros ont été investis dans l'achat de 90 % de Dailymotion, 460 millions dans celui de la Société d'Edition de Canal Plus et 1,6 milliard d'euros pour 20,03 % de Telecom Italia.
« Et c'est pas fini »

Vivendi a également décidé d'investir lourdement dans les domaines de la production et de la distribution de contenus télévisuels. Cela passe par un décaissement de 290 millions d'euros pour entrer au capital du groupe formé par la fusion entre Banijay (Touche pas à mon poste, Les Ch'tis vs Les Marseillais...) et Zodiak Media (N'oubliez pas les paroles, Fort Boyard, Le Grand Journal...)
Avec cette opération, Vivendi estime investir « dans l’un des plus talentueux créateurs de programmes scénarisés ou non pour la télévision et les plateformes multimédia », rien que cela. Cette opération doit avoir lieu dans le courant du premier semestre 2016.
Annexement, Vivendi a également choisi d'accroitre sa présence sur le marché du cinéma, avec une participation de 30 % dans Mars Films, une société française de production et distribution de films. Elle s'est notamment chargée de la distribution de L'Auberge Espagnole, de Case Départ ou encore de Million Dollar Baby en France. Il est à noter qu'il s'agissait déjà d'une filiale détenue à 100 % par Studiocanal, mais le géant français des médias a visiblement décidé de s'investir plus directement dans ce secteur.
Réaction des marchés boursiers : une baisse de plus de 6 % du cours de Vivendi lors de la séance du 11 novembre, baisse qui se poursuit aujourd'hui avec un recul de 0,5 point, dans le sillage du CAC 40. Vivendi reste valorisée à hauteur de 29,4 milliards d'euros, de quoi encore supporter quelques soubresauts sans trembler.