Alors que la Radio Numérique Terrestre existe officiellement depuis le 20 juin 2014, force est de constater qu’à la différence de la TNT, rien n’est réellement fait pour accroître sa notoriété, permettre son succès, et plus grave respecter la chronologie de déploiement convenue.
A ce jour la RNT représente 116 radios émettant en numérique, essentiellement des radios associatives, locales ou indépendantes. En revanche, aucune radio du service public et aucun grand groupe national privé (sauf RMC à Monaco) n’exploitent pour le moment ce mode de diffusion.
Cette diffusion survient sur trois villes : Paris (57), Marseille (33), Nice (26) pour environ 2 % de part d’audience sur 12% du territoire couvert, sans compter la Principauté de Monaco qui compte, à elle seule, 8 stations RNT. Ajoutons à cela les expérimentations survenant à Lyon et Nantes par exemple.
Toutefois le calendrier de déploiement a prévu pour cette année 2016 :
– 1er trimestre : Lille, Lyon et Strabourg;
– 3ème trimestre: Nantes, Rouen, et Toulouse.

Puis pour 2017 : Bordeaux, Besançon, Orléans et Clermont Ferrand.
Il suffit de se focaliser sur ce calendrier pour s’apercevoir qu’aucun lancement officiel relatif à Lille, Lyon ou Strasbourg n’est survenu avant le 31 mars.
Il est aussi intéressant de découvrir le site officiel (?) de la RNT Document sans nom pour constater à quel point l’offre, la technicité, les contenus semblent ne passionner que bien peu de personnes. Alors que comprendre ?
La RNT dispose tout d’abord d’indéniables atouts, une meilleure qualité sonore, une meilleure qualité de réception (sans grésillements), la facilité de recherche (plus nécessaire de connaître la fréquence, les stations sont affichées par ordre alphabétique), et des services supplémentaires (affichage de la pochette de l’album écouté, guide des programmes, informations sur l’émission ou l’artiste, timeshifting). Tout cela en faveur des auditeurs.
Mais les opérateurs y trouvent aussi avantage, coûts d’exploitation divisés par huit avec le multiplex (bouquet de programmes diffusés sur un même émetteur), coût énergétique inférieur de 60% par rapport à la FM, et enfin possibilité d’accéder à une écoute nationale.
Pourtant, c’est précisément du côté des grands groupes privés (RTL, Lagardère, Next Radio et NRJ) qu’il faut s’orienter pour mieux cerner en quoi la RNT serait plus gênante qu’avantageuse. Ces derniers évoquent en coeur un surcoût de déploiement et des échecs à l’étranger (alors que la RNT explose au Royaume-Uni et en Allemagne). Les vrais arguments sont plus financiers, car leur domination sur la bande FM et historiquement pour les plus anciennes en grandes ondes, ne les encourage nullement à partager un gâteau publicitaire (auquel Radio France vient de prendre part tout récemment), avec d’autres groupes plus modiques certes, mais aux ambitions tout aussi fortes, et bénéficiant par ce biais, des mêmes bassins nationaux de diffusion, et qualité d’écoute égale.
Conséquence, alors que la TNT est devenue incontournable, près de 80% des français n’ont jamais entendu parler de la RNT et le nombre de récepteurs commercialisés à ce jour n’excède pas les 400 000 en France (pour 26 millions au Royaume Uni).
Et que dire enfin de l’attitude plus qu’insouciante des politiques sur un média essentiel. Le CSA a rendu il y a plus d’un an un rapport au Parlement et au Gouvernement, demeuré sans réponses à ce jour, selon Patrice Gélinet, sage du Conseil. L’attribution des fréquences se faisant par préemption, c’est au gouvernement de demander une réservation prioritaire sur les fréquences qui sont mises en appel, cependant depuis 2013, le gouvernement n’a pas demandé de fréquences. Le plan de développement de la RNT prévoit une couverture du territoire à 95% en 2024. Un plan de communication ambitieux adossé au déploiement technique ne serait probablement pas de trop pour donner ses lettres de noblesse à la radio numérique terrestre.


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