Pascal Houzelot, le fondateur de Numero 23, par ailleurs propriétaire de Pink TV. - DR

Un peu plus d’un an après son lancement, Numéro 23, la chaîne de la diversité sur la TNT, modifie son tour de table. Le russe UTH Group prend 15 % de la chaîne de télévision à la faveur d’une augmentation de capital. L’influent fondateur de Numéro 23, Pascal Houzelot, voit sa part diluée de 85 % à 70 %, mais il garde le contrôle de sa chaîne. Avec, à ses côtés, son pool de prestigieux actionnaires (15 %) présents depuis les débuts : Bernard Arnault (notamment propriétaire des «?Echos), Henri Briard, Jacques-Antoine Granjon, Jean-Charles Naouri, Xavier Niel et Jacques Veyrat.

«?L’augmentation de capital renforce les fonds propres de la chaîne et lui permet de poursuivre sa stratégie de développement de moyen terme?», déclare Pascal Houzelot, par ailleurs propriétaire de la chaîne Pink TV. Chaîne indépendante - non adossée à un grand groupe audiovisuel -, Numéro 23 est plus vulnérable que ses paires. Mais, force est de constater qu’elle convainc les investisseurs. Voilà qui devrait faire taire ceux qui pariaient sur sa faillite prochaine.
Première incursion d’UTH en France

UTH Group, fondé en 2009, édite les chaînes Disney Channel Russia, U Channel (femmes), Muz-TV (cultures urbaines), ainsi que la plate-forme de vidéos musicales ClipYou. Il appartient au groupe USM Group, présent dans les télécoms avec MegaFon, le deuxième opérateur mobile de Russie et Internet, avec Mail.ru Group, le moteur de recherche très populaire en Russie.

C’est la première incursion d’UTH en France. Quoi qu’il arrive, son éventuelle montée est limitée puisque la loi hexagonale interdit à tout opérateur extra-européen de détenir plus de 20% du capital d’une chaîne de télévision diffusée sur la télévision numérique terrestre.

Avec 0,4 % de part d’audience, Numéro 23 se classe en quatrième position des six nouvelles chaînes de la TNT , derrière RMC découverte, HD1 et 6ter. Elle atteint 0,6 % sur la cible des «?femmes responsables des achats?», très prisée des annonceurs publicitaires. C’est TF1 qui assure la régie publicitaire de la chaîne de télévision. Canal+ a récemment attaqué TF1 pour avoir pris en régie, chez TF1 Publicité, cette chaîne et HD1, estimant que le groupe violait ainsi une décision de l’Autorité de la concurrence. L’affaire est sur le bureau des sages de la rue de l’Echelle à Paris.
Contre Paris Première en gratuit

L’avenir d’une petite chaîne de la TNT n’est pas facile. LCI et Paris Première, deux chaînes aujourd'hui payantes, veulent rejoindre la TNT gratuite . Si le Conseil supérieur de l’audiovisuel donne son feu vert, ces chaînes en clair, financées par la publicité, vont donc être plus nombreuses à se partager le gâteau publicitaire, au risque d’être fragilisées. Se déclarant «?sans position?» sur LCI, «?le secteur des chaînes d’information étant un sous-marché du paysage audiovisuel?», Pascal Houzelot est en revanche opposé à l’arrivée de Paris Première en clair . «?Une telle mesure engendrerait une modification substantielle du paysage audiovisuel français, un an après le lancement des six nouvelles chaînes TNT, susceptible de remettre en cause leur modèle économique avec des conséquences extrêmement dommageables pour l’ensemble des chaînes de la TNT?», affirme-t-il.

Alors qu’une nouvelle loi sur la création, incluant un volet sur l’audiovisuel, est en préparation au sein du gouvernement, il réclame par ailleurs «?l’extension de la numérotation logique des chaînes de la TNT à l’ensemble des plates-formes de distribution?». Le fait est qu’aujourd’hui, comme toutes les chaînes de la TNT, Numéro 23 n’est pas accessible sur le canal 23, ni sur CanalSat, ni sur Numericable -elle est bien au-delà de ce numéro-. Les deux opérateurs ne sont en effet pas obligés de respecter la numérotation logique de la TNT. Un inconvénient pour la chaîne car il est prouvé que plus l’on se rapproche du numéro 1, plus on a de chances d’améliorer son audience.


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