Et si la Suisse devenait le premier pays d’Europe sans télévision, ni radio publiques ?

Vous savez combien ils payent de redevance, les Suisses ? 450 francs par an. 386 euros. Trois fois le montant français. Ca pèse lourd sur le pouvoir d’achat. Et du coup, c’est tentant. Tentant de voter le 4 mars prochain la suppression de cet impôt que trois jeunes gens de même pas trente ans ont décidé de soumettre au référendum populaire. Mot d’ordre « No Billag » ! « A bas la redevance ».

Ont-ils fait cela parce qu’ils manquaient d’argent ?

Non, ils vivent confortablement en Suisse allemande et bossent dans la finance. C’est un acte idéologique pur, donc intellectuellement passionnant. Ils ne sont pas libéraux ou ultra-libéraux. Ils sont libertariens. Rien ne prime, pour eux, sur la liberté et la propriété individuelle. Pas même l’Etat. Impensable de payer, donc, pour une télé que vous ne regarderiez pas ou une radio que vous estimez surtout écoutée par les autres. Pas d’audiovisuel public pour tous. Chacun s’abonne à des services payants, type Netflix par exemple, et choisit ce qu’il aime : du séries pour Rebecca Manzoni, du foot pour Marie-Pierre Planchon, du porno pour Nicolas, il ne regarde que ça etc… Bref, l’intérêt du citoyen est remplacé par celui du consommateur. En termes de programme, la logique de l’offre par celle – très appauvrie - de la demande.

Il y a encore plus préoccupant que cela pour la Confédération
helvétique. Son avenir politique

Là-bas, les chaînes et stations publiques ont pour mission la prise en compte de trois langues et de trois cultures. Ne doutons pas que sans la redevance, leur affaiblissement sera tel qu’il conduirait droit au démantèlement. Quid de l’identité suisse si disparaît ce lien social et culturel que sont la radio et la télévision ? Ciment national, c’est aussi chaque identité régionale qui est enjeu. Prenez la Suisse romande. Privée de ses chaines publiques francophones, elle verrait les grandes télés françaises renforcer leur présence. Vous imaginez, vous, votre société racontée en son et en image par une puissance étrangère ? Il y a de quoi susciter des crispations. La Suisse romande n’exprime guère de désir d’émancipation ou d’indépendance. On n’est pas en Catalogne. Mais attention, à l’heure où l’Europe s’avère giflée par les replis régionaux, jouer avec le feu serait dangereux.

C’est fou tout ce que ça induit, lorsque l’audiovisuel public on démolit.



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