Chaîne TV Franco-Algérienne(Arte Franco-Algérien)

04 Juin 2016
Projet d’une chaîne TV Franco-Algérienne
«C’est compliqué pour que les deux pays soient d’accord au même moment»

Rachid Arhab

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Rachid Arhab, né le 26 juin 1955 à Larbaâ Nath Irathen en Algérie,
est un journaliste franco-algérien, membre du Conseil supérieur de
l'audiovisuel de 2007 à 2013.

Naissance : 26 juin 1955 (60 ans), Larbaâ Nath Irathen
Livre : "Pourquoi on ne vous voit plus ?"

Cela fait un an que Rachid Arhab travaille sur l’idée de création d’une chaîne
de télévision franco-algérienne, sur le modèle d’Arte, né d’un accord inter-étatique
entre la France et l’Allemagne. Un tel accord est-il envisageable entre la France
et l’Algérie ? Le porteur du projet qui n’est autre que le grand reporter et ancien
animateur du JT de France 2, en visite à Oran ce jeudi dans le cadre de la promotion
de son livre co-écrit avec trois autres auteurs intitulé Quatre nuance de France a
bien voulu nous parler davantage de ce projet ambitieux.

Pour Rachid Arhab, Arte est une grande réussite audiovisuelle et sa grande force
c’est qu’elle aborde les questions difficiles par le biais de la culture et non pas par
le biais de l’histoire revendicative hostile. La chaîne cherche, dit-il, tout d’abord à
mettre en valeur la culture des deux pays, en l’occurrence, la France et l’Allemagne.
«Il me semble que tous les ingrédients sont réunis en Algérie car ça permettrait de
mettre en valeur la culture algérienne qui est très peu connue en France, et ça
permettrait de mieux faire connaître en Algérie un certain nombre de phénomènes
culturels français qui sont intéressants.»
L’idée que les deux pays puissent signer
cet accord de création d’une chaîne de télé, ça permettrait, dira notre interlocuteur,
de mieux défendre l’identité nationale «j’ai le sentiment que la force d’un pays que
ce soit la France ou l’Algérie, c’est de dire qu’une télévision ça ne sert pas seulement
à faire de la propagande, mais ça sert aussi à faire connaître le pays». Mais qu’en
est-il concrètement de ce projet ? Rachid Arhab dira en toute franchise
«je suis très écouté par les autorités algériennes. Depuis un an j’ai été reçu par un
certain nombre de responsables politiques en leur expliquant qu’il ne s’agissait pas
d’un projet politique mais audiovisuel. Je dois dire à mon grand regret que les
responsables français après avoir été très favorables, très partants, ont subi un certain
ralentissement. Voulez-vous que je vous dise depuis quand il date ?
D’un certain 14 novembre 2015, le lendemain des évènements du 13 novembre.
Ce qui est bien la preuve que la création de cette chaîne est bien plus qu’utile mais
qu’il y a encore des réticences qui sont lourdes à manipuler. Je ne veux pas faire
ce projet en pirate, je veux que ça soit un projet autorisé, reconnu, indépendant,
qui ait toutes les chances de réussir. C’est un processus long, dans l’état
d’incompréhension dans lequel on est en train de s’installer». Rachid Arhab tient à
convaincre les deux autorités avant de commencer, il ne veut pas que ça soit vécu
comme un projet qui vienne de France vers l’Algérie et inversement.
Pour qu’ils soient d’accord au même moment c’est compliqué, reconnaît-il.
Tout en admettant que c’est un projet qui nécessite du temps, il estime que
«si on veut qu’il soit équilibré et pas anecdotique et qu’il ait une chance de continuer
et indépendant, il faudrait que les deux Etats disent oui.
Ce serait un projet binational, biculturel, peut-être que c’est une utopie,
mais de temps en temps, les utopies font avancer».

A. B.