L'Arabie Saoudite, dont les relations sont tendues avec le Qatar, ne sait plus quoi faire pour contrer l'omniprésence de Al Jazeera. L'Arabie Saoudite qui finance les trois chaînes d'information: MBC 1, Al Arabiya et plus récemment Al Hadath TV, n'a pas pu faire face au navire amiral et à la locomotive des médias arabes: Al Jazeera. Al Hadath TV, qui est installée à Dubaï comme MBC et Al Arabiya TV, a été lancée pour organiser des débats de réflexion sur la question arabe. Les différentes tentatives pour faire cesser sa présence dans les foyers arabes ont échoué. Même la création de Hurra TV par les Américains, la BBC arabic par les Anglais et France 24 arabic par les Français n'ont pas réussi à diminuer de son emprise. Pis encore, le groupe s'est agrandi dans le monde, puisqu'une filiale a été créée en Amérique et une autre sera bientôt lancée en France.

La dernière solution pour les Saoudiens pour faire cesser les tentatives de déstabilisation de Riyadh, c'est l'appel à la fermeture de la chaîne. Curieusement, les Saoudiens ont demandé aussi la fermeture des centres de recherche qu'abrite Doha, dont le Brookings Doha Center et le Centre arabe de Recherche et d'Etudes politiques dirigé par l'ancien député arabe israélien, Azmi Béchara, considéré comme l'éminence grise de l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. Selon la presse arabe dépendante de Ryadh lors d'une réunion du conseil de coopération du Golfe (CCG), le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal a demandé que le Qatar se soumette à trois exigences:
«fermer Al Jazeera qui provoque la sédition, fermer les centres de recherches à Doha et livrer tout hors-la-loi». Le chef de la diplomatie du Qatar, Khaled Al-Attiya, a alors répliqué qu'il s'agissait d'une «ingérence dans les affaires intérieures du Qatar». Au lendemain de cette réunion houleuse à Riyadh du conseil de coopération du Golfe (CCG), qui compte également parmi ses membres le Koweït et Oman, l'Arabie Saoudite, ainsi que les Emirats arabes unis et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs à Doha, accusant le Qatar de s'ingérer dans leurs affaires et de mener une politique déstabilisatrice dans la région en raison de son soutien à la mouvance islamiste. Cette décision, sans précédent dans les annales du conseil de coopération du Golfe. Les trois pays accusent ce pays d'accueillir des opposants et d'en avoir naturalisé certains. Les Emirats avaient convoqué, en février dernier, l'ambassadeur du Qatar pour protester contre des propos de l'éminence grise des Frères musulmans, le prédicateur égyptien naturalisé au Qatar, cheikh Youssef Qaradawi, lors d'un prêche retransmis par Al Jazeera. Al Jazeera est devenue un véritable outil de la diplomatie du Qatar, exaspérant aussi bien les pays de la région du Golfe persique, que certains pays du Maghreb et de la région du Monde arabe, et selon les experts, elle s'emploie à soutenir les islamistes, notamment en Egypte. Le Qatar est considéré comme l'un des principaux bailleurs de fonds des Frères musulmans en Egypte et des groupes proches de cette confrérie dans les pays du printemps arabe, alors que l'Arabie Saoudite et le reste des monarchies du Golfe soutiennent les militaires égyptiens.

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