LEGISLATIVES 2017
Le début des grandes manœuvres
A moins d’une année des élections législatives de 2017 et après environ
trois mois d’activité politique des plus ternes, la scène politique s’éveille
et s’anime. Les ténors des partis au pouvoir se mobilisent en vue du scrutin
législatif, et ce, même si la nouvelle loi électorale leur ouvre un boulevard
pour maintenir leurs positions dominantes au sein des institutions législatives.
Quant aux partis de l’opposition, avec l’approche du scrutin de 2017 l’on
observe des ruptures, dans le meilleur des cas des tensions révélatrices de
divergences profondes non limitées à la seule participation ou non au scrutin,
e projet de société que chacun véhicule.Y compris dans les deux formations
alliées du pouvoir FLN et RND les armes s’affûtent, l’enjeu étant d’occuper
le plus grand nombre de sièges au sein de l’APN d’abord au printemps 2017,
puis en octobre au sein des APC et APW. Le travail leur a été très largement
facilité par le vote en dépit d’amendements nombreux rejetés tous en bloc de
la loi portant code électoral et de la loi portant institution de l’Instance de
surveillance des élections. Aujourd’hui, au sein des deux formations en
concurrence le ton est donc donné et au-delà des législatives, il s’agit pour
leur deux leaders Ouyahia et Saâdani de peser fortement dans la succession
à la présidentielle, que celle-ci se déroule au terme du 4e mandat ou qu’elle
intervienne avant cette échéance. L’éclipse de Saâdani, SG du FLN, ces deux
derniers mois, du terrain donne un élan supplémentaire à son concurrent du
RND qui ne manque pas de réunir ses troupes et occuper, seul, sans
adversaire, les chaînes de TV. Dans ce contexte, profitant de l’absence de
Saâdani et voulant reconquérir un parti qui leur a été ravi avec la bénédiction
du Président et de ses hommes, les bannis du FLN reviennent dans la course,
sillonnant le territoire, dans l’espoir de renverser la vapeur. Quant aux partis de
l’opposition, ils semblent, dans leur majorité, bien revenus de leur revendication
essentielle, à savoir des présidentielles anticipées et un organe indépendant
d’organisation et de surveillance des élections. Avec le passage en force des
textes de loi et avec le durcissement des conditions d’exercice démocratique par
les élus et plus globalement de l’opposition, cette dernière qui n’a jamais constitué
qu’une alliance de façade, une coordination des plus improbables, se voit aujourd’hui
vivre ses instants de retour à la réalité. D’élections anticipées, il n’y en aura
pas et d’élections démocratiques, non plus. Il faudra faire avec, semblent dire
certains membres de la Coordination nationale des libertés, CNLTD, alors que
d’autres, tels que Jil Djadid, par exemple, qui s’est retiré en juin de cette coordination,
ne veut pas se départir des conditions inscrites dans la plateforme de
Mazafran 1 et 2 et refuse de prendre part aux prochaines législatives. Là n’est pas la
seule défection. Le parti El Islah vient de quitter le navire du «Pôle du Front
du changement» présidé par Ali Benflis. Ce n’est pas le seul parti de la mouvance
islamiste qui fait défection en cette phase pré-électorale.Se sentant des
ailes, particulièrement solides après l’échec de la tentative de coup d’Etat en
Turquie, Mokri pour qui le régime Erdogan est le modèle, a déclaré récemment
que «la politique de la chaise vide ne mène à rien».
Demain (mercredi) et après de nombreuses tentatives, les partis de l’opposition
regroupés au sein de l’Instance de concertation et de suivi ICS devront se réunir
au siège du RCD. A cette rencontre, le langage de vérité sera certainement de
mise. Quelle position aura cette instance quant à la participation ou non aux
prochaines échéances électorales. Y aura-t-il une position commune de boycott
ou de participation et comment appréhende chaque membre la nouvelle donne
politique nationale. Au vu de l’activisme développé par certains membres,
notamment les islamistes, qui semblent déjà placer leurs pions, l’on ira plutôt
vers uns scission sur ce point mais aussi sur les fondamentaux et qui attestent
qu’on ne peut indéfiniment rester sur des alliances de circonstance.
Khedidja Baba Ahmed