Entre maladies, pénurie et hausse des prix
La crise du poulet perdure
le 08.08.16|10h00
Depuis quelques semaines, la viande blanche se fait désirer dans les marchés du pays.
Il ne s’agit pas de poisson, toujours hors de portée de la majorité des
ménages, mais de volaille, de poulet plus exactement. Les raisons
un déséquilibre entre l’offre et la demande menant à une flambée des prix.
S’ajoute à cela la propagation de maladies en saison de fortes chaleurs.
La plus courante durant ces dernières semaines est celle connue par les
aviculteurs sous le nom de maladie de Newcastle. D’ailleurs, plusieurs milliers
de poules pondeuses et de chair ont été décimées dans la wilaya de Bouira.
Les derniers chiffres publiés estiment les pertes à près de 65 000 sujets perdus
depuis le début du mois de juillet écoulé.Conséquence logique une flambée des
prix de la volaille sans précédent est enregistrée à travers le territoire national.
Le prix du kilo de poulet qui ne dépassait pas les 180 DA est arrivé aujourd’hui à
350, voire 380 DA dans certaines régions.Même si certains observateurs expliquent
cette flambée par la forte demande en cette période de festivités et de vacances ou
encore la crainte de certains aviculteurs de la propagation des virus en cette période
de canicule, d’autres la mettent directement sur la réduction de l’offre suite à cette épidémie, dénommée également la peste aviaire.Fort heureusement, cette épidémie
qui ravage la production avicole locale n’a aucun impact sur la santé humaine. En plus
des différentes assurances des docteurs vétérinaires, le docteur Mustapha Zebdi,
président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) renouvelle ses assurances.Suite à des campagnes sur les
réseaux sociaux, les consommateurs ont boudé cette principale source de protéines
pour les ménages à faibles revenus. «Il n’y a aucun danger sur la santé humaine suite
à la consommation de la viande de poulet touché par cette maladie, ni encore les œufs
de poules contaminées.L’unique impact de cette maladie sur le quotidien du
consommateur est la hausse des prix suite au manque de production», explique-t-il.
Pour Boulenouar Hadj Tahar, président de l’Association nationale des commerçants
et artisans algériens, cette maladie n’a pas d’incidence sur la santé humaine mais en
a d’énormes sur la filière avicole, en crise depuis déjà des mois,
pour ne pas dire des années.
Une filière qui se porte mal
En effet, selon plusieurs aviculteurs, cette filière, qui peut apporter une grande valeur ajoutée à l’économie nationale et au mode de vie du citoyen, sombre dans la crise.
Les raisons sont diverses.Il s’agit en premier lieu de la méthode archaïque et révolue qu’utilisent encore certains aviculteurs dans leurs élevages. «Je connais des éleveurs
qui recourent encore au gaz butane pour assurer une température adéquate dans leur poulailler, affirme M. Boulenouar. Certains, face à la multiplication des charges et à la réduction des bénéfices, ont complètement abandonné la filière.» Pour notre
interlocuteur, les aviculteurs vivent amèrement les répercussions de la dévaluation du dinar, faisant augmenter le prix de l’aliment et des médicaments. Cela s’ajoute aux
autres charges qui ont également doublé en raison de la crise économique que
traverse l’Algérie et notamment après l’augmentation des prix de l’électricité et des carburants. Les aviculteurs dénoncent également le fait qu’ils sont livrés à eux-mêmes,
en l’absence totale de planification pour la consommation et la production. Même en
cas de surplus de production, il n’existe pas de couloir ou de dispositif pour absorber
cet excédent de production à exporter ou à utiliser pour réguler le marché en cas de pénurie ou de maladie, comme c’est le cas en cette période. Pour M. Boulenouar, l’absence de campagne d’information et de programme de prévention contre les
maladies est également à la source de la crise dans laquelle patauge l’aviculture.
Planifier, prévenir et activer réellement le rôle des chambres de l’agriculture est
désormais l’unique solution pour sauver cette filière. Une solution qui, sous d’autres
cieux, a été prise depuis déjà longtemps.
Asma Bersali