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Discussion: Noureddine Boukrouh

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    Post Noureddine Boukrouh

    A LA UNE/ACTUALITÉ
    02.06.2015|17h00


    Hollande vient en Algérie pour intervenir dans
    la question de la succession à Bouteflika


    L’Algérie sombre dans la folie, estime Noureddine Boukrouh, l’ancien leader du PRA, ce mardi au forum du quotidien Liberté. Boukrouh a abordé plusieurs questions dont la révision de la Constitution, le Sahara occidentale et l’ingérence française dans les affaires algérienne.





    Pièce jointe 16995

    "Nous sommes les derniers des derniers".



    « Nous ne sommes pas encore nés comme citoyens. Nous sommes justes des êtres humains. Nous sommes les derniers des derniers. Les burkinabais et les Burundais sont mieux que nous, a indiqué Boukrouh a propos du silence des Algériens quand Bouteflika a brigué un 4eme mandat à la tête du pays. La situation ne cesse de s’empirer depuis et le dernier congrès du FLN a fini par causer un « traumatisme » à l’ex leader du PRA qui a voulu livrer
    ses « ultimes vérités avant d’entrer dans un asile de fous ».
    Selon Boukrouh, le président français viendrait en visite à Alger pour intervenir dans la question de la succession. « Il y a quelques choses qui se trame contre l’Algérie », dit-il.
    Boukrouh a invité les dirigeants algériens à changer de politique concernant la question du Sahara occidentale. Pour lui, « Le Maroc a pris la proie, l’Algérie paye pour l’ombre ».

    Farouk Djouadi

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    L’Algérie sombre dans la folie

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    Hollande viendrait en Algérie pour intervenir dans la question de la succession



    Dernière modification par zadhand ; 12/03/2016 à 21h48.
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    Noureddine Boukrouh
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    Post «L’Algérie risque un nouveau bain de sang»

    Noureddine Boukrouh se dit «écœuré» par le congrès du Front de libération nationale (FLN) qu’il qualifie de «fait divers criminel.»


    L’Algérie sombrera dans un autre bain de sang avant la fin de cette décennie, il y aura deux millions de morts, si les choses ne se corrigent pas dans les deux ans à venir», prédit Noureddine Boukrouh, ancien président du Parti du renouveau algérien (PRA) et ancien ministre du Commerce. Invité hier au forum hebdomadaire du quotidien Liberté, M. Boukrouh explique qu’il ne faut pas plus de 10 000 personnes pour déstabiliser un pays. Selon lui, les vulnérabilités existent, il ne manque que l’agression. Noureddine Boukrouh, qui a publié une série de contributions aussi bien sur la réforme de l’islam que sur la crise que traverse l’Algérie, se dit «écœuré» par le congrès du Front de libération nationale (FLN) qu’il qualifie de fait divers criminel.

    «Ce n’est pas un moment de la vie politique nationale, mais une honte, une humiliation qui participe d’une logique de destruction, un Premier ministre qui fait parti du FLN, il y a une volonté de détruire l’esprit algérien», fulmine l’invité du forum de Liberté. Pour lui, ce qui se fait sous l’égide du régime actuel n’a rien de rationnel. «Il n’y a pas de stratégie ni de carte politique, le fait divers du FLN, l’annonce du retour d’Ahmed Ouyahia, ce n’est qu’un jeu de ‘ray ray’, un fait d’illusion», souligne Noureddine Boukrouh.

    «C’est pour leurrer les gens», soutient-il avant de tonner : «Il y a quelqu’un derrière le rideau qui tire des ficelles vieilles et usées.» «Ce n’est pas de la politique, mais de la ruse de Djeha», appuie le conférencier, qui affirme que «ce quelqu’un n’est autre que Abdelaziz Bouteflika, le président de la République a fait un hold-up de la Constitution et on ne sait pas où elle est». Noureddine Boukrouh regrette, en effet, qu’on n’ait pas réagi à ce hold-up mais l’explique en disant qu’on «n’est pas encore né en tant que citoyen algérien.

    On n’est pas le Burkina Faso, ni le Burundi où les citoyens refusent les dictateurs et le pouvoir à vie». En fait, peste l’invité du forum de Liberté, les Algériens sont en «parfaite» équation avec le régime. «Ont proliféré les crédules pour que vivent les malins», raille l’ancien président du PRA, avant de souligner qu’il «ne croit pas à la mythologie, c’est Bouteflika qui gère le pays, on le reconnaît à son style». «Nous sommes dans la folie, aussi bien les gens qui sont au pouvoir, que les Algériens, on a divorcé avec la raison, et Djeha qui nous dirige sait comment on est», indique M. Boukrouh avec un verbe corrosif, mais plein de dérision.

    Pour lui, «l’Algérie n’a aucun avenir et le résultat à en attendre c’est la fin». Homme décidément désabusé, l’orateur appelle à réfléchir à la dialectique de notre histoire et soutient que c’est par la fonction que l’on devient citoyen qu’on n’est pas encore. L’ancien président du PRA développe une toute autre opinion par rapport à la question du Sahara occidental. Pour lui, «le Maroc a pris la proie et nous on paye l’ombre».

    Combien nous coûtent cette cause et ce problème qui dure ? A-t-on les moyens de continuer à prendre en charge cette question ? «Ce n’est pas normal ce qui se passe dans le pays, c’est de la folie tout simplement», renchérit le conférencier qui reproche au pouvoir de vouloir continuer à berner le peuple pour perpétuer «l’encanaillement qui a atteint aussi les intellectuels». Sur les questions économiques, l’ancien ministre du Commerce dit qu’il ne reste plus de débats sur l’économie avec des gens comme Saadani, Sellal et Haddad. «Ce n’est pas normal que 90% des pays de la planète soient membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), même les plus pauvres.

    Nous, nous n’avons pas encore adhéré», souligne-t-il avant de révéler que lorsqu’il ministre du Commerce, l’Algérie était à deux doigts de l’intégrer. La raison ? Il n’y a pas de volonté politique, et le pouvoir veut continuer dans sa gestion patrimoniale de l’économie. «En adhérant à l’OMC, les gens du pouvoir n’auront plus de leviers pour perpétuer leur règne», affirme Noureddine Boukrouh qui estime que le temps presse et que «s’il n’y a pas de correction, l’Algérie va sombrer».
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    Re : «L’Algérie risque un nouveau bain de sang»

    Que Dieu nous en préserve
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    "Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console"

    "Qui que tu sois, viens, viens. Même si tu es un athée, c'est ici la demeure de l'espoir"

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    Re : «L’Algérie risque un nouveau bain de sang»

    non c une réaction normale vu qu il ne fait plus parti des décideurs alors.......
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    Post Boukrouh, version "Penseur" : Décryptage

    A LA UNE/ACTUALITÉ
    05.06.2015|16h33


    Boukrouh, version "Penseur"
    Décryptage



    La conférence-débat animée, lundi dernier, par Noureddine Boukrouh, au Forum de « Liberté »,
    n’est pas passée inaperçue.
    Ses déclarations fracassantes ont été relayées par plusieurs médias et ont suscité plusieurs réactions.

    boukrouh1_2604612_465x348.jpg
    Ce jour là, d’aucuns avaient remarqué que l’ex-chef de parti (PRA, de 1989 à 1997) essuyait d’un revers de main toute question relative à l’actualité politique et économique. Se voulant au dessus de la mêlée, Noureddine Boukrouh se présente actuellement avec la casquette de « penseur», ne se consacrant qu’aux débats d’idées. Liberte-algerie.com revient sur ses déclarations,
    dont certaines sont passées presque inaperçues, pourtant elles sont loin d'être anecdotiques.


    Le « ghachi » et Ferhat Abbas

    Lors de son intervention, Noureddine Boukrouh, et après avoir longuement critiqué la situation dans laquelle se retrouve l’algérien lambda, a eu un temps d’arrêt pour revenir à une formule, la sienne. Celle qui le poursuit depuis 25 ans, quand il avait utilisé le terme de « ghachi » pour parler des algériens. Depuis, ce mot est souvent utilisé avec la mention « dixit Boukrouh ». Une « relation » qui déplaît à ex-candidat de l’élection présidentielle de 1995 « on m’a collé cette accusation alors que je n’avais insulté personne » affirma-t-il avec dépit (il s’en expliqua dans une contribution publiée sur les colonnes de quotidien « le Soir d’Algérie », datée du 18 mars 2014. Lire ici). Il compara cet exemple avec ce qu’avait « subi » le premier Président du GPRA, Ferhat Abbas ; suite à sa fameuse phrase concernant l’Algérie dans l’histoire. Boukrouh précisera que celui qu’on avait surnommait « le pharmacien de Sétif » avait été également mal compris. Le « crime » de Ferhat Abbas était un passage d’un article publié, en février 1936, dans le journal « L’Entente » où il indiquait que « l´Algérie en tant que patrie est un mythe. Je ne l´ai pas découverte. J´ai interrogé l´histoire; j´ai interrogé les morts et les vivants; j´ai visité les cimetières: personne ne m´en a parlé...».

    La UNE du journal « l’Entente » du 27 février 1936/©D.R.

    Des phrases interprétées comme une approbation de l’assimilation par Ferhat Abbas . Une accusation que semble réfuter Noureddine Boukrouh, qui, sans trop s’attarder sur le sujet, rappellera que l’article en question était une réponse de Ferhat Abbas à un autre, publié sur les colonnes du journal “Le Temps”, l’ancêtre du “Monde”. Un autre pan de l’Histoire algérienne encore flouté pour des considérations “historiques”.

    Pour revenir au mot « Ghachi », il a fait son chemin et a été déjà inclus dans des mémoires de recherche universitaires. Il est lié en premier lieu au nom de Boukrouh .

    Définition de « ghachi » incluse dans le mémoire d’une thèse de magistère au département de langue française de l’université de Constantine (2003)/©Salim KOUDIL

    L’ijtihad Boukrouhien face aux réactionnaires !

    Comme tout Bennabiste qui se respecte, Noureddine Boukrouh n’a pas omis d’aborder un sujet qui lui tient à cœur, celui de la réforme de l’Islam. « Une thématique que je porte en moi depuis des décennies » dira-t-il en répondant à une question d’un journaliste. Il mentionnera qu’il a déjà lancé une « première étape » avec ses dernières contributions, écrites et télévisuelles. Il en annonce d’autres, malgré « le grand bruit » suscité par ses sorties « surtout la presse arabophone ».

    A propos de sa « présence multimédia » de ces derniers mois, il l’explique par l’opportunité « J’ai pensé que le moment était venu et que les algériens pourraient, peut-être, accepter quelques idées ». Des idées qu’il présente comme un « Ijtihad », le sien : « j’ai fais mes recherches, ce sont mes idées, je ne les ai volées de personne, et ce sont des idées qui, jusqu’à présent, n’ont jamais été soulevées dans l’histoire du monde musulman ».

    Il est vrai que dernièrement, Noureddine Boukrouh avait été sévèrement critiqué dans une certaine presse arabophone. Il lui a été reproché d’avoir « osé » soulever des questions théologiques. La dernière en date, c’est sa demande de revoir le classement des sourates du Coran. Cependant, alors qu’il argumente avec des données précises, il avait en face lui des détracteurs plus proches des réactionnaires que des "dialogueurs" .

    Toutefois, Boukrouh semble ne pas prendre en considération les critiques, et avoue vouloir aller de l’avant! Son action tous azimuts s’étale jusqu’aux librairies. Depuis quelques jours deux de ses livres, édités en 2013, réapparaissent sur les étals (voir image en dessous).


    Voulant toucher le maximum de personnes, Boukrouh est également présent sur les réseaux sociaux. Il possède sa propre page Facebook (vraisemblablement géré par son fils) avec plus de 5000 fans et un compte Twitter avec 443 followers.

    Les dirigeants algériens ne veulent pas adhérer à l’OMC!

    Le nom de Noureddine Boukrouh est, entre autres, lié à l’OMC (Organisation mondiale du Commerce). C’est en référence à la période allant de 2002 à 2004. Deux années durant lesquelles, il a porté le « chapeau » de ministre du Commerce. Il chapeautait le dossier d’accession de l’Algérie à l’OMC. A son époque, il était au 7e round de négociations. Onze ans après, son successeur au poste, Amara Benyounes, a participé, en mars dernier, au…12é round et a promis que l’adhésion est « au dernier virage ». Une situation étrange sur laquelle est revenu Noureddine Boukrouh, lors du Forum de Liberté,avec une critique acerbe contre les gouvernements successifs (voir vidéo en dessous)

    A la question de savoir pourquoi l’Algérie n’a pas encore rejoint l’OMC, il répond sans ambages « parce que l’économie qu’on utilise, on l’utilise a des fins politiques » avant d’ajouter que « pour que ceux qui gouvernent ici restent seuls au commandes. Pour que l’’Algérie demeure la leur, au sens patrimonial ».

    « (...) même pas comme Don Quichotte »


    Noureddine Boukrouh ne cessait pas de répéter lors de son intervention au Forum de Liberté qu’il ne tarderait pas à rejoindre l’asile psychiatrique. Ses écrits, depuis 45 ans, n’auraient finalement pas contribué à changer les choses ! A ce demander, s’il n’était pas finalement découragé et lassé de se battre contre des moulins à vent.

    Alors, Boukrouh est-il un Don Quichotte algérien ? Liberte-algerie.com lui a posé la question en marge du Forum. Il refusa catégoriquement la comparaison, donnant même l’air d’avoir été offusqué. Toutefois l’ex-ministre « daignera » revenir à de meilleurs sentiments en affirmant « humblement » que c’était lui faire trop honneur. Il lâcha cette réponse « je ne me considère même pas comme Don Quichotte. Lui, au moins, il a été un héros d’un roman. »…

    A espérer que la comparaison soit fausse. Le héros de Miguel Cervantès, en l’occurrence Don Quichotte, n'est-il pas devenu clairvoyant à la fin du roman! Une « qualité » que les algériens espèrent ne pas retrouver chez Boukrouh quand il affirme “Nous avons eu 200 000 morts durant la décennie noire et je m’engage devant l’histoire que nous aurons 2 millions de victimes pendant cette décennie »...

    Salim KOUDIL

    BoukrouhFerhaArticle2702193.jpg

    BoukrouhGhachiArticle.jpg

    BoukrouhDonQuichotte.jpg

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    Dernière modification par zadhand ; 05/06/2015 à 20h18. Motif: Boukrouh, version "Penseur" : Décryptage
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    Post Ne serions-nous plus que des lâches ?

    A LA UNE/ACTUALITÉ
    10.06.2015

    Ne serions-nous plus que des lâches ?

    Nour-Eddine Boukrouh
    noureddinboukrouh@yahoo/fr

    Si Gaïd Salah n’avait été qu’un maréchal- ferrant veillant au bon état des sabots des mulets de son douar, personne ne se serait intéressé au message d’allégeance qu’il vient d’envoyer à Amar Saâdani qui est le dernier bounadem en Algérie à mériter d’être placé à la tête d’un FLN même avili et traîné dans la boue par des décennies de servilité car ce sigle reste quand même celui sous lequel sont tombés un million et demi de chouhada. Mais il se trouve que Gaïd Salah est général de corps d’armée, chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense nationale et qu’à ce triple titre, il n’avait pas le droit d’adresser ce message au chef imposé du FLN ou de tout autre parti. Le droit n’étant pas de son côté, il ne reste que le mépris du droit pour expliquer cet acte sans pareil depuis 1989, année où l’armée s’est retirée officiellement de la vie partisane. Auprès de qui peut-on se plaindre de cet attentat contre la morale publique, le droit, la démocratie et l’intérêt du pays ? Auprès de Dieu ? Il faudra attendre la fin du monde pour connaître sa décision. Auprès de l’armée ? C’est lui l’armée et elle est très disciplinée, assure-t-il. Auprès du «premier magistrat du pays» ? Il est, depuis le viol de la Constitution en 2008, le maître d’œuvre de tous les complots contre la morale publique, le droit, la démocratie et l’intérêt du pays, sans dire que le général en question est son adjoint préposé à la répression. S’il n’y a rien à attendre de Dieu dans l’immédiat, si l’armée reste muette devant les atteintes à la morale publique, au droit, à la démocratie et à l’intérêt du pays, si le «premier magistrat » n’est pas un recours mais la source de tous les problèmes, il reste l’ultime solution qui est nous-mêmes, le peuple qui, selon les termes mêmes de la Constitution en vigueur, est le détenteur de la souveraineté nationale et du droit constituant. On lit en effet à l’article 6 : «Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple» et à l’article 7 : «Le pouvoir constituant appartient au peuple. Le peuple exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne…» Le peuple, c’est l’ensemble des Algériens des deux sexes, de tout âge, de toute opinion et de toute appartenance professionnelle, y compris les militaires et les membres des services de sécurité. Lorsque les hommes investis des principales responsabilités constitutionnelles dans un pays sont défaillants, ont été neutralisés ou corrompus, le peuple souverain et constituant a le droit, a le devoir de les récuser et de les remplacer. Mais si cet ultime recours s’avère inopérant, si nous ne sommes plus que des lâches, alors il faut se préparer à faire comme l’émir Boadil après la perte de son royaume en Espagne, Grenade, en 1492 : «Pleurer comme une femme ce qu’il n’a pas défendu comme un homme.» Et les mots sont d’une femme, sa mère. Nous serons inconsolables mais les torrents de larmes de lâches que nous pourrions verser ne rendront pas aux générations qui nous suivront le coin de paradis terrestre que nous avons transformé en fourbi en à peine un demi-siècle de «souveraineté» sous la direction de dirigeants ignares ou sataniques. Exit la vantardise et la cocarde : «Vivre un seul jour en coq plutôt que mille ans en poule !» C’est le contraire que nous avons été, c’est l’inverse que nous avons fait tout au long de notre histoire : mille ans sous diverses colonisations et des décennies d’avilissement sous le règne de «frères» plus nuisibles à l’intérêt national et à la morale humaine qu’aucune occupation étrangère avant eux. Un historien, Salluste, qui fut aussi gouverneur de la Numidie à l’époque où notre pays était occupé par les Romains, a écrit il y a deux mille ans : «Les Numides ne peuvent être enchaînés ni par la crainte ni par les bienfaits.» Cet hommage rendu au sens de la dignité chez les Algériens se justifie-t-il de nos jours alors que la lâcheté (la crainte) et l’encanaillement (les bienfaits) nous submergent comme le déluge a englouti Sumer au temps de Noé ? Ces pensées maussades et démoralisantes me sont revenues cette semaine en lisant les «Mémoires» de Mohamed Saïd Mazouzi qui viennent de sortir. Je ne connaissais du personnage que son nom et l’image qu’il a laissée en quittant la scène politique au milieu des années 1980, celle d’un responsable politique discret. J’ai découvert l’homme qui se tenait derrière cette image d’Epinal et cette découverte m’a ému. Si de nos jours on ne sait plus ce qu’est l’Algérien dont parlait Salluste, si on ne sait plus en ces temps de pourrissement général à quoi il ressemblerait s’il existait, je crois que la réponse est dans les pages, les souvenirs et l’âme de ce patriote. Né en 1926, Mazouzi est dans les années 1940 un militant du PPA que la police coloniale arrête en 1945 pour son implication dans une affaire d’attentat contre un caïd de la région de Dellys. Il ne sera libéré qu’à l’indépendance. Si Mohamed n’a pas été à la Révolution, la Révolution est venue à Mohamed là où il était entre 1945 et 1962, c’est-à-dire en prison. Déplacé d’une prison à l’autre du pays et même de France, il relate dans ses «Mémoires» sa vie carcérale et témoigne depuis cet observatoire sinon du déroulement de la Révolution, du moins de son esprit, de ce qu’elle représentait pour les Algériens morts, torturés ou emprisonnés pour que l’Algérie vive un jour libre et digne. Elle est encore libre, en apparence du moins et pour on ne sait combien de temps encore, mais elle n’est d’ores et déjà plus digne. Il entendait parler des grands noms du mouvement, il fait leur connaissance en prison et relate les évènements auxquels il a été mêlé avec eux ou les paroles entendues de l’un ou de l’autre, nous présentant des personnages au nom connu mais qui n’ont pas eu les faveurs des projecteurs et rapportant ce que les historiens ou les autres mémorialistes n’ont pas rapporté. A certains moments de la lecture on oublie l’auteur pour se laisser bercer par une sorte de voix «off» comme dans les films où le réalisateur fait résonner la voix d’un patriarche ou de l’Histoire en accompagnement de certaines séquences. On a ainsi l’impression que ce n’est pas un homme qui parle mais une entité surnaturelle, en l’occurrence l’âme algérienne. Le livre, surtout dans sa première partie, déborde de candeur comme ce serment fait un jour par lui et un autre compatriote : quand ils seront indépendants, les Algériens ne construiront jamais de prison ! A elle seule cette pensée résume l’innocence des Algériens en même temps que leur irréalisme. Beaucoup en effet croyaient dur comme fer qu’à l’indépendance l’Algérie serait un paradis sur terre et ses dirigeants des anges, et que par conséquent il n’y aurait nul besoin de prisons. Malheureusement pour elle, des diables et des «aghiouls» sortis de ses entrailles ou venus de pays limitrophes en ont fait un camp de concentration puis une cour de miracles puis carrément la propriété d’une mafia ignare et impudente. Tous les Algériens connaissent la vieille incantation «Ah ! si les martyrs revenaient !», une litanie souvent répétée pour exprimer son dégoût devant le spectacle de ce que des dirigeants cyniques et immoraux ont volontairement fait de ce pays. M. Mazouzi ressuscite les martyrs, les fait penser et parler. Ces martyrs, d’une certaine façon, c’est lui ; il les incarne par sa double particularité : celle d’être mort avant eux et celle d’être revenu à la vie à l’indépendance pour témoigner en leur nom. Mohamed Saïd Mazouzi a réussi à témoigner de ce qu’il a vécu en prison, de ce qu’il n’a pas vu parce qu’il était en prison et de ce qu’il a vu une fois sorti de prison. Nous sommes justement au jour de sa sortie de «Maison-Carrée» (El- Harrach). Des combattants du FLN sont venus l’attendre pour le conduire à une maison de Clos-Salembier (El-Madania). Il écrit : «Ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu et ressenti ce jour-là à Alger, je ne pourrai jamais le décrire. C’est tellement fort que tous les mots de toutes les langues de la terre ne seront jamais en mesure de le rendre… Quelque chose que l’on ne peut imaginer aujourd’hui dans cette Algérie désarticulée, délabrée… La joie partagée, le bonheur commun, la fraternité spontanée et naturelle de tout un peuple. La lumière dans les yeux de tous les Algériens pour clore le cauchemar ; malgré le terrorisme de l’OAS et la mort qui rôdait encore çà et là. Ce bonheur-là, aucun Algérien d’aujourd’hui en cette Algérie de mensonge, d’imposture et de rapine ne peut l’imaginer ou le comprendre… » (p. 231). Le livre ne m’a rien appris sur l’histoire de la Révolution ou du mouvement national, l’auteur ayant d’entrée de jeu prévenu que tel n’était pas son but. Des centaines de livres ont été déjà été publiés sur le sujet que j’ai normalement tous lus, mais j’ai trouvé dans ces pages ce que je n’ai pas trouvé ailleurs : l’angle de vue unique et les accents simples, sincères et véridiques d’un patriote qui écrit : «Je ne fais que témoigner timidement de ma vie et un petit peu de l’Algérie» (p. 370). Ce qui m’a captivé, c’est l’homme lui-même, son ressenti des choses, sa manière de voir, sa droiture, qualités qui ont toujours été associées dans mon imaginaire à l’Algérien tel que je m’en suis toujours fait une idée. Comme lui je croyais en ces choses, en ce qu’a dit de nous Salluste, en la formule cocardière citée plus haut, mais j’ai perdu ces illusions alors que l’Algérie indépendante n’avait pas encore bouclé ses dix ans comme en témoignent mes écrits du début des années 1970. Bien avant M. Mazouzi qui me dépasse d’une génération et vibrait de foi en la politique algérienne jusqu’aux premières années du règne de Chadli.
    En rendant ici hommage à ce grand patriote, je veux rendre hommage à l’Algérien d’hier qu’il incarne et à l’Algérien de demain qu’il aura peut-être contribué à inspirer car je souhaite de tout cœur que les nouvelles générations lisent ses «Mémoires» et prennent exemple sur lui, sur les valeurs qu’il a incarnées, portées et défendues au détriment de l’intérêt personnel, plutôt que sur la racaille qui nous a souvent dirigés. Reste un regret. J’aurais aimé que ces «Mémoires» aillent au-delà des années 1990 et que leur auteur nous parle de ce qu’il a vu, pensé et ressenti sous le règne de Bouteflika. Il décoche quelques piques à son régime mais on dirait qu’il ne veut même plus voir ou commenter, qu’après avoir été le témoin qui a vu sans être là, il veut devenir le «chahed ma chafch haga» du célèbre film égyptien. Ce n’est pas pour cette Algérie qu’il s’est sacrifié, ce n’est pas pour elle que sont tombés ses frères d’armes et ce n’est pas elle qu’il veut montrer même comme contre-exemple. Que peut-on tirer de ces «Mémoires» ? Leur lecture m’a remué mais elle a aussi stimulé ma réflexion sur nous-mêmes, mon sujet de toujours. Elle me pousse à aller plus en avant dans l’explication autour de laquelle je tourne depuis quarante ans sans vouloir la saisir en entier, sans vouloir me concentrer sur son visage qu’elle s’évertuait à dérober à ma vue pendant tout ce temps pour que je ne la regarde pas et lise sur ses traits la vérité que je devinais, que je soupçonnais. Il fallait juste que j’envisage une hypothèse que j’ai toujours refoulée. Au lieu de me demander pourquoi le peuple algérien, après une glorieuse lutte de libération, s’est laissé encanailler, j’aurais dû me demander : pourquoi en fait il s’est insurgé contre le colonialisme au prix de sacrifices illimités ? Autrement dit, notre libération du colonialisme s’explique-t-elle par une règle ou par une exception : celle d’être dirigés par des étrangers ou des aventuriers issus de nos rangs ? Etait-elle une exigence de l’âme algérienne ou une péripétie de l’Histoire internationale ? Cinquante-trois ans d’indépendance, c’est moins de la moitié de la durée de la colonisation française et sept fois la durée de la Révolution du 1er Novembre : 132+53 = 185 ans d’humiliation et d’encanaillement contre sept ans et demi de bravoure. Où se trouve notre vérité : dans la règle représentée par le chiffre 158 ou dans l’exception représentée par le chiffre 7? Dans notre comportement durant des millénaires ou dans notre comportement pendant les brèves périodes de soulèvement ? L’écart serait là encore plus frappant. Si on creuse davantage on tombe sur d’autres questions, des questions jamais posées parce qu’on croyait connaître la réponse depuis belle lurette alors que l’expérience montre que ce n’est pas le cas : les Algériens ont-ils fait la guerre contre le colonialisme pour leur pays ou pour l’Islam, car ce n’est pas la même chose ? Ils ont nommé leur guerre de libération «djihad», les combattants «moudjahidin » et leur mort «fi sabil Allah» (pour Dieu), la patrie ne venant qu’accessoirement. Ceux qui ont fait cette guerre l’ont-ils faite pour l’Algérie ou pour Dieu, car il y a une nuance ? Etaient-ils la majorité ou la minorité ceux qui sont morts pour le pays, la terre, le drapeau, l’hymne, l’Etat national ? Les soulèvements menés au XIXe siècle par l’émir Abdelkader, les cheikhs Al-Mokrani, Ahadad et Bouamama n’avaient-ils pas les mêmes mots d’ordre ? Ceci expliquant cela, on comprendrait mieux pourquoi trente ans après le cessez-le-feu avec les Français une autre guerre s’ouvrait entre Algériens non pas pour une Algérie meilleure mais au nom de l’Etat islamique. Il faut rouvrir l’enquête classée, s’interroger de nouveau sur notre passé, retourner à la scène de crime pour chercher d’autres indices et réinterpréter ceux qu’on avait déjà. On nous a éduqués dans l’idée qu’il n’y a pas pire que le colonialisme et qu’une fois indépendants, il fallait s’estimer heureux même si on n’a que de l’herbe à manger. En fait, on nous préparait au despotisme, on installait en nous le mythe des héros-libérateurs pour nous soumettre aux desiderata et aux lubies des planqués, des faux moudjahidine, des usurpateurs, des assassins, des assoiffés de pouvoir et de richesses matérielles qui sont encore à l’œuvre aujourd’hui pour achever de vider le pays de sa moelle. Le colonialisme n’a pas encanaillé l’Algérien. Il l’a certes opprimé, exploité, spolié, confiné dans un statut de paria, mais il ne lui a pas appris le mal, le satanisme, le mythe de la chèvre qui vole. Il a soutenu le maraboutisme mais il ne l’a pas inventé, il l’a trouvé sur place. Tout ce qu’il a fait c’était d’approfondir la tendance, d’enfoncer le clou, d’y maintenir les Algériens pour qu’ils demeurent des «msalmin m’kettfin», des êtres résignés au «mektoub», au fatalisme. Au temps du colonialisme, l’Algérie était dirigée par une puissance coloniale. Aujourd’hui elle l’est par une puissance satanique œuvrant par la corruption et le banditisme à vider le pays de ses valeurs morales, de ses ressources humaines et de ses richesses naturelles. Le satanisme a fait plus de mal au pays que le colonialisme car ce dernier n’a pas détruit moralement l’Algérien et était voué à partir un jour ou l’autre ; il a dépouillé le peuple algérien de ses richesses économiques mais pas de ses richesses morales, celles qui ont trouvé Ben Badis, Ferhat Abbas, Ali Al-Hammamy, Moufdi Zakaria, Bennabi et d’autres pour les incarner, les inculquer et les défendre. Aujourd’hui, il n’y a personne pour défendre le pays des pillards et des dispensateurs de mauvais exemples et de précédents mortels. C’est l’encanaillement, la soumission et la lâcheté dans tous les compartiments et à tous les étages de la vie nationale. L’encanaillement, c’est lorsqu’on ne croit pas en quelque chose mais qu’on fait semblant d’y croire par lâcheté ; lorsqu’on sait une chose anormale et que l’on se comporte avec elle comme si elle était tout à fait normale par calcul ; lorsque tout va de travers et qu’on persiste à soutenir que tout baigne dans l’huile parce qu’on y trouve son compte ; lorsqu’on cache la vérité parce qu’on a été soudoyé ou intimidé ; lorsqu’on piétine les lois sans redouter une sanction ; lorsqu’on falsifie les résultats des urnes pour favoriser ses partisans ; lorsqu’on met des personnes à des places qu’elles ne méritent pas ; lorsqu’on préfère les fripouilles aux hommes honnêtes ; lorsqu’on achète pour quatre sous les consciences et les allégeances des civils, des militaires et des assimilés. L’encanaillement a perdu les nations qui se sont laissé envahir par lui. Un peuple ne peut pas espérer devenir grand quand il est tombé aussi bas ; un Etat perd son honneur quand il couvre des pratiques irrégulières, quand sa justice est partiale, quand ses représentants abusent de leur position pour s’enrichir ; une administration perd sa raison d’être lorsqu’elle renonce à sa vocation de service public pour devenir un instrument entre les mains des intérêts économiques et politiques des puissants du moment. L’Algérie n’a jamais manqué de moyens, de bras ou de cerveaux. C’est de bons dirigeants et d’une morale publique qu’elle a toujours manqué. Tant de morts depuis Octobre 1988 pour rien ? Pour que des individus s’infiltrent dans les rouages de l’Etat pour piller ses richesses ? Pour qu’une bande de gangsters confisque les symboles de la Révolution à son profit ? Pour imposer de mauvaises lois et bafouer les bonnes ? Pour sacrifier tout un peuple afin d’épargner quelques individus pervers ?
    Le pays est en train de se laisser prendre dans une immense toile d’araignée tissée par le clanisme et les intérêts personnels. Il faut la déchirer, s’en dépêtrer, proclamer son refus, son rejet, sa condamnation absolue de l’encanaillement et se libérer de la peur et de la lâcheté comme l’ont fait ceux qui ont libéré le pays entre 1954 et 1962 et dont ne peuvent absolument pas avoir fait partie ceux qui sont en train de couler l’Algérie, de préparer sa recolonisation. Pourquoi l’écrasante majorité d’entre nous sont pauvres alors que le pays regorge de richesses naturelles ? Pourquoi nous taisons-nous devant l’impunité dont bénéficient ceux qui ont pillé les dinars et les devises de la communauté et continuent de le faire en plein jour à partir de positions officielles ? Pourquoi sommes-nous dirigés par un homme cloué à un fauteuil roulant en nous faisant croire qu’il recèle des pouvoirs divins qu’aucun autre parmi les vivants ne possède ? Pourquoi lui et son entourage ont-ils le droit de violer toutes les lois à commencer par la Constitution, et nous l’obligation de respecter tout ce qui vient d’eux au nom du respect de la loi ? La loi de la ruse, de l’intérêt personnel, de l’humiliation, de l’indignité, de la destruction morale, politique et économique de cette nation. Pourquoi acceptons-nous que le sigle du FLN sous l’égide duquel la Révolution du million et demi de martyrs a été menée soit piétiné à ce point, foulé aux pieds d’individus ne méritant même pas le titre d’Algériens, que des ignorants, des corrompus et des valets soient mis à notre tête et que nous en ayons peur plus que de Dieu ? Réponse : parce que nous ne sommes plus que des lâches, tous tant que nous sommes !
    A moins que tout ce que je dis soit pure invention de ma part.
    N. B.


    P. S. : Mme veuve Bennabi, née Khadidja Haouès, est décédée mardi 9 juin 2015 à 11h30 en son domicile à Alger des suites d’une longue maladie et a été mise en terre le jour même dans la discrétion selon les vœux de la famille. La défunte rejoint ainsi son éminent mari, mort le 31 octobre 1973, et achève une longue vie durant laquelle elle a veillé sur Malek Bennabi de son vivant et sur sa mémoire après. Que sa famille, qui est aussi la mienne, reçoive ici mes hommages attristés et ma reconnaissance éternelle.

    N. B.


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    Post Marechal nous voila !

    MARECHAL NOUS VOILA !

    Le maréchal Philippe Pétain était âge de quatre-vingt-quatre ans lorsque les Français l’ont mis à la tête du pays en 1940 pour les « sauver » car ils croyaient à l’époque aux miracles que peut réaliser un homme du seul fait d’être « ancien moudjahid ». Finalement il les a livrés à la puissance occupante au point que même l’hymne national, « La Marseillaise », composé en 1792, fut remplacé par un chant patriotique plus approprié aux nouvelles circonstances, « Maréchal nous voilà ! ». On trouve dans ce chant une petite phrase qui a du marquer Boutef, « Français, levons la tête !» qui, rendue en patois marocain, a donné « Arfâa raçak ya bâ ! ». Nous aussi nous assistons depuis le feuilleton du Val-de-Grâce à un réchauffement énigmatique entre l’ancien colonisé et l’ancienne puissance occupante, dont on ne nous dit rien bien sûr.

    Abdelaziz Bouteflika, venu à l’histoire du pays dans le mystérieux sillage de Boumediene qui l’a gâté comme un enfant, tient entre ses mains, en vertu d’une succession d’aberrations, le sort d’une nation de quarante millions d’âmes non instruites des causes de la vie et de la mort des nations et s’amuse avec notre destin comme un enfant avec un hochet. Il n’y a pas que les enfants qui jouent avec des hochets, au sens figuré le mot est utilisé dans l’expression « le pouvoir et ses hochets ». Ce n’est pas tant à Boutef que je m’intéresse, c’est au hochet qui se trouve être non pas les hurluberlus, les corrompus, les valets et les malotrus qu’il agite sous nos yeux atteints de trachome mais notre pauvre pays, nos misérables vies, l’avenir de cette nation qui n’a jamais connu d’avenir mais seulement les abysses du passé, qui est restée coincée dans une aube éternelle, une « perpétuelle aurore ».

    A l’âge où un vieil homme croyant pense à faire le maximum de bien pour compenser le mal fait volontairement ou non tout au long de son existence, cet homme multiplie envers le pays qui lui a tout donné en échange de rien les actes de mal, les complots et les putschs comme on vient de le voir une fois encore au FLN et au RND. Pour ne prendre que les faits saillants et notoires de la saison II de sa vie au pouvoir il a violé en 2008 la constitution pour rester au pouvoir par la ruse, l’intrigue et la fraude jusqu’à sa mort; il a postulé à un quatrième mandat alors qu’il se savait fortement handicapé, montrant ainsi qu’il n’a cure de l’intérêt du pays ; il a fait la chasse aux hommes compétents, honnêtes et patriotes dans les rouages de l’Etat et cherché à la bougie les profils d’hurluberlus, de corrompus, de valets et de malotrus qui conviennent à son style et à ses plans, leur confiant les structures de l’Etat et des partis dont il a besoin pour consolider son pouvoir jusqu’à ce que Dieu le rappelle,
    échéance qu’il tient à reculer le plus longtemps possible.

    Ce n’est pas une coïncidence, ce n’est pas par hasard ou par accident qu’il a placé les personnages qui sont aujourd’hui aux postes stratégiques du pays et dont le dénominateur commun est l’intérêt personnel en échange d’une fidélité animale. De nombreux indices montrent à tout le monde que le pays s’en va à vau-l’eau, qu’on ne cherche pas des solutions pour le long terme mais juste pour le temps qui reste, et pourtant on continue de se comporter comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des pays.

    Sans parler de ce qu’on ne sait pas, de ce qu’on découvrira peut-être un jour et qui est probablement plus grave que ce qu’on a vu ou sait et qui donne sens aux manœuvres en cours. Les « affaires » sont expédiées au pas de charge par une justice encadrée au plus près pour que les corrompus, aux plus hauts postes de l’Etat, en retrait ou en fuite, ne soient pas inquiétés. C’est dans cette ambiance surréaliste qu’un Ouyahia, actionné comme un hochet, est sorti en pleine lumière pour nous assurer que tout va pour le mieux et qu’en guise de reconnaissance nous devrions entonner à haute voix, dirigés par sa baguette de maestro, « Maréchal nous voilà ! » : « Tous tes enfants qui t’aiment/ Et vénèrent tes ans/ A ton appel suprême ont répondu « présent »/ Maréchal nous voilà !.../ En nous donnant ta vie/ Ton génie et ta foi/ Tu sauves la patrie/ Une seconde fois/ Maréchal nous voilà !... ». N’avait-il pas raison le général de Gaulle de traiter les Français de « peuple de veaux » ?
    Mais que devrions-nous dire de nous-mêmes ?

    A peine lâché, Ouyahia accourt à perdre haleine pour révéler en toute urgence aux médias que les Algériens ne savent pas à quel malheur ils ont échappé si Boutef ne s’était pas sacrifié en se résignant à son corps défendant à un quatrième mandat. Retrouvant son souffle de commis de l’Etat comme il aime à se définir, il nous a appris dans la foulée un secret que seuls les proches de « Hulk al-adjib » connaissaient mais cachaient au peuple pour ne pas heurter sa légendaire modestie : Boutef a récupéré 150% de ses capacités intellectuelles ! Voilà qui va faire oublier Benyounes. On ne peut jamais récupérer que 100% de quoi que ce soit, ya Si Ahmed, car le verbe s’applique à ce qu’on avait déjà, sans dire qu’à partir d’un certain âge aucune récupération n’est possible et que la mort cellulaire poursuit son œuvre irréversible. Mais comme on est au pays de la « chèvre qui vole » où Ouyahia compte parmi les grands maîtres du culte, a beau mentir qui vient de… haut. Ce n’est pas vrai ?
    Alors que Boutef parle au peuple, qu’il nous montre ces fameux 150% !

    Emporté par son excès de zèle habituel, convaincu d’en savoir plus que les autres car se mesurant à l’aune des incultes qu’il fréquente, dupe ou voulant nous duper sur les vraies raisons pour lesquelles on lui a très tôt confié des responsabilités et confondant le parterre de journalistes qui l’interrogent avec le reste du pays, Ouyahia profère très souvent des bêtises, des faussetés et des inepties.
    Il ne dit pratiquement que les unes ou les autres de son air le plus sérieux, donc à son insu,
    et en est encore à croire qu’il suffit de dire quelque chose sous le sceau de l’officialité pour qu’elle soit vraie.

    Ainsi par exemple de cette phrase lâchée par lui il y a longtemps et que personne n’a corrigée jusque-là : « L’élection présidentielle est la rencontre d’un homme avec son destin ». A l’origine elle était « Une élection présidentielle est une rencontre entre un homme et un peuple » et l’auteur en est le général de Gaulle. Ouyahia s’est emmêlé les pinceaux en voulant dissimuler le plagiat mais il reste que devenir président de l’Algérie n’a rien à voir ni avec le peuple ni avec le destin. On ne peut pas prétendre avoir un « destin » quand on a quitté le RND et qu’on y est revenu sans raisons, sans causes visibles, sans que la composante du conseil national qui l’a destitué et celle qui l’a réinvesti ait changé, diminué ou augmenté. C’est la même volonté extérieure au RND qui l’a déposé puis ramené sans que lui-même ne fasse ou dise quoi que ce soit. Idem pour Bensalah mais lui ne l’a pas caché ni menti, il s’est réfugié dans le mutisme et c’est plus digne que l’esbrouffe.

    Ouyahia peut prétendre avoir une vie et même plusieurs mais pas un destin même en devenant président de la RADP. Le destin c’est « l’autre », ça a toujours été et sera « l’autre », la main invisible qui l’a enlevé puis remis au gouvernement, au RND et d’autres endroits ou postes, et qui pourrait bien sûr le mettre encore plus haut ou plus bas. Ouyahia n’est pas le seul dans ce cas, et très nombreux sont ceux qui doivent à l’encanaillement ce qu’ils font passer pour un fabuleux « destin » de surdoué, la bonne étoile d’un enfant béni ou un « rizk min indillah » quand on est un islamiste encanaillé comme il y en a tant.

    Le « destin » de l’Algérie n’a jamais aimé les hommes intelligents, brillants, visionnaires, compétents, se suffisant à eux-mêmes, dignes et indépendants car ils sont son antithèse, sa négation, sa réfutation, son surmoi. Ils lui font perdre sa contenance et sa superbe quand il a affaire à eux, il ne peut les asservir ou les humilier et en est maladivement jaloux car l’intelligence ne s’achète pas, ne s’improvise pas, ne s’octroie pas, ne se retire pas et n’est ni un grade ni un uniforme ni une médaille. On l’a ou on ne l’a pas, et nos dirigeants actuels ne l’ont pas. Il faut ajouter que cette prévention contre l’intelligence est largement répandue dans l’inculture sociale qui nous tient lieu de culture et vient de loin dans notre histoire. En fait tous nos malheurs sont venus de cette prévention contre l’intelligence, la rationalité, la liberté de pensée, la distinction, la grandeur…

    Les Algériens en vie actuellement n’étaient pas là il y a deux mille ans pour reprocher à Massinissa et Syphax de diverger sur l’attitude à adopter face aux guerres puniques, divergence qui allait entraîner notre colonisation par les Romains ; ni quand nos ancêtres firent appel aux frères Barberousse pour les défendre contre les Espagnols au XVIe siècle et qui finirent par s’installer à demeure jusqu’à ce que les Français les en délogent en 1830. Nous n’étions pas là non plus pour adjurer l’Emir Abdelkader, cheikh Boumaza et le bey Ahmed de coordonner leur résistance face à l’ennemi, ni pour conseiller aux cheikhs al-Mokrani et Ahaddad de placer leurs forces sous un commandement unique pour mieux résister à une armée coloniale affaiblie par la guerre franco-prussienne.

    Mais aujourd’hui nous sommes là, en chair et en os, bien portants physiquement et mentalement, instruits pour la plupart, fiers de nos moustaches, rotant de gaz et de pétrole et normalement conscients que notre intérêt est de veiller à la sauvegarde notre pays, un pays que nous n’avons pour nous tout seuls que depuis un petit demi-siècle. Or nous assistons à sa liquidation morale, politique et économique en continuant de ruminer comme des vaches qui regardent le train passer en broutant paisiblement. Le règne de Bouteflika ne sera pas sans conséquence sur l’histoire de l’Algérie et nous le paierons très cher.

    La situation que nous vivons n’est pas normale, naturelle, rationnelle. Cette période n’est pas une période comme une autre, elle est au plan interne le stade terminal d’une maladie chronique contractée à l’indépendance et jamais soignée, et au plan externe un encerclement effectif et complet de notre pays. Elle a été rendue possible par l’inconscience d’à peu près la moitié du peuple algérien, enfants et vieillards mis à part, mais surtout par la passivité d’une catégorie qu’on pourrait évaluer à quelques centaines d’individus, peut-être même moins.

    Ceux-là avaient et ont toujours les moyens de faire quelque chose pour stopper la dérive suicidaire mais ils ne l’ont pas fait. Mais eux aussi, s’ils devaient parler, tiendraient des propos qui pourraient rappeler ceux de Chadli Bendjedid en septembre 1988, quinze jours avant l’explosion qui allait conduire aux 200.000 morts que nous avons déjà oubliés, passés par pertes et profits. Chadli s’était égosillé dans un discours officiel retransmis à une heure de grande écoute : « Pourquoi le peuple ne bouge-il pas ? Pourquoi accepte-t-il tout ?

    Ils feraient valoir des arguments difficiles à récuser : à quoi servent ces dizaines de partis et de personnalités qui ne savent que bavarder, donner des interviews, signer des communiqués, étaler leur médiocrité et leurs ambitions sur les plateaux de télévision sans avoir une quelconque vision de ce qui devrait être fait pour construire une nation viable, ni un diagnostic convenable de la situation, ni même un programme économique ?

    Les milieux « bien-pensants » (ce ne serait pas un abus de langage ?), les partis, les intellectuels, les universitaires, la presse, les classes moyennes, tout ce beau monde a pris l’habitude de compter sur la dialectique des « clans » et la pluralité des « décideurs » pour maintenir les équilibres et empêcher que la balance ne penche trop en faveur d’un côté. Or tout indique que le clan présidentiel est désormais en position dominante, faisant perdre le sommeil à ce beau monde qui a la désagréable sensation d’être livré pieds et poings liés à l’ennemi. Que ne se réveille-t-il ? Le moment n’est-il pas venu de se prendre en charge, de compter sur soi, de se battre pour empêcher que ce qui se trame et a pour nom le pire ne survienne?

    Le feu est partout autour de nous mais on continue de se dorloter : « Il est encore loin ! » Si nous continuons de laisser faire, si chacun attend que les autres commencent, plongent en premier, soient tabassés, emprisonnés ou abattus, le pays s’écroulera et Daech qui n’est plus très loin de nos frontières et dont les bases morales sont déjà solidement installées en Algérie nous réduira à l’esclavage. On surveille peut-être du ciel, de terre et de mer les voies et pistes menant à notre territoire oubliant que Daech est déjà là, dans nos murs, sous l’aspect de dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui n’attendent que le moment de faiblesse propice pour s’habiller de noir et commencer à décapiter et à charcuter. Nos maréchaux peuvent continuer à nous endormir avec des mots et bomber le ventre, ils ne nous y prendront pas une deuxième fois. Ils n’ont pas prévenu la formation des GIA et de l’AIS avec qui ils ont été contraints de négocier à la fin, mais cette imprévoyance a couté 200.000 morts et des dizaines de milliards de dollars de destructions économiques. Et ce n’est pas fini…

    Nous avons pris un exemple de l’histoire de France où un homme, le maréchal Pétain, appelé pour sauver son pays, l’a coulé par aveuglement, incompétence et mégalomanie. Il y a un autre exemple dont pourrait s’inspirer l’opposition si elle souhaite vraiment sauver l’Algérie. Il s’agit de l’épisode connu sous le nom des « Six bourgeois de Calais ». Au XIVe siècle, la Guerre de cent ans bat son plein entre la France et l’Angleterre. Le roi anglais Edouard III traverse la Manche en 1346 et attaque la ville de Calais qu’il assiège et affame sans parvenir à la prendre. Après une vaillante et longue résistance, assiégés et assiégeants s’entendent sur un compromis : les Français livreront six de leurs plus honorables personnalités qui seront pendues en échange de la vie sauve à la population. Cas de conscience digne d’une tragédie grecque, sujet de prédilection pour un Shakespeare, mais exemple qui ne risque pas de faire école dans l’Algérie des Djouha.

    A l’intérieur de la ville encerclée où on mourait de faim par dizaines chaque jour, le plus en vue et le plus riche des notables, le sieur Eustache de Saint-Pierre, s’avance et dit au gouverneur de la ville, le seigneur Jean de vienne, au milieu d’une émotion sans pareille : « Seigneur, il serait grand malheur de laisser un tel peuple mourir ici de famine quand on peut trouver un autre moyen. J’ai si grande espérance de trouver grâce et pardon envers Dieu si je meurs pour sauver ce peuple, que je veux être le premier ; je me mettrai volontiers en chemise, nue tête, la corde au cou, à la merci du roi d’Angleterre ». Car on était fort croyant au Moyen âge et craignait de se damner en se « suicidant » même si c’est pour sauver autrui. Deux autres riches bourgeois, cousins du premier, se portent volontaires pour la mort et très vite le quorum est atteint.

    Les six candidats au martyre sortent et se rendent auprès du roi Edouard III qui ordonne aussitôt qu’on leur tranche la tête. Mais voilà que la reine, son épouse, se jette en larmes à ses pieds et le supplie de les épargner, ce à quoi consent finalement le roi qui occupe Calais et oublie l’affaire qui rentre par contre dans l’Histoire de France comme un de ses moments les plus épiques et que Rodin fixera dans le bronze au XIXe siècle. La ville restera anglaise jusqu’en 1558, quand Henri II la reprendra à Marie Tudor.

    Notre opposition qui adule le peuple, qui le trouve très « adhim » (grand) comme aime à le flatter le sieur Benflis ne recèle-t-elle pas dans ses rangs peuplés de visages barbus, imberbes et moitié-moitié quelque héroïque Moustache qui, à l’image d’Eustache le calaisien, voudrait donner de son propre chef l’exemple, un exemple qui serait suivi d’autres et délivrerait le peuple algérien du pouvoir honni ? Ou bien préfèrent-ils, en bon Djouhas, attendre patiemment l’ « élément déclencheur » comme aime à dire sire Benbitour, lequel provoquerait « l’explosion populaire » qui, selon le modèle mathématique élaboré sous une tente à Zéralda, ferait tomber le pouvoir au beau milieu de leur écuelle. Au prix de combien de vies humaines, de vies des autres, bien sûr ?
    Contrairement à Edouard III, l’honorable CNLTD ne l’a pas encore fixé.

    Il est faux de prétendre que les Algériens « n’étaient pas comme ça autrefois », sous-entendant que nous étions meilleurs, que nous étions pétris de qualités à ne savoir où en mettre et que nous les avons perdues par on ne sait quel mystère. Non, on se trompe ; c’était de fausses impressions, des illusions, on se mentait, on se gonflait la gandoura pour cacher combien nous étions chétifs sur ce plan. Nous n’avions que la peau et les os, le reste étant l’effet du pétrole et du gaz. Si nous avions été tels, valeureux et conscients, nous n’aurions pas eu pour dirigeants le grand nombre de Djouha, d’« aghiouls » et de bandits que nous avons eus à notre tête depuis 1962.
    Notre « nif » était en fait le nez de Pinocchio,
    un nez s’allongeant à chaque mensonge proféré comme dans le conte de Carlo Lorenzini.

    Le mal est toujours venu de nous-mêmes, des plus mauvais d’entre nous, de nos innombrables Djouhas, de ceux qui n’ont en vue que leurs intérêts, des ignorants et des incompétents à l’affût des bonnes et lucratives occasions ou places à prendre. Lorsqu’eux osent, nous reculons ; tandis qu’eux se permettent ce qu’ils veulent, nous faisons semblant de protester du bout des lèvres ou de la plume ; pendant qu’eux agissent et avancent de moins en moins masqués, nous nous aplatissons de plus en plus jusqu’à ne plus être visibles pour ne pas entraver leur avancée ; quand eux piétinent les lois, nous nous ligotons avec son respect;
    alors qu’ils nous assènent des gifles retentissantes, nous leur tendons l’autre joue…
    Ils sont forts de notre faiblesse, audacieux de notre mollesse, impudiques de notre pudeur.

    Eux forment un « Nous » parce que peu nombreux et disposant des moyens de l’Etat, de la collectivité, c’est-à-dire les nôtres. Nous, nous sommes des millions mais désaccordés, dispersés, non reliés par des liens nationaux de nature morale, culturelle et politique. Il y a un peu de « Nous » à In Salah, Ghardaïa et en Kabylie mais ailleurs il n’y a toujours que des « moi », des poussières de « moi ». J’ai déjà utilisé une image emprunté à la médecine : le corps est une nation biologique. Nous ne sommes pas un corps, un ensemble cohérent d’individus, mais des cellules non assemblées pour former des molécules, un tissu, des organes, un organisme et enfin une entité animée par une conscience… Mais nous pouvons devenir un corps social, une nation biologique.

    Nous savons comment naissent les sociétés : par l’apparition en leur sein du « désir de vivre ensemble », par leur solidarité instinctive devant un péril global, par leur réaction commune à un mal venant de dirigeants inaptes ou corrompus comme ont fait les Tunisiens et les Burkinabés. L’impératif de bâtir notre nation sur des bases saines, rationnelles, modernes et démocratiques nous interpelle. Peu importe notre passé récent ou lointain, seul compte notre présent précaire et notre avenir menacé. L’Algérie a mal existé ? Il est temps de la stabiliser à jamais. Il y avait comme un doute sur notre passé ? Effaçons-le par un coup d’éclat psychologique digne du 1er novembre 1954. L’Algérie a été mal construite depuis l’indépendance ? Il faut la reconstruire de fond en comble. Maintenant, tant qu’il y a du pétrole et du gaz, plutôt que demain quand on sera sans ressources, réduits à l’impuissance. Maintenant plutôt que demain car le temps presse, le monde change et les Etats précaires s’effondrent
    sous nos yeux et à nos portes comme des châteaux de sable.

    Ce chantier sera celui où se formeront notre « Nous » et la société que nous serons devenus. L’œuvre entreprise en commun sera l’usine de transformation d’où, rentrés encanaillés, nous sortirons lavés de nos anciennes lâchetés, libérés de notre mauvaise conscience, de notre égoïsme, de notre « fhama » héritée des siècles de la décadence et de la mentalité de Djouha. Cette victoire sur nous-mêmes sera la défaite des ennemis de la société algérienne, ceux qui ont tout fait jusqu’ici pour empêcher son avènement, s’ingéniant à nous maintenir à l’état de populace, de masses populaires, de population à nourrir... La lutte est en nous, en chacun de nous, entre la volonté veule de garder les avantages que nous croyons tirer de notre soumission, de notre abdication, et la prise de conscience que nous perdrons ces avantages et le reste aussi quand la précarité sera devenue une banqueroute nationale,
    une catastrophe générale.

    Passés de la colonisabilité à l’encanaillement, il est temps d’inaugurer l’ère qui marquera notre passage de l’encanaillement à la renaissance, de l’assistanat à l’édification d’un nouveau pays sur des bases morales, culturelles, sociales, économiques et politiques nouvelles, un pays qui ressemblera aux autres, aux gagnants, à ceux qui avancent, aux nations fortes, homogènes, éternelles. Un pays où aucun individu ou clan ne pourra plus jamais nous subordonner à sa maladie mentale ou physique, à sa mégalomanie, ses ruses ou son satanisme.

    Pendant la lutte de libération nationale il y avait un grand nombre d’Eustache, de Zabana, de Badji Mokhtar, de Larbi Ben M’hidi, de Hassiba Ben Bouali, de P’tit Omar, de Maillot et d’Audin dans les effectifs de la révolution. Quand ils l’ont engagée, nos aînés, pères ou grands-pères selon notre propre âge, étaient peu nombreux et n’avaient que leur détermination et leur acceptation du sacrifice pour la réalisation de l’idéal commun que les dirigeants actuels ont foulé aux pieds des hurluberlus, des corrompus, des valets, des malotrus et des oligarques comme dirait… Poutine. Plus jamais nous ne devrons chanter une version ou une autre de « Maréchal nous voilà ! »
    mais uniquement « Algérie nous voilà ! »

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    Post Hollande entre célérité et alacrité

    18 Juin 2015|10h00
    Hollande entre célérité et alacrité


    Nour-Eddine Boukrouh
    noureddinboukrouh@yahoo/fr

    Il est venu, il a vu et il est reparti en nous laissant en proie à des interrogations : pourquoi est-il venu, qu’a-t-il vu et qu’a-t-il emporté en dehors de l’accord sur le gaz de schiste ? Comme si ces mystères ne suffisaient pas, François Hollande a ajouté à notre incompréhension un problème lexical avec cette histoire d’«alacrité» dont nous n’étions pas très nombreux ici et en France, hors les gens de l’Académie française, à connaître la signification. Célérité oui, plus ou moins, mais alacrité, c’est carrément du latin pour le commun des deux peuples. Le mot est venu dans la déclaration faite par le Président français après son entrevue avec son homologue algérien : «Le Président Bouteflika m’a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle et même c’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement…» Les mots célérité (de «celeritas») et alacrité (de «alacritas») partagent la même origine, le latin effectivement, riment et comportent tous deux l’idée de vitesse, de mouvement. Célérité veut dire rapidité, promptitude, et alacrité «gaieté entraînante». Personnellement j’ai pris la seconde pour la première jusqu’à ce qu’il me soit venu la curiosité d’aller vérifier dans le dictionnaire et, là, je me suis demandé s’il n’est pas arrivé à Hollande ce qui m’est arrivé car en remplaçant «alacrité» par «gaieté entraînante» la phrase devient boiteuse : «un chef d’Etat qui a cette gaieté entraînante, cette capacité de jugement…» non, ça ne tient pas la route. Sauf s’il y a eu durant l’entretien un moment d’hilarité à l’initiative de notre Président qui n’ignore pas le penchant facétieux du chef d’Etat français. Mais si tel avait été le cas, Hollande aurait mis une conjonction de coordination, une liaison entre les mots alacrité et capacité. Or, il ne l’a pas fait d’après ce qu’en a rapporté la presse. Il se serait aussi gardé de commettre un impair sachant que s’il est malséant de parler de corde dans la maison d’un pendu, il est tout aussi malséant de parler d’entraînement à propos d’un homme qui n’est plus capable de mouvement. Laissons là les aspects de forme pour nous occuper maintenant du fond. A quels chefs d’Etat n’ayant pas la «capacité de jugement» de notre Président aurait pu penser Hollande si on lui avait posé la question à brûle-pourpoint ? A l’un d’entre ceux en fonction en Europe, en Amérique, en Asie, en Australie ou en Afrique noire ? Il n’y en a aucun qui soit dans son état. On peut songer à Castro que le Président français a visité à La Havane il y a quelques semaines mais il a renoncé à toute fonction officielle depuis plusieurs années. Je ne vois qu’un cas où Hollande aurait parlé juste en tenant les propos qu’il a tenus lors de sa conférence de presse à Alger : à la sortie d’une rencontre avec Stephen Hawking, l’astrophysicien britannique qui a prouvé l’existence des «trous noirs» et qui a été atteint d’une maladie rare dans sa jeunesse qui lui a fait perdre toutes ses fonctions physiologiques. Depuis, il vit sur un fauteuil roulant aménagé et branché à un ordinateur conçu pour lui. Stephen Hawking est un génie encore actif dans la communauté scientifique et peu d’êtres humains sur la planète peuvent rivaliser avec son intelligence, sa «maîtrise intellectuelle » et sa «capacité de jugement ». Pourquoi n’a-t-on des nouvelles de Bouteflika que par ouïe-dire, par messagers interposés, intéressés ou en service commandé ? Pourquoi trouve-t-il convenable de se montrer dans son état aux étrangers et honteux de se montrer aux siens autrement que de loin ou au moyen d’images traficotées ? Pourquoi ne nous parle-t-il pas à la télévision pour que nous nous soyons aussi rassurés que François Hollande sur sa célérité d’esprit ou même de son alacrité ? Nous n’avons pas plus de raisons de croire Hollande que nous n’avions de croire Ouyahia quand il nous apprenait la semaine dernière que le Président avait récupéré «150% de ses capacités». Le premier l’a fait pour les intérêts de son pays qui ne peuvent pas être mieux servis que par un président diminué au possible et tenant à pareil témoignage flatteur, et le second par simple intérêt personnel. Ça me rappelle des scènes de la vie coloniale que je préfère ne pas vous rappeler pour ne pas vous pousser au suicide.

    N.-E. B.
    Dernière modification par zadhand ; 18/06/2015 à 21h52. Motif: Hollande entre célérité et alacrité
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    Post Maamar farah et lamartine

    MAAMAR FARAH ET LAMARTINE

    Dans notre pays malade de tout et de partout, on ne rend hommage à un homme (ou une femme) qu’une fois mort. On est haineux, jaloux, aigri, surtout si on n’est à peu près rien. Dans le domaine intellectuel par exemple, chacun est assuré d’être un génie jalousé. Que fait-on alors ? On jalouse les autres, on se tait devant leurs succès et médit d’eux discrètement. C’est ainsi que personne ne rend hommage à personne car, pensent ces malades, ce serait reconnaître qu’il y a mieux que soi et à cet aveu nul n’est disposé. Ce n’est qu’une fois mort qu’on consent en public à quelques éloges qui fleurent plus le « bon débarras !» que l’aveu « C’était un grand homme ! »Il y a des professions qui escamotent, floutent ou même détruisent des vocations. Celle de journaliste par exemple qui, dans le cas de certains, à force d’être publiés et lus peuvent écrire des choses comme ne le ferait pas le meilleur écrivain du moment mais ne seront jamais regardés que comme des tâcherons, des OS (ouvriers spécialisés), des salariés de l’écriture. Ainsi en est-il, selon moi, du journaliste Mâamar Farah dont la chronique parue jeudi dernier sous le titre anodin de « Le train de banlieue » m’a beaucoup plu et a imposé à mon esprit un parallèle avec le grand poète français Alphonse de Lamartine (1790-1869) dont je connais par cœur depuis ma tendre jeunesse certains poèmes. C’est pourquoi le rappel s’est automatiquement fait, sinon comment y aurais-je pensé ?Ce n’est pas la première fois que je suis touché par une chronique des « Choses de la vie » de Mâamar Farah paraissant le jeudi dans ce journal, et je le lui ai dit il y a quelque temps, mais celle-ci m’a obligé à cette intrusion dans un monde qui est surtout le sien, la poésie et la littérature. On sait qu’il touche à tout et qu’il s’est fixé ces dernières années dans le billet et l’analyse politique sur le vif (c’est ce qu’a fait aussi Lamartine dont l’engagement en politique a été plus loin comme on le verra ), mais moi je trouve qu’il excelle dans la littérature, sa propre littérature car plus personne chez nous ne sait dépeindre comme lui les états d’âme ou les paysages algériens.Qu’est-ce qui m’a séduit dans cette chronique que j’ai lue trois fois ? L’ensemble, du début à la fin, les images, les mots, le ton, la chute, la poésie générale qui s’en dégage et, par-dessus tout, l’âme derrière tout cela, l’âme de l’homme qui les trouvés, choisis et mixés pour composer un texte de cette facture. Lamartine a laissé à l’âme universelle des poèmes comme « Le Lac », « L’isolement », « Le Vallon » ou « Le Désespoir » pour ne citer que ceux-là parce que, justement, j’en ai trouvé des échos dans cette chronique.L’âme dont je parle, dois-je préciser en ce mois de ramadhan, est celle que portent les vrais poètes de tous les temps et de toutes les civilisations, les grands romanciers de toutes les cultures et les chanteurs de renom du monde entier, et non celle des « da’yas » et autres ulémas qui en parlent sans relâche du lever du soleil au coucher alors qu’ils l’ont asséchée et n’ont pour vocation que de l’assécher. En ces jours de jeûne, on ne voit et n’entend qu’eux sur les chaînes nationales et arabo-musulmanes nous parler d’âme avec leurs visages desséchés et ingrats, le regard plein de fatuité et sans aucune lueur de bien…Lamartine, lui, a su parler d’âme, de la sienne d’abord, tant éprouvée par la vie, mais aussi de celle de notre Prophète (QSSL) dont il a dit dans un texte célèbre que j’ai publié en 1971 dans « El-Moudjahid » : « Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n’ont remué que des armées, des lois, des empires ; ils n’ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes… »Mâamar Farah écrivant en français et bien comme il faut, évoque aussi par certaines de ses descriptions des chansons françaises de Jacques Dutronc, Léo Ferré, Gilbert Bécaud, Jacques Brel… Je veux dire par là qu’il les rejoint, les égale et que le « train de banlieue » appartient à cette catégorie de textes dont on tire des poèmes et des chansons qui ne se démodent pas. Je crois qu’à part lui, il n’y a pas dans notre spectre humain qui soit capable de ces accents de l’âme et de ces pensées trop humaines comme dirait Nietzsche.Les gens qui n’écrivent pas ne savent pas combien il est difficile de composer une chronique sans accroche, à partir de rien, sans s’appuyer sur des faits, des situations, des idées ou des personnages. Quand on y parvient, c’est par une prouesse et le résultat est une véritable création au sens artistique du terme. C’est le cas de celle de jeudi 25 juin où Mâamar Farah parle sans qu’on sache si c’est en son nom ou à la place de quelqu’un d’autre dont on ne sait rien, ni ce qu’il fait, ni d’où il vient, ni où il va, ni dans quel pays ni à quelle période de l’histoire algérienne ou humaine. Le seul point de sûr c’est que l’histoire appartient à l’époque moderne puisque il y est question de trains et de téléphone portable. Enlevez ces deux éléments et vous vous croiriez, pourquoi pas, dans le décor du roman « Graziella » de Lamartine.Comme souvent avec Mâamar Farah, il est difficile de faire la part des choses entre le réel et la fiction, sa propre personne et un personnage de son invention, entre aujourd’hui et une autre époque, entre notre pays et un autre. Cette fois-ci plus que d’habitude, je crois. On n’est même pas sûr de la saison, hiver, automne ou une autre. On ne sait même pas s’il vient d’écrire ce texte ou s’il l’a exhumé de ses archives. Il est arrivé qu’il nous donne à lire des chroniques remontant à longtemps mais qu’on aurait prises pour des produits de la veille.Et cette « banlieue pitoyable », bon sang de bonsoir, où se trouve-t-elle ? A l’Est ? A l’Ouest ? En France ? Un moment j’ai parié pour la France car l’auteur parle de « loto » qu’à ma connaissance nous n’avons pas, mais il y a ces « vitres répugnantes de saleté », ces « wagons repoussants » et cette « longue traversée de misère » qui ne collent pas avec les trains ou les paysages français. J’ai pensé à une époque reculée, celle de Zola et de la « Bête humaine », mais je me suis ravisé car il n’y avait pas alors de « rame à grande vitesse »…Est-ce une confession de Mâamar Farah ? Le compte-rendu d’une journée de sa vie à Annaba ? Est-ce la narration blasée d’une journée de « métro-boulot-dodo » par un prolétaire des années 1960 travaillant à Boulogne-Billancourt et habitant à Trappes ou Mantes-la-Jolie » ? Impossible de trancher. En tout cas je n’y suis pas arrivé et espère qu’il aura la commisération de me soulager avec un petit email. Ce que j’en retiens, c’est que c’est le propre des écrivains de talent et non des journalistes de savoir se glisser dans toutes les peaux. Les grands écrivains se recrutent parmi les « intimistes », les introvertis, et c’est la touche de ce texte, tandis que les journalistes sont essentiellement extravertis, par nécessité de service pourrait-on dire.Que lit-on dans la chronique qui soit si émouvant que je l’affirme et qui justifie la comparaison avec Lamartine ? Voici quelques extraits pour s’en faire une idée mais on peut toujours retourner au texte complet pour former son propre jugement:1) Le personnage qui s’exprime à la première personne du singulier dit au début du texte : « A demi-somnolent, je laisse mes pensées vagabonder en espérant qu’elles m’emmèneront loin de cette banlieue pitoyable où j’ai passé toute ma vie entre deux trains, à errer sur les quais déserts des petits matins pluvieux, à somnoler dans des wagons repoussants, à lire un journal mal imprimé qui me noircit les doigts, à espérer qu’un évènement quelconque vienne me tirer de cette affligeante monotonie qui me bouffe petit à petit ». En langage ancien et châtié du XIXe siècle cette prose peut devenir sous la plume de Lamartine cette strophe du poème intitulé « Le Vallon » : « Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance/ N’ira plus de ses yeux importuner le sort/ Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance/ Un asile d’un jour pour attendre la mort ».2) Mâamar Farah poursuit: « Cela fait un demi-siècle que je fais le va-et-vient entre le dégoût et le désespoir, balloté par le balancement d’une rame à grande vitesse qui s’arrête toujours aux mêmes gares, sous les mêmes insolentes horloges qui s’amusent déjà de nos retards au travail. Cela fait un demi-siècle que je traîne ma gueule blafarde de raté congénital, de vitre en vitre, cherchant à repérer le vol d’un oiseau dans ce paysage fatigué et mangé par la fumée. Et quand, de temps à autre, le ciel se pare de sa belle couleur bleue, il m’arrive de ne pas le remarquer, pris que je suis par mes problèmes insolubles. Pour moi il est toujours gris. Cela fait un demi-siècle que j’attends le bonheur ».Lamartine a confié à «L’isolement » son désespoir : « De colline en colline en vain portant ma vue/ Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant/Je parcours tous les points de l’immense étendue/Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend »/Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières/Vains objets dont pour moi le charme s’est envolé ?/Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères/Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé/ Que le tour du soleil ou commence ou s’achève/D’un œil indifférent je le suis dans son cours/En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève/Qu’importe le soleil ? Je n’attends rien des jours/ Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente/N’éprouve devant eux ni charme ni transports/Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante/Le soleil des vivants n’échauffe plus les mort/Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière/Mes yeux verraient partout le vide et les déserts/Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire/Je ne demande rien à l’immense univers/Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère/Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux/Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre/Ce que j’ai tant rêvé paraîtrai-il à mes yeux ? » 3) Mâamar Farah, lui ou on ne sait qui d’autre à sa place, est arrivé à destination on ne sait où, au « Terminus » comme il se contente de nous dire : « Comme un bateau ivre qui retrouve finalement la raison pour s’adosser tranquillement au débarcadère, le train de banlieue, lourd de tant de désespoirs, de désillusions, d’amitiés ratées, d’amours trompées, de mensonges et de paroles en l’air, s’arrête enfin, déversant cette somme de destins enchevêtrés sur les quais sans fin du Terminus… Emporté par la foule qui coule, impétueuse, sous les voûtes de cette gare d’un autre âge, j’avance machinalement. Dans ma main, un journal sale. Je le jette à la première poubelle. Que de choses jetons-nous chaque matin ; à l’heure où nous croyons entamer un autre cycle plus prometteur, lorsque, sous les rayons du doux soleil hivernal, l’illusion d’une renaissance nous pousse à redevenir optimistes ! ».Lamartine continue d’étaler son désenchantement dans « Le Vallon » : « J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie/Je viens chercher vivant le calme du Léthé/ Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l’on oublie/L’oubli seul désormais est ma félicité/D’ici je vois la vie, à travers un mirage/S’évanouir pour moi dans l’ombre du passé/L’amour seul est resté, comme une grande image/Survit seule au réveil dans un songe effacé/ Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile/Ainsi qu’un voyageur qui, le cœur plein d’espoir/S’assied, avant d’entrer, aux portes de la ville/Et respire un moment l’air embaumé du soir/ Tes jours, sombres et courts comme les jours d’automne/Déclinent comme l’ombre au penchant des coteaux/L’amitié te trahit, la piété t’abandonne/Et, seul, tu descends le sentier des tombeaux ».Salut le poète ! Il y a encore des âmes pour vibrer à la lecture de tes méditations poétiques. Au plan humain, tu ressembles aussi à Lamartine qui était un homme bon, un romantique et un révolutionnaire. C’est lui qui a proclamé la IIe République après la Révolution de 1848 où il avait pris le parti du peuple et a été pendant trois mois chef du gouvernement provisoire. Mais un Djouha, le futur Napoléon le Petit, s’étant présenté à l’élection présidentielle de 1848 contre lui, l’emporta et Lamartine se retira définitivement de la vie politique. Il avait obtenu 0,26% des voix. Trois ans après Napoléon le « républicain-démocrate » viola la constitution de 1848, supprima la limitation des mandats, changea l’état-major de l’armée, s’entoura de proches, dont un frère, et d’hommes d’affaires, et proclama le Second empire. Il n’a lâché le pouvoir que dans les circonstances dramatiques pour la France de la guerre franco-prussienne de 1870 où il fut fait prisonnier et l’alsace-lorraine annexée à la Prusse. NBLe Soir d'Algérie du dimanche 28/06/2015
    Dernière modification par zadhand ; 09/07/2015 à 18h54. Motif: Maamar farah et lamartine
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    Re : Noureddine Boukrouh

    attention aux indigestion politiques en ce mois de ramadhan
    glissé de la charte nationale vers la tarte nationale risque de coûter beaucoup
    et tout ces jours qui passent plantent en mon coeur affligé chaqu'un une lance de regrets et d'angoisse

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