Cela s’est passé un 25 septembre 1962, Le président de l’Assemblée nationale Constituante, M. Ferhat Abbas proclame officiellement, à Alger,
la « République algérienne démocratique et populaire ».
Sep 25, 2016
Le 25 septembre 1962 l’Assemblée Nationale constituante, élue le 20 septembre, proclame la naissance
de la république Algérienne démocratique et populaire. Elle désigne Ahmed BEN BELLA président du
Conseil des ministres. Dans ce gouvernement ne figure aucun membre du GPRA mais en revanche
5 militaires dont le Colonel Houari BOUMEDIENE.
Après cent trente-deux ans de domination coloniale, une guerre de libération
(1954-1962) conduite par le Front de libération nationale (FLN) et une bataille
pour le pouvoir qui, au cours de l’été, a failli tourner à la guerre civile, c’est
Ferhat Abbas, le président de l’Assemblée nationale constituante, qui, ce 25
septembre 1962, à Alger, annonce au monde la naissance du nouvel État.
Grande figure du courant nationaliste, l’ancien président du Gouvernement
provisoire de la République algérienne (GPRA) mérite bien cet honneur.
L’indépendance a été proclamée le 5 juillet, mais l’euphorie de la victoire est
déjà largement retombée. Entre-temps, un terrible bras de fer a opposé les
divers courants du FLN, l’état-major de l’armée et les chefs militaires locaux.
Abbas en est sorti très affaibli et quelque peu déçu par ses anciens camarades
de combat. Mais ce jour-là, devant les représentants de la presse internationale,
l’émotion qui étreint sa voix n’est pas feinte : « Je proclame la naissance de la
République algérienne démocratique et populaire… »L’intitulé du nouvel État
est à lui seul tout un programme. Dans le droit fil de la déclaration du 1er
novembre 1954, qui marqua le déclenchement de la guerre de libération,
les nouveaux dirigeants ont fait le choix du socialisme; et ici comme ailleurs,
l’association des adjectifs « démocratique » et « populaire » va se révéler désastreuse.
On est alors en pleine guerre froide entre le camp occidental dirigé par les États-Unis
et le bloc soviétique inféodé à Moscou – l’« empire du Mal », comme dira plus tard
Ronald Reagan. À l’époque, il n’est pas simple pour un pays nouvellement indépendant d’éviter de s’aligner sur l’un ou sur l’autre. Mais pour l’Algérie, la question ne se pose même pas : « Révolutionnaires nous avons été, anti-impérialistes nous serons. »
D’où vigilance sourcilleuse face à la menace néocolonialiste, soutien aux mouvements
de libération à travers le monde et nationalisation des richesses nationales. Les pays
du bloc de l’Est prennent en charge la formation des élites et des officiers supérieurs.
Ils assurent par ailleurs l’approvisionnement de l’armée devenue, elle aussi, « populaire »
en armes et en matériels. Dans les mess des officiers, il n’est pas rare d’entendre parler russe.Parallèlement, le centralisme démocratique se met en place.Sacralisé par son rôle dans la guerre d’indépendance, le FLN devient le parti unique. La séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire existe formellement, mais s’apparente à une
fiction. Comme partout, l’absence de débat contradictoire mènera à la catastrophe
culte de la personnalité, régionalisme et clientélisme. Loin des idéaux de la déclaration
du 1er novembre. Ahmed Ben Bella, l’homme fort du moment, a personnellement mis
au point la liste des 196 membres de l’Assemblée constituante et méthodiquement écarté ses rivaux potentiels. Alors, ce 25 septembre 1962, Ferhat Abbas a sans doute une pensée émue pour tous les grands absents de la cérémonie. Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf
et Hocine Aït-Ahmed, pour ne citer que ces trois grandes figures de la guerre de
libération, n’ont pas été invités et sont contraints d’écouter son discours à la radio.
Le lendemain, ils liront le compte-rendu de la cérémonie dans El Moudjahid, l’organe
central du FLN. La République algérienne démocratique et populaire est porteuse du
gène de l’exclusion. Elle mettra longtemps à s’en remettre.Le 8 octobre 1962, quinze
jours après le discours de Fehrat Abbas, l’Algérie deviendra 109e pays membre de l’Organisation des Nations unies.