L’affaire du complément alimentaire Rahmat Rabi (RHB) est d’abord l’histoire d’un nouveau et grave dérapage d’une chaîne de télévision privée. En effet, Echourrouk News a mené une campagne médiatique sans précédent pour ce produit qu’elle a présenté comme un remède miracle contre le diabète. Son « inventeur » a été présent comme l’incarnation du génie algérien. Résultat : des diabétiques ont été hospitalisés après avoir abandonné leur traitement à l’insuline pour le remplacer par RHB.À aucun moment, ce média n’a été rappelé à l’ordre par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav). Pourtant, Echourrouk News comme d’autres chaînes de télévision privées ne sont pas à leurs premiers dérapages. Tout le monde se souvient de l’omniprésence des prédicateurs sur les plateaux de télévision. L’un d’eux a même lancé une fatwa contre l’écrivain et journaliste Kamel Daoud appelant à le condamner à mort.Ces mêmes médias font régulièrement intervenir des enfants notamment quand il s’agit de kidnappings ou de meurtres, malgré l’interdiction faite par la loi de filmer des mineurs. Tout le monde a eu également à constater que ces chaînes de télévision privées ont même piétiné la sérénité des cimetières allant jusqu’à filmer les mises en terre ou tentant d’arracher une déclaration à un responsable politique qui vient d’enterrer sa sœur.Aujourd’hui, une question se pose : où est l’Arav ? Plus de six mois après la désignation de son président Zouaoui Benhamadi et de son équipe, aucune sanction n’a été prononcée. L’Arav s’est contenté de communiqués vagues où les noms des chaînes ne sont jamais cités.« Je vous rappelle que cette campagne est partie après la « bénédiction » qui a été donnée par des personnes qui étaient supposées rassembler à la fois l’autorité scientifique, morale et administrative », se défend Zouaoui Benhamadi, en allusion au ministère de la Santé qu’il refuse de citer. « Je ne veux incriminer personne ! », poursuit-il.Pour M. Benhamadi, il n’est pas question de pointer du doigt l’Arav dans cette affaire. « L’Arav ne peut pas se substituer à la responsabilité politique, scientifique, morale et légale de tous ceux qui ont de l’autorité ni au corpus juridique qui existe dans le pays et qui régit la vie de la société. Dans ce cas de figure, on est parti assez loin dans un supposé parrainage qui a faussé tous les jugements », estime Zouaoui Benhamadi qui assure que l’Autorité n’a pas été saisie dans cette affaire.L’Arav ne peut-elle pas s’autosaisir ? « Evidemment qu’on peut s’autosaisir quand nous sommes en possession des éléments scientifiques et légaux pour pouvoir le faire », répond-il. « Sauf que nous n’avons pas la capacité de juger aujourd’hui de la qualité d’un médicament et demain la fiabilité d’une voiture. Il y a des organismes chargés de cela dans le pays », ajoute-t-il.En ce qui concerne les prédicateurs cathodiques, le président de l’Arav rappelle la « longue réflexion menée par son institution. « Nous avons dénoncé tous ces programmes nationaux et surtout importés. Par la suite, je pense qu’il y a eu un recul net ». Pour ce qui est des enfants, « nous avons rappelé à l’ordre à plusieurs reprises les chaînes », affirme-t-il.Mais l’Autorité de régulation de l’audiovisuel peut-elle se contenter de dénonciation ou de rappels à l’ordre, sans aucun effet ? « Dans la prochaine étape, on ne formulera plus de reproches mais on prendra des décisions en fonction de ce que la loi prévoit », promet Zouaoui Benhamadi. Quand est-ce que cette étape interviendra ? « Ça sera au prochain dérapage », affirme-t-il.
By TSA