ÉLECTIONS SÉNATORIALES AUJOURD’HUI
Duel Saâdani-Ouyahia
Le FLN et le RND s’affronteront aujourd’hui au Sénat pour le renouvellement de 48 sièges dans le cadre d’élections sous haute tension. Etape ultime d’une série d’affrontements entre Ouyahia
et Ammar Saâdani pour des «places» à visée stratégique lointaine.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les deux hommes se sont menés une guerre féroce, pour le moins que l’on puisse dire, qui a inévitablement débordé sur des jeux d’alliance et de ruptures non sans conséquences sur la base. A chacun ses méthodes.
D’une part, Ammar Saâdani qui a décidé de faire cavalier seul en comptant uniquement sur la force de l’aura du parti, et d’une autre, Ouyahia qui, en fin tacticien, a préféré opter pour des alliances locales avec des partis politiques sans que cela engage publiquement leurs secrétaires généraux.
Ainsi, ces militants ont eu toute latitude de tisser des liens pendant de longues semaines pour tenter de sauvegarder la majorité (24 sièges) raflée lors des précédentes sénatoriales face à un FLN alors affaibli par les divergences conséquentes à la politique de Belkhadem. Or ce que l’on remarque, c’est que le FLN, conduit cette fois par Ammar Saâdani, paraît être exactement dans le même état qu’il était lorsqu’il a perdu la bataille électorale face au RND (17 sièges contre 24). Pis encore, cette fois, il devra affronter y compris certains de ses propres élus, des dissidents mécontents, qui se sont présentés aux sénatoriales en candidats libres pour mettre des bâtons dans les roues du FLN.
De ce fait, Ammar Saâdani devra compter uniquement sur la voix de ses élus. Difficile cependant de sous-estimer ses capacités de «tirer les ficelles en douce» et la possibilité d’achats de voix est une option
que beaucoup ont évoquée ces dernières semaines.
Ce qu’il faut savoir, c’est que la tension entre les deux chefs de partis est née il y a quelques mois suite au rejet par Ammar Saâdani de la proposition d’Ouyahia de ressusciter l’ancienne Alliance présidentielle. Son projet était d’unir le MPA de Amara Benyounès, le TAJ de Amar Ghoul, son propre parti et le FLN dans un groupe qui aurait
pour vocation de soutenir toutes les actions présidentielles.
Ammar Saâdani refuse l’idée. Peu de temps après, il soumet un projet de création d’un front national pour le programme du président de la République ouvert aux mouvements associatifs et aux personnalités autant qu’aux partis politiques. La réponse du patron du RND ne se fait pas attendre longtemps.
Lors d’une conférence de presse, il rejette poliment l’offre de Saâdani
et ne manque pas de faire état de cette mauvaise habitude qu’a Ammar Saâdani
de vouloir faire de son parti la «tête» pensante de toute action politique.
La rupture entre les deux hommes est consommée.
Dans les coulisses on évoque des «appartenances» différentes, des visions différentes incontestablement liées aux luttes qui se mènent dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Dans ce cadre, il reste très peu de place en fait sur le véritable débat de fond qu’est la vocation même du Sénat de son importance dans les démocraties où le dernier mot revient à la Chambre haute.
Le passage de la très controversée loi de finances 2016 a parfaitement illustré
la déliquescence d’ailleurs évoquée par Zohra Drif laquelle
a été victime de toute une série de manœuvres destinées à
l’empêcher de faire entendre un son de voix discordant.
Des sénatoriales pour quoi, pour qui s’interroge-t-on dès lors à l’heure
où la visibilité politique évolue au gré des évènements politiques qui secouent le pays.
A. C.