Conférédration Africaine de Football



Issa Hayatou, la voie royale
le 19.06.16 | 10h00

Issa Hayatou (70 ans) brigue un nouveau mandat à la tête de
la Confédération africaine de football (CAF)
qu’il dirige depuis 1988. La voie royale
pour cet impénitent collectionneur de mandats.



Ce sera son 8e mandat consécutif. Un record que nul ne pourra
égaler à l’avenir. Il y a quelques jours, il a confirmé à ses proches
sa volonté de se présenter comme candidat unique à sa propre
succession prévue en 2017. Toutes les Fédérations africaines se
sont empressées de lui apporter leur soutien. Aucun autre dirigeant
africain n’osera se porter candidat contre lui.

L’annonce officielle de sa candidature devrait se faire le 29 septembre
prochain, en même temps que l’adoption des nouveaux statuts de la
Confédération, en conformité avec ceux de la FIFA adoptés en février
dernier dans la foulée du vaste programme de réformes initiées par
la FIFA au lendemain du scandale qui a éclaté en mai 2015.

Ainsi, le Camerounais coupe l’herbe sous les pieds d’éventuels candidats
qui misaient, secrètement, sur sa maladie pour le doubler. L’homme de
Garoua paraît totalement requinqué par la greffe qu’il a subie dans une
clinique européenne en début d’année. Si sa santé le lui permet, il briguera
deux autres mandats (8+4 ans) comme le précisent les nouveaux statuts
de la FIFA. Il aura alors 82 ans. Les élections de 2017 seront une simple
formalité pour Issa Hayatou, comme le clament sur tous les toits ses affidés
qui, en coulisse, se chargent d’avertir «contre toute tentative de contrarier
le Roi De Garoua». La menace est prise au sérieux par ceux qui caressaient
le rêve de lui succéder à la faveur de sa maladie.Issa Hayatou est totalement retapé.

L’homme aux 11 casquettes
Il cumule plusieurs fonctions (président de la CAF, membre du CIO,
vice-président senior de la FIFA, membre du comité exécutif de la FIFA,
président de la commission finances de la FIFA, membre du comité d’urgence
de la FIFA, membre de la commission femmes dans le sport, membre de
la commission stratégique de la FIFA, président délégué de la commission
d’organisation de la Coupe du monde de la FIFA…). Personne en Afrique
ne peut le défier. Jacques Anouma (Côte d’Ivoire), qui a tenté cet exercice
en 2012, l’a chèrement payé.Il a perdu sa place au Comex de la FIFA,
et surtout le droit de briguer un mandat présidentiel depuis le fameux
amendement concocté par la Fédération algérienne de football qui préconise
«Il faut être ou avoir été membre du comité exécutif de la CAF pour pouvoir
se présenter», qui a définitivement enterré les espoirs de l’Ivoirien, vu qu’il
était es-qualité membre du comité exécutif. Le seul vrai barrage qui se dressait
sur sa route était l’article concernant l’âge.

Le règlement (CIO, FIFA, CAF) précisait que nul n’a le droit de briguer un mandat
électif à partir de 70 ans. Ce verrou a sauté au niveau des trois instances.
En 2017, Issa Hayatou aura 71 ans. L’année 2016 a été bonne pour lui.
Il a recouvré sa santé, la limite d’âge n’est plus d’actualité, primes et indemnités
des élus dans les instances sportives ont très sensiblement augmentées.
Toutes les raisons pour que les dirigeants en place gardent la main. Au bout,
il y a un pactole non négligeable du tout. Tant au niveau de la CAF que de
la FIFA. Qu’est-ce qui fait courir les seniors ? Certainement pas le plaisir de servir.

Yazid Ouahib