Margarita Louis-Dreyfus aux côtés de Vincent Labrune,le 9 novembre dernier,
au Parc des Princes.
Margarita Louis-Dreyfus, l’actionnaire majoritaire de l’OM, quittera-t-elle le navire après la tempête judiciaire déclenchée mardi ?
Dans la tempête, Margarita Louis-Dreyfus a toujours tenu le cap. Régulièrement tancée par les supporters pour son manque d’investissement, la veuve de l’ancien président Robert Louis-Dreyfus, décédé d’une leucémie en 2009, n’a jamais dérogé à sa ligne de conduite. Assurer la pérennité du club, en mémoire de son mari et par amour pour ses fils, grands fans de l’OM, oui. Dépenser sans compter sa fortune, la 15e de France selon le dernier classement du magazine Challenges, non. Pas question, non plus, de céder l’héritage familial à n’importe qui. Même si l’hypothèse d’une vente est devenue un véritable serpent de mer ces dernières années.
Encore marquée par l’affaire des «comptes de l’OM»
«Aujourd'hui, il n'existe aucun candidat crédible capable de s'engager à la hauteur de nos concurrents (le PSG et Monaco, NDLR). Et je ne céderai pas le club à quelqu'un qui fait des promesses qu'il ne puisse pas tenir. Ce serait un coup fatal porté au club et j'aime trop l'Olympique de Marseille pour m'en désengager en mettant son avenir en péril», affirmait-elle encore en mars dernier.La vague judiciaire qui secoue l’OM depuis mardi pourrait-elle l’inciter à virer de bord et quitter le navire ? L’interrogation est légitime. La menace réelle. Car «MLD» reste traumatisée par l’affaire dite des «comptes de l’OM»*, qui avait abouti, en 2007, à la condamnation de son mari pour dix mois de prison avec sursis et 200.000 euros d’amende. «Ce procès l’a détruit», avouera-t-elle par la suite. Emporté par le tourbillon médiatico-judiciaire, le discret Robert Louis-Dreyfus avait tenté de s’en échapper en revendant l’OM à l’obscur homme d’affaires canadien Jack Kachkar. En vain. C’est justement pour éviter ce genre d’écueils et ne pas voir son nom de nouveau sali, dans un contexte marseillais parfois sulfureux, que Margarita a nommé Vincent Labrune, l’homme de confiance de son défunt mari, à la présidence du club.
En février 2013, alors que les enquêteurs venaient de perquisitionner La Commanderie dans le cadre du dossier qui éclate aujourd’hui, ce dernier déclarait à La Provence : «La justice est là pour nous aider. On a confiance en elle et on collabore. De deux choses l'une : soit il y a quelque chose, soit il n'y a rien. Mais, dans les deux, on est victimes ! L'OM se constituera partie civile.» Et l’ancien chargé de communication de France Télévisions, dont la garde à vue a été prolongée
de 24 heures mercredi, de détailler : «Ce qu'on a essayé de mettre en place avec Robert (Louis-Dreyfus), en 2008 (…) c'était de faire en sorte de nettoyer pour que ça ne se reproduise plus jamais. Dans une ville comme Marseille et un club comme l'OM, tu ne peux pas faire le ménage en deux jours. Surtout quand il y a des habitudes qui sont ancrées. On a pris des positions dures dans le cadre de l'encadrement des opérations de transferts (…)Depuis 2008, on essaie de faire de l'OM une entreprise normale. Cela n'a pas plu à certaines personnes et cela a conduit, un an plus tard, à la révocation de la direction en place (Pape Diouf) qui ne voulait pas se plier au fonctionnement qu'on souhaitait, puis à la révocation de la direction suivante (Jean-Claude Dassier). Que se passe-t-il depuis l'été 2011 ? Aussi bien sur les flux financiers (salaires, achat de joueurs) que sur le cadre juridique, on ne peut pas dire qu'on n'est pas au courant. On est dedans !»
Margarita Louis-Dreyfus, dont les prises de parole sont extrêmement rares, n’a, pour l’heure, pas réagi de vive voix aux interpellations en pagaille de mardi. Tout juste a-t-elle fait passer un message via le site officiel de l’OM. «L’actionnaire du club, Margarita Louis-Dreyfus, a réitéré sa détermination pour que l’Olympique de Marseille soit géré dans le respect des règles professionnelles et éthiques et a exprimé sa pleine confiance dans l’actuelle équipe dirigeante ainsi que dans le système judiciaire français», indique celui-ci. Rien qui ne laisse entrevoir la fin de son histoire avec le club. Mais si jamais l’affaire venait à prendre une plus grande ampleur, ses propos datant de 2009, dans L’Equipe, pourraient sonner le champ du départ. «Mon engagement dépend du club, aussi. Si ça fonctionne bien, il n’y a aucune raison d’arrêter…»
* Une quinzaine de transferts réalisés entre 1997 et 1999 (Ravanelli, Blanc, Bakayoko, Berizzo,…) avaient été émaillés d’irrégularités, engendrant un total de 22 millions d’euros de détournement.
Anigo veut être entendu par la justice Souvent pointé du doigt pour ses «amitiés» avec certains membres du «milieu», José Anigo a réagi aux interpellations des dirigeants, actuels ou passés, de l’OM. Depuis le Maroc où il vit désormais, l’ancien directeur sportif du club a clamé dans L’Equipe : «Je veux venir et être entendu même si je dois passer deux jours en garde à vue. On peut regarder tous les comptes, chercher partout si j'ai de l'argent.J'en ai tellement marre de toutes ces histoiresque je veux que ça finisse. Je suis dans une période de reconstruction après avoir touché le fond(après l’assassinat de son fils l'an dernier, NDLR)... Je n'en peux plus de tout ça...» Si son ancien domicile d’Aubagne aurait bien été perquisitionné mardi pour les besoins de l’enquête, son avocat, Me Molina, a fait savoir dans un communiqué qu’une audition n’était pour le moment «pas envisagée.»