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Lako
08/11/2016, 20h30
La consommation explose, les exportations en baisseLa production commercialisée en 2015 était de 155 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), indique Attar. L’Algérie a exporté pour 100 millions de TEP et consommé les 55 millions TEP restantes, tandis qu’elle a importé pour 4,7 millions de TEP (en hausse de 19% par rapport à 2014), précise la même source.Dans le détail, la consommation finale par forme d’énergie était, cette année-là, composée de 40,5% de gaz, 28,5% de produits pétroliers, 28,2% d’électricité et de 2,8% d’autres produits comme le pétrole, condensat et produits solides.Par secteur, les ménages et autres (dont 1% pour l’agriculture) sont responsables de 42,7% de la consommation. Par ailleurs, 36,5% de la consommation finale est imputable au secteur des transports, tandis que l’industrie et les BTP ont consommé pour 20,8%, détaille Abdelmadjid Attar.Les perspectives et prévisions d’évolution démontrent une explosion de la consommation future. En effet, d’après des chiffres du ministère de l’Énergie, la consommation de gaz naturel passera de 42 milliards de mètres cubes (m3) à l’heure actuelle, à 55 milliards m3 en 2019. Pour sa part, la Sonelgaz table sur des besoins de 47 milliards m3 en 2023 et 75 milliards m3 en 2030.Pour les carburants, la croissance est tout aussi importante : l’on passerait de 5,7 millions de tonnes en 2000 à 16 millions de tonnes en 2016, puis à 30 millions de tonnes à l’horizon 2030, estime l’ancien dirigeant de la Sonatrach.L’Algérie est également vulnérable du point de vue de l’utilisation de l’énergie. Attar s’interroge notamment sur « la nature des usages du point de vue de la production de valeur ajoutée ». En d’autres termes, le pays ne génère pas une valeur ajoutée suffisamment importante pour justifier une consommation d’énergie aussi importante. Il s’agit là d’une forme de gaspillage inquiétante.Les hydrocarbures non-conventionnels pour compenserEn effet, l’évolution des réserves et des découvertes est, pour sa part, trop modeste pour soutenir le modèle de consommation et de croissance actuelle, semble indiquer l’ancien PDG de la Sonatrach. « Le potentiel conventionnel résiduel est en train d’évoluer négativement depuis une décennie », poursuit la même source.Comprendre : le rythme des découvertes et l’état des réserves actuelles n’est pas suffisant : un des dangers auquel doit faire face l’Algérie est lié « au taux de croissance de sa consommation énergétique par rapport à celui de ses réserves et sa capacité de production à long terme », précise Abdelmadjid Attar. | LIRE AUSSI : Raffinerie d’Alger : les mauvais calculs de Sonatrach (http://www.tsa-algerie.com/20161106/raffinerie-dalger-mauvais-calculs-de-sonatrach/)À l’heure actuelle, l’Algérie dispose de réserves restantes de l’ordre de 1,387 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP) pour les hydrocarbures liquides, selon la même source, qui cite des chiffres du Conseil de ministre d’octobre 2015. Concernant le gaz naturel, l’Algérie disposerait de 2745 milliards de mètres cubes (m3) de réserves prouvées, toujours selon Attar.Par ailleurs, l’ancien dirigeant de la compagnie nationale pétrolière fait des estimations des réserves restant à découvrir dans le sous-sol algérien. Ainsi, il resterait 1,4 milliards de barils de pétrole conventionnel techniquement récupérables. Dans le même temps, il y aurait encore entre 420 et 840 milliards m3 de gaz conventionnel à extraire.En parallèle les hydrocarbures non-conventionnels offrent des chiffres plus importants, indique Attar : 14 à 21 milliards de barils de pétrole et 22 000 milliards m3 de gaz. Ceci fait dire à l’expert que « le potentiel résiduel restant à découvrir et à exploiter [est, NDLR] essentiellement non-conventionnel ».Ainsi, Attar appelle à poursuivre et à intensifier les efforts d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures classiques, mais les non-conventionnels « sont une réalité qui nécessite au moins un effort de veille et de suivi (…), parce qu’ils sont les seuls pouvant ralentir le déclin de la production conventionnelle et assurer en partie la sécurité énergétique à long terme et très long terme ». Le délai d’exploitation serait au-delà de 2025, précise la même source.« Aucun soucis (…) même au-delà de 2040 », mais…Sur la base de ces données « volumétriques », il n’y a « aucun soucis de sécurité énergétique même au-delà de 2040 », estime Attar. Mais ce dernier met en garde contre la viabilité d’une telle logique « volumétrique ». « Mais peut-on bâtir une stratégie (…) et garantir (…) la sécurité énergétique sur cette seule base », s’interroge-t-il.L’ancien dirigeant de la Sonatrach met alors en avant les risques liés aux incertitudes sur le renouvellement des réserves conventionnelles et le laps de temps nécessaire à l’entrée en production des hydrocarbures non-conventionnels, qui n’interviendront « qu’en appoint ».Par ailleurs, Attar rappelle également la dépendance des prix aux marchés « et non au niveau de production ». Ainsi la rente elle-même que tire l’Algérie est soumise à des facteurs externes, s’inquiète-t-il.Poids de la rente sur l’économie nationaleAttar table sur un prix moyen du baril de pétrole à 48 dollars en 2016 (109 dollars en 2013) et des exportations d’hydrocarbures à 27,1 milliards de dollars contre 33,1 milliards en 2015 et 63,5 milliards en 2013. Au même temps, les importations ont légèrement baissé, passant de 65,8 milliards en 2013 à 51,7 milliards en 2015. En 2016, il prévoit 47 milliards de dollars d’importations. Les dépenses globales, qui sont restées quasiment stables, autour de 77 milliards entre 2013 et 2015, devraient légèrement baisser à 72 milliards de dollars en 2016. Attar indique que les subventions prévues par l’État pour 2016 s’élèvent à 27,7 milliards de dollars, dont 4,7 milliards pour l’habitat, 3,2 milliards pour la santé, 15,3 milliards pour l’énergie, l’électricité, les carburants et 4,5 milliards pour les familles et les produits de base.
By TSA