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zadhand
04/11/2016, 20h14
A la veille de la COP 22, où en sont les négociations sur le climat ?


COP 22 à Marrakech
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Publié le 04/11/2016 à 15:15
A quelques encablures du coup d’envoi de la COP 22, à Marrakech
Les nations se retrouvent au chevet du climat à Marrakech (COP 22) avec
la difficile tâche d'élaborer les outils qui vont permettre la mise en œuvre
de l'accord de Paris afin de respecter l'engagement des 2°C,. L'accord de
Paris sur le climat négocié par 195 pays en décembre 2015 a été une
immense réussite pour la communauté internationale. Il a été signé en un
temps record (177 pays à ce jour). Grâce à la pugnacité des États-Unis et
de la Chine mais aussi de l'Europe et de la France, la ratification de plus de
95 pays est intervenue dans la foulée permettant qu'il entre en vigueur
vendredi 4 novembre. «Nous avons fait en huit mois ce qui avait pris huit ans
pour que le protocole de Kyoto entre en vigueur», s'est félicité Ségolène
Royal la ministre de l'Écologie et présidente jusqu'à ce week end de la Cop21
avant de passer le flambeau à son homologue marocaine.Mais paradoxalement,
le chantier qui s'ouvre lundi 7 novembre et pour quinze jours à Marrakech
(Maroc) à l'occasion de la COP22 est une nouvelle étape tout aussi gigantesque.
Après les fondations posées par la COP 21 , tous les pays vont devoir se mettre d'accord sur les outils de mise en œuvre des engagements pris. «L'élan de Paris
va-t-il se poursuivre?» demande David Levaï, chercheur en coopération
internationale à l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales). «L'enjeu le plus important à Marrakech, c'est de se mettre
d'accord sur une date butoir pour décider des règles d'application de l'accord, notamment les règles de transparence», estime la négociatrice française Laurence Tubiana. «2017 ce n'est pas réaliste, mais 2018 c'est envisageable». Il s'agit ainsi
de savoir comment on vérifie que les engagements pris par les pays en matière
de réduction de gaz à effet de serre pour atteindre l'objectif d'une hausse des températures inférieures à 2°C -voire proche de 1,5°C - sont bien mis en œuvre.
Si tous les pays parlent beaucoup de mesures d'adaptation aux changements
climatiques «cela ne veut pas dire grand-chose», poursuit David Levaï.
Comment définit-on les efforts entrepris? Il faut développer des indicateurs
pour rendre le sujet crédible», poursuit le chercheur.
Un premier rendez-vous d'étape en 2018
Autre sujet clé, les financements. Les États signataires ont maintenu dans les
annexes de l'accord l'un des rares engagements de 2009 lors du sommet de
Copenhague qui visait à mettre sur la table 100 milliards de dollars par an à
partir de 2020 afin d'aider les pays les plus pauvres et les plus menacés à faire
face aux changements climatiques. Une estimation publiée en octobre par
l'OCDE et une quarantaine de pays estime que, sur la base des engagements
déjà annoncés, l'aide publique atteindrait 67 milliards annuels en 2020.
Auxquels il faut ajouter l'aide privée. En attendant le fond vert mis en place
en 2010 et doté d'un peu plus de dix milliards, commence tout juste à
débloquer de l'argent pour des projets d'aide de réduction des émissions de
gaz à effet de serre. En annexe de l'accord de Paris, tous les pays se sont
engagés sur des plans de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre
pour 2025 ou 2030. Des engagements qu'ils vont non seulement devoir
respecter mais surtout qu'ils vont devoir très rapidement muscler. Selon un
rapport de l'ONU publié jeudi 3 novembre «le monde continue de se diriger
vers une hausse des températures de 2,9°C à 3,4°C d'ici la fin du siècle» si les
pays ne renforcent pas leurs engagements de Paris. Un premier rendez-vous
pour dresser un bilan est prévu en 2018. Mais cela se fait sur la base du
volontariat sachant qu'il n'existe aucun régime de sanctions. L'accord de Paris
est basé sur ce que l'on appelle le «name and shame» que l'on pourrait traduire
par «le bonnet d'âne» raconte Bernard Tardieu, président de la commission
énergie et changement climatique de l'académie de technologie.
À la différence de Kyoto qui avait échafaudé des sanctions qui n'ont jamais
fonctionné, l'accord de Paris mise sur l'engagement volontaire des parties.
Un pari risqué. Marrakech donnera vite le ton.