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zadhand
07/10/2016, 11h28
Huile d’olive
L’or vert qu’on ne doit pas ignorer


La Filière Oléicole en Algérie
le 07.10.16 | 10h00



Soucieux de développer la filière oléicole en Algérie, des experts nationaux et internationaux se penchent sur la question et évoquent des mesures d’accompagnement pour une meilleure production. Si l’huile d’olive algérienne peine à trouver preneur sur le marché mondial, les spécialistes insistent sur le fait que l’autosuffisance est indispensable dans un premier temps.

http://www.elwatan.com/images/2016/10/06/huile_2619234_465x348p.gif (http://www.elwatan.com/images/2016/10/06/huile_2619234.gif)
1 baril d’huile d’olive vaut 30 barils de pétrole



«Le secteur oléicole en Algérie a réellement besoin de toutes les compétences
pour être modernisé et atteindre un seuil de production pour la consommation
locale et l’exportation, explique l’économiste algérien Nabil Ferrar. Il est évident
que la production locale va augmenter avec les années, il est temps de se préparer
à une meilleure gestion. Avec l’appui de l’Etat en amont, on pourrait renouveler
les oliveraies, moderniser le secteur et se positionner comme leader mondial.
Nos voisins l’ont fait, pourquoi pas nous ?» s’interroge l’expert en rappelant
que l’Algérie gagnerait à «se mettre au vert» en développant des projets
d’envergure «nationale et internationale» dans le secteur agricole qui connaît
de grandes difficultés ,«C’est inadmissible que 8,5 millions d’hectares de terres agricoles soient inexploitées et parfois totalement abandonnées.L’Etat pourrait encourager davantage les investisseurs locaux et étrangers qui veulent
contribuer au développement de l’agriculture dans notre pays.Nous devrions
cesser avec cette mentalité de croire que l’on peut tout faire ; la technologie
dont nous avons besoin a été élaborée ailleurs, il est donc logique de travailler
en synergie avec des étrangers», dit-il.Jusque-là, ce sont les pays européens
comme l’Espagne, l’Italie ou encore la Grèce qui détenaient le monopole de la production mondiale d’huile d’olive.Sans grande surprise, notre voisin le plus
proche, la Tunisie, est devenu un important pays producteur, qui tend même
à augmenter la surface cultivable pour pouvoir produire encore davantage.
«Vu l’importance du secteur de l’huile d’olive pour notre pays, nous avons
compris que pour pouvoir nous imposer sur le marché mondial, nos huiles
doivent être conformes aux normes internationales et plus précisément aux
normes commerciales du Conseil oléicole international dont nous sommes
membres», explique Samira Sifi, experte en oléotechnie et directrice du
Centre régional du Nord (Office national de l’huile). «Un travail de longue
haleine a été entrepris depuis un certain nombre d’années par tous les
intervenants du secteur pour encadrer, informer et sensibiliser tous les
maillons de la chaîne producteurs, oléofacteurs, conditionneurs, etc», ajoute-elle.
Acidité
Les exportations tunisiennes d’huile d’olive ont en effet atteint durant cette saison
312 000 tonnes. La Tunisie a devancé l’Italie qui a exporté 208 000 tonnes et
l’Espagne qui a occupé la troisième place des pays exportateurs d’huile d’olive
avec 185 000 tonnes. Cette production record a, d’un autre côté, permis à la
Tunisie de se hisser à la deuxième place mondiale des pays producteurs d’huile
d’olive avec une production de 350 000 tonnes. Si la Tunisie a réussi cet exploit,
c’est parce qu’elle mis les moyens pour améliorer les conditions d’exploitation,
comme l’explique Mme Sifi : «La conformité par rapport aux exigences normatives
doit être respectée durant tout le processus de fabrication de l’huile d’olive à partir
du verger par le choix de la variété, la conduite culturale, la cueillette, le transport
des olives, les conditions de trituration jusqu’au stockage de l’huile,
l’embouteillement et le stockage des huiles conditionnées». Mais qu’est-ce qui fait
courir tout le monde pour consommer l’huile d’olive tunisienne ? Pour Samira Sifi,
les qualités d’une bonne huile d’olive doivent être obtenues à partir «d’olives saines,
dans un bon état de fraîcheur et uniquement par un moyen mécanique sans aucun
autre additif ni mélange avec aucune autre huile, on parle d’une huile d’olive vierge.
C’est aussi une huile dont les caractéristiques de qualités physico-chimiques sont
conformes à la norme. C’est-à-dire qu’elle est de faible acidité, que ses paramètres d’oxydation sont faibles et surtout qu’elle n’a pas de défauts gustatifs», précise-t-elle.
En Algérie, les domaines de production d’huile d’olive appartiennent principalement
à des familles. Aujourd’hui, certains agriculteurs misent sur la régénerescence des
oliveraies avec l’ambition d’intégrer des procédés modernes, la plupart constatent que le manque de concertation empêche de s’organiser concrètement.
Coopérative
Pour le Français Philippe Juglar, président de l’Agence de valorisation des produits
agricoles (AVPA) — il est également expert en huile d’olive et a travaillé sur une étude dédiée à l’huile d’olive en Algérie , deux idées ont caractérisé son étude. «L’huile d’olive en Algérie est très populaire principalement en Kabylie. Quand
on parle de moyenne de consommation par habitant, cela n’a pas un grand
impact. L’Algérien moyen consomme des huiles d’arachide, de graines de
tournesol, etc. Alors qu’en Kabylie, c’est différent. La deuxième idée que j’ai
relevée, c’est que le goût est très spécifique, chose que l’académisme bien
pensant du Conseil oléicole international n’accepte pas», avoue-t-il.
«En Algérie, vous aimez une huile qu’ils considèrent comme chômée car elle
a une odeur particulière due au fait que les olives ont fermenté avant d’être pressées. Ce goût, qui est parfois apprécié ou pas, est pourtant, le goût que
l’on trouve en Afrique du Nord», dit-il. «La majorité des experts
internationaux qui sont venus en Algérie ont demandé d’arrêter de produire
cette huile. Sauf que son prix à l’international n’est pas profitable aux
producteurs algériens.Il ne faut pas oublier que l’Algérie forme des gens qui reviennent avec un savoir et qui se retrouvent face à des huiles de fabrication
locale, au goût millénaire, alors qu’on leur a bien expliqué à l’étranger qu’elles
ne sont pas bonnes.Cette contradiction doit être corrigée afin d’aller vers une stratégie cohérente de production», explique l’expert français. Pour
Kamal Rahal, expert en huile d’olive, agriculteur, et membre, fondateur de
structures du secteur de l’agriculture ainsi que des coopératives en Algérie,
il a d’ailleurs créé en 2008 la première coopérative oléicole d’Algérie , il juge
que «si on veut réussir dans un domaine, il faut une organisation rigoureuse,
de même qu’un financement important qui doit être injecté de manière
rationnelle.On ne peut pas saigner l’agriculteur qui doit également contracter
des crédits pour son exploitation. Des crédits qui, souvent, ne viennent pas
ou sont bloqués.Les sources d’investissement doivent être diversifiées.»Et
quand on lui pose la question de savoir quelle est la meilleure huile d’olive au
monde, M. Rahal répond «Souvent, les gens me posent cette question, je
vous dirai que la meilleure huile au monde, c’est celle que je consomme !»

Faten Hayed