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zadhand
16/08/2016, 11h04
Regain de tension entre Moscou et Kiev

Crise de Crimée
le 16.08.16 | 10h00


Dans le prolongement de la crise ukrainienne, la Crimée organise un référendum dont le résultat
consacre son rattachement à la Russie. Deux ans après le plébiscite, la tension entre
la Russie et l’Ukraine reprend.
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Ainsi, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a appelé
hier à «ne pas céder à l’émotion» tout en promettant des «mesures» pour
y empêcher des «incursions» ukrainiennes. «Pour le moment, l’essentiel
est de ne pas céder à l’émotion, de ne pas agir de manière extrême mais
de stabiliser la situation avec retenue», a déclaré M. Lavrov cité par l’AFP,
lors d’une conférence de presse avec son homologue allemand Frank-Walter
Steinmeier. Il a néanmoins prévenu que Moscou prendrait «des mesures
pour s’assurer que toute tentative d’incursion» sur son «territoire soit étouffée
dans l’œuf». La Russie accuse l’Ukraine de vouloir déstabiliser la Crimée,
annexée par Moscou en mars 2014 après un référendum de rattachement
dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux, en y envoyant des groupes
armés. Les services secrets russes (FSB) ont affirmé la semaine dernière avoir
déjoué plusieurs attentats et arrêté des «saboteurs-terroristes» ukrainiens,
à l’issue d’affrontements armés ayant fait deux morts, un agent du FSB et un
militaire russe, selon Moscou. Kiev a placé ses troupes en état d’alerte le long
de la ligne de démarcation avec la Crimée et dans l’Est séparatiste et rejeté ces accusations qui ne sont qu’un «prétexte à de nouvelles menaces militaires»
russes.De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères a pour sa part
rappelé que l’Allemagne est inquiète par ce regain de tension, affirmant avoir
discuté avec son homologue russe d’une possible nouvelle rencontre au «format Normandie» prévue pour début septembre entre les présidents russe, ukrainien,
français et la chancelière allemande. Ce format a été mis en place par Paris,
Moscou, Berlin et Kiev pour trouver une solution à la question des régions rebelles
de l’est de l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a cependant jugé mercredi dernier que dans les conditions actuelles, cette rencontre n’a «aucun sens». Il a
appelé les Occidentaux à «exercer une pression appropriée sur les autorités de Kiev»
s’ils «veulent aboutir vraiment à un règlement pacifique» du conflit ukrainien.
Quand l’esprit d’empire s’emmêle
Le 13 novembre 2013, l’Ukraine refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). De son côté, la Russie propose à Kiev une assistance financière
de 15 milliards de dollars et la réduction du prix du gaz pour le ramener dans son
giron. Des manifestations éclatent à Kiev et les événements se précipitent le président Victor Ianoukovitch fuit le pays le 22 février vers la Russie et dénonce un «coup d’Etat».
Le jour d’après, le Parlement ukrainien abroge la loi sur les langues. Le 16 mars 2014,
la Crimée organise un référendum dont le résultat consacre son rattachement à la
Russie. Une péninsule dont l’enjeu est la base de Sébastopol qui donne sur la mer
Noire. Kiev a déjà proposé à Moscou un plan d’évacuation des forces militaires russes
de Crimée après l’expiration du bail en 2017. En 2010, les deux pays ont signé un
accord qui prolonge la présence des forces russes à Sébastopol jusqu’en 2042. Dans
l’est de l’Ukraine, des référendums sont organisés le 11 mai 2014 sur l’indépendance
de Donetsk et de Lougansk et déclarent leur indépendance de Kiev. L’UE et les
Etats-Unis d’une part et de l’autre la Russie se disputent l’Ukraine et chaque partie
accuse l’autre d’entretenir cette crise. La réorientation de la politique étrangère de Kiev vers l’Ouest est vue par son voisin comme une menace : l’élargissement de l’UE et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) jusqu’à ses frontières signifie son encerclement, d’autant que ses anciens satellites comme les pays baltes, la Pologne, Tchéquie, Slovaquie ont intégré l’UE et l’Otan. Situation qui a convaincu le président
russe Vladimir Poutine que l’Occident poursuit sa stratégie d’«endiguement» de son
pays. Dans les années 1990, la Russie est restée inerte au démantèlement de la Serbie, amputée du Kosovo, et d’une façon générale de l’ex-Yougoslavie, démembrée, ouvrant
la voie à l’extension de l’Otan vers l’est et l’émergence d’Etats pro-occidentaux la Macédoine, la Bosnie, la Croatie, le Monténégro, le Kosovo.
Entre 1999 et 2007, les puissances de l’Otan ont appuyé et reconnu le pouvoir sécessionniste albanophone du Kosovo, aujourd’hui indépendant, libéré de tous les accords juridiques et constitutionnels inhérents à la Serbie. Les Occidentaux considèrent comme «conforme au droit international» la sécession du Kosovo vis-à-vis de la Serbie ainsi que les élections libres qui y ont été organisées pour avaliser cette sécession. En revanche, l’indépendance de la Crimée consacrée aussi par des élections est «totalement contraire au droit international» au prétexte qu’elles se sont déroulées «sous occupation» de l’armée russe. Pour le Kremlin, si les forces militaires russes ont «libéré» la Crimée de l’Ukraine sans tirer un coup de feu au départ, les puissances de l’Otan ont «libéré» le Kosovo par des bombardements aériens massifs ayant occasionné la mort de milliers de civils et la destruction des infrastructures stratégiques de Serbie.

Amnay idir