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Voir la version complète : Ténès, cette ville trois fois millénaire…



Lako
26/07/2016, 17h45
Partie I : La ville.
http://i2.wp.com/www.babzman.com/wp-content/uploads/2016/07/T%C3%A9n%C3%A8s21.jpg?resize=300%2C138 (http://www.babzman.com/tenes-cette-ville-trois-fois-millenaire-partie-i/tenes21/)Ténès a vu, depuis plus de 3 000 ans, passer peuples et envahisseurs et colonisateurs de tout le bassin méditerranéen. En effet, des Phéniciens, aux Berbères, passant par les Romains, les Vandales, les Byzantins, jusqu’aux arabes, les turcs et les français … Ténès reste une longue page de l’Histoire de l’Algérie.A 180 kilomètres à l’Ouest d’Alger; et sur une altitude de 40 mètres, Ténès est une ville côtière disposant d’un champs forestier de 5010 hectares. On y trouve beaucoup de vestiges romains. La dépêche algérienne du mardi 27 décembre 1892 avait rapporté qu’on y avait découvert une mosaïque de 2m80 de long, sur 2m20 de large, représentant un gladiateur en prise avec une panthère.Entre 1 500 ans et 2 000 ans avant Jésus Christ, à l’époque de Moïse, l’anglais Shaw rapporte qu’ «Au temps de Moïse, les gens de Ténès étaient des magiciens renommés. Le Pharaon d’Egypte en aurait fait venir quelques-uns, parmi les plus habiles, pour les opposer à un thaumaturgue Israélite qui battait tous les magiciens du bord du Nil.». Au 8e siècle avant Jésus Christ, les Phéniciens y établirent un comptoir commercial et la nommèrent Carthenna : Carth signifiant cap ; et Thenna étant le nom de la rivière qui traversait la région. Selon d’autres sources, le nom de la ville viendrait du nom punique Carthennas.Située aux confins de Massilia, la Numidie Orientale, Ténès, à l’époque des royaumes Berbères, était placée sous le commandement de Syphax, avant d’être dominée par les Carthaginois, à la fin du 3e siècle av. J-C, puis délivrée par Massinissa. Trente ans avant notre ère, les Romains, avec l’empereur Auguste Octave, fondèrent, avec les vétérans de la IIelégion romaine, une colonie nommée Carténnae. Les traces des Romains subsistent jusqu’à nos jours. On y retrouve beaucoup de vestiges de cette époque dont les mosaïques où l’on peut lire «Caius Fulcinius Optapus, soldat de la IIe Légion.», ou encore celle de Victoria, décrite dans le livre «Trésors de Ténès», fille de descendance sénatoriale.Entre 675 et 682, la région fut conquise par le chef militaire arabe Abou El Mouhajir Dinar, avant d’être gouvernée par différentes dynasties : Les Rostomides, les Idrissides, les Mérinides, les Almoravides, les Almohades et les Zianides. Les andalous entamèrent la construction de la ville nouvelle, appelée Ténès Lahdher, en 875-876/262 hég., selon El Bekri. C’est au début du Xe siècle, qu la mosquée de Sidi Maiza fut construite ; et est considérée comme étant la troisième du pays. Durant la période arabe, Ténès fut très convoitée par les étudiants d’autres régions avides de parfaire leurs connaissances dans les classes d’éminents professeurs et savants dont Ibrahim Ibn Yekhlef Ibn Abdessalem Abou Ishak Ettensi, Abou El Hassen Ibn Yekhlef Ettensi, ou encore, Mohammed Ibn Abdeljalil Abou Abdallah Ettensi qui, quelques fois, furent rejoints par des géographes arabes comme El Bekri, en 1068 ; et Al Yaakoubi qui ont séjourné et décrits la ville.Plus tard, en 1505, Ténès fut occupée par les espagnols qui en furent chassés en 1516 par les turcs commandés par Kheir Eddine Barberousse ; et la ville demeurera turque jusqu’à la colonisation française.Le 22 décembre 1841, le colonel Changarnier occupa Ténès, mais n’y trouvant pas d’abris suffisants ni aucune ressource pour sa cavalerie, il l’abandonna. Le Marechal Bugeaud décide, en 1843, de la création du port de Ténès. Il s’y rendra le 23 avril 1843 en y laissant le Colonel Cavignac avec de nombreux travailleurs militaires. De là, la construction de la ville fut entamée immédiatement, on construit des baraques, des puits, des fortifications, des magasins pour l’armée , des fours; et on transporte du bois, on crée des jardins, on fouille les ruines dont on emploie les matériaux sans égard à leurs inscriptions, ni à leur premier usage, selon M. Bernard, un ancien capitaine de la corvette, puis colon à Ténès. Aussi, on a transformé les vieilles citernes en caves, en magasins, en prison et la ville fut créée. Un soulèvement éclate aux portes de la cité, en 1845, sous le commandement de Mohamed El Kalii, nommé Boumaâza qui fut vaincu et emprisonné, après deux ans de lutte, puis, en 1871, une grande insurrection prit place, mais sans jamais gagner le Dahra.

Lako
26/07/2016, 17h47
Partie II : Le phare et le Port.

Le Cap Ténès est formé essentiellement de calcaires blancs compacts du Lias moyen et est de même nature que ceux du Chenoua. Il est un des caps de la chaîne calcaire littorale en Algérie.Le Phare de Ténès :http://i1.wp.com/www.babzman.com/wp-content/uploads/2016/07/Phare-de-T%C3%A9n%C3%A8s.jpg?resize=300%2C300 (http://www.babzman.com/tenes-cette-ville-trois-fois-millenaire-partie-ii-le-phare-et-le-port/phare-de-tenes/)Avant la construction du port, dont l’histoire est incertaine, le phare du Cap Ténès, classé monument historique, fut édifié en 1863. Dominé par un sémaphore, puis par une tour de guet qu’on appelait la Tour Romaine, le phare surplombe la mer d’une cinquantaine de mètres, il culmine sur l’extrémité d’un promontoire rocheux à 640 mètres. Pour ce rendre à ce monument classé, il faudrait passer par l’ex hôtel Cartenna et les belles résidences qui longent la cité et le port commercial de Ténès, un chemin qui offre une vue imprenable donnant en spectacle la mer dans laquelle s’enfonce le phare dont la portée lumineuse est de 29 miles nautiques et sert, jusqu’à nos jours, à la navigation maritime. Dans le livre d’or du bâtiment, on peut retrouver les signatures de Staline et du président français de l’époque Vincent Auriol qui étaient venus en visite vers 1951.Malheureusement, comme tout monument historique, le phare est menacé par une carrière d’extraction d’agrégats. La carrière se trouvant au milieu du massif dominant le cap de Sidi Merouane, elle menace le phare d’un éboulement ou d’un glissement de terrain à chaque fois qu’il pleut intensément ou que la terre tremble. Les autorités, malgré le classement du site, ignorent les plaintes et les demandes que les citoyens locaux n’ont de cesse d’envoyer.Le port de Ténès :http://i0.wp.com/www.babzman.com/wp-content/uploads/2016/07/T%C3%A9n%C3%A8s-1927.jpg?resize=300%2C203 (http://www.babzman.com/tenes-cette-ville-trois-fois-millenaire-partie-ii-le-phare-et-le-port/tenes-1927/)Le port de Ténès, situé à mi chemin entre Arzew et Alger est un port secondaire. Petit port de refuge, construit sur une côte battue par tous les vents dangereux, à 1 500 mètres de la ville qui, fondée en 1843, se situe sur un plateau de 40 mètres d’altitude.D’après la notice de M. Branlière, ingénieur des mines et conducteur de travaux, parue en 1890, Cartenna n’a jamais été un port en raison de la mauvaise rade battue par de dangereux vents. Pour en détourner la difficulté, on a d’abord dit que la mer pénétrait la terre jusqu’au vieux Ténès, puisque Oued Allala avait été canalisé jusqu’à la mer, selon le capitaine Bourin, «puisqu’on aurait trouvé des traces de quai sur les bords de la rivière, au près de la forteresse arabe.» Seulement, Oued Allala coule sur un seuil rocheux bien plus élevé que la mer. Les quelques carènes de bateaux qui ont été retrouvées là, ont certainement été tirés en-deçà de la barre de la rivière pour les mettre à l’abri des coups de mer.En 1068, El Bekri avait dit que les marins d’Andalousie passaient les hivers dans le port de Ténès, mais il faudrait entendre le mot port, dans le sens de rade, comme l’entend Marmol dans sa notice, cinq siècles plus tard : «Vis-à-vis de la ville, il y a une islette où les vaisseaux se mettent à l’abri pendant la tempête, quand ils ne peuvent demeurer au port.». Certainement que les andalous tiraient leurs embarcations à terre ou les faisaient franchir la barre de Oued Allala.La passe du port, de 130 mètres, protégée par un brise lames de 400 mètres ; et la surface du plan d’eau de l’unique bassin était de 20 hectares, avec un fond variant de 4 à 11 mètres, sur plus de sa moitié. Sur le terre-plein, le long de la jetée Sud-Ouest, on y avait construit neuf hangars de 2 640 m² et un dock silo à céréales d’une capacité de stockage de 5 500 tonnes.En 1938, le port exportait des céréales, des vins, des bois, des minerais de zinc et de fer et importait des chaux, ciments et engrais. Le trafic a accusé aux entrées et sorties 456 navires de plus de 265 000 tonneaux de jauge totale et un tonnage de marchandise de 57 00 tonnes.De par sa proximité à Orlénaville et de la plainede Chelif dont la mise en valeur au moyen des eaux du barrage-réservoir de Oued El Fodda, le port de Ténès est relié à l’arrière pays par une route nationalle et par une ligne de chemin de fer à Orléansville.Du port de Ténès, étant le seul point d’embarquement des céréales du Dahra et du Cheif, on en expédia des quantités considérables de céréales et de fourrages, durant la guerre de Crimée.Du temps d’El Bakri, Ténès commerçait avec l’Espagne qui lui apportait de la potterie, des vins etc. C’était d’ailleurs le seul commerce qui survécut à la construction du chemin de fer Alger-Oran, en 1869, tandis que le commerce intérieur était complètement à l’arrêt, jusqu’à la construction du chemin de fer d’Orléansville.Aujourd’hui, selon la presse nationale, les autorités avaient prévu de moderniser le port de Ténès qui « répondra à de plus importantes exigences techniques, puisque jusqu’à ce jour, les marchandises à destination des ports d’Alger ne sont transportées que par des caboteurs, à défaut d’infrastructures portuaires d’importance pour l’accostage de navires ayant un grand tirant d’eau.».