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Voir la version complète : Auto:24 Heures du Mans : victoire de Porsche, retour gagnant pour Alpine et Ford



Lako
19/06/2016, 20h07
http://s2.lemde.fr/image/2016/06/19/534x0/4953491_6_db05_2016-06-18-97e00f4-5110433-01-06_3af67f6911af7894b80c3571d8ae3328.jpg« Mais que se passe-t-il, que se passe-t-il ? » ne cesse de crier (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/crier/) le speaker. Aprèsavoir (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir/) parcouru plus de 250 tours (http://www.lemonde.fr/tours/) en tête, la Toyota n°5, assurée de la victoire, a calé sous la passerelle d’arrivée, à un tour du drapeau à damier. Jusqu’à se faire (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/)dépasser (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/d%C3%A9passer/) par sa poursuivante, la Porsche de Dumas-Jani-Lieb, qui remporte finalement cette 84e édition des 24 Heures du Mans, en catégorie LMP1, dimanche 19 juin. Une arrivée épique à l’image de cette course mythique, qui a également vu la victoire de Ford, en GTE pro, et surtout de l’écurie française Alpine en LMP2. 24 heures de course vécues de l’intérieur.Lorsque nous pénétrons dans les stands de Signatech-Alpine, samedi 18 juin, on ne pense pas à la victoire, du moins à haute voix. Cela fait alors seulement six heures que les 60 voitures (http://www.lemonde.fr/voitures/) engagées pour la 84e édition des 24 Heures du Mans se sont élancées, samedi 18 juin sur le circuit Bugatti. Soixante bolides… bridés. L’état de la piste, détrempée, au moment du départ, donné par l’acteur américain Brad Pitt, imposant la présence de la safety car, la voiture (http://www.lemonde.fr/m-voiture/) de sécurité qui maintient la course à vitesse réduite jusqu’à 15 h 52.
On aurait pu les lâcher (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/l%C3%A2cher/) un quart d’heure plus tôt », maugrée un des membres de l’équipe Alpine. L’écurie française est pourtant aux anges. Tout se passe pour le mieux à ce moment de la course. Sur les deux monoplaces engagées, la n° 36 est deuxième dans sa catégorie de LMP2 et 16e au général, et la sino-française n° 35 est dans le top dix. Les 24 Heures du Mans ont comme spécificité, outre d’être la course la plus mythique et la plus longue du championnat du monde (http://www.lemonde.fr/afrique-monde/) d’endurance, celle d’aligner sur la même grille de départ quatre types de véhicules, soit cette année : 9 LMP1, la catégorie reine des prototypes ; 23 LMP2 (Le Mans prototype 2) ; 14 Le Mans Grand Tourisme (LMGT) pro ; et 13 LMGT amateurs, ce qui permet à des amateurs éclairés de côtoyer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/c%C3%B4toyer/) des pilotes professionnels, dont certains passés par la formule 1 (http://www.lemonde.fr/formule-1/) ou la formule 3.
Une mixité inégalée à laquelle s’ajoute la voiture du stand 54, qui ne concourt pas au classement mais contribue à la recherche technologique. C’est dans cette catégorie que participe cette année Frédéric Sausset, amputé des quatre membres, au volant d’une Morgane totalement repensée pour s’adapter à son handicap. Au tableau des classements, sa n° 84, alors pilotée par Jean-Bernard Bouvet – trois pilotes se relaient en course – est 36e.
Il reste « beaucoup de chemin »C’est le moment du relais dans les stands bleus Alpine. La voiture a entre trente-cinq secondes et une minute pour effectuer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/effectuer/) l’opération, loin des neuf secondes records d’un passage au stand en formule 1 (http://www.lemonde.fr/sports-mecaniques-formule-1/). Mais en endurance, seules quatre personnes sont autorisées à s’approcher de la piste. De plus, le pilote doit avoir le temps de se harnacher (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/harnacher/) correctement. Cela va très vite néanmoins. L’Américain Gustavo Menezes laisse le baquet au Monégasque Stéphane Richelmi. Tous deux rookies – nouveaux venus – en LMP2, ils ont déjà remporté les 6 Heures de Spa-Francorchamp, le 26 avril, avec leur troisième équipier, l’aîné, l’expérimenté Nicolas Lapierre, champion LMP2 en titre (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/titre/). Celui-ci s’offre le luxe (http://www.lemonde.fr/luxe/) d’un petit commentaire à chaud, en course, en direct. « Après une petite faute de stratégie en début de course, on s’est remis dans le bon chemin. » Il n’y a pas de problème particulier sur la voiture, c’est l’essentiel. Même s’il reste « beaucoup de chemin », dix-sept heures alors, dont six de nuit noire. « Là il faut faire attention aux moindres gravillons, aux traces d’huile, peu visibles. »

« La pluie et le manque de réussite », c’est également ce que redoute le plus Philippe Sinault, patron de Signature, auquel Alpine s’est adressée lorsqu’elle a eu le projet (http://www.lemonde.fr/projet/) fou de revenir (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/revenir/) en endurance et de créer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/cr%C3%A9er/) son écurie, Signatech-Alpine, fruit de l’alliance de ces deux expériences.
Samedi, Alpine a signé sa 60e participation aux 24 Heures. Elle n’est pas la seule grande marque automobile (http://www.lemonde.fr/style-automobile/) à jouer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/jouer/) sur la symbolique, ni à tenter (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/tenter/) un come-back. Venu de l’autre côté de l’Atlantique, Ford aligne cette année pas moins de quatre prototypes, cinquante ans après le triplé historique de la marque américaine, grâce aux GT 40 victorieuses de 1966 à 1969 (le pilote belge Jacky Ickx, parti bon dernier, remporta l’épreuve au terme d’une remontée épique). Quatre autres voitures « made in USA », des Chevrolet Corvette, participent à la course.

Dans le village, quelque 300 000 spectateurs déambulent au cours du week-end (http://www.lemonde.fr/week-end/). Ni les intempéries ni l’Euro n’ont découragé les amoureux de l’automobile, qui pour rien au monde ne rateraient leur rendez-vous (http://www.lemonde.fr/vous/) annuel. Pour ne frustrer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/frustrer/) personne, l’Automobile club de l’Ouest (ACO) organisatrice des 24 Heures, a installé des écrans géants sur lesquels sont retransmis les matchs de la journée. Il y a un stand qui est particulièrement attentif au sujet, celui de la team Panis-Barthez, qui a engagé, également en LMP2, la Ligier JS P2 #23, dont Fabien Barthez partage le volant avec Paul-Loup Chatin et Timothé Buret. « Bien sûr que je vais regarder (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/regarder/) les matchs, a déclaré le gardien des champions du monde 1998 avant le départ de la course. Parce que le foot, c’est ma vie. » Et l’automobile sa passion, dévorante. Pilote leader cette année, il est encore plus concentré, plus fermé. Une stratégie payante, au regard de sa 22e place au général au tiers de la course.
Dans le box Alpine, la stratégie s’élabore derrière de fines cloisons de métal. Là où cogitent les cerveaux des ingénieurs, qui analysent et décryptent chaque donnée fournie par les pilotes. Dans le van, le jeune Menezes se remet du stress intense de sa première participation sur la piste mythique de la Sarthe. Il dort. Dans un cageot de plastique, des bouts de quatre-quarts sous cellophane, et un pack de bières…
De quoi tenir (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/tenir/) durant la nuit. Pour réveiller (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/r%C3%A9veiller/) les pilotes à l’heure des relais, et tromper (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/tromper/)le sommeil, le staff sportif utilise la luminothérapie, enclenchée vingt minutes avant l’heure dite. Quelques massages, un en-cas, et c’est parti ! Tant redoutée, la course nocturne s’écoule entre tension extrême dans les paddocks et endormissement progressif dans les travées, en tribune, sous les tentes – malgré le bruit. A côté des igloos Quechua et de tipis new look, une Mustang classique de la fin des années 1960, une Aston Martin, une Porsche tunée, un pick-up Dodge immense, une autre Aston Martin... Des milliers de campeurs ont investi les pourtours du circuit pour le week-end, ou plus.
Dans la chicane du « pneu Dunlop »Au matin, bonne nouvelle, le soleil brille. Les spectateurs se dirigent en cohorte vers une des entrées du Bugatti, mais plus lentement que la veille. Une grosse dame installe son pliant dans la chicane du « pneu Dunlop ». Bientôt, cet emplacement de choix sera noir de monde.
Chez Alpine, on retient son souffle. La Baxi DC Racing Alpine du trio Cheng-Tung-Panciatici a dû abandonner (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/abandonner/) au 234e tour, après seize heures et quatre minutes de course. Seule la no 36 s’agrippe à l’asphalte. Première de sa catégorie, et 6e au général. Un résultat que la team n’osait pronostiquer (http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/pronostiquer/) à haute voix la veille au soir.
En tête de la course, le duel Porsche-Toyota, lancé à 4 heures du matin, ne s’essouffle pas. Les abandons des nos 91 et 92 font partie des risques calculés pour la grosse écurie allemande. Juste à côté, l’enjeu n’est pas le même dans le stand Panis-Barthez. Au volant, Fabien se maintient à la 13e place au général. Vite joué, le décevant match de football (http://www.lemonde.fr/football/) Portugal (http://www.lemonde.fr/portugal/)-Autriche (http://www.lemonde.fr/autriche/) (0-0) d’hier soir a été tout aussi vite oublié. La prestation de l’ex-portier des Bleus en revanche demeure. Il reste un peu plus de deux heures à tenir. Avant ce finish complètement fou.