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Voir la version complète : Une horreur :Gérard Soete: « J’ai découpé Lumumba »



Lako
16/06/2016, 21h24
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«J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Lumumba . En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper en morceaux, à la tronçonneuse, avant d’y verser de l’acide. Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare». Ces mots sont ceux du Gérard Soete, prononcés le 15 mai 2002, quarante ans après la disparition du leader congolais Patrice Lumumba.
Gérard Soete, le belge qui a coupé le corps de Lumumba eb 34 morceaux à la troçonneuse. le 0034, c’est le code international de la Belgique

BRUGES (Belgique), 15 mai 2002 (AFP) – Près de quarante ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, le Belge Gérard Soete vient enfin de se défaire d’un lourd secret : une nuit de janvier 1961, dans une puanteur d’acide sulfurique et de cadavres écartelés, il fit disparaître le corps du martyr congolais.
« Est-ce que la législation me le permettait ? », se demande-t-il aujourd’hui, à 80 ans et en bonne santé, dans son pavillon d’un faubourg résidentiel de Bruges (nord-ouest) où l’AFP l’a rencontré. « Pour sauver des milliers de personnes et maintenir le calme dans une situation explosive, je pense que nous avons bien fait », ajoute-t-il, en dépit de « la crise morale » qu’il doit avoir traversée après cette nuit « atroce ».
Le 17 janvier1961, sept mois après l’accession du Congo à l’indépendance, Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement du pays, était assassiné près d’Elisabethville (actuellement Lubumbashi, sud), capitale de la province alors sécessionniste du Katanga. Criblé de balles, son corps n’a jamais été retrouvé, pas plus que ceux de deux proches tués avec lui, Joseph Okito et Maurice Mpolo.
Selon l’auteur, le but de l’élimination était, en pleine guerre froide, de maintenir le Congo dans la sphère d’influence occidentale. La thèse a connu un tel écho qu’une commission d’enquête parlementaire belge, chargée d’éclaircir « l’implication éventuelle des responsables politiques belges » dans l’assassinat, a entamé ses travaux le 2 mai. Une commission qui auditionnera Gérard Soete, commissaire de police chargé à l’époque de mettre en place une « police nationale katangaise ».
Le Brugeois dut d’abord transporter les trois corps à 220 kilomètres du lieu d’exécution, pour les enfouir derrière une termitière, en pleine savane boisée. De retour à Elisabethville, il reçut cependant « l’ordre » du ministre de l’intérieur Katangais Godefroi Munongo de faire littéralement disparaître les cadavres. La popularité de Lumumba était telle que son cadavre restait en effet gênant. Le « pèlerinage » sur sa tombe pouvait raviver la lutte de ses partisans.
« Petit Gérard Soete de Bruges, je devais me débrouiller tout seul avec trois corps internationalement connus », résume-t-il aujourd’hui. « Toutes les autorités belges étaient sur place, et elles ne m’ont pas dit de ne rien faire », ajoute-t-il, avec un fort accent flamand. Accompagné d’ »un autre blanc » et de quelques congolais, épuisés « d’une scie à métaux, de deux grandes dames-jeannes et d’un fut d’acide sulfurique », il leur fallut toute la nuit, du 22 au 23 janvier, pour accomplir leur besogne.
« En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper avant de verser l’acide », explique l’octogénaire. « Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare », ajouté-t-il. De retour en Belgique après 1973, Gérard Soete qui conserve toujours un doigt, une dent (empaillés) et l’Alliance de P. Lumumba, contera cette terrible nuit dans un roman, « pour (se) soulager », mais sans livrer son nom.

Lako
16/06/2016, 21h26
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Patrice Lumumba est né à Onalua (territoire de Katako-Kombe (https://fr.wikipedia.org/wiki/Katako-Kombe) au Sankuru (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sankuru_(district)), Congo belge (https://fr.wikipedia.org/wiki/Congo_belge), dans l'actuelle République démocratique du Congo (https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%C3%A9mocratique_du_Congo)). Il fréquente l'école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. Jusqu’en 1954 (https://fr.wikipedia.org/wiki/1954) (année de la fondation d'un réseau d'enseignement laïque et de la première université) la Belgique coloniale n’a que peu développé le système d’éducation, entièrement confié aux missions religieuses. L'école ne donne qu’une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers que des clercs, mais Lumumba, autodidacte, se plonge dans des manuels d’histoire.
Il travaille comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sud-Kivu) jusqu’en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kinshasa) (aujourd'hui Kinshasa (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kinshasa)) et Stanleyville (Kisangani (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kisangani)), période pendant laquelle il écrit dans divers journaux.
En septembre 1954, il reçoit sa carte d'« immatriculé », réservée par l'administration belge à quelques éléments remarqués du pays (200 immatriculations sur les 13 millions d'habitants de l'époque).
Il découvre, en travaillant pour la société minière, que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que les sociétés multinationales ne font rien pour mêler des cadres congolais à la gestion de ces richesses. Il milite alors pour un Congo uni, se distinguant en cela des autres leaders indépendantistes dont les partis constitués davantage sur des bases ethniques sont davantage favorables au fédéralisme4 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrice_Lumumba#cite_note-ReferenceA-4). L'historien congolais Isidore Ndaywel E Nziem (https://fr.wikipedia.org/wiki/Isidore_Ndaywel_E_Nziem) précise : « Lumumba, à cause de son identité de Tetela (https://fr.wikipedia.org/wiki/Tetela_(peuple)), avait son électorat "naturel" dispersé dans l'ensemble du pays, ce qui l'obligeait à jouer une carte nationaliste unitaire »5 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrice_Lumumba#cite_note-5)
Il ne plaide pas pour une indépendance immédiate, d'autant plus qu'il a pris conscience que les frontières du Congo belge et des colonies françaises, anglaises et portugaise voisines sont arbitraires, fixées par les puissances coloniales, ce qui posera un jour la question de répartir les richesses entre les futurs pays africains indépendants.
En 1955, il crée une association « APIC » (Association du personnel indigène de la colonie) et aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin (https://fr.wikipedia.org/wiki/Baudouin_de_Belgique) en voyage au Congo, sur la situation sociale des Congolais.
Le ministre belge en charge à l'époque, de la politique coloniale, Auguste Buisseret (https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Buisseret), veut faire évoluer le Congo et, notamment, développer un enseignement public. Lumumba adhère au parti libéral, parti de ce ministre, et y attire des notables congolais. En 1956, il répand alors une lettre-circulaire parmi les membres de l'association des évolués de Stanleyville dont il est le président et dans laquelle il affirme Tous les Belges qui s'attachent à nos intérêts ont droit à notre reconnaissance… Nous n'avons pas le droit de saper le travail des continuateurs de l'œuvre géniale de Léopold II. 6 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrice_Lumumba#cite_note-6) Et, en compagnie de plusieurs notables congolais, il se rend en Belgique sur invitation du Premier ministre.
C'est à cette époque que Patrice Lumumba écrit un livre sous le titre le Congo,terre d'avenir, est-il menacé ? Dans cet ouvrage il plaide pour une évolution pacifique du système colonial belge dont il reste partisan. Emporté par l'évolution rapide des événements qui vont mener à l'indépendance, Lumumba ne prend pas le temps de publier ce livre (il paraît à Bruxelles après sa mort)7 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrice_Lumumba#cite_note-7).