PDA

Voir la version complète : Investig’Action



zadhand
28/03/2016, 18h11
Michel Collon, militant et journaliste belge : «j’ai vécu à Bruxelles ce que les Algériens vivent depuis des années»

22581


A la une/Actualité_Investig’Action
lundi 28 mars 2016 à 1:17

22582

Michel Collon
Journaliste
Michel Collon est un militant communiste, journaliste, essayiste belge, fondateur du collectif indépendant
Michel Collon est un militant communiste, journaliste, essayiste belge, fondateur du collectif indépendant
Investig’Action, relayé par un site Internet qu'il gère avec une équipe de bénévoles. Il se présente sur son site comme
« spécialiste de la désinformation »1. Il évoque dans plusieurs de ses livres le concept de « médiamensonge »
en dénonçant la propagande servant à justifier l'entrée en guerre d'un pays contre un autre.


Dans une intervention à In Investig’Action, reprise par le journal électronique Algeriepatriotique,
le militant et journaliste belge tutoie avec véhémence les responsables politiques de son pays
au lendemain des attentats de Bruxelles.

22583


Nous vous livrons in extenso les quatre vérités qu’il assène non seument aux autorités belges mais au monde entier.
Comme tant de Bruxellois, j’ai passé des heures à vérifier où se trouvaient mes proches.
Qui, par malchance, aurait pu se trouver dans ce métro maudit, que j’emprunte moi aussi chaque fois que je me rends
au bureau d’Investig’Action ? Qui, par malchance, aurait pu se trouver près du Starbucks de l’aéroport, où j’ai l’habitude
de prendre un thé en attendant le vol ? Recherches d’autant plus angoissantes que le réseau était évidemment saturé. Bref,
comme tant de Bruxellois, j’ai vécu, un jour, ce que vivent depuis des années les Irakiens, les Libyens, les Syriens et, avant eux,
les Algériens. Pour être allé plusieurs fois sur des sites bombardés par les Occidentaux, je sais à quoi ressemblent ces morceaux
de corps disloqués que plus jamais personne ne pourra embrasser. J’ai vu là-bas la douleur de ceux qu’on prive à tout jamais de
leur mari, de leur femme, de leur enfant.Comme tant de Bruxellois, j’ai pleuré et j’avais envie de frapper les criminels qui s’en sont
ainsi pris à tant d’innocents. Mais on ne naît pas criminel, on le devient. Et la question la plus importante est : comment en sont-ils
arrivés là ? Nier à ce point la valeur de la vie de tant d’innocents ! Les faire souffrir et terroriser au lieu de se battre – avec ces innocents
contre l’injustice qui nous frappe tous ? Qui a intoxiqué ces jeunes ? Qui leur a montré l’exemple de la violence ? Qui les a plongés dans
le désespoir ? Et, surtout, qui les a armés ? Criminels, oui, mais ne sont-ils pas aussi victimes quelque part, même si ce terme peut choquer.
Alors, quand j’ai entendu notre Premier ministre Charles Michel déclarer en conférence de presse que les Belges avaient besoin de s’unir,
et qu’il évitait soigneusement la question centrale, comment en est-on arrivé là, qui sont les responsables ?, alors, je me suis mis en colère
contre cet homme hypocrite qui nous propose simplement de continuer comme avant. Alors que la question des gens, c’est justement
comment éviter que ça recommence bientôt ? Quelle politique appliquer pour mettre fin à cet engrenage infernal ?
Vous croyez vraiment que la surveillance et la répression empêcheront de nouveaux attentats ? Certains, oui, mais pas tous ; c’est impossible.
Pour cela, il faut changer de politique. Votre politique.Einstein disait : «On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré».
En effet, on n’empêchera pas le terrorisme tant qu’on n’aura pas débattu sur ses causes profondes. Afin de mettre en place une vraie prévention.
Monsieur le Premier ministre Charles Michel, je ne vous remercie pas. Car vous avez refusé de poser les questions importantes : les Al-Saoud
et le Qatar ont-ils financé les terroristes ? Oui, les rapports des services américains le disent. Les États-unis ont-ils créé Al-Qaïda ?
Oui, Hillary Clinton l’a reconnu. La CIA a-t-elle organisé un camp d’entraînement en Jordanie ? Oui, le célèbre journaliste américain Hersh
l’a prouvé. Fabius a-t-il encouragé le terrorisme en déclarant qu’«Al-Qaïda fait du bon boulot» ? Oui, regardez sa vidéo de Marrakech, décembre 2012.
Et, d’une façon générale, les États-Unis ont-ils utilisé le terrorisme dit islamiste depuis Ben Laden en Afghanistan en 79 jusqu’à la Syrie aujourd’hui,
en passant par la Bosnie, le Kosovo, le Caucase, l’Algérie, l’Irak, la Libye et d’autres pays encore ? Ne faut-il pas créer d’urgence une commission
d’enquête sur les liens États-Unis-terrorisme et sur les dessous stratégiques de tous ces drames ? Vous et l’Europe, allez-vous continuer de suivre
Washington comme un petit chien ? Vous vous félicitez comme un petit garçon quand Obama vous téléphone. Mais pourquoi ne dénoncez-vous pas
son hypocrisie derrière ces guerres ? Monsieur Michel, quand je pense à toutes ces souffrances qui auraient pu être évitées, je ne vous remercie pas.
Il est vrai que vous n’êtes pas le seul à pratiquer la langue de bois.
Monsieur le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, je ne vous remercie pas non plus. Vous avez déclaré hier que
les terroristes s’en prennent à «notre mode de vie». Exactement les paroles de George W. Bush, le 11 septembre, avant d’attaquer l’Irak
et l’Afghanistan sous des prétextes mensongers.
Monsieur Reynders, pourquoi n’avez-vous pas rappelé votre déclaration d’avril 2013 vantant «ces jeunes (à qui) on construira
peut-être un monument comme héros d’une révolution» ?Pourquoi, quand je vous ai invité en juin 2013, à participer à
un débat «Jeunes en Syrie, comment les empêcher de partir ?»,avez-vous refusé ? Cela ne vous préoccupait pas ? Vous trouviez que
pour «changer le régime» comme vous dites, tous les moyens étaient bons,
même le terrorisme ? Vous n’avez pas pensé qu’encouragés à commettre ces actes là-bas, certains reviendraient faire pareil ici ?
Monsieur Reynders,je ne vous remercie pas.Madame Milquet, je ne vous remercie pas non plus. Vous étiez ministre de l’Intérieur
à cette époque. Vous avez aussi refusé de participer à ce débat, malgré notre insistance, et en changeant sans cesse de prétexte !
Depuis, vous vous taisez. Gênée d’avoir fait la sourde oreille
face aux cris de détresse des mamans angoissées de voir que leurs gosses – c’étaient vraiment des gosses de 16, 17, 18 ans
partaient là-bas vers l’enfer sans que la Belgique fasse rien pour les retenir ? Vous n’avez pas de remords en voyant la suite ?
Madame Milquet, je ne vous remercie pas.N’est-il pas temps d’ouvrir un grand débat sur les conséquences de
la politique internationale menée par la Belgique depuis des années ?
1. L’Europe doit-elle continuer à suivre les États-Unis et leur politique qui met le Moyen-Orient à feu et à sang ?
2. La Belgique doit-elle continuer à soutenir la violence d’Israël, en refusant de faire respecter le droit international
et en traitant d’«antisémites» les jeunes qui veulent soutenir les droits des Palestiniens ?
3. La Belgique doit-elle continuer à se prosterner devant les pétrodollars des Al-Saoud (volés aux peuples arabes au lieu
d’utiliser l’argent du pétrole et du gaz pour combattre la pauvreté comme en Amérique latine) alors que tout le monde sait
que ces mêmes Al-Saoud financent l’intoxication des jeunes esprits par une version empoisonnée et falsifiée de l’islam ?
4. Comment justifier le refus du droit d’asile aux victimes de «nos» guerres en Irak, en Syrie, en Afghanistan ?
5. Quand ouvrira-t-on enfin le dossier de l’intervention «humanitaire» en Libye, où l’Otan s’est alliée à Al-Qaïda pour renverser Kadhafi,
en violant la Charte de l’ONU qui interdit ce genre de pratiques ? Avec la conséquence qu’on voit aujourd’hui : la Libye transformée en foyer
du terrorisme international.N’est-il pas temps d’ouvrir en même temps un grand débat sur les conséquences de la politique sociale,
ou plutôt antisociale, menée par les gouvernements belges depuis des années ?
1. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets scolaires ? Fabriquant des écoles-parkings où les profs
manquent de formation adéquate et de moyens pour faire face à tant de questions complexes sur le monde d’aujourd’hui ?
2. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des prisons et de la réinsertion ? Avec pour conséquence que de petits
délinquants deviennent de grands délinquants irrécupérables ?
3. Pouvez-vous rogner sans cesse les budgets des médias audiovisuels de service public ? Avec pour conséquence que les journalistes
n’ont plus le temps d’approfondir les sujets (confidences reçues de l’intérieur de la RTBF) et sont condamnés au règne du copié-collé
et du fast info,poussant ainsi les jeunes rendus méfiants vers les théories du complot ou, pire encore,
vers les prêcheurs fanatiques et les recruteurs sans scrupule ?
4. Pouvez-vous continuer à faire des cadeaux aux banques et aux multinationales qui ne paient quasi plus d’impôts et reporter
votre déficit notamment vers les communes, dont les responsables sont privés des moyens nécessaires pour aider les jeunes ?
N’est-ce pas ainsi que vous produisez des communes du désespoir comme Molenbeek ? (Mais pas seulement, il y a aussi
Vilvorde, Verviers, Anvers et n’oublions quand même pas que les «eurojihadistes» proviennent de nombreux pays européens).
5. Faut-il, alors, être surpris que tant de jeunes soient tombés entre les griffes de recruteurs professionnels ? D’autant plus que
lorsqu’on les signalait à la police, pas toujours, mais bien souvent parents et éducateurs s’entendaient répondre
«Mais qu’ils partent seulement en Syrie, ce qu’on ne veut pas, c’est qu’ils reviennent ici !»
6. Avez-vous vraiment le droit de vous dire surpris par les attentats de Paris et de Bruxelles, alors que la sonnette d’alarme est tirée
depuis des années et que vous tous avez refusé d’écouter les donneurs d’alerte ?
Hier (le jour des attentats de Bruxelles, NDLR), chaque parent a tremblé pour ses enfants. Aujourd’hui, chacun s’interroge sur
l’éducation qu’il faut leur donner face à ce monde de plus en plus violent. Allons-nous pouvoir leur offrir une vraie éducation
et un avenir ? Demain, quelle ville sera frappée ?La montée de la haine et de la peur, ciblant les musulmans, fait le jeu de l’extrême droite.
C’est ça que vous voulez ?
Concluons. Les attentats, ce n’est pas une fatalité, c’est le résultat d’une politique. Menée à Washington. Puis à Londres et Paris. Bruxelles
suivant servilement. Messieurs les dirigeants, vous êtes donc co-responsables. Avons-nous le droit d’en débattre – en «démocratie» –,
ou bien allez-vous encore user de pressions pour que les médias se taisent ?

Michel Collon In Investig’Action

zadhand
29/06/2016, 23h57
Révolte populaire et répression au Mexique


http://www.maghreb-sat.com/forum/attachments/f4/24544d1466295267-les-prix-de-laudience-tv-internationale-saha-shourkoum.jpg
Mexique-29 Juin 2016
Révolte populaire et répression au Mexique
Mexique-29 Juin 2016

22581

A la une/Actualité_Investig’Action

24780
22582

Depuis plus de deux semaines et dans une indifférence quasi générale, une terrible répression s’abat sur les professeurs en lutte dans l’Etat de Oaxaca dans le sud du Mexique. Ils protestent contre une réforme du président Enrique Peña Nieto qui vise à privatiser l’enseignement public. Le bilan des violences policières est déjà lourd plus
de dix morts, des dizaines de blessés et de nombreux disparus.Dans la matinée du dimanche 19 juin 2016, des éléments de la police fédérale mexicaine sont arrivés dans
la localité de Nochixtlán, Oaxaca, en vue d’évacuer le blocage de l’autoroute mis en place par des membres de la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Education
(CNTE), des étudiants et des pères et mères de famille depuis huit jours [1].
Avec une violence extrême, la police a attaqué les manifestants, d’abord avec des gaz lacrymogènes et des tirs de flashball, et ensuite avec des armes à feu durant plusieurs heures. Huit personnes ont perdu la vie suite aux affrontementsDe plus, selon des informations de la CNTE,plus de 60 personnes ont été blessées, tant du corps
professoral que des habitants dela communauté, sans que la police ne leur accorde
l’accès à l’hôpital local. Les blessés ont été soignés par la population dans une église, avant d’être finalement transportés vers d’autres hôpitaux. Selon des informations des services de santé de Oaxaca, 31 blessés graves se trouvent actuellement à l’hôpital général “Pilar Sánchez Villavicencio” de Huajuapan de León et à l’hôpital général
“Benito Juárez” de l’Institut Mexicain de Sécurité Socaile (IMSS) dans la ville de Oaxaca.Un nombre indéfini d’enfants ont également été perdus de vue leurs parents au moment de la répression, leurs proches continuant à les rechercher.Plus de 20 personnes ont été détenues et pour le moment 22 personnes sont portées disparue
Selon des informations transmises par les médias libres Regeneración Radio,
Radio Pozol et Emeequis,
Les personnes décédées sont
- Yalid Jiménez Santiago, père de famille de 29 ans originaire de la communauté de
Santa María Apazco, dépendant de Nochixtlán. Les cloches de l’église ayant sonné en appel à soutenir la barricade, Yalid avait répondu à la sollicitude et s’était dirigé sur place
à bord d’une camionette Urban, lorsque les policiers fédéraux ont commencé à mitrailler.
- Oscar Nicolás Santiago, habitant de Las Flores Tilantongo, 21 ans. Blessé durant l’attaque par une arme de calibre 380 portée par la Police Fédérale, il a été
immédiatement emmené à l’hôpital de Nochixtlán, où lui fut dénié l’attention médicale,
car seuls les policiers étaient soignés. Oscar est mort d’hémorragie en conséquence.
- Andrés Aguilar Sanabria, professeur d’éducation indigène, âgé de 23 ans.
- Anselmo Cruz Aquino, 33 ans, commerçant de Santiago Amatlán, tué par balles.
- Antonio Pérez García, collégien.
- Jesús Cadena Sánchez, 19 ans, étudiant d’Asunción Nochixtlán.
- Óscar Aguilar Ramírez, habitant de Nochixtlán.
- Omar González Santiago, habitant de Tlaxiaco.
Durant la répression, la population locale est venue sur place en soutien aux
manifestants, soignant les blessés, aidant les personnes à retrouver leurs proches, distribuant de l’eau, des sodas et des compresses d’eau vinaigrée pour les personnes touchées par les gaz lacrymogènes. Au même moment, dans le sud de l’État de
Oaxaca, dans l’isthme de Tehuantepec, la force publique fut également utilisée
pour évacuer le blocage mis en place par des enseignants et des habitants sur le port maritime de Salina Cruz, affectant les installations pétrolières de Pemex, l’entreprise
d’État mexicaine.Ce 20 juin, un nombre indéterminé d’avions de transport de la Police Fédérale et de la Gendarmerie mexicaine (formée par la France) ont atteri dans
la ville de Oaxaca.
Les mensonges officiels
La réaction officielle fut au début de nier l’usage d’armes à feu par la police.
Le ministère de la Sécurité Publique (SSP) de Oaxaca a catégoriquement affirmé
que les éléments « ne portaient que leur équipement anti-émeutes, ils n’étaient
pas armés ».Cependant face aux preuves photos de policiers équipés d’armes lourdes
(AR-15 et MP – 45) et courtes (380) qui avaient commencé à circuler sur les réseaux sociaux, le gouvernement a changé sa version.Durant une conférence de presse
dans la ville de Oaxaca, le commissaire national de sécurité publique, Enrique Galindo,
et le gouverneur de Oaxaca, Gabino Cué, ont affirmé qu’il s’agissait de deux moments distincts. Le premier, une évacuation pacifique « sans aucun incident violent » durant laquelle les forces de police n’ont fait usage que de leur équipement anti-émeutes,
et un deuxième moment, durant lequel des groupes armés inconnus auraient
commencé à tirer non seulement contre la police, mais aussi contre la population civile.
En conséquence, du fait de leur devoir de protéger la population, la décision aurait été prise d’utiliser des armes à feu.Cette explication, cette « vérité officielle », est alarmante pour plusieurs raisons. Tout autant Enrique Galindo que Gabino Cué ont insité sur le fait que la soi-disant agression armée aurait été commise non pas par les enseignants,
mais par des sympathisants « radicalisés » soi-disant même prêts à attaquer
la population civile, la même qui avait participé au soulèvement historique de Oaxaca
en 2006.Cette approche implique d’un côté la justification officielle de l’usage d’armes
à feu contre la population de la part de la police ; de l’autre, elle criminalise
la solidarité des organisations civiles et des mouvements sociaux avec le mouvement enseignant ; finalement, elle associe la présence de groupes armés au mouvement enseignant, justifiant le recours croissant à la violence étatique et à la militarisation
comme formes d’affrontement contre le mouvement.La CNTE, les habitants locaux et
les témoins externes sur place, tel que le photographe du collectif Cuartoscuro Jorge Arturo, nient clairement la présence d’armes à feu entre les manifestants.
Face à la répression, la digne rage
Si l’intention de la répression déployée par l’État consiste à désactiver le mouvement,
les faits démontrent que c’est justement le contraire qui est obtenu. A Nochixtlán, les habitants rageurs ont mis le feu au siège local de la mairie. Au même moment, des habitants de Tlaxiaco et de Yanguitlán se rendaient à Nochixtlán pour soutenir la résistance, et des brigades de jeunes parcouraient la zone en surveillance.Des ?manifestations, des campements et des blocages se multiplient dans différentes
parties du Mexique. Et au niveau international, les expressions de rejet
se multiplient elles aussi.

zadhand
09/07/2016, 00h14
Georges Ibrahim Abdallah



La mobilisation s’élargit
08 Juil 2016

22581

A la une/Actualité_Investig’Action

24780
22582




Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, la Cour de cassation devrait incessamment
se prononcer sur la énième demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah.
A Paris en juin, et le week-end dernier à Dortmund, à la fête de Unsere Zeit,
l’organe du Parti communiste allemand (DKP), ses soutiens ont réaffirmé
la nécessité d’ « intensifier la mobilisation pour la libération »du partisan
communiste libanais détenu en France depuis plus de 31 ans !

24980

Plusieurs centaines de manifestants défilant au cœur des quartiers populaire
de l’est parisien, de Belleville à République, ce dimanche 19 juin 2016.
Un seul mot d’ordre : « Libérez Georges Ibrahim Abdallah. Il est de notre
lutte, nous sommes de son combat ! » Du jamais vu dans la capitale depuis
1984 et l’arrestation du résistant libanais. Georges Ibrahim Abdallah est le
plus ancien prisonnier politique de France.Arrêté à Lyon, ce dirigeant des
Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) a été condamné en 1987
à l’issue d’un procès tronqué et sans preuves à la réclusion criminelle à
perpétuité pour complicité dans l’exécution, en 1982, d’un agent du Mossad,
les services secrets israéliens, et d’un autre de la CIA.Cette même année,
des centaines de civils palestiniens étaient assassinés dans les camps de
réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest par les milices chrétiennes
libanaises, avec la complicité d’Israël et de l’Occident. En toute impunité !
Georges Ibrahim Abdallah, 65 ans, est libérable depuis 1999. Par deux fois,
en 2003 et en 2012, la « Justice » française lui accordait un bon de sortie.
Par deux fois, les ministres de la « Justice » (Dominique Perben) puis de
l’Intérieur (Manuel Valls) intervenaient pour empêcher son élargissement ;
ce dernier refusant, en janvier 2013, de signer le décret d’expulsion vers le
Liban imposé par les juges comme préalable à sa libération.
Un « scandale mondial »
Yves Bonnet, l’ancien patron de la Direction de la surveillance du territoire
(DST), estimait dans une interview à La Dépêche, que « cette injustice (…)
dépassé les limites du raisonnable, plus rien ne justifie son incarcération,
qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui au Liban où les
autorités sont disposées à l’accueillir… ».Pour l’avocat Jacques Vergès qui
l’a assisté jusqu’à sa disparition, le cas Abdallah relevait du « scandale mondial ».
Une déclaration faite en juin 2012 à Calonne-Ricouart. Ici au pied des terrils de
l’ex-Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Georges Ibrahim Abdallah venait d’être
élevé au rang de citoyen d’honneur. Un véritable pied-de-nez à l’État français dont
le premier magistrat de l’époque André Delcourt, militant du Parti communiste
français (PCF), dénonçait « l’acharnement ». Christian Champiré (PCF), le maire
de la commune voisine de Grenay, près de Lens, lui emboîtait aussitôt le pas.
Puis, en décembre 2013, c’était au tour de son homologue Marc Everbecq (PCF)
de Bagnolet dans la banlieue parisienne (1)…
« Fier d’avoir mis à l’honneur un résistant »
Ces 2 et 3 juillet 2016 à Dortmund dans la Ruhr, à l’initiative justement du groupe
de Bagnolet de soutien à Georges Ibrahim Abdallah, Christian Champiré s’est rendu, accompagné de Robert Goffin (PCF Grenay), à la Fête de Unsere Zeit (Notre Temps), l’organe du Parti communiste allemand Deutsche Kommunistische Partei / DKP.
Un déplacement de 400 km motivé par le souci « de faire parler de Georges en
espérant que la presse s’intéresse à son cas comme elle l’avait fait lorsque nous
l’avions élevé au rang de citoyen d’honneur en 2012. Il s’agit de faire en sorte qu’il
ne tombe pas dans l’oubli le plus total d’autant qu’en ce moment c’est compliqué avec
tout ce qu’on raconte sur le terrorisme. On mélange un peu toutes les affaires… »
Alors que des parlementaires américains, les partisans de l’Algérie française, le lobby sioniste ou encore Jean-Jacques Urvoas, l’actuel Garde des Sceaux, qualifient
volontiers Georges Ibrahim Abdallah de « terroriste », Christian Champiré
se dit fier d’avoir mis à l’honneur « un résistant qui n’a jamais renié ses engagements
anti-impérialistes ».C’est à cette fête que 23 organisations avaient, il y a deux déjà,
signé une motion exigeant sa libération (2). Interpellé, François Hollande, le président
de la République française, « n’a jamais répondu », indique Bärbel de Bagnolet
en charge de l’animation des deux débats consacrés à la situation de
Georges Ibrahim Abdallah.

zadhand
08/12/2016, 22h57
« Ce qui a été omis à la mort de Fidel Castro »
par Noam Chomsky


A la une/Actualité_Investig’Action
L'info n’est pas un luxe, c’est un droit
08 Déc 2016


22581


Le linguiste et philosophe Noam Chomsky, figure majeure du paysage intellectuel états-unien, nous a livré ses réflexions exclusives après
la mort de Fidel Castro à l’occasion d’une rencontre dans les locaux de
« l’Humanité » et de « l’Humanité Dimanche ».
**Hidden Content: Check the thread to see hidden data.**

« Les réactions à la mort de Fidel Castro diffèrent selon l’endroit du
monde où vous vous trouvez. Par exemple, en Haïti ou en Afrique du
Sud, c’était une figure très respectée, une icône, et sa disparition a
suscité une grande émotion. « Aux États-Unis, l’ambiance générale a
été résumée par le premier titre du « New York Times », lequel indiquait
en substance « Le dictateur cubain est mort ». Par curiosité, j’ai jeté un
oeil aux archives de ce journal pour voir combien de fois ils avaient
qualifié le roi d’Arabie saoudite de « dictateur ». Sans surprise, il n’y
avait aucune occurrence…« Il y a également un silence absolu sur le rôle
joué par les États-Unis à Cuba, la manière dont Washington a œuvré pour
nuire aux velléités d’indépendance de l’île et à son développement, dès la
révolution survenue en janvier 1959. L’administration Eisenhower a tenté
de renverser Castro, puis, sous celle de Kennedy, il y a eu l’invasion manquée
de la baie des Cochons, suivie d’une campagne terroriste majeure.
« Des centaines, voire des milliers de personnes ont été assassinées avec la complicité de l’administration américaine et une guerre économique d’une sauvagerie extrême a été déclarée contre le régime de Fidel Castro. Cette
opération, baptisée opération « Mangouste », a culminé en octobre 1962 et
devait aboutir à un soulèvement à Cuba auquel Washington aurait apporté son
appui. « Mais en octobre 1962, Khrouchtchev a installé des missiles à Cuba,
sans doute en partie pour contrecarrer l’opération « Mangouste » mais aussi
pour compenser l’avantage militaire dont disposait l’armée américaine dans la guerre froide, conséquence du refus par Washington de l’offre de désarmement mutuel émise par Moscou. Ce fut sans doute le moment le plus dangereux de l’histoire de l’humanité.« Personne ne se demande pourquoi Mandela, à peine
libéré de prison, a rendu hommage à Fidel Castro.
« Dès la fin de la crise des missiles, Kennedy a relancé les opérations terroristes contre Cuba ainsi que la guerre économique, ce qui a eu des implications majeures sur les capacités de développement de Cuba.« Imaginez ce que serait la situation
aux États-Unis si, dans la foulée de son indépendance, une superpuissance avait
infligé pareil traitement : jamais des institutions démocratiques n’auraient pu y prospérer. « Tout cela a été omis lors de l’annonce de la mort de Fidel Castro.
Autres omissions : pourquoi une personnalité aussi respectée que Nelson Mandela,
à peine libérée de prison, a-t-elle rendu hommage à Fidel Castro en le remerciant
de son aide pour la libération de son pays du joug de l’apartheid ?
« Pourquoi La Havane a-t-elle envoyé tant de médecins au chevet d’Haïti après le séisme de 2010 ?
« Le rayonnement et l’activisme international de cette petite île ont été stupéfiants, notamment lorsque l’Afrique du Sud a envahi l’Angola avec le soutien des États-Unis. Les soldats cubains y ont combattu les troupes de Pretoria quand les États-Unis faisaient partie des derniers pays au monde à soutenir l’apartheid.
« Sur le plan interne, à Cuba, il y avait certes une combinaison de répression, de violations des droits de l’homme, mais à quels niveaux ces abus étaient-ils liés aux attaques répétées venues de l’extérieur ? Il est difficile d’avoir un jugement clair sur cette question. Il faut également noter que le système de santé à Cuba s’est imposé comme l’un des plus efficaces de la planète, bien supérieur, par exemple, à celui que nous avons aux États-Unis.« Et concernant les violations des droits de l’homme,
ce qui s’y est produit de pire ces quinze dernières années a eu lieu à Guantanamo, dans la partie de l’île occupée par l’armée américaine, qui y a torturé des centaines de personnes dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». »


Cette entrevue fait partie d’un dossier de 28 pages
paru dans «l’Humanité Dimanche »( édition du 1er au 14 décembre 2016 ) à l’occasion du décès de Fidel Castro.