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zadhand
28/01/2016, 19h47
A la une/Création du DSS
28 Janvier 2016


Révision de la Constitution et une bulle rentière qui se dégonfle

Le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) a été dissous
et remplacé par un nouvel organisme, le Département de surveillance
et de sécurité (DSS), placé sous tutelle de la présidence et non
du ministère de la Défense. Le DSS sera dirigé par
le général Bachir Tartag, qui devient par la même occasion
conseiller personnel du chef de l’Etat avec statut de ministre.
Ce qui signifie qu’il assistera de plein droit au Conseil des ministres.
Et par là le DSS devient une structure publique et visible, ce qui
n’était pas le cas du DRS. L’annonce de la création de cette
nouvelle structure sécuritaire est la suite logique des
changements intervenus au sein de l’ex-DRS qui a vu plusieurs
dizaines d’officiers de haut rang dont le général Mohamed Médiène,
poussés à la retraite, limogés ou condamnés à la prison comme
ce fut le cas de l’ancien patron de l’antiterrorisme,
le général Aït Ouarabi, dit Hassen. Elle intervient à la suite de
ce déballage public dont les Algériens ont été témoins tout au
long des années 2014-15 avec Ammar Saâdani, le chef du FLN,
à la manœuvre, et qui a dévoilé le malaise régnant au sommet
de l’Etat. La création du DSS a été diversement appréciée.
Certains, à l’image de Louisa Hanoune, ont dénoncé la disparition
du DRS, pris la défense du général Médiène. D’autres, à l’instar
de l’ex-ministre de l’Information Abdelaziz Rahabi, l’ont qualifiée
d’«opération de marketing politique». Et pour de nombreux sceptiques,
ce nouvel organisme sécuritaire ne signifie pas la fin de
la police politique. Il consacrerait la victoire du Président Bouteflika
il n’est désormais plus un «Président trois-quarts» qui concentre désormais
tout le pouvoir entre ses mains. Avec la disparition du DRS,
le consensus politico-militaire, fondé sur une vision militaro-nationaliste
héritée de la guerre d’indépendance nationale (et basée sur la rente)
où l’armée, gardienne du dogme nationaliste, avait le dernier mot,
a peut-être vécu. Mais cela ne signifie nullement qu’une page vient
d’être tournée. Elle le serait si cette restructuration des services
s’était opérée dans le cadre d’une révision constitutionnelle consacrant
la séparation des pouvoirs, avec notamment l’indépendance de la justice,
et l’Etat de droit. Ce qui est loin d’être le cas. Pour l’heure,
c’est la baisse des cours du baril – il est à moins de 30 dollars
couplée à l'essoufflement de la croissance chinoise qui, comme on le sait,
est la locomotive de la croissance mondiale, qui préoccupe.
Pour des pays comme l’Algérie, qui ont pris l’habitude d’acheter
la paix sociale grâce à l’argent du pétrole, le risque de déstabilisation
est grand. D’autant que tous les foyers de tensions socio-identitaires
M’Zab, Ouargla, In Salah, Hoggar… – et les foyers terroristes,
sont loin d’être éteints et peuvent se rallumer d’un moment à un autre.
La fin de l’opulence, la bulle rentière (les réserves de change) qui
est en train de se dégonfler, n’augurent rien de bon car l’Algérie de 2016,
c’est 40 millions d’habitants, contre 22 millions en 1986.
Face à l’inexorable chute des revenus, les autorités ont mis du temps
à réagir. Elles feignaient ne pas comprendre que le but recherché
par les Saoudiens et leurs alliés du Golfe en inondant le marché
de pétrole n’avait rien à voir avec une quelconque guerre des prix
contre le pétrole de schiste produit par les Etats-Unis ou pour conserver
des parts de marché. Mais que cette guerre des prix visait la Russie
et l’Iran pour les contraindre à cesser leur aide au régime de
Bachar Al-Assad. En effet, si c’étaient vraiment les Etats-Unis qui étaient
ciblés par les Saoudiens, Barack Obama les aurait rappelés à l’ordre
et ils se seraient exécutés comme ils l’ont toujours fait à chaque fois
que le maître américain tapait sur la table. Car sans le bouclier
militaire américain, les pétromonarchies ne sont rien. Et l’Algérie,
qui feint de s’illusionner sur la «fraternité arabe», face à la chute
de ses revenus, après avoir opéré dans la précipitation une hausse
des prix de certains produits, réduit d’environ 10% sa facture d’importation,
sera contrainte d’opérer encore des choix socialement douloureux,
réduire davantage les subventions sociales, laisser le dinar glisser face
au dollar et à l’euro, en bref mener une politique d’austérité qui se
traduira forcément par de grosses pressions sociales.
La situation aurait été tout autre si les énormes revenus pétroliers
quelque 600 milliards de dollars avaient été consacrés à préparer
l’après-pétrole comme l’a fait en temps
voulu l’Indonésie, aujourd’hui membre du G-20.

H. Z.