PDA

Voir la version complète : Témoignage



zadhand
24/12/2015, 21h13
Témoignage de l'ex-président envers Ait Ahmed
le 24-12-2015 18:30

Le "puisse-t-il inspirer la jeunesse algérienne" de Zeroual...


20488


L'ex-président, Liamine Zeroual, a tenu à rendre un hommage à Ait Ahmed,
dans une déclaration reçue par le FFS, et qui l'a rendu public ce mercredi.
Il a ainsi indiqué que le défunt "était symbole d’abnégation, de rigueur,
de ténacité, et surtout, de morale.". Liamine Zeroual a également profité
de l'occasion pour lancer un appel "puisse-t-il inspirer la jeunesse algérienne"...
« L’Algérie vient de perdre aujourd’hui un symbole et un grand patriote.
C’est l’un des derniers pères de la Nation qui disparaît.
Il était symbole d’abnégation, de rigueur, de ténacité, et surtout, de morale.
Sa vie s’est toujours confondue avec son pays présent à tous les instants
dans son cœur. Puisse-t-il inspirer la jeunesse algérienne !
Et à cette occasion je présente à sa famille, à ses proches et ainsi
qu’à tous les militants du FFS mes condoléances les plus sincères ».

Liberte-algerie.com

djafar1
25/12/2015, 06h04
et comme Mr.ZEROUAL ne parle pas pour amuser la galerie alors à bon entendeur.......salam

zadhand
26/12/2015, 11h43
A la une_Hocine Aït AHmed
le 26.12.15 | 10h00

L’hommage de la Nation


Pour l’ancien président Liamine Zeroual, Hocine Aït Ahmed
était «un symbole, un grand patriote et l’un
des derniers pères de la nation» qui disparaît.

20512

La mort mercredi dernier de Hocine Aït Ahmed a suscité de nombreuses réactions de la classe politique, personnalités nationales et internationales, organisations de masse et ONG qui étaient unanimes à lui rendre hommage pour son parcours exemplaire du début de la Révolution jusqu’à sa mort en «exil». Les qualités de l’homme et du militant ont été saluées par toute la classe politique, sans exception aucune. L’ancien président de la République, Liamine Zeroual, l’a qualifié de l’un des derniers pères de la nation et de grand patriote.
«L’Algérie vient de perdre aujourd’hui un symbole et un grand patriote.
C’est l’un des derniers pères de la nation qui disparaît. Il était symbole d’abnégation, de rigueur, de ténacité et, surtout, de morale. Sa vie s’est toujours confondue avec son pays présent à tous les instants dans son cœur. Puisse-t-il inspirer la jeunesse algérienne ! Et à cette occasion, je présente à sa famille, à ses proches ainsi qu’à tous les militants du FFS mes condoléances les plus sincères», écrit Liamine Zeroual.


«Une Algérie républicaine»


Un grand hommage à Aït Ahmed est venu d’une autre figure historique, à savoir Rédha Malek, l’un des négociateurs des Accords d’Evian. «Aït Ahmed est une grande figure de la Révolution qui vient de s’éteindre. Tous ceux qui l’ont connu, dont moi-même, doivent reconnaître son attachement à l’idéal de cette Révolution qu’il a incarné avant le déclenchement du 1er Novembre 1954 et qu’il a continué à incarner jusqu’à son dernier souffle.
Même en exil, Hocine Aït Ahmed a continué à défendre de façon exemplaire cette idée qu’il avait et qu’il voulait voir s’appliquer et devenir effective. L’idée d’une Algérie républicaine, démocratique et de progrès. Tout cela faisait partie de sa personnalité. On lui a reproché parfois sa trop grande fierté personnelle.
En réalité, c’est une fierté qu’il avait pour l’Algérie elle-même», a souligné Rédha Malek. Des témoignages comme celui-ci, il y en a eu beaucoup. Edgar Morin, sociologue et philosophe français, a, de son côté, rendu hommage à cette grande figure politique et historique. «Je salue la mémoire d’Aït Ahmed, cofondateur du CRUA, grande et noble figure algérienne, qui sut demeurer révolutionnaire et démocrate», a-t-il twitté.


«Cohérent avec lui-même»


Nouredine Boukrouh, ancien ministre, a insisté dans son hommage sur la constance des positions de Hocine Aït Ahmed qui demeure un opposant intraitable, même à sa mort. «Aït Ahmed aura été original même dans sa mort. Opposant intraitable au ‘système’ de son vivant, il est parti en lui infligeant un dernier camouflet : être l’unique ‘historique’ à refuser d’être enterré au cimetière officiel El Alia pour s’en démarquer jusqu’à la fin des temps.
Cohérent avec lui-même, seigneurial et humble à la fois, il a préféré à cet ‘honneur’ douteux car souillé par le crime (assassinat de Abane, Krim, Khider, etc.) et l’imposture (faux moudjahidine qui y reposent), le voisinage pur des gens du peuple de Aïn El Hammam. Dors en paix brave homme !», écrit-il sur son mur facebook.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a également rendu hommage à ce grand défenseur des droits humains. «L’Algérie vient de perdre un de ses meilleurs enfants, un homme dont la vie s’est confondue avec l’histoire de son pays », écrit la LADDH de Noureddine Benissad. Le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) se dit «attristé et très peiné par le décès de Hocine Aït Ahmed, figure emblématique du Mouvement national
pour l’indépendance de l’Algérie, militant engagé, déterminé et infatigable».


L’esprit patriotique


«Dda l’Hocine, un homme à principes, de dialogue, de consensus et de paix, un homme qui a marqué l’histoire par son engagement très jeune pour l’indépendance de l’Algérie, un homme qui a consacré sa vie pour la lutte contre l’injustice, pour la liberté et la démocratie, pour le triomphe de la dignité des Algériennes et des Algériens.
L’Algérie est orpheline aujourd’hui de l’un de ses monuments», a souligné cette ONG dédiée à la jeunesse. L’Observatoire amazigh des droits de l’homme lui a rendu hommage en insistant sur «sa capacité de s’exprimer avec aisance et éloquence, mais aussi par la pertinence de ses propos et sa ferveur». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qualifie, sur sa page facebook, Aït Ahmed de «grand militant historique». Le président de l’APN
a lui aussi loué la qualité de l’homme connu pour «ses positions constantes».
Le PST considère que «c’est un pan de notre histoire qui s’en va. (…) Un pan du combat pour les libertés démocratiques, pour une Assemblée constituante, pour l’officialisation de tamazight, pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, pour la séparation entre la religion et l’Etat et contre la dictature et l’oppression». Abderrazak Makri, président du MSP, a souligné le double combat d’Aït Ahmed, d’abord pour l’indépendance, ensuite pour la démocratie et les libertés.
Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a souligné qu’Aït Ahmed était un «symbole du Mouvement national depuis qu’il était à la tête de l’Organisation Spéciale (OS)». M. Ouyahia a, dans un message de condoléances, ajouté qu’il était «un leader dans la lutte en faveur de la liberté et de la démocratie en Algérie indépendante», s’illustrant par son «esprit patriotique» en mettant «l’Algérie au-dessus de toute considération». Pour le Front de libération nationale (FLN), Hocine Aït Ahmed comptait parmi les «enfants vaillants» de l’Algérie, car il était un «modèle» à suivre en matière de démocratie, de tolérance et de réconciliation
Dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt, le FLN a souligné qu’Aït Ahmed était «convaincu que le patriotisme n’est pas subordonné à des postes de responsabilité, à des positions conjoncturelles ou à des réactions». Amar Saadani a reconnu que le système politique l’a malmené après l’indépendance. Pour le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, il a été «un homme au riche et long parcours qui a adhéré, dès son jeune âge, au Mouvement national pour allumer les premières mèches de la Révolution algérienne».


«La noblesse des grands dirigeants»


Le secrétaire général de la Ligue arabe a, de son côté, rendu hommage à l’un des artisans de la Révolution algérienne. Le Parti socialiste (PS) français salue, dans un message adressé au FFS, «la mémoire de Hocine Aït Ahmed, ce militant socialiste qui avait été un des principaux dirigeants du FLN et un défenseur acharné du pluralisme démocratique dans son pays».
«Emprisonné, évadé, exilé, cet homme à la silhouette élancée et longiligne, toujours serein avait la noblesse des grands dirigeants, patients mais déterminés», écrit Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. De nombreuses autres personnalités ont tenu à rendre hommage à cet homme qui a marqué
doublement l’Algérie, durant la période coloniale et après la libération nationale.

Mokrane Ait Ouarabi

zadhand
27/12/2015, 12h20
A la une Actualité_Ahmed Taleb Ibrahimi. Ancien ministre des Affaires étrangères
et ami de Hocine Aït Ahmedle 27.12.15 | 10h00

20524


L’Algérie vient de perdre un fils valeureux et un militant exemplaire


J’ai connu Hocine Aït Ahmed au Caire, en 1953, et déjà on s’attachait à l’homme de conviction doublé d’un patriote intransigeant. Mais c’est dans les prisons françaises où nous avons séjourné entre 1957 et 1961 que se sont renforcés nos liens d’amitié. Je témoigne que lorsque le CEE a adressé aux cinq le projet de plateforme de la Soummam, seul Aït Ahmed l’a approuvé dans son intégralité, alors que ses pairs ont émis des réserves plus ou moins importantes.
Je me souviens de discussions passionnées à la prison de la Santé, notamment après la constitution du GPRA, sur l’avenir de notre pays, où Aït Ahmed se distinguait par de longs développements marqués par la profondeur de la pensée et l’élégance du style. Certains ont reproché à Aït Ahmed un certain angélisme qui l’aurait tenu éloigné des luttes pour le pouvoir. En vérité, le seul groupe auquel il aurait adhéré était celui de Abane, qui a été néantisé après l’assassinat de son chef. A partir de ce moment, Aït Ahmed n’était plus un outsider.
Au lendemain de l’indépendance, il livra un combat à l’Assemblée nationale pour un Etat de droit, de multipartisme, d’élections libres… mais les foudres de Ben Bella ne l’ont pas épargné : emprisonné puis condamné à mort, il doit à ses amis, qui se sont démenés à l’étranger, de n’avoir pas subi le sort de Chaabani. Sous Boumediène, sa libération promise ayant tardé, nous avons assisté à son évasion et à son installation à Lausanne,
où nous nous sommes vus à maintes reprises.
En 1989, Aït Ahmed est heureux de retrouver l’Algérie où les événements d’Octobre 1988 ont généré le multipartisme qu’il a toujours appelé de ses vœux ; son parti politique est devenu une force essentielle dans le paysage politique du pays. Mais il va bientôt déchanter devant l’ampleur de la violence qui a caractérisé la décennie rouge. En 1995, nous avons activement soutenu la plateforme du contrat national conclu à Rome et, quatre ans plus tard,
nous sommes tous deux candidats à la présidence de la République.
Nous menons campagne la main dans la main sans nous faire d’illusions sur la neutralité du commandement de l’armée, et lorsque nous avons eu la preuve que ce dernier, malgré les promesses publiques du chef d’Etat démissionnaire, avait choisi son candidat et décidé de l’imposer au peuple par tous les moyens par un simulacre d’élection, les six candidats se sont retirés pour continuer individuellement leur combat pour une Algérie nouvelle. Pour ma part, j’ai créé un parti politique, Wafa, que le pouvoir a refusé d’agréer en violation flagrante de la Constitution. Le 13 novembre 2000, la police envahit le siège de ce parti sans mandat de perquisition, confisque documents et matériel, malmène et arrête le secrétaire général, le retient jusqu’à l’aube au commissariat central de police et appose les scellés.
Il m’était impossible de trouver une salle pour tenir une conférence de presse afin de répondre à cette injustice. Tous les dirigeants des partis politiques agréés sollicités, pourtant proches de notre ligne, ont refusé, par peur de la réaction du pouvoir, de nous prêter une salle pour deux heures, le temps de réagir devant la presse. Seul Aït Ahmed a mis à notre disposition le siège du FFS pour deux jours, matériel et personnel administratif compris, et c’est là, grâce à lui, que j’ai pu reprendre contact avec l’opinion publique, en présence d’une trentaine de personnalités politiques dont certaines étaient encore indésirables auprès de la direction du FFS.
Aujourd’hui, si l’Algérie perd un combattant infatigable et un militant exemplaire en la personne de Hocine Aït Ahmed, je perds un ami et un frère. Je prie le Seigneur des mondes de lui accorder Sa Miséricorde et je m’associe au deuil de son épouse et de ses enfants. De même que je partage la douleur des dirigeants et des militants du FFS et de notre peuple,
car Aït Ahmed appartient à l’ensemble de l’Algérie.

zadhand
28/12/2015, 21h18
A la une/Actualité_Ali Haroun. Avocat et ancien membre du HCE


«Aït Ahmed a refusé d’être Président car il pensait que l’arrêt
du processus électoral était un coup d’Etat»

le 28.12.15 | 10h00
20549

Quelques semaines après l’accident vasculaire cérébral de Hocine Aït Ahmed, en janvier 2015, nous avons eu l’occasion de rencontrer Ali Haroun à Paris, lors du Colonial Tour 2015. Nous lui avons posé quelques questions sur le combat du défunt et ses positions historiques depuis l’indépendance. Nous sommes particulièrement revenus avec lui sur l’épisode
de l’arrêt du processus électoral, en 1992.

- Comment avez-vous connu Hocine Aït Ahmed ?
Je le connaissait de nom quand j’étais jeune. On entendait parler de l’Organisation Spéciale (OS) dont il était le responsable national tout de suite après Mohamed Belouizdad. Personnellement et physiquement, je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer et de travailler avec lui. Dès le 22 octobre 1956, il a été enlevé par les autorités coloniales dans l’avion détourné avec quatre
autres responsables de la Révolution (Boudiaf, Ben Bella, Khider et Lacheraf, ndlr).
Mais quand je suis devenu responsable de la Fédération de France du FLN, à partir de 1958, j’étais chargé du contrôle et du suivi des détentions de nos militants dans les prisons françaises et dans au moins quatre centres d’internement. Je m’occupais donc aussi des Cinq historiques. J’avais des informations régulières sur Aït Ahmed et ses camarades depuis qu’ils étaient à la prison de la Santé, puis à l’île d’Aix, ensuite au château de Turcan et enfin au château d’Aulnois. Je l’ai rencontré personnellement pour la première fois en mai 1962,
lors du Congrès de Tripoli. C’est là que j’ai discuté longuement avec lui.
- C’est le congrès de la discorde qui a engendré la crise post-indépendance au sein du GPRA puis
à l’Assemblée constituante. Quelles étaient ses positions lors des débats ?
Aït Ahmed était opposé à Ben Bella qui voulait constituer un certain bureau politique (BP) du FLN contre la volonté du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Je ne peux pas affirmer qu’Aït Ahmed soutenait le GPRA,
mais une chose est sûre, il était contre la position de Ben Bella.
D’ailleurs, nous n’avons pas vraiment eu le temps de savoir clairement quelle était la position du GPRA puisque le congrès s’est conclu sans vote sur la composition du BP. Pour plus de détails, il existe un procès-verbal du congrès aux Archives nationales. Plus tard, j’ai revu Aït Ahmed à l’Assemblée nationale constituante (ANC). Il intervenait beaucoup dans une assemblée riche,
où des hommes pouvaient parler et étaient capables de dire non…
- Dans quel sens étaient les interventions du député Aït Ahmed ?
D’abord, si j’ai bonne mémoire, il n’a pas voté pour Ben Bella comme chef du gouvernement. Nous étions 21 députés sur 175 à ne pas voter pour Ben Bella car nous estimions que ce qu’il avait déclaré à Tlemcen — en disant qu’il était «la légitimité FLN» — est inexact. Pour la raison bien simple qu’on n’a pas eu le temps, à Tripoli, de procéder aux élections. Je crois également qu’Aït Ahmed était contre la Constitution de 1963, faite au cinéma Majestic (actuelle salle Atlas, ndlr). Ben Bella a ramené ensuite le texte à l’ANC, nous demandant de le voter. J’étais moi-même membre de
la commission chargée de rédiger l’avant-projet de Constitution. Je n’ai jamais participé
à la rédaction du texte présenté. Je l’ai découvert le jour de la plénière.
- Justement, après ce coup de force anticonstitutionnel, Aït Ahmed passe dans l’opposition
et cofonde un autre parti politique. Avez-vous eu l’occasion de le rencontrer après la création du FFS ?
Non, je ne l’ai pas vu. Il ne m’a pas proposé, non plus, d’être membre du FFS même si nous étions, durant les débats à l’ANC, sur la même longueur d’onde. J’étais néanmoins au courant. J’avais eu des informations sur l’existence de plusieurs projets d’organisation d’une opposition contre Ben Bella, notamment ceux de Krim Belkacem, Mohand Oulhadj, Mohamed Boudiaf
et aussi quelques responsables de la Wilaya IV. Je n’ai revu Aït Ahmed qu’en 1989, après l’ouverture politique.
- Il a dit dans ses témoignages que vous l’aviez rencontré avec le général Khaled Nezzar pour
lui proposer la présidence de la République après l’arrêt du processus électoral, en décembre 1991…
C’est exact. Mais il ne le voulait pas. Il a refusé d’être Président car il pensait que l’arrêt du processus électoral était un coup d’Etat. Or, nous avons essayé de le convaincre que ce n’était pas le cas. Il nous a suggéré d’aller au deuxième tour. On lui a dit que si on le faisait, le Front islamique du salut (FIS) allait remporter les élections avec un risque d’avoir plus des trois quarts des sièges de députés.
Ce qui lui aurait permis de changer la Constitution.
- Pourquoi avez-vous proposé à Aït Ahmed et à Boudiaf le poste de Président alors
que c’est l’armée qui a décidé d’arrêter le processus électoral ?
Avant cela, nous avons essayé de trouver une solution selon la Constitution de 1989. Le 31 décembre 1991, l’Assemblée nationale avait terminé sa législature. Le 9 janvier, Chadli démissionnait. Et contrairement à ce que disent beaucoup de gens,
il n’a pas été poussé à la démission par l’armée. Je lui ai posé la question des années après, il a nié ces allégations.
Selon la Constitution de l’époque, en cas de vacance de la Présidence, c’est le président de l’Assemblée qui devient Président par intérim pendant 45 jours, le temps d’organiser des élections présidentielles. Or, il y avait absence d’Assemblée. Dans ce cas, toujours selon la même Constitution, c’est le président du Conseil constitutionnel qui devait assurer la Présidence par intérim, mais seulement
«en cas de décès du Président». Donc, nous avons demandé à Benhabiles de le faire.
Ce dernier a refusé sous prétexte que le Président avait démissionné et n’était pas mort. Après ce refus, la Constitution ne disait plus rien. Le Haut Conseil de sécurité (HCS) – dont faisaient partie deux militaires, Khaled Nezzar, ministre de la Défense,
et Mohamed Lamari, chef d’état-major de l’armée – a pris le relais pour trouver une autre solution…
- Et donc offrir la présidence de la République, transformée en Haut Comité d’Etat (HCE),
à l’un des historiques de la Révolution afin d’assurer une légitimité au pouvoir, comme en 1962...
Une solution extérieure à la Constitution s’imposait, mais elle ne devait pas être contre la Constitution. Le HCE a essayé de régler le problème constitutionnel en donnant la charge de la présidence de la République à un groupe qui soit aussi représentatif de la société algérienne. C’est pourquoi il a créé un petit comité pour réfléchir à une solution qui soit la plus conforme possible avec la Constitution.
Dans ce comité, il y avait quatre personnes : deux personnes proposées par le gouvernement – Aboubakr Belkaïd et moi-même – et deux personnes proposées par l’armée, le général Touati et le général Taghirt. Nous avons pensé qu’un Haut Comité d’Etat était la meilleure solution. Le problème était de trouver le chef de cette collégialité. Malgré nos arguments, Aït Ahmed était contre dès le début.
A ce moment-là, nous avons pensé à d’autres comme Mehri, Taleb Ibrahimi et surtout Mohamed Boudiaf. C’est lui qui a finalement accepté. C’est moi-même qui suis allé le voir au Maroc car il avait été mon responsable durant la Guerre de Libération nationale avant qu’il ne soit arrêté en compagnie d’Aït Ahmed justement. C’était un ami personnel et j’étais en relation avec lui pendant longtemps, même après l’indépendance.
- Hocine Aït Ahmed a expliqué plus tard que c’étaient Khaled Nezzar et les militaires
de l’époque qui avaient tout orchestré en voulant se protéger. Qu’en pensez-vous ?
Khaled Nezzar avait joué un rôle important dans cette solution car on ne pouvait rien faire sans l’armée. Même dans toutes les initiatives politiques d’aujourd’hui, je peux vous assurer qu’on ne pourra rien faire sans l’armée. Depuis 1962, où Ben Bella s’est appuyé
sur Boumediène pour prendre le pouvoir, on ne peut rien faire en Algérie sans l’accord de l’armée.
- Avez-vous eu l’occasion de discuter de tout cela avec Si L’Hocine ?
Je n’ai malheureusement pas revu Aït Ahmed depuis 1992, car je n’ai jamais compris sa position. Je n’ai pas compris non plus sa participation à la conférence de Sant’Egidio en présence du FIS. Je peux me tromper, mais c’est mon opinion.
Au-delà, c’est un homme que je respecte beaucoup pour tout ce qu’il a donné à l’Algérie.


Ghezlaoui Sami

zadhand
29/12/2015, 22h10
A la une Actualité_Hommage dans les médias et sur les réseaux sociaux
le 29.12.15 | 10h00


L’inévitable procès du régime

Un parcours sans faute de 70 années de militantisme, suscitant l’admiration de générations
d’Algériens et faisant pâlir de jalousie ses détracteurs qui ont fait preuve
de lâcheté ou de compromission devant l’histoire.
Si la mort d’un historique ne peut passer sous silence, celle de Hocine Aït Ahmed est un
événement sans précédent qui laissera bien des traces. Ce géant de l’histoire de l’Algérie
a marqué du sceau du combat les pages du Mouvement national et la lutte pour l’indépendance
ainsi que les pages de la lutte pour la démocratie et l’autodétermination du peuple algérien.
Un parcours sans faute de 70 années de militantisme, suscitant l’admiration de générations
d’Algériens et faisant pâlir de jalousie ses détracteurs qui ont fait preuve de lâcheté ou
de compromission devant l’histoire. Sa vie durant a été une leçon d’indignation face à
l’injustice et à l’autoritarisme. Il ne pouvait en être autrement de sa mort.
Dès l’annonce de son décès le mercredi 23 décembre, ce sont toutes les pages de l’histoire
de l’Algérie qui se sont ouvertes par ce mécanisme tant redouté par les tenants du pouvoir
qu’est la justice de l’histoire. Sa mort semble même être un acte politique, une dernière salve
d’un guerrier qui n’a jamais courbé l’échine ni abdiqué.
Le procès du pouvoir s’ouvre avec pour juge un peuple qui n’a jamais douté de
Hocine Aït Ahmed et qui se réveille sur ce sentiment amer d’avoir raté avec lui
le grand rendez-vous avec la liberté. Depuis donc mercredi dernier, médias, réseaux sociaux
et lieux publics n’ont pour sujets que le parcours de Hocine Aït Ahmed, d’une part,
et l’implacable jugement de l’histoire sur ses adversaires des groupes
de décideurs de 1962 à nos jours, d’autre part.
Le procès est ouvert et les accusés ne manquent pas, à leur tête, au grand dam de
Louisa Hanoune, l’inévitable Houari Boumediène dont l’anniversaire de la mort interviendra,
comme le veut le hasard de l’histoire, cette semaine. Celui qui mit dans ses geôles le rédacteur
du rapport de Zeddine et père de la Révolution et la diplomatie algériennes, Hocine Aït Ahmed,
est jugé par «contumace» pour le hold-up du rêve de tout un peuple.
Avec sa mort, le peuple juge pour Aït Ahmed et pour l’histoire, Boumediène et tous les responsables
de la tragédie algérienne, dont le premier acte a été commis en 1962 et réédité à chaque
rendez-vous électoral. Un autre anniversaire intervient aussi cette semaine, celui de la mort
de Abane Ramdane, autre figure de proue de la Révolution algérienne, assassiné par les siens.
Et encore une fois et pour l’histoire, Hocine Aït Ahmed, alors en prison, a défendu Abane quand
d’autres dirigeants de la Révolution ont acquiescé à l’ordre de liquidation physique prononcé contre lui.
Comment peut-on dire d’un homme de sa stature, ayant fait face à toutes les injustices et refusant
tous les honneurs factices que lui proposaient des dirigeants souffrant de légitimité, avoir passé
au crépuscule de sa vie un deal avec le pouvoir ? Ses derniers vœux d’enterrement suffisent à
dire à tous les malhonnêtes qui continuent de déverser leur fiel qu’il est plus grand pour
que l’atteignent tous les écrits commandés. Le seul contrat qu’Aït Ahmed ait passé est un contrat
de fidélité à ses idéaux et ses combats pour l’autodétermination du peuple algérien.
Il a vécu pour le peuple et c’est ce même peuple qu’il appelle pour l’enterrer.
Une autre leçon qui fausse les calculs des manipulateur

phoenix62
30/12/2015, 12h26
ce qui profites apres les revolutions sont les traitres et les laches heureusement qu il y a la justice dévine

zadhand
30/12/2015, 20h04
A la une/Actualité_Émouvant hommage à Hocine Aït Ahmed
le 30.12.15

L’adieu à Lausanne

Depuis l’annonce de son décès le 23 décembre, beaucoup d’hommages et de témoignages
de respect et de reconnaissance ont été exprimés en Algérie, mais aussi de par le monde à la mémoire
du grand révolutionnaire, défenseur des droits de l’homme et démocrate Hocine Aït Ahmed.

20563

Un dernier hommage a été rendu hier à Hocine Aït Ahmed par ses amis en Suisse. Emotion, dignité et respect ont été les maîtres mots d’une cérémonie que la famille a voulu restreinte et simple au funérarium de la chapelle Mantoie de Lausanne. Depuis l’annonce de son décès le 23 décembre dernier, beaucoup d’hommages et de témoignages de respect
et de reconnaissance ont été exprimés en Algérie mais aussi de par
le monde à la mémoire du grand révolutionnaire,
défenseur des droits de l’homme et démocrate Hocine Aït Ahmed.
Sa dimension dépassant les frontières de son pays, la salle du centre funéraire de Mantoie était bien exiguë pour contenir toutes les personnes venues de différentes régions de l’Europe jusqu’à Lausanne pour dire adieu au géant. «C’était une cérémonie très digne, il y avait beaucoup d’émotion. Elle a été organisée par ses amis en Suisse, on aurait aimé recevoir tous les Algériens de l’étranger qui ont souhaité venir lui rendre un dernier hommage, mais c’était techniquement très difficile à gérer»,
nous explique au téléphone Madjid Rouar, représentant du FFS à l’étranger.
Entre 200 à 300 personnes ont pu accéder à la salle, tandis que d’autres sont restées dehors, saisissant ce moment de solennité avec respect. Débutant à 11h, la cérémonie de recueillement sur la dépouille du défunt a vu la présence d’abord des amis suisses de Dda L’Hocine, qui lui avaient ouvert les bras en 1966 après sa fuite des geôles de son pays, des citoyens qui ne l’ont pas connu personnellement ont tenu à être présents. Figuraient, par ailleurs, au recueillement, des représentants des autorités suisses, notamment Son Excelence l’ambassadeur de Suisse en Algérie, ainsi que le représentant des autorités algériennes
en la personne de l’ambassadeur et du consul d’Algérie en Suisse.
Il y avait aussi parmi les présents un certain nombre de diplomates ainsi qu’Ahmed Taleb El Ibrahimi, qui avait tenu à faire le déplacement. La mère du chanteur engagé Lounès Matoub, Nna Aldjia Matoub, qui, malgré la fatigue et le poids de l’âge, a fait le voyage en voiture à partir de la France avec sa fille Malika pour se recueillir sur la dépouille de ce grand symbole de l’Algérie. Plus que sa présence, Nna Aldjia offrit sa voix en guise d’hommage à Si L’Hocine. Un achewik, ce chant si symbolique de la bonne terre de Kabylie, est sorti des cordes vocales de cette brave dame comme la complainte
d’une patrie qui s’apprête à accueillir son fils après une longue absence.
L’Algérie et la Kabylie avaient pour nom hier Nna Aldjia, sa présence et sa voix se confondaient avec la mère patrie venue reprendre son Izem, «lion» forcé à l’exil. Hocine Aït Ahmed a toute sa vie durant milité pour libérer les voix et la parole, il était naturel que des voix le chantent et le célèbrent. L’artiste Idir, dont Aït Ahmed appréciait les chansons, est venu muni de sa guitare et de sa verve de troubadour, pour accompagner ces derniers moments de séparation avec le digne fils de l’Algérie.
«Tu habitais un pays que tu aimes et qui t’aime qui s’appelle la Suisse, mais je sais que l’Algérie était ton cœur, tant elle t’intéressait, tant elle t’obsédait… Tu voulais pour ce pays le meilleur des bonheurs, j’espère qu’on y arrivera et que tu le verras de là-haut», dit-il en s’adressant au cercueil de Si L’Hocine et avant de prendre sa guitare et donner libre cours à sa douce voix et chanter des parole du poète Si Moh Oumhand. «Akerth anrouh adenzour Echeikh Mohand…ayamghar khass afrah semmik»
«debout allons visiter Echeikh Mohand…
Oh noble vieux soit heureux car tu accueilles ton fils», disait l’ancien poème qui semblait prémonitoire et fait pour la circonstance. Hocine Aït Ahmed ira retrouver «assekif» de son grand-père Cheikh Mohand Ou L’Hocine, là où la paix est éternelle. La cérémonie de recueillement a été par ailleurs marquée par les témoignages exprimés par des amis suisses et français sur leur rencontre avec l’homme Aït Ahmed. Ferhat Mhenni, qui n’était pas invité à la cérémonie, a voulu marquer sa présence en tentant de prendre la parole, mais Jugurtha Aït Ahmed a refusé et tenu à ce que ce moment soit celui du recueillement et de la solennité.

Nadjia Bouaricha