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zadhand
05/12/2015, 21h11
A LA UNE/ACTUALITÉ_Mouloud Hamrouche
le 05.12.15 | 15h14

Mouloud Hamrouche
Homme politique

20157

Mouloud Hamrouche, né le 3 janvier 1943 à Constantine,
est un homme politique algérien. Il fut chef du Gouvernement
des réformateurs de septembre 1989 à juin 1991
et candidat à la présidentielle de 1999 sous le slogan du changement


« les droits du général Hassan doivent être préservés »

L’ancien Premier-ministre, Mouloud Hamrouche, a réagi sur la condamnation
du général Hassan à cinq années de prison ferme.
« L’Armée nationale populaire (ANP) est composée d’officiers généraux,
d’officiers supérieurs, de sous-officiers et de djounoud. Je soutiens totalement
les propos de Me Mokrane Ait Larbi qui demande à ce que les droits
du général Hassan soient préservés », a déclaré Mouloud Hamrouche
en marge d’une conférence-débat sur la situation générale
du pays, animée aujourd’hui à Batna.

M.A.O

zadhand
08/02/2016, 18h36
A la une/Actualité_Discours de mouloud hamrouche lors du 40e Jour du décès d’Aït Ahmed
le 08.02.16 | 10h00

Mouloud Hamrouche
Homme politique

20157

Mouloud Hamrouche, né le 3 janvier 1943 à Constantine,
est un homme politique algérien. Il fut chef du Gouvernement
des réformateurs de septembre 1989 à juin 1991
et candidat à la présidentielle de 1999 sous le slogan du changement



«L’Etat algérien sera un Etat démocratique ou il ne survivra pas»
Restituer le parcours d’un militant penseur, organisateur, diplomate
et fin stratège en cette circonstance est un exercice hardi. Résumer tant d’événements
et de tournants historiques qu’Aït Ahmed a impactés et traversés l’est plus.
Il a eu un parcours de combat exceptionnel et a joué un rôle multidimensionnel.

Toujours pour un et même but, toujours pour un même idéal : l’indépendance et la liberté pour ses concitoyens et son pays. Il a été maintes fois affligé par la mort de tant de compagnons tombés au champ d’honneur et par d’autres qui avaient renié leur serment, déserté le combat, dévié de la trajectoire ou simplement changé de camp. Il a connu des moments de gloire, d’exaltation, de tristesse et de chagrin.
Mais l’homme a gardé sa foi en ses concitoyens et en leur cause.
Théoricien de la guerre populaire révolutionnaire, combattant et chef de l’Organisation secrète (l’OS), représentant et porte-parole du Mouvement nationaliste à l’extérieur FLN/ALN, il se révélera à cette occasion un fin diplomate, un expert hors pair des rapports mondiaux, des relations internationales et des enjeux de la guerre froide Est-Ouest. Il recommandera à ses compagnons d’exploiter toutes ses failles et toutes ses opportunités. La patrie lui doit deux œuvres monumentales qui ont marqué le cours de l’histoire de la renaissance de l’Algérie. La première est son rapport au comité central à l’occasion du congrès de Zeddine, en 1948, qui débouchera sur la création de l’Organisation secrète (OS).
La seconde est son étude envoyée de prison au Comité de coordination et d’exécution (CCE) né du Congrès de la Soummam pour la formation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). A la suite de l’effondrement de l’ordre légal algérien un certain 5 juillet 1830, le nouvel ordre colonial de peuplement va tenter une double substitution. Substituer la souveraineté algérienne par la souveraineté française et remplacer la population algérienne, promise au statut de l’indigénat, par une autre population de colons.
Les Algériens, qui avaient perdu leurs structures légales et leur liberté, ont refusé de renoncer ou d’abdiquer leur souveraineté. Les résistances de l’Emir Abdelkader, Ahmed Bey, Lalla Fatma n’Soumer et de nombreuses autres résistances populaires sporadiques locales, de 1830 à 1880, en témoignent. Des révoltes éclataient en permanence, jusqu’à celle du 8 mai 1945 qui a fait des dizaines de milliers de victimes. Sans gouvernement et sans structures centrales, ces résistances et ces révoltes ont été l’œuvre d’humbles Algériens qui l’ont payé de leur vie, de la vie de leurs familles et de leurs tribus. Ces farouches résistances et ces ténacités ont inspiré le rapport de Zeddine.
En effet, la création de l’OS est venue combler ce déficit. Cette création avait pour but de déceler les volontés à travers les régions du pays, de les réunir et de les préparer au combat final. L’OS, à ce titre, a été la première expression d’une volonté nationale
hors cadre de l’ordre colonial et le début d’une représentation nationale réelle.
Cette volonté et cette représentation ont connu leur aboutissement et leur apogée avec le déclenchement de la Guerre de Libération nationale, en 1954. Tous les responsables et la majorité des moudjahidine de la première heure étaient d’anciens membres de l’OS. L’OS, à ce titre, est l’ancêtre de l’ALN. L’ALN est l’ancêtre de l’Armée nationale populaire (ANP). C’est également à Aït Ahmed que l’on doit l’idée de la création d’un gouvernement provisoire de laRépublique algérienne pour affirmer l’existence de la personnalité internationale de l’Algérie.
Imprégné de la même idée et guidé par la même conviction qu’avec l’OS, Aït Ahmed conseilla de transcender tout clivage tribal ou régionaliste en donnant un caractère national et institutionnel aux volontés et aux discours que les nationalistes développaient. Le GPRA sera une institution qui représente le peuple et exprime sa volonté. Un peuple qui combat pour restaurer son Etat, pour retrouver sa liberté et son indépendance.
Le GPRA sera aussi l’idée-force pour la mobilisation des masses algériennes.
Constituer un gouvernement provisoire de la République algérienne, c’était donner une autorité officielle à l’Algérie combattante et un interlocuteur au gouvernement français. C’était, surtout, confirmer et annoncer au monde la renaissance de l’Etat algérien. Il prévint ses compagnons tout en les pressant de former un tel gouvernement, car le FLN risquait d’être considéré comme un parti politique qui se battait
avec des armes à l’intérieur d’un ordre colonial.
Aït Ahmed avait écrit, un peu plus loin dans sa lettre : «Dans cette phase, la notion de l’Etat au niveau international est plus pertinente que les notions de liberté et d’indépendance.» C’est ce qui a permis d’afficher que la souveraineté nationale réside en dernier ressort dans le peuple et pas uniquement dans des structures légales reconnues. Faut-il rappeler aux amnésiques d’entre nous que l’Etat a été reconnu à partir de septembre 1958 avec la formation du GPRA par le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA).Faut-il ici, maintenant et à cette occasion,
convoquer l’histoire d’un combat. Pas toute l’histoire, mais quelques moments forts.
Une histoire non encore écrite dans les manuels scolaires. Une histoire qui s’est abritée dans nos cœurs et dans nos mémoires comme elle s’était abritée dans les cœurs et les mémoires des militants du PPA, de l’OS et du FLN/ALN qui nous l’ont transmise. D’autant qu’il y a aujourd’hui une sorte de révisionnisme qui ne dit pas son nom. Conscients, les pères fondateurs ont opté pour un Etat national central, indépendamment de la forme de l’organisation du territoire national et du mode de son administration. Imprégné de ce que des historiens et des essayistes ont toujours affirmé que notre pays a tout le temps souffert de l’absence d’un pouvoir central qui aurait pu déboucher sur l’édification d’un Etat national.
En conséquence, le pays a subi des échecs à répétition face à des invasions étrangères, malgré les résistances farouches et coûteuses des Algériens. Les envahisseurs et conquérants ont toujours réussi à réduire cette résistance poche par poche et village par village. Le but des pères fondateurs était l’indépendance et l’édification d’un Etat souverain. Ils ne pouvaient concevoir un Etat national souverain
sans un peuple souverain. Sans cette souveraineté, il ne peut y avoir de liberté ni de citoyens libres.
Il faut que cet Etat soit d’essence démocratique dans ses institutions et dans son fonctionnement, pour que les Algériens demeurent libres et souverains. Bien plus, il faut que l’Etat national soit aussi social. Le terme social prend ici une autre connotation que celle née de la lutte des classes ailleurs. Conscients de l’état de dénuement et de misère de leurs concitoyens, les pères fondateurs ont inscrit le caractère social de l’Etat au même titre que la souveraineté nationale et la démocratie. Cela signifie que le développement futur devra se faire au profit de tous les Algériens
et au bénéfice de tous les constituants nationaux.
L’édification de l’Etat, son fonctionnement démocratique et social doivent se faire dans le cadre des valeurs de l’islam. L’islam est religion du peuple, l’Etat ne doit ni heurter ses valeurs ni les instrumentaliser. Faut-il rappeler que l’ordre colonial a, durant 130 ans, tout fait pour contrôler, administrer et instrumentaliser l’islam. En guise de refus et de défense, la population a pris sous son contrôle la pratique religieuse. C’est pourquoi l’islam était un facteur de préservation et de résistance. L’islam comme la souveraineté se sont abrités dans le cœur des Algériens et non dans des structures.
Faut-il rappeler aussi que durant toute la période de la Guerre de Libération nationale aucun traître ou autre déviationniste n’a été jugé et condamné au nom de la religion. Le Mouvement national du PPA, de l’OS et du FLN/ALN a réfuté les postulats/diktats coloniaux sur lesquels a été inventée la fiction «l’Algérie terre française habitée par des citoyens français et des indigènes, sujets français musulmans».
C’est pourquoi l’identité algérienne et la nationalité algérienne sont fortement enracinées et précieuses.
Les pères fondateurs, en clamant haut et fort l’identité algérienne, n’ont jamais contesté les identités locales ou régionales. Mieux, ils ont fait d’elles des constituants de notre identité, de notre nationalité et de l’unité de notre pays. C’est pourquoi seul un Etat démocratique et social est à même de préserver et protéger les droits et libertés de tout constituant et de chacun des Algériens. Comme vous pouvez le relever,
la demande démocratique a été formulée et revendiquée au même moment et au même titre que l’indépendance.
La démocratie est un impératif hautement plus important qu’un mode de gouvernance. Les pères fondateurs l’ont porté au même titre que la liberté et l’Etat national. Cessez de croire, cessez de dire et de faire croire qu’elle est née avec le projet américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Cessez de répéter que la démocratisation est une conspiration occidentale ou une contagion d’un certain printemps arabe. L’Etat algérien sera un Etat démocratique ou il ne survivra pas. C’est le verdict des initiateurs de la renaissance du pays. Observez bien la justesse et la pertinence de leur projet.
Il a été la réponse adéquate à la question de la colonisation de peuplement et à la négation identitaire. Il est aussi un gage précieux pour que le pays ne retombe plus dans les affres, les faiblesses et les antagonismes du passé qui ont fait qu’il était devenu colonisable et colonisé. Ce projet était et est toujours le meilleur rempart pour le pays, son unité, sa liberté, la liberté de tous ses citoyens
et la meilleure protection pour chacun des constituants nationaux.
Cet acte fondateur, qui a débuté avec le rapport d’Aït Ahmed au congrès de Zeddine, conforté par la création de l’OS et concrétisé ensuite par la création du FLN/ALN, a été plus qu’une guerre pour le recouvrement de notre indépendance et notre liberté. Il a été aussi pour notre identité, pour la souveraineté du peuple et de la libre pratique religieuse. Ce projet ambitionnait que les Algériens gouvernent librement leur pays. Combien parmi nous savent ou se souviennent que nous n’avions pas d’identité nationale ni de nationalité ? Nous n’avions pas le droit d’accéder
au statut de citoyen, car notre territoire a été spolié. Nous étions candidats à l’extinction.
C’est grâce à la vigilance des pères fondateurs, à leur intelligence et à leur capacité de mobilisation et d’organisation que notre peuple a pu renaître et recouvrer son identité et sa nationalité. De ce fait, des Algériens accèdent aujourd’hui à d’autres nationalités. En cultivant l’oubli et en instrumentalisant l’histoire afin de justifier et légitimer l’exercice du pouvoir, nos héros de cette épopée ont été lynchés et tribalisés. L’épanouissement de notre identité est malmené. L’édification de notre Etat national, protecteur de tous les droits et de toutes les libertés, est retardée.
La défense de chacun de nos constituants et des valeurs de notre religion n’est pas totalement assurée.
Notre système de gouvernance, fondé sur un fonctionnement clanique, reproduit d’anciens clivages et rivalités menant à des fragilités et faiblesses. Ce sont ces facteurs que l’ordre colonial avait utilisé et exploité pour effacer la personnalité internationale de l’Algérie, détruire sa souveraineté nationale et diluer son identité. Demain sera-t-il comme hier, la primauté du national sur le tribal et du collectif sur l’individuel pour un Etat démocratique et social, protecteur de toutes les libertés, contre toute omnipotence sauf celle de la loi ?
Un peuple souverain, ce sont des hommes et des femmes libres et des citoyens égaux. Certes, la proclamation de Novembre n’a pas tranché la question de la gouvernance, à juste titre, car les pères fondateurs avaient foi et confiance en leurs concitoyens pour élire leurs gouvernants et les congédier. Ce sont des citoyens souverains et libres qui accomplissent la dimension démocratique de l’Etat national en se donnant des institutions et des règles qui les gouvernent. C’est à eux aussi de concrétiser sa dimension sociale en instaurant des règles de contrôle,
la responsabilité/comptabilité et la censure de la gouvernance.
L’Etat démocratique et social, à même de garantir et de protéger nos droits et nos libertés, est toujours en suspens. Alors qu’il est le seul à pouvoir garantir les droits de tous les constituants, petits et grands. L’Etat national a été rétabli par le peuple, par les enfants de ce peuple. L’Etat algérien n’a pas été rétabli par une quelconque autorité interne ou externe ou par une faction ou un clan mais par l’ensemble des constituants de la nation.
Le retour de Si El Hocine au pays, en 1989, a été à la fois un espoir retrouvé et une contribution à l’ouverture politique. Il avait estimé que la Constitution du 23 février 1989 allait réenclencher le processus de refondation de l’Etat algérien démocratique et social. Sa candidature à la présidentielle de 1999 a été pour lui l’occasion de rencontrer, de nouveau, l’Algérie de ses rêves, de retrouver l’esprit qui était le sien et celui de ses anciens compagnons du PPA, de l’OS et du FLN/ALN. Ainsi que les militants FFS, son parti post-indépendance.
Fortement enraciné dans le village de ses ancêtres. Fortement ancré et attaché à cette terre, son pays, l’Algérie.
Cet enracinement et cet ancrage ont fait de lui un nationaliste sans concession. Plus encore, ils ont fait de lui un Maghrébin sans faille et un militant engagé pour les causes arabes, notamment celle de la Palestine. Mieux, il a été un humaniste et un universaliste. Est-ce que ce sont toutes ces dimensions qui ont fait que le tribaliste s’en revendique, que le régionaliste s’en revendique, que le nationaliste s’en revendique,
que le Maghrébin s’en revendique et que l’internationaliste s’en revendique ?
Est-ce pour toutes ces raisons que dès l’annonce du décès de Si El Hocine, des éloges, des hommages et des glorifications ont fusé de partout et de tous, même de ceux qui n’ont jamais apprécié sa fidélité au serment fondateur de la renaissance de l’Algérie et sa ténacité pour la liberté et la démocratie ? Auraient-ils souhaité aussi prononcer la petite phrase «mission accomplie» ? Ce qui aurait permis de tourner la page, d’oublier le serment fondateur de l’Algérie, d’innocenter toutes les désertions et de justifier tous les reniements. Mais les Algériens et surtout les jeunes, conscients et lucides, ont clamé haut et fort leur attachement à la liberté et à la démocratie.


Mouloud Hamrouche

zadhand
13/03/2016, 17h55
A la une Actualité_Mouloud Hamrouche à Sétif
le 13.03.16 | 10h00


«Ce pouvoir ne peut produire du développement»



L’ancien chef de gouvernement reprend sa «campagne»
de sensibilisation autour de l’impérieuse nécessité
de construire un consensus national nouveau.

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A Sétif, sous la neige, Mouloud Hamrouche a animé, hier, une conférence ayant
pour thème «Libertés et développement durable». Le chef de file des réformateurs
a jugé qu’en privant les Algériens des libertés collectives, l’Etat a produit de l’échec
et mené le pays dans l’impasse. «Nous avons un système de pouvoir incapable
de réussir un projet ou une politique.
C’est un pouvoir qui empêche l’exercice des libertés collectives, qui refuse à la société
de s’organiser librement dans des partis, organisations et syndicats, qu’il considère
comme des ennemis et des obstacles.
Ce type de pouvoir et de gouvernance, même s’il dispose des monopoles politique
et économique, ne produit pas de développement, il produit de l’échec»,
a fulminé M. Hamrouche.Encore plus tranchant, il considère que «le système de gouvernance
est en crise, il semble qu’il ne peut plus produire d’alternative politique ou économique.
Si cette appréciation est pertinente, alors toutes les organisations et structures nées de
la crise ou pour la crise du terrorisme ne deviennent-elles pas obsolètes et ne peuvent servir
d’alternance». En filigrane, il suggère que la normalisation autoritaire née au début
des années 1990 a conduit à une impasse historique.
Un mauvais départ avec de fausses ouvertures politiques et économiques. Et le coût pour
le pays et la société est très élevé.Le temps est venu de laisser place à une phase nouvelle,
celle d’un Etat bâti sur les fondements démocratiques avec tous les constituants nationaux.
Selon Mouloud Hamrouche, elle passerait par la construction d’un consensus national nouveau,
car pour lui, l’Algérie «est dans une situation où elle a perdu la capacité à s’autogouverner».
«Quand un gouvernement ne contrôle pas, ne régule pas et n’est pas soumis à la règle
de comptabilité et de contrôle, il ne peut être promoteur de développement. C’est à l’aune
de cette affirmation que se mesurent les échecs répétés de notre pays. C’est aussi à cette aune
que se calculent les coûts des fausses ouvertures politiques et économiques»,
fait remarquer M. Hamrouche.Plaçant les libertés collectives au cœur du développement,
Mouloud Hamrouche a longuement insisté, lors de son intervention, sur le rôle central
des instruments de régulation, de médiation et surtout de contre-pouvoir qui corrigent
et contrôlent. «Les libertés publiques jouent un rôle décisif pour la simple raison qu’en dehors
de leur exercice, il ne peut y avoir de possibilité d’entrer en compétition avec les autres.
Car sans un exercice effectif, confiant et massif des libertés fondamentales, la société se
condamne à la faiblesse, à la stagnation, à la régression et donc à la soumission», soutient-il.
M. Hamrouche, qui affirme qu’entre le pouvoir et la société, le seul instrument de régulation est
«la matraque», rappelle que «le développement engage, comme démarche et comme politique,
la société, l’Etat, le gouvernement et également les citoyens, à travers leurs organisations sociales,
syndicales, professionnelles, politiques et opérateurs économiques». «C’est là une condition
sine qua non du développement et, a fortiori, du développement durable», assure-t-il. Force est
de constater que dans la réalité, cette condition est absente, pour ne pas dire exclue.
«édifier un état d’essence démocratique»
Le manque d’exercice des libertés publiques «à cause de leur captage ou de leur confiscation,
est à l’origine de plusieurs failles et faiblesses sur les plans économique, social, culturel,
politique et même sécuritaire», constate Mouloud Hamrouche. Les conséquences sont fâcheuses.
«Une carence aggrave l’isolement des gouvernants, met les institutions à l’écart des préoccupations
urgentes et l’Etat en dehors de la société et cela rend la tâche de préserver la sécurité aléatoire»,
regrette l’ancien candidat à la présidentielle de 1999 de laquelle il s’était retiré.
Pis encore, l’ancien chef de gouvernement sous la présidence de Chadli, dont les réformes ont été
brutalement stoppées, rappelle aux tenants du pouvoir qu’«il est dans l’intérêt du pouvoir
et de l’Etat de permettre l’exercice des libertés collectives car elles sont
sources de toute création, émancipation et progrès».
Sans se berner d’illusions, il relève que «ce type de gouvernement redoute de se trouver face
à des organisations sociales, syndicales, professionnelles encore plus politiques.
De ce fait,il renonce à la régulation des rapports sociaux».
C’est à la lumière de ces conclusions que Mouloud Hamrouche a appréhendé le «mal-développement»
politique et économique du pays.«C’est en observant le rapport conflictuel du système de pouvoir
aux libertés collectives que l’on peut comprendre pourquoi l’Algérie ne s’est pas développée.
Dans ces conditions, nous ne sommes pas aptes à entrer dans le développement durable»,
a-t-il martelé. C’est pourquoi «cet échec doit nous amener vers un consensus national nouveau,
fondé sur l’exercice effectif des libertés», appelle-t-il.
Du haut de son parcours dans l’administration du pays et de son expérience politique,
l’invité de Sétif garde espoir malgré la gravité de la crise. «Notre pays possède des hommes
et des moyens pour édifier une société libre et équilibrée où s’exercent toutes ces libertés.
Il a les capacités d’édifier un Etat de droit d’essence démocratique,
une gouvernance efficiente et de lancer le processus de développement durable», défend-il.
Mouloud Hamrouche est de ceux qui estiment que la crise est aussi et surtout une opportunité
pour redresser le pays et le remettre sur les rails du développement politique et économique.
Et s’il dit refuser de jouer un quelconque rôle et qu’il se défend de poursuivre une ambition,
l’ancien chef de gouvernement assure par contre que «l’Algérie a grandement besoin
d’une réelle édification d’un Etat d’essence démocratique où les libertés seront
pleinement exercées. Je suis prêt à y contribuer de toutes mes forces». Le temps presse.



«Moralement, je ne peux participer à une constitution moindre que celle de 1989»

Sollicité à livrer son avis sur la révision de la constitution, Mouloud Hamrouche
a sèchement disqualifié la démarche du gouvernement de Bouteflika
«Je n’ai pas commenté et je n’ai pas contribué au débat sur la Constitution pour
une raison morale. J’ai été de ceux qui ont présidé à l’élaboration de la Constitution de 1989.
Il est donc logique, pour être cohérent avec moi-même et avec les Algériens,
que je ne peux y contribuer, même avec le débat, sur une Constitution
moindre que celle de 1989.» H. O

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