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zadhand
05/12/2015, 20h17
A LA UNE/ACTUALITÉ_Zohra Drif au Soir D’Algérie
Publié le 04 Décembre 2015



Zohra Drif
Avocate

20156

Zohra Drif, née le 28 décembre 1934 à Tiaret, est une moudjahida,
une avocate et une femme politique algérienne, actuellement sénatrice
et vice-présidente du Conseil de la nation.



«Il y a eu un véritable coup d'état institutionnel»

Propos recueillis par Abla Chérif
Au cours de cet entretien, Mme Zohra Drif s'est effondrée deux fois en larmes en évoquant la gravité de la situation que traverse le pays. Selon elle, une véritable mafia tente actuellement de prendre totalement le pouvoir dans le pays. Elle appelle les Algériens et les Algériennes à se réveiller.

Le Soir d’Algérie : Vous êtes choquée par les évènements qui se sont déroulés à l’APN.
Mais que s'est-il passé exactement ?
Mme Zohra Drif : Choquée par deux évènements graves: le premier s'est déroulé avant la plénière. Dans la nuit de jeudi à vendredi, avant la fameuse plénière où le projet de loi de finances 2016 est passé par une coup de force. Je suis profondément choquée mais surtout interpellée. D'abord en tant que parlementaire, je suis membre du Sénat, Conseil de la Nation, ensuite en tant que juriste, je suis avocate de profession, et enfin en tant que femme algérienne patriote, combattante pour la libération de mon pays et pour la démocratie, telle que conçue pendant la guerre de Libération. Ce qui s'est donc passé est un véritable coup d'Etat institutionnel au niveau de la commission des finances et du budget de l'APN.
Le président de l'APN en porte l'entière responsabilité ainsi que le bureau de cette insitution. Le dénommé Djamaï, président du groupe parlementaire du FLN qui n'est pas membre de la commission des finances, a débarqué pendant les travaux de la commission des finances et des budgets qui travaillait alors sur les amendements faits par les députés en plénière pour rédiger le rapport de la commission à présenter dans une dernière plénière. Cet individu a violé, en terme de droit c'est une violation, les travaux de la commission, accompagné des députés FLN qui lui sont acquis et qui ne sont pas membres de la commission des finances pour obliger cette même commission à revenir sur des décisions qu'elle a prises souverainement à la majorité au moins une semaine avant.
Et pour ce faire, il a utilisé les moyens les plus haïssables.
Il viole le règlement intérieur de l'APN qui est une loi.

Quels procédés a-t-il utilisés ?
Les pressions. Les députés de l'opposition et ceux qui avaient par exemple voté souverainement l'abrogation de l'article 71, l'article 66, dans le cadre d'un fonctionnement normal de la commission ayant vu que ces individus étaient prêts à utiliser tous les moyens les plus inqualifiables ont quitté la salle pour empêcher que les décisions souveraines soient remises en cause. A ce moment Djamaï a pris la place du président de la commission des finances qui est lui-même député du FLN mais qui avait pris ces responsabilités avant. Il a pris sa place et il a fait remettre en cause des décisions prises souverainement par la commission des finances et des budgets. Je fais remarquer au passage que cette commission comme les autres d'ailleurs sont des commissions institutionnalisées. On ne peut pas changer les membres de cette façon, selon les bons vouloirs des prédateurs et des mafieux et que cet évènement-là est déjà un coup d'Etat. Au service de qui, et qui représente-t-il ?

J'allais vous poser la question...
C'est un coup d'Etat au service de la mafia. La mafia politico-financière.Ce qui s'est passé le jour de la plénière et que la presse a parfaitement couvert, ce n'est que la finalisation publique du coup d'Etat. A ce moment-là, qui est interpellé? D'abord, le président de l'APN lui-même qui accepte un coup d'Etat institutionnel ensuite tout le Conseil de la Nation, c'est l'autre Chambre du Parlement algérien, l'autorité supérieure du pays, le gouvernement mais aussi tous les citoyens et les citoyennes. Je vais dire quelque chose de très grave: même aux moments les plus sombres du parti unique jamais l'Algérie n'a vécu cela. C'est mon premier choc et le premier moment de révolte. Le deuxième, c'est ce qui s'est passé durant la plénière. Cela s'apelle un coup de force, un coup d'Etat. Et donc mes camarades signataires de la demande d'audience et moi-même sommes hélas confortés pour maintenir plus que jamais notre demande et en tant que parlementaire, en tant que juriste, en tant que moudjahida j'interpelle mon frère président de la République, frère de combat, pour lui dire sais-tu qu'il y a un vrai coup d'Etat dans notre pays? Pour les intérêts de qui ? La mafia.

Qui est cette mafia ?
Ce qui s'est passé est la mise à nu d'une partie de ces gens-là. Quiconque a participé au coup de force pour faire passer un projet de loi de finances qui signifie le siphonnage de l'argent des Algériens, quiconque a participé directement en votant ou en faisant voter, quiconque a cautionné et enfin quiconque a présenté ce projet de la honte de la haute trahison au peuple algérien et aux chouhadas, tous ces gens-là font partie de la mafia politico-financière que mon amie Louisa Hanoune appelle très justement l'oligarchie. Dans notre demande d'audience au président de la République nous avons d'ailleurs qualifié très clairement ces gens-là comme étant des prédateurs, c'est le pouvoir parallèle occulte. Illégitime. Il se met à nu et la dernière sortie du secrétaire général du néo-FLN est l'une des preuves de cette mise à nu.

Que voulez-vous dire par là ?
Je suis choquée. Toutes mes camarades signataires de la demande d'audience le sont, c'est le cas de Khalida Toumi, de Badia Sator, de Meriem Benhamza et, j'en suis sûre, de tous mes camarades hommes. Je vais plus loin, c'est le cas de toutes les femmes algériennes militantes des droits des femmes et de la démocratie. Nous sommes révoltées, profondément révoltées. Comment sommes-nous arrivés dans notre pays à avoir des responsables politiques aussi vulgaires ? Aussi scandaleusement misogynes, irrespectueux de ces femmes, et même de l'Algérie et de son peuple ? Je tiens à préciser que l'attaque contre Louisa Hanoune est une attaque contre toutes les femmes de l'humanité. Je suis juriste et je mesure ce que je dis. Sur le plan moral d'où sort cet individu? C'est une atteinte aux chahidate, à Hassiba Ben Bouali. J'interpelle tout le monde, les femmes mais aussi les hommes et je dis: chahidate et chouhada, sortez de vos tombes (Zohra Drif verse de chaudes larmes). Est-ce que l'Algérie de Hassiba Ben Bouali mérite d'avoir des personnes comme cela à la tête de pays majoritaires par la grâce de la fraude et qui usurpent le nom du FLN de Ben Bouali, de Ben M'hidi et de Bitat aussi... ? Vous savez, "poule pondeuse" est une expression qui a plusieurs sens je vous laisse le soin de deviner ce qu'il en est... Il est indigne d'être à la tête du FLN.

Le secrétaire général du FLN semble cependant pourtant s'exprimer au nom du pouvoir.
Le Bouteflika que je connais, celui de la révolution. Si Abdelkader ne peut pas admettre que le FLN ait à sa tête un homme qui n'hésite pas à traîter les femmes de cette manière. Qui n'hésite pas à traiter des militantes de cette façon.

Pourquoi le Président Bouteflika n'agit pas donc ?
Nous ne savons pas et c'est pour cela que nous avons formulé cette demande d'audience pour clarifier ces choses. Jusqu'à l'heure, il ne nous a pas répondu et nous n'avons aucune preuve qu'il ait reçu la lettre alors nous maintenons notre demande d'être reçus par le Président.

Vous avez évoqué un coup d'Etat institutionnel. Où peut-il mener ?
Ce coup d'Etat renseigne sur la nature du pouvoir si jamais ils le prenaient entièrement. Ce sera la pire des dictatures. Ils tirent sur tout ce qui bouge, ils violent les règlements intérieurs du Parlement, ils font des coups de force pour faire passer ce qu'ils veulent... Cela veut dire: Algériens, Algériennes, réveillez-vous, ce qui nous attend avec ces gens-là, c'est une dictature avec la pire des polices politiques. Jamais l'Algérie n'a connu cela auparavant. Actuellement, ils ont une partie du pouvoir, ils veulent la totalité de ce pouvoir. Ce qu'ils ont fait à l'APN renseigne sur ce qui nous attend, qu'à Dieu ne plaise, si jamais ils réussissaient. Mon message en tant que moudjahida c'est que Ben M'hidi et Hassiba ont laissé des millions de femmes et d'hommes prêts à se sacrifier pour les en empêcher. Nous les empêcherons.

Que signifient, selon vous, tous ces changements au sein du DRS ?
Je suis une civile, je ne connais pas le fonctionnement de l'ANP et ses démembrements, cependant, je suis fière de l'ANP et de tous ses démembrements qui sont les dignes héritiers de l'ALN. (Zohra Drif pleure encore une fois) Est-ce que ceux qui ont tout sacrifié pour que l'Algérie ne sombre pas dans l'Etat islamique méritent cela? Des cadres civils qui ont subi le même sort viennent me voir au Conseil de la nation et me racontent leur souffrance. J'imagine qu'il en est de même pour ces cadres militaires. Je suis moudjahida, ancien membre de l'ALN et militante de la démocratie. Je fais partie de ces millions d'Algériens et Algériennes aujourd'hui prêts à mourir pour que le pays ne retombe pas entre les mains de l'ancien colonisateur. Ces mafieux qui veulent s'emparer de la totalité du pouvoir prennent leurs directives chez l'ancien colonisateur. Mon message est clair.

A. C.

zadhand
05/08/2016, 23h20
ZOHRA DRIF-BITAT RIPOSTE AU BUREAU POLITIQUE DU FLN

“Saâdani veut mettre le pays sous tutelle étrangère”
05 Août 2016


Pour la moudjahida Zohra Drif-Bitat, la réaction du bureau politique du FLN à l’appel
des 14 moudjahidine pour “libérer” le parti de la direction actuelle confirme que
ses membres sont des “usurpateurs et des détourneurs”.

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Visiblement profondément “touchée dans son être”, mais loin d’être
“désespérée” ou “abattue”, la moudjahida et ex-vice-présidente du Sénat,
Zohra Drif-Bitat, rencontrée, hier, à Alger, s’est expliquée sur l’appel des
“14” pour “la libération du FLN”, mais a aussi apporté une réponse à la
réaction du bureau politique de l’ex-parti unique. Celle qui a rejoint et
combattu sous le FLN de la guerre de Libération nationale, alors qu’elle
n’était encore qu’une jeune adolescente issue d’une famille pourtant
bourgeoise et aisée, évoque d’abord un devoir de mémoire envers ses
compagnons d’armes tombés au champ d’honneur. Car elle se rappelle,
qu’à l’époque, “le Front de libération nationale était porté par le peuple” et
qu’“il n’était pas question de mettre la main sur les caisses du FLN mais
de travailler plutôt pour les renflouer”. Et cet engagement, précise-t-elle,
“allait de soi puisque nous savions que nous devions tout au peuple réduit
pourtant à la misère par la France coloniale”. Ce qui la choque donc
aujourd’hui, c’est “de voir des personnes puiser des milliards dans le Trésor
public et subtiliser l’argent du peuple au profit de leur propre personne”.
Et au nom de qui ? Zohra Drif-Bitat regrette que ce soit “au nom de ce sigle
qui a mené la guerre libératrice du pays”. Mais pourquoi donc avoir attendu
aujourd’hui pour un tel sursaut ? L’ex-vice-présidente du Sénat dit que
“le couteau a atteint l’os”. Elle s’explique davantage “Avant, on reprochait au
FLN surtout son système de parti unique, l’absence de liberté, de démocratie,
de droits de l’Homme, de droits de la femme, mais la direction du FLN
d’aujourd’hui organise la rapine et tend à mettre le pays sous tutelle étrangère.
” Zohra Drif-Bitat fait notamment allusion à la loi de finances 2016, mais aussi
au nouveau code de l’investissement, lesquels, à son avis, “remettent en cause
la souveraineté du pays” et, donc, l’“indépendance nationale”.Elle se rappelle,
d’ailleurs, les déclarations de l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saâdani,
sur la question des causes sahraouie et palestinienne. Pour elle, il s’agit d’“une
remise en cause du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, et, donc,
d’“une remise en cause des principes fondamentaux et fondateurs du FLN”.
Et qu’en est-il de la réaction du bureau politique du FLN qui s’est réuni en
urgence, lundi, en l’absence du SG du parti, Amar Saâdani, en vacances à
l’étranger ? Zohra Drif-Bitat dit “avoir vaguement parcouru leur communiqué”,
mais elle retient que leur message voulait surtout dire “de quoi vous mêlez-vous ?”.
Ce qui est, à ses yeux, “un grave précédent”, et avoue être tentée d’“en rire si la
situation n’était pas dramatique pour le pays”. Cependant, en réponse aux
membres du bureau politique du FLN qui avaient souligné que les
14 moudjahidine signataires de l’appel ne sont pas militants dans le parti, elle
rappelle “deux choses fondamentales”. D’abord, que “tous les Algériens ont le
droit de se mêler de ce qu’il advient du FLN qui représente un patrimoine collectif
et national”. Ensuite, que “plus que tout autre, les moudjahidine ont non seulement
le droit mais aussi le devoir de s’en mêler, pour la simple raison qu’ils sont les
fondateurs du FLN”. Et que la direction du FLN version Saâdani s’offusque
aujourd’hui de l’appel des “14”, cela prouve, aux yeux de Zohra Drif-Bitat,
“leur nature d’usurpateurs et de détourneurs”. Mais, peut-être, se pose-t-elle,
enfin, la question que “cela fait partie du processus en cours de privatisation de
l’État ?” Une chose est certaine, conclut-elle : “Il y a une appropriation des biens
et du patrimoine des Algériens, y compris de ses instruments historiques de
combat pour la libération.”