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zadhand
18/11/2015, 19h50
A la une Actualité_Le professeur Chitour
le 18.11.15 | 14h54 | mis à jour le 18.11.15 | 17h06

19829



« Il faut que le citoyen algérien redevienne intelligent »

« Il est important d’inciter les citoyens à s’intéresser à la récupération
et le tri des déchets, leur transformation afin de fabriquer d’autres produits
à partir des déchets récupérés.Il faut sensibiliser et éduquer les citoyens pour
qu’ils respectent la valeur du travail, sans perdre de vue les réflexes exprimés
dans la culture éco-citoyenne ».C’est au niveau de la « Maison de l’environnement »
érigée au milieu de la forêt récréative, située à l’Est de la ville de Tipasa,
qu’une journée d’information et de sensibilisation sur l’économie verte avait été
organisée hier mardi.« Pour une Algérie du développement durable »,
« l’utilisation des engrais et l’environnement »,« le compostage », « les opportunités de création d’emplois
et des PME en énergies renouvelables »,
« la récupération du papier au sein de l’administration »,
« la récupération et le recyclage des déchets », « l’industrie des emballages plastiques »,
tels sont les thèmes des conférences animées par des experts et spécialistes devant une assistance
composée de fonctionnaires, opérateurs et universitaires.L’intervention du Professeur Chems Eddine Chitour
qui avait largement dépassé le temps accordé par les organisateurs,
avait été suivie religieusement par l’assistance. « L’Algérie n’a pas pris ses précautions
et nous n’avons pas pris nos responsabilités en matière de consommation quand il s’agit de gérer
le pays, lorsque le prix du baril du pétrole est arrivé à 130 dollars US », a déclaré l’orateur.
Le Pr Chitour a mis l’accent sur l’incohérence et l’absence de convergence entre
les différents ministères quand il s’agit d’importer des équipements et des produits rejetés
par les pays de l’Union Européenne, en raison de leur nocivité. Il s’étale sur l’exemple
des climatiseurs hautement dangereux, de basse qualité, de surcroît consommateurs
d’une grande quantité d’énergie - par rapport à d’autres climatiseurs de meilleure qualité-
et qui polluent et tombent en panne au bout de 02 à 03 ans.
Il recommandé aussi de « cesser l’importation des engins, des véhicules
et des équipements énergétivores ». Le coût de la consommation d’énergie en Algérie
ne cesse de prendre des proportions inquiétantes pour l’avenir du pays,
obligeant le pays à importer pour satisfaire les besoins locaux.
Le niveau de réserves financières s’effiloche d’une manière impressionnante
Tourner le dos aux énergies fossiles Une contrainte pour l’avenir économique du pays.
« Les dirigeants algériens doivent acheter le savoir-faire,
et non pas les produits clés en main », dira l’orateur. Rationaliser la consommation des énergies,
faire cesser cette longue étape de gaspillage qui a duré ces dernières années,
afin d’encourager toutes les populations du pays à revenir aux fondamentaux,
c’est-à-dire l’économie de partage, se mobiliser pour une transition énergétique
grâce à l’utilisation des énergies renouvelables disponibles en Algérie,
réinstaurer l’économie circulaire, se diriger vers un modèle vertueux de consommation d’énergie,
tels étaient les chapitres abordés par le Pr. Chitour.
« Il faut tourner le dos aux énergies fossiles, le pétrole, le gaz naturel et le gaz de schiste,
insiste-t-il, il faut que le citoyen redevienne intelligent en s’inspirant du comportement de ses aînés,
quand nous constatons que 20% de l’énergie consommée en Algérie n’est que du gaspillage,
il faut que les dirigeants algériens à tous les niveaux donnent l’exemple dans la consommation de l’énergie,
il est important d’inciter les citoyens à s’intéresser à la récupération et le tri des déchets,
leur transformation afin de fabriquer d’autres produits à partir des déchets récupérés,
par conséquent, il faut sensibiliser et éduquer les citoyens pour qu’ils respectent la valeur du travail,
sans perdre de vue les réflexes exprimés dans la culture éco-citoyenne », conclut le professeur Chitour.
D’autres conférenciers avaient animé les thèmes programmés lors de cette journée
consacrée à l’économie verte. « L’environnement constitue une issue inévitable pour
les dirigeants algériens, s’ils désirent sauver les meubles à présent, car la possibilité de créer
des richesses et des emplois est encore possible grâce aux gisements disponibles,
néanmoins il reste à prendre une décision politique réelle et impliquer les citoyens,
pour encourager l’éclosion d’un 1er novembre de l’intelligence en Algérie »,
précisent nos interlocuteurs.

M'hamed Houaoura

zadhand
22/11/2015, 16h25
A la une Actualité_Gestion des déchets en Algérie
le 22.11.15 | 10h00



L’histoire d’un échec

Les défenseurs de l’environnement préconisent l’introduction progressive du sac en papier et du carton,
à défaut des sachets en plastique biodégradable, et aussi d’investir dans la sensibilisation du citoyen

19880

L’Algérie est-elle capable de gérer les tonnes de déchets produits par ses 45 millions d’habitants ? Toutes les expériences avortées ou qui se sont soldées par un échec donnent
une réponse négative à cette question.
Les décharges sauvages, les centres d’enfouissement technique, les tonnes de déchets entassés dans le moindre recoin du milieu urbain, l’incivisme des citoyens, l’irresponsabilité et la passivité des autorités locales sont autant d’éléments qui ont fait
de l’Algérie un des pays les plus sales au monde.

La faute au citoyen

L’Algérien manque de civisme. Il est très sale. Il nettoie sa maison, mais jamais son environnement. Il ne respecte pas les horaires de ramassage des ordures. Voilà un échantillon des accusations que les responsables locaux lancent lorsqu’ils veulent se laver les mains
de la situation d’insalubrité catastrophique en milieux urbain et rural.
Il est vrai que ces accusations ne sont pas sans fondement, mais elles demeurent tout de même exagérées dans le sens où ces mêmes autorités se caressent
dans le sens du poil et omettent leur part de responsabilité.
En l’absence de rigueur et avec la dominance du laisser-aller, le citoyen oublie toute notion du civisme. La preuve : sous d’autres cieux, l’Algérien devient un exemple, un citoyen modèle ; de retour au bled, il renoue avec ses anciennes habitudes. Il jette ses ordures par les fenêtres et les balcons, ou dans la nature même s’il est à quelques pas d’une benne à ordures, crache dans la rue...
«Le cadre de vie général en Algérie et l’absence de sanctions font que les émigrés, ou ceux qui se plient aux règles de vie en Europe ou dans d’autres pays, se laissent aller», justifie Omar, ingénieur en informatique résidant au Canada depuis 15 ans. Il ajoute : «Personnellement lorsque je suis en vacances ici, en Algérie, je me retiens difficilement de faire comme les autres.
Malheureusement, la saleté est devenue un esprit général dans une impunité totale.» Pis encore, l’Algérien, soucieux d’avoir une belle maison et de suivre les nouvelles tendances
de la décoration, ne se lasse pas des travaux de réfection.
Cette idée aurait été appréciable si ce même citoyen ne jetait pas ses gravats à l’entrée de l’immeuble, dans la rue ou carrément dans la nature. «Je ne sais pas où jeter mes gravats. Il n’existe aucune décharge pour les gravats et les éléments de l’APC ne les ramassent pas», explique Abdelkader,
résidant à la cité 1024 Logements à Blida, surpris en train
de vider sa camionnette remplie de gravats au bord de l’oued.

Sacré sac en plastique

Digne d’une véritable décharge à ciel ouvert, le facteur vent aidant, le déchet le plus rencontré en Algérie est le sachet en plastique. Au moindre souffle, il s’envole, parcourt des kilomètres et atterrit là où le hasard le désire. Le sac en plastique est ancré dans la culture locale ; un Algérien en utiliserait quelque 200 par an. La consommation globale de l’Algérie est estimée à 7,7 milliards d’unités par an. Un attachement persistant malgré les sonnettes d’alarme tirées partout dans le monde quant à la dangerosité de ce type d’emballage
sur la santé publique et surtout sur l’environnement.
Pour le citoyen, la raison de cet attachement au sachet en plastique est sa gratuité et sa discrétion. Pour l’Etat, c’est une autre affaire. Toutes les tentatives de l’éradiquer du marché
se sont avérées vaines. Le sac en plastique tient bon.
A l’époque où Cherif Rahmani était ministre de l’Environnement, seul le sachet noir
était interdit laissant libre court à l’utilisation d’une palette
d’autres couleurs dont la nocivité est identique.
Malgré la détermination des différents responsables du secteur de l’environnement à déclarer la guerre au sachet en plastique, aucun résultat sur le terrain.
Même celui de couleur noire est revenu en force dans les commerces.
Quelle est la solution ? Les défenseurs de la cause environnementale préconisent l’introduction progressive du sac en papier ou du carton, à défaut d’avoir des sachets en plastique biodégradable, et aussi d’investir dans la sensibilisation. Pour le premier volet, tous les responsables qui se sont succédé au ministère de l’Environnement
ont baissé les bras avant de commencer.
Pour eux, cette solution nécessiterait beaucoup d’efforts et surtout d’argent et d’entreprises chargées de la confection de ces nouveaux emballages. Pour le deuxième volet, ces militants, à leur tête Kamal Chahrit, ont lancé en 2013, à l’occasion de la tenue du Salon international du livre, une pétition intitulée «Stop au sachet en plastique» dans l’espoir de sensibiliser l’opinion publique et surtout les autorités. Bien que signée par un nombre important de visiteurs et de personnes qui influent sur l’opinion publique, cette pétition a été mise
aux oubliettes et n’a pas eu l’écho escompté.

Au secours... la Corée du Sud

Parmi les excuses que donnent les responsables locaux en matière de gestion des déchets, l’insuffisance de moyens par rapport aux quantités importantes de détritus et aux horaires anarchiques de sortie des poubelles. Ils disent souvent avoir hérité d’une situation calamiteuse et dégagent toute responsabilité quant aux mandats précédents.
Dans une initiative pour remédier à ce problème, le wali d’Alger avait lancé une vaste opération d’acquisition d’un nouveau matériel sophistiqué et moderne pour le nettoiement et le ramassage des ordures. Quelques mois après, il en a annoncé officiellement l’échec. Devant un tel état de fait et reconnaissant son incapacité,
l’Etat fait appel à la compétence sud-coréenne.
Ce pays qui a réussi à trouver une solution à ses déchets il y a près d’un demi-siècle et qui a déjà mis son savoir-faire à la disposition des autorités algériennes, notamment dans l’aménagement de l’oued El Harrach,
a répondu positivement au SOS algérien.
Comme un «bon recruteur», l’Etat a choisi deux villes-pilotes pour mettre les capacités des Sud-Coréens à l’épreuve. Il s’agit de Blida et Bordj Bou Arréridj. Pour ces deux villes, un master plan a été élaboré ainsi que deux schémas directeurs. Le directeur général de l’Agence nationale des déchets (AND), Mohamed Ouamane, a reconnu que beaucoup reste à faire dans ce domaine et que cette opération nécessite un travail de longue haleine.
Entre-temps, l’AND s’est lancée dans une campagne pour encourager le recyclage des déchets.
Une bourse des déchets a été mise en ligne à cet effet.
Il s’agit d’une plateforme internet destinée à faciliter la mise en relation entre les détenteurs de déchets et les valorisateurs. A travers cette plateforme, il est possible de passer des annonces d’offres et de demandes de déchets à valoriser. Le tout supervisé par l’AND. La deuxième campagne
vise à impliquer l’administration dans le tri
et la récupération des déchets, notamment le papier.

Le citoyen prend le balai

En attendant que tout cela aboutisse et donne des résultats positifs, le citoyen, accusé d’incivisme, a décidé de prendre les choses en main. A l’appel d’un groupe de citoyens qui n’appartiennent à aucun mouvement associatif, lancé sur facebook, une mégacampagne de nettoyage a été organisée à travers plusieurs wilayas du pays. Avec des moyens basiques — des sacs poubelles, des balais, des seaux, du liquide moussant
et de l’eau — plusieurs quartiers ont respiré la propreté.
Sous le slogan «Ramène tes voisins et nettoie ton quartier», ces citoyens refusent de designer un porte-parole. Contactés, ils disent n’être que des citoyens algériens de tous les âges qui se sont regroupés ; leur but est de contribuer réellement et efficacement à l’amélioration de leur cadre de vie. Ils disent avoir été surpris de l’écho positif qu’a eu leur campagne, au point où même des vieilles dames ont répondu présent à cet appel.
«La fièvre de la propreté lancée via notre campagne s’est propagée même dans les pays voisins, entre autres la Tunisie. Des Tunisiennes nous ont envoyé des photos prises avant et après nettoyage de leur quartier», disent-ils fièrement. Aujourd’hui, ce groupe de citoyens veut s’attaquer aux anciennes portes d’immeubles
et leur redonner leur lustre d’antan.
Cette initiative citoyenne, visant à faire une révolution contre les ordures, n’est pas une première. Elle a été précédée, il y a quelques années, par une campagne similaire qui visait à nettoyer les plages. Depuis, l’opération «Les éboueurs de la mer» fait le buzz à chaque début de saison estivale. En attendant que les autorités prennent le relais, le citoyen a pris le balai.

Asma Bersali

haddadou
23/11/2015, 10h03
bonsoir
notre pays croule sous les ordures,partout dans les rues .à cause du non-respect de la nature et de l'humain

zadhand
28/10/2016, 18h14
Entreprise publique Cleanski de Skikda
Neuf tonnes de plastique recyclées

L’entreprise publique de wilaya de gestion des déchets et des centres
techniques d’enfouissement de Skikda (Cleanski) vient d’entamer
un grand programme de recyclage des déchets, consacré dans un
premier temps au plastique.


http://www.elwatan.com/images/2016/10/25/sans-titre-1_2619768_465x348p.jpg (http://www.elwatan.com/images/2016/10/25/sans-titre-1_2619768.jpg)



En effet, il y a quelques jours seulement, l’entreprise a réussi à collecter,
trier et compacter 09 tonnes de matières plastiques. «Il nous a fallu deux semi-remorques pour charger ces matières compactées destinées à un sous
-traitant privé avec lequel notre entreprise avait signé une convention
auparavant.C’est une opération menée de bout en bout par les agents de
notre entreprise et elle ne fera que nous encourager à persévérer dans cette
vision du recyclage qui constitue l’un des fondements de Cleanski»,
expliquera Mme Tamouza, directrice de cette entreprise publique. En marge
de cette opération, l’entreprise, qui reste très présente en matière de gestion
des déchets ménagers d’une partie de la ville de Skikda, a réussi, ces dernières années à étendre son champ d’action à d’autres volets proches de ses missions. L’exemple le plus important reste la grande opération d’éradication des
décharges sauvages qui existent au niveau du territoire de la wilaya.En étroite collaboration avec la direction de l’environnement, Cleanski a énormément contribué à mettre fin aux nuisances de la décharge sauvage de Dem-El-Bagrat,
non loin de Ben-Azzouz. «C’était l’une des plus grandes décharges sauvages
au niveau de la wilaya de Skikda. Elle a de tout temps constitué un point noir,
où plusieurs communes et mêmes des particuliers venaient déposer leurs déchets hétéroclites. On a mis tout un mois pour venir à bout de cette décharge. Il nous
a fallu creuser une grande fosse, non loin des lieux qu’on a d’abord rendus
étanches avant d’y déposer les déchets qui jonchaient une grande parcelle du
terrain. Une fois couvert de terre, cet espace retrouvera ses verdures d’antan», précise la directrice de Cleanski.


Khider Ouahab

Lako
05/12/2016, 09h45
Des procédés mis au point par nos chercheurs occultésUne implication plus active de l’université dans la lutte contre la pollution industrielle est ce à quoi ont appelé des spécialistes en médecine de l’environnement et éco-toxicologie présents à la conférence de presse, tenue il y a quelques jours au siège de la bibliothèque du Pacs (Annaba) sous le thème «Protection des eaux d’oueds contre les dangers des polluants industriels, solides et liquides».
Car, estiment-ils, le peu d’attention accordé aux travaux de recherche de physiciens, microbiologistes, chimistes ou métallurgistes algériens, dédiés à la problématique des polluants industriels, sont éclipsés par des décisions prises au gré de la conjoncture, les motivations et visées étant purement politico-mercantiles. Occultées par les nôtres, ces recherches se rapportant, entre autres, à l’industrie nucléaire, électronique, pharmaceutique, textile et agroalimentaire, là où les processus de fabrication requièrent l’utilisation de substances et produits chimiques hautement toxiques, on les retrouve dans de prestigieuses revues scientifiques internationales.
Mieux, «des procédés chimiques, mis au point par ces mêmes étudiants-chercheurs aux fins de réduire la rétention de matériaux lourds sur les sites industriels, le traitement des eaux renfermant des polluants radioactifs, l’élimination de colorants de synthèse en milieux aqueux sur une biomasse végétale, ornent les armoires des laboratoires de recherches des universités», soulignent, avec dépit, nombre de participants en marge de la conférence de presse de l’Anpep.
L’accent y a été particulièrement mis sur les rejets massifs le long des côtes nationales d’importantes quantités de bleu de méthylène, ce colorant abondamment utilisé par l’industrie textile. Les risques avérés sur la santé des populations vivant en zones limitrophes ainsi que sur la nature sont de fait extrêmes, ont mis en garde les intervenants. D’autant que, étayeront-ils, «la faible biodégradabilité de ces colorants complique le traitement biologique de ces rejets». M Halimi, le président de l’Anpep, a, par ailleurs, tenu à sensibiliser, dans une déclaration à El Watan Economie, les autorités nationales sur l’importance de l’étude, menée il y a quelques années, par des étudiants de l’université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès.
Elle avait pour finalité la recherche d’une solution durable et adaptée aux déchets industriels électroniques. Surtout qu’expertisés, des échantillons de sol prélevés à même les décharges, utilisées par l’ENIE de la ville éponyme, ayant fait ressortir la contamination par des métaux lourds (ML), dont une forte teneur en cuivre (89mg/kg). Non dégradables et potentiellement toxiques, les ML sont considérés comme des polluants à risques majeurs incontestables pour l’homme, avaient, à l’époque, prévenu les auteurs de ladite étude. 

Naima Benouaret

Lako
05/12/2016, 09h46
Dr Mohamed Tahar Aïssani . Spécialiste en anatomopathologie et médecine de l’environnement«Il y a un manque de rigueur dans l’application des textes règlementaires»Les rejets industriels, l’amiante, les huiles Askarel ou PCB, les produits phytosanitaires, les insecticides font des ravages, et ce, dans l’indifférence la plus totale. Des données précises à même d’illustrer la gravité de la situation en Algérie ?
Le manque de chiffres fiables en termes de tableau de bord et de registre du cancer rend difficile la réplique, mais c’est une question qui nous autorise à dire que les dérivés du pétrole, les huiles de vidange, les piles, les condensateurs, les huiles Askarel, les émanations du parc auto et des unités de production et de raffinage en font partie.
D’autre part, l’amiante est classé par le Centre international de recherche (CIRC) dans la catégorie des substances cancérigènes dont l’inhalation des fibres libérées par ce matériau provoque des pathologies irréversibles, invalidantes et même mortelles au même titre que les effets des rayons électromagnétiques. Tous ces produits et agents sont responsables de divers types de cancers, de leucémies, de malformations, d’avortements, d’infertilité, d’irritabilité, d’insomnies, de migraines, etc. Les chiffres comptent peu devant l’ampleur de la pollution, car en réalité la maladie environnementale est une pathologie transgénérationnelle, où les chiffres sont biaisés.

Vers la fin octobre 2012, l’Anpep avait dressé un bilan des plus inquiétants. Nous sommes fin 2016, autrement dit quatre années ont passé depuis. Est-ce que ces chiffres sont toujours d’actualité ? Qu’a-t-on fait depuis ?
Oui, pire encore, on assiste à une progression du phénomène de la pollution en raison du manque de rigueur dans l’application des textes règlementaires… L’Etat algérien a pris conscience de la problématique de l’environnement sur tous les plans, notamment le cadre institutionnel où il reste, tout de même, des imperfections telles que l’implication directe du citoyen algérien, des institutions (école-université-santé-mosquée), la coordination entre les différents acteurs, plus particulièrement au niveau de la base, également l’intégration des BHC (Bureaux d’hygiène communaux) en tant que structures pilotes dans la préservation de l’environnement et en tant qu’acteurs dynamiques dans le projet ville-santé.

L’Algérie se prépare à adhérer à l’OMC, ce qui suppose, entre autres, l’alignement ou la conformité aux tatillonnes règles et normes environnementales et sécurité alimentaire comme celles définies par le Codex Alimentarius. D’après vous, notre pays qui est visiblement l’un des pays les plus défaillants dans tout ce qui se rapporte à la question environnementale, ne risque-t-il pas de se retrouver empêtré dans d’insurmontables différends commerciaux avec les lourdes retombées financières que cela suppose ?
Je dois d’abord préciser que notre pays n’est pas le plus défaillant dans ce volet environnemental. L’Algérie vient juste de ratifier l’accord historique pour la lutte contre le réchauffement climatique signé et adopté à Paris par 175 pays (nous nous en réjouissons). Son entrée en vigueur est d’ailleurs prévue d’ici la fin de l’année 2016, après la rencontre d’évaluation, la Cop22, qui s’est déroulée au mois de novembre à Marrakech. Je vous rappelle que l’Algérie à travers sa contribution à la Cop21 a officialisé son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 7% à l’horizon 2030, en utilisant des moyens nationaux.
Toutefois, cette réduction des GES pourrait atteindre 22%, pour peu que l’Algérie reçoive le soutien international nécessaire. La réalisation de cet objectif reste donc subordonnée à l’appui en matière de financements extérieurs, de transfert technologique et de renforcement des capacités. La contribution de l’Algérie couvre les trois gaz les plus importants en termes d’émission : le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N20). Pour atteindre les objectifs d’atténuation, l’Algérie mise sur une stratégie cohérente qui s’étale du 2020 à 2030, ciblant particulièrement les secteurs de l’énergie, des forêts, de l’habitat, des transports, de l’industrie et des déchets.

Pour renflouer les caisses des collectivités locales après la chute des cours pétroliers, les pouvoirs publics ont, entre autres, opté pour la fiscalité écologique, autrement dit l’application du principe pollueur-payeur, y compris à l’encontre du simple citoyen. Pensez-vous que cela peut servir à quelque chose, car comme vous le savez ce principe n’a jamais été réellement appliqué ?
Vous faites allusion à la loi n°03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable est claire, notamment pour le principe de précaution : le principe du pollueur-payeur stipule suivant l’article 100 : «Le fait de jeter, déverser ou laisser couler dans les eaux superficielles ou souterraines ou les eaux de la mer dans la limite des eaux sous juridiction algérienne, directement ou indirectement, une ou des substances quelconques dont l’action ou les réactions entraînent, même provisoirement, des effets nuisibles sur la santé de l’homme ou des dommages à la flore ou à la faune «…» est puni de deux (02) ans d’emprisonnement et de cinq cent mille dinars (500 000) d’amende. «…».
Le tribunal peut également imposer au condamné de procéder à la restauration du milieu aquatique. «…». Art 102 : «Le fait d’exploiter une installation sans l’autorisation requise à l’article 19 (qui peut présenter des dangers pour la santé, l’hygiène, la sécurité, l’agriculture, les écosystèmes, les ressources naturelles, etc), est puni d’un (01) an d’emprisonnement et de cinq cent mille dinars (500 000) d’amende. «…». Le tribunal peut exiger la remise en état des lieux dans un délai qu’il détermine. C’est une loi qui est impeccable, promulguée il y a plus de 13 ans.
Elle a été appliquée d’une manière incomplète. Elle doit être appliquée dans toute sa rigueur (comme toutes les autres lois de la République d’ailleurs), elle a pris le temps qu’il faut pour des raisons purement économiques. Et, sans verser dans la polémique, nous souhaitons la voir appliquée sur l’ensemble du territoire national et à tous les contrevenants. Entre nous, et pour revenir à votre question, je ne pense pas que cette taxe va régler notre problème économique. Le fondamental, c’est d’aller travailler et d’opter pour une économie verte réelle et durable.

Naima Benouaret

Lako
05/12/2016, 09h47
D’énormes quantités de Cyanure, Amiante, Métaux Lourds… dans la natureLes effets sournois des polluants industrielsEncore plus que par le passé, la problématique et les enjeux de la lutte et la prévention de la pollution industrielle, sous toutes ses formes, manifestes ou perverses, est sérieuse, revêtant un caractère à la fois sociétal, économique et politique.
La situation est des plus inquiétantes, et c’est le cas de le dire si l’on se fie au sinistre état des lieux récemment dévoilé, lors d’une conférence de presse, par des chercheurs de l’Association nationale pour la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP).
Les récurrents scandales des polluants industriels solides et liquides, tous connus pour causer de graves dommages à l’homme, à l’animal et aux végétaux, largués en toute impunité, à même des oueds de l’Est du pays ; Oueds Seybouse (Annaba), El Kebir (Skikda), Mencha et Djen Djen (Jijel) d’où s’alimentent des humains, s’abreuvent des bovins et ovins et sont irriguées des milliers d’hectares de terres agricoles, ont, une fois encore, poussé les écologistes de l’Anpep à tirer la sonnette d’alarme. Car, à les en croire, la menace sur la santé publique est bien réelle et il serait déraisonnable voire périlleux de la sous-estimer.
En témoignent les nouveaux chiffres dévoilés, lors de la conférence, qui en disent long sur ce que font subir nombre de nos industriels à l’environnement et les risques auxquels ils exposent leurs concitoyens. En effet, pas moins de 1 700 300 tonnes de déchets solides, 167 millions m3 d’huiles usagées dont 7 millions d’askarel, 800 millions m3 d’eaux usées - seulement 60% traités, auxquels s’ajoutent environ 280 millions m3 d’eaux chargées de métaux lourds sont annuellement déversées dans les oueds, cours et plans d’eau à l’échelle nationale.
Et pourtant, les effets des polluants industriels sur l’homme, plus d’une expertise scientifique les ont établis.
Celle que les conférenciers ont tenu à rappeler est l’œuvre de l’ONG Blacksmith Institute en partenariat avec la Croix verte internationale et elle est édifiante. Se basant sur l’un des indicateurs les plus répandus à l’OMS, à savoir (DALY) - Disability - adjusted life years -, Années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI), qui consiste «à mesurer les années de vie en parfaite santé perdues du fait de l’exposition aux polluants industriels», les auteurs de l’étude sur les pires problèmes induits par la pollution dans le monde ont fait ressortir que 17 millions d’AVCI sont attribuées aux polluants industriels.
Un impact comparable avec celui des maladies les plus dangereuses au monde, en l’occurrence le paludisme (14 millions d’AVCI), la tuberculose (25 millions) et le sida (29 millions). Pis, à leurs yeux, ces chiffres sont loin de refléter la réalité «dans la mesure où la plupart des effets sur la santé connus ou présumés sont impossibles à quantifier faute de données démographiques et de capacités d’échantillonnage suffisantes dans de nombreux pays ou encore d’accès aux sites pollués», soulignent les mêmes experts.
Pollution à grande échelle
Autant dire qu’en l’absence de bilans exhaustifs et d’AVCI qui nous sont propres, l’Algérien ignore toujours les méfaits de la pollution industrielle sur sa santé, à l’exception des déchets gazeux toxiques émis par les usines de produits chimiques, comme les fertilisants et les cimenteries, auxquels est imputable la progression, à hauteur de 18,4%, du taux des maladies respiratoires chroniques dont et surtout l’asthme, a prévenu Ali Halimi, le président de l’Anpep. Autres polluants, autres risques : pas moins de 2 380 472 tonnes de pesticides périmés sont disséminés à travers 500 lieux dans 44 wilayas ; 40% des entrepôts se trouvent à l’ouest et au sud-ouest du pays et 38,2% sont dans un très mauvais état de stockage, a-t-on prévenu. Plus grave encore : devenus encombrants, plus de 850 tonnes de déchets toxiques, essentiellement composés de cyanure, issus d’une usine de montage de tracteurs, basée à Constantine, reposent, en toute quiétude, depuis près d’un lustre, dans le Centre d’enfouissement technique (CET) de Souk Ahras (El watan jeudi 20 octobre).
Et pas que : les déchets hospitaliers, cet épineux dossier que l’on persiste à gérer avec une légèreté déconcertante. L’Anpep parle d’un volume annuel estimé à 124 611 t dont 66 503 t de déchets ordinaires, 21 900 t de déchets contagieux, 29 200 t de déchets toxiques et 7008 t de déchets spéciaux qui finissent, en grande partie, dans les décharges publiques, contrôlées ou sauvages, que fréquentent des milliers d’animaux, les vaches en particulier. Et c’est là où sont également évacuées entre 20 000 à 30 000 t/an de produits alimentaires périmés. Récupérés, ils sont remis à la consommation par les milliers de personnes qui vivent de ces décharges, notamment les conserves de tomate, de confiture, de sardines, chocolat, fromage, etc., déplorent les scientifiques de l’Anpep. Selon les données de l’OMS, «les pollutions environnementales contribuent à hauteur de 19% de l’incidence du cancer dans le monde et sont responsables de 1,3 million de décès chaque année».

Naima Benouaret

Lako
05/12/2016, 09h48
Karim Ouamane . Directeur de l’Agence Nationale des Déchets«Tous les déchets sont potentiellement valorisables»http://www.elwatan.com/images/2016/12/04/sans-titre-1_2620976_465x348.jpg
Peut-on avoir une idée sur le potentiel en matière de valorisation des déchets dont nous disposons sachant qu’actuellement seulement 10% des déchets sont recyclés ? Selon des chiffres officiels, seulement 10% de nos déchets sont recyclés. Dans quels segments des déchets solides a-t-on le plus de potentiel valorisable et recyclable ?
Les déchets, qu’ils soient issus des ménages ou du secteur des activités constituent un mélange de matières premières à séparer après usage. Si on parle de déchets ménagers, il faut savoir que l’Algérien génère pas moins de 300 kg par an de résidus dont 30,63%, soit 95 kg par an, sous forme d’emballages tous matériaux confondus et un peu plus de 54% de matière putrescible, soit 169 kg par an, potentiellement valorisables sous forme d’amendement pour les terres agricoles.
Ces ratios rapportés au nombre d’habitants à l’échelle nationale constituent une valeur marchande de 38 milliards de dinars par an. Si on considère les 300 00 tonnes de déchets spéciaux générés chaque année en Algérie, leur valorisation constitue une valeur marchande de plus de 3 milliards de dinars. Ceci nous amène à dire que tous les déchets sont potentiellement valorisables quelles que soient leur origine et leur nature.

Les centres d’enfouissement technique ont remplacé les décharges, mais des décharges sauvages pullulent ici et là. Comment concrétiser une bonne politique de valorisation dans ces conditions ?
Les Centres d’enfouissement technique ou CET ne constituent qu’un maillon de toute la chaîne de gestion des déchets ; d’ailleurs, c’est l’infrastructure qui se trouve en bout de chaîne. Le CET n’est le réceptacle que des déchets dont le recyclage n’est pas viable techniquement et économiquement et qu’on appelle communément déchets ultimes. Initialement, les CET ont été réalisés pour éradiquer la pratique de mise en décharge sauvage. Malgré la persistance d’un certain nombre de points noirs, cette pratique est largement jugulée.
Ceci dit, M. le ministre des Ressources en eau et de l’Environnement s’attelle, dans le cadre d’une nouvelle dynamique, à faire des CET des centres de ressources à la place de lieux d’enfouissement tout court. Cette dynamique s’appuie également sur l’aspect économique du déchet qui était considéré uniquement sur son aspect environnemental vu le contexte qui prévalait. Le processus est mis en branle et les principaux leitmotivs sont le tri, la planification de la collecte, la valorisation, le partenariat…
Les entreprises de recyclage se plaignent souvent d’obstacles en matière de collecte des déchets (ceux des entreprises publiques soumis aux enchères, ceux des privés durement négociés, une grande partie circule dans l’informel). Qu’est-ce qui est entrepris pour résoudre cette situation ?
Les matières première issues des déchets, ou matières premières secondaires, constituent un intrant de substitution à la matière première vierge pour les process de transformation et ou de fabrication. Au même titre que les matières premières vierges, l’approvisionnement en matières premières secondaires obéit aux règles du marché.
Donc, les investisseurs, dans leur étude de marché, doivent considérer cet aspect. Néanmoins, et dans le cadre de la prise en charge du déchet dans sa globalité, un certain nombre de mécanismes de facilitation sont à considérer afin de motiver l’investissement en la matière.
La prise en charge doit se faire par filière, car les différents générateurs doivent déclarer régulièrement leurs flux de déchets et participer à la gestion de ces derniers.
Quant au secteur informel, il constitue un acteur comme d’autres. Il suffit juste d’imaginer les mécanismes adéquats pour les motiver à s’inscrire dans le cadre des filières formelles.

Safia Berkouk

Lako
05/12/2016, 10h14
Alors que les villes sont envahies par les décharges sauvagesDes tonnes de déchets en attente de recyclageAvec à peine 10% de taux de recyclage, l’Algérie ne figure pas sur la liste des nations qui valorisent le plus leurs déchets dont le volume est pourtant en augmentation avec la croissance démographique et celle de la consommation.
On estime à près de 23 millions de tonnes la quantité de déchets solides générée annuellement en Algérie, dont plus de la moitié est constituée de déchets ménagers et assimilés (DMA) - entreprises, hôpitaux, écoles, collectivités, etc. - représentant la part la plus importante des déchets solides générés en Algérie, soit autour de 11 millions de tonnes par an en 2014. Un Algérien génère en moyenne près de 1 kg de DMA par jour.
La quantité de ces déchets augmente annuellement de 3%, selon les chiffres de l’Agence nationale des déchets (AND). Une étude allemande (GIZ) a estimé à plus de 2,5 millions la quantité annuelle des déchets industriels. Les déchets ne manquent pas, mais c’est le sort qui leur est réservé qui pose problème. Près de la moitié des déchets ménagers et assimilés sont déversés dans des décharges .
La mise en décharge est considérée comme une pratique moins coûteuse par rapport à l’incinération ou le compostage, explique-t-on à l’AND. En 2002, le gouvernement avait adopté le programme national de gestion des déchets municipaux qui prévoyait notamment la mise en place d’un système de tri sélectif et l’éradication des décharges sauvages.
On ne peut pas dire que depuis le résultat soit spectaculaire. Le tri sélectif reste assez confiné et les décharges sauvages pullulent un peu partout, à l’intérieur même des villes. Faute de moyens financiers, les communes et les entreprises en charge de la collecte sont dépassées. Dans ces conditions, quelle place pour le recyclage, sachant que les déchets sont collectés sans être triés, autrement dit difficile à recycler ?
Pour Brahim Djemaci, expert en économie de l’environnement, «afin que le recyclage et la valorisation des déchets se développent en Algérie, il nous faut tout d’abord établir une liste des déchets recyclables et valorisables : pour les déchets municipaux, on trouve le plastique, le verre, le carton, etc. ; pour les déchets électroménagers (tous les appareils récupérés ou réutilisés), les voitures en fin de vie…». Seulement, pour les valoriser, il faut aussi pouvoir les collecter et les mettre à la disposition d’une industrie de recyclage, ce qui est loin d’être facile.
Certains ont quand même tenté l’expérience à travers des micro-entreprises. «Nous avons un gros problème de récupération», témoigne Saïd, propriétaire d’une entreprise de récupération et de recyclage de plastiques et de métaux. Quand il s’agit d’entreprises publiques, «il faut passer par les enchères et là, tout le monde peut se mêler même ceux dont ce n’est pas le métier, mais les déchets de valeur comme le fer et le cuivre sont réservés à une minorité.» «Si tu connais le commissaire priseur, c’est bon.
Sinon, il ne faut pas trop espérer», témoigne Abderraouf, qui gère une petite entreprise de recyclage de plastique depuis une dizaine d’années pas loin d’Oran. Le plastique est le deuxième déchet le plus généré par notre mode de consommation et celui dont le volume a le plus augmenté ces dernières années. Sa part dans la structure des Déchets ménagers et assimilés (DMA) a augmenté d’un tiers entre 2010 et 2014 .
INFORMEL
L’une des solutions, c’est de se diriger vers l’informel. «Il y a des parcs clandestins qui sont improvisés ici et là et nous y allons pour acheter ce qui peut nous intéresser. On y trouve de tout. Du plastique, du verre, des métaux, du bois, etc.», nous dit notre interlocuteur.
Selon Brahim Djemaci, «il y a une concurrence faite par le secteur informel des récupérateurs des déchets qui est bien structuré». Certaines études ont montré que l’informel intervient à tous les nivaux ; la pré-collecte au moment de l’enlèvement des ordures (par les éboueurs), à travers des collecteurs-trieurs au niveau des décharges sauvages, des récupérateurs ambulants (dans les quartiers) et des récupérateurs intermédiaires qui jouent le rôle de revendeur pour les industries ou les exportateurs. On a estimé en 2009 que plus de 1000 personnes activaient dans la décharge de Oued Smar, dont près de 60% sont âgés entre 10 et 18 ans (Impact social et environnemental du secteur informel des déchets solides, B. Djemaci, M. Kertous, S. Zerzour).
Dans la désorganisation, c’est donc un pan entier du processus de collecte et de tri qui se fait dans le circuit parallèle. Pour Brahim Djemaci, l’urgence réside dans «la collecte et la précollecte des déchets avant le traitement et le recyclage», estime Brahim Djemaci. Il faut maîtriser la collecte des déchets «par des opérateurs spécialisés. Les communes qui assurent cette tâche sont loin de la professionnalisation de ce secteur. Il faut généraliser les EPIC comme le cas de Net-Com dans tous les wilayas».
Ensuite, la précollecte «nécessite la mise en place des bacs selon les caractéristiques de chaque commune ou de chaque quartier. La politique des bacs en plastique n’est pas efficace vu la composition des déchets avec plus de 70% de matière organique, ce qui engendre des lixiviats autour de ces bacs», estime-t-il. Mais quand on trouve la marchandise, se pose ensuite le problème de son prix qui n’a aucune base logique et est fixé d’une manière aléatoire. Par exemple, on peut compter 3 dinars le kg pour le carton et entre 18 et 25 dinars pour le plastique.
Mais aucun de nos interlocuteurs n’est en mesure de nous donner un chiffre précis. «Le marché n’est pas organisé. Les prix changent. Cela dépend parfois du vendeur, parfois de l’acheteur.
Dans le plastique, c’est saturé», explique Djamel, également recycleur de plastique dans la région de Constantine. «Les entreprises privées vous vendent leurs déchets à un prix que vous ne pouvez pas vous permettre. On dirait presque qu’elles vous font une faveur.
Malheureusement, on n’a pas le choix», regrette Abderraouf. Là encore, la solution vient de l’informel où les prix sont sensiblement différents. «Si vous payez le kg à 120 dinars chez l’industriel privé, vous pouvez l’avoir entre 40 et 70 dinars dans l’informel», nous explique-t-il Mais si les déchets existent, on ne peut pas en dire autant des entreprises désireuses de les valoriser. Ceux qui s’y sont hasardés parlent d’un investissement difficile avec beaucoup d’obstacles sur le chemin. «Simplement pour organiser la logistique autour de la récupération, c’est problématique», explique Saïd.
Obstacles
Beaucoup d’entreprises travaillent dans l’informel sans registre de commerce, d’autres occupent des locaux de fortune. «Il faut avoir un gros capital et un gros local pour pouvoir faire du volume. Nous employons à peine 5 à 6 travailleurs car nous avons une petite capacité, un petit local, mais il y en a d’autres qui ont la capacité d’avoir 30 à 40 ouvriers», abonde dans le même sens Abderraouf.
Globalement, on estime que les investissements dans le recyclage restent faibles. L’AND a recensé en 2015 à peine 88 micro-entreprises spécialisées dans la valorisation des déchets dont 60 seulement opérationnelles. «Le nombre d’entreprises ne peut pas faire face au volume et au type des déchets recyclable», souligne Brahim Djemaci. «Ce sont de petites et moyennes entreprises en général, des entreprises créées dans le cadre de l’Ansej.
La logique des entreprises est qu’elle cherchent à maximiser le profit en minimisant les coûts et comme le volume des déchets recyclable reste assez grand pour réaliser cet objectif, les investisseurs ne s’intéressent pas sachant que ce secteur demande une technologie très développée et qui réponde à certaines normes environnementales», dit-il. «La majorité des entreprises ont une capacité de traitement de deux tonnes par jour, ce qui est peu», croit savoir Djamel.
Dans son entreprise, il collecte le plastique sale qui ensuite sera broyé et traité pour être vendu sous forme de granulés, mais ce n’est pas toujours évident. «Parfois, nous avons des problèmes pour l’acquisition des machines. Une machine peut coûter 6 millions de dinars. Une chaîne complète (broyeur, déchiqueteur, séchoir...) peut aller jusqu’à 10 millions de dinars.»
Réticences
L’autre facteur de réticence est «l’absence des circuits claire de récupération par matière. Qui doit faire la collecte sélective ? Qui assure la transformation des matières collectées ? Quel mode de financement dois être mis en place pour assurer la gestion de la collecte sélective ?» s’interroge Brahim Djemaci.
Par ailleurs, «le prix de la matière première vierge (non recyclée) peut être importé au moindre coût par rapport aux prix des matières recyclé (généralement avec qualité inférieure)», fait-il remarquer. Pourtant, certains reconnaissent que la concurrence dans le domaine a sensiblement augmenté ces dernières années. Abderraouf se souvient qu’au démarrage de son activité, il était seul dans une petite ville à la périphérie d’Oran.
Aujourd’hui, ils sont 33. Son chiffre d’affaires en a pâti puisqu’il a été divisé par quatre en quelques années. «On arrive tout juste à nous en sortir. Avant, nous faisions 400 millions de centimes de chiffres d’affaires. Aujourd’hui, on est à 20 millions de centimes par mois», déplore-t-il, ne cachant pas son intention de changer d’activité. Un importateur d’équipements et de machines de recyclage confie que le marché se porte tellement bien qu’il a vu la demande sur ses produits exploser. Selon lui, «plus de 250 000 demandes sur ce type de matériels et équipements seraient enregistrés au niveau de la CNAC et de l’Ansej».
Un chiffre que nous n’avons pas été en mesure de confirmer. «Enfin, quand le recyclage est difficile, on fait des prestations pour d’autres entreprises.» La société de Saïd, par exemple, fait de l’enlèvement, le traitement et le transport de déchets industriels solides et liquides auprès des entreprises industrielles.
«On se débrouille comme on peut.» Même si les choses avancent lentement sur le terrain, le ministère de l’Environnement s’était fixé il y a deux ans un taux de recyclage de 40% en 2016. Un programme d’action a été mis en place pour optimiser la gestion des déchets et comprend la réalisation de 146 décharges contrôlées, 126 CET de classe II, 54 de classe III, 32 déchetteries et 29 centres de tri. Pour Brahim Djemaci, «si on fixe des objectifs pour 2020 ou 2025 à 20% du gisement, nous réaliserons des économies très importantes.»

Chiffres-clés56 >> milliards DA : les gains annuels que pourraient générer le tri et la valorisation des déchets.
44 >> le nombre d’installations de traitement de DMA dont 26 déchetteries et 18 centres de tri.

0,8 kg >> la quantité de DMA générée quotidiennement par un habitant dans une zone urbaine contre 0,5 kg/j/habitant en zone rurale.
67% >> le taux de couverture de la collecte de DMA en zone rurale contre 87% en zone urbaine.

Safia Berkouk