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zadhand
17/05/2015, 19h59
ECOLE ALGÉRIENNE


17 MAI 2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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Les enseignants brisent le silence
L’école livrée aux petits gangs


La violence dans les établissements scolaires prend des formes de plus en plus agressives et dangereuses. Les enseignants avouent leur désarroi et leur impuissance devant le phénomène et en appellent à une réaction appropriée des parents d’élèves et des autorités.


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Des petits truands sèment la panique dans nos écoles, s’alarme la communauté scolaire qui a du mal à assumer ce constat. Tabou ou indifférence, la violence déstabilise la scolarité de nos enfants. Les élèves et les enseignants qui subissent le diktat d’élèves violents et indisciplinés crient au secours. Les chefs des établissements scolaires ont du mal à relayer cet appel. Ce malaise vécu dans l’enceinte scolaire sera-t-il considéré encore longtemps comme étant des «cas isolés».
Il y a quelques jours, un lycéen a été assassiné par un camarade de classe à Bousfer (Oran) pour une tenue de sport. Des établissements scolaires sont également saccagés par des jeunes qui sont censés former l’élite de demain ! Dans le moyen et le secondaire, les actes de violence sont souvent dénoncés. Les enseignants ne mâchent pas leurs mots. «Nous avons de plus en plus d’élèves difficiles à maîtriser.
La situation est telle que même leurs parents n’y peuvent rien.» Comme Mme Zineb Belhamel, enseignante dans le secondaire, ils sont nombreux les enseignants qui ne savent plus comment s’y prendre avec des adolescents et des jeunes hommes (il y a même des élèves de 20 ans !) en constante «rébellion». La journée de l’enseignant se résume ainsi à essayer de faire cohabiter des enfants «sans aucun objectif», avec d’autres qui essayent de faire des efforts pour suivre les cours et obtenir de bons résultats.
Parmi les «misères» faites aux enseignants, Mme Belhamel raconte le cas d’un groupe d’élèves qui «viennent tous les jours en classe complètement bourrés (drogués) après avoir passé les trois quarts de leurs nuits dehors. Ils arrivent en classe et exigent de ne pas être dérangés dans leur sommeil». Cette enseignante a essayé toutes les méthodes de dialogue, en vain, et les démarches auprès de l’administration n’aboutissent pas à grand-chose. «Les élèves haussent la voix, menacent et n’hésitent pas à passer à tabac leurs camarades ou casser du matériel en cas de résistance des élèves ou de leurs enseignants», expliquent d’autres enseignants ayant eu à subir ce genre de comportement.
Si un enseignent tente de réagir en saisissant les responsables de l’administration, l’élève est, au mieux, traduit devant le conseil de discipline. A la fin de l’année, les élèves indisciplinés sont généralement exclus des établissements et repris par d’autres sur un simple coup de téléphone, et là, un enseignant est soulagé d’un fardeau et le martyre commence pour un autre dans un autre établissement. Les professeurs dénoncent à ce propos l’inertie des responsables des établissements scolaires «qui évitent à tout prix que la réputation de leur lycée soit entachée par un rapport accablant la discipline des élèves», dénoncent les éducateurs.
Selon une enseignante de littérature arabe au lycée Abdallah Ibn Abbès a Alger, «un élève ayant failli rendre aveugle sa camarade de classe et ayant brisé une fenêtre risque, au pire, d’être traîné devant le conseil de discipline. Les responsables du lycée estiment qu’il vaut mieux patienter. C’est presque la fin de l’année et de toutes les façons cet élève n’ira pas loin après la délivrance des résultats du dernier trimestre». A en croire les enseignants, la pression que font peser ces élèves violents est vécue exclusivement par les professeurs et les autres élèves qui veulent travailler. Certains se transforment en «petits monstres», formant ainsi de véritables gangs à l’intérieur des lycées. Les membres de ces gangs sont très solidaires et le montrent dès que l’un des leurs est inquiété par l’administration.
Les élèves assidus qui ne veulent pas entrer dans cette organisation deviennent ainsi les souffre-douleur de ces camarades violents. Certains résistent, mais d’autres craquent et abandonnent, nous explique-t-on également. «Un élève qui courtisait une camarade du lycée n’a pas hésité à faire appel à ses copains tous armés de couteaux pour effrayer la jeune fille. Cela s’est déroulé dans un établissement de la capitale», assure une enseignant qui relate également les déboires d’une jeune judokate qui a brisé le bras à plusieurs
de ses camarades… par plaisanterie.

1000 cas d’agressions

Après le décès du jeune lycéen à Oran et les cas de lycées saccagés, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a rendu publique une étude sur le phénomène. «55% des cas de violences physiques ou verbales sont enregistrés au sein-même des établissements, contre 45% dans l’espace immédiat des écoles», estiment les auteurs de cette étude.
74% des cas ont été enregistrés en milieu urbain, contre 26% en milieu rural. «Une tendance qui serait notamment liée à l’environnement social, à la situation démographique, ainsi qu’aux contextes économique et culturel dans lesquels évoluent ces élèves et professionnels de l’enseignement. Face à un tel constat, nul ne sera surpris d’apprendre qu’Alger et Oran détiennent le pourcentage le plus important de violences scolaires, avec 20% des cas enregistrés», note l’analyse du CLA, qui révèle qu’au total 1000 cas d’agressions verbales ou physiques ayant entraîné des blessures, voire même la mort,
ont été enregistrés entre septembre 2014 et mai 2015.
Selon cette étude, l’école publique se présente comme étant «dépréciée par les parents, contestée par les élèves, critiquée même par les enseignants, dénigrée par la société, mise sur la sellette par les médias». L’environnement immédiat du lycée est investi par les dealers, s’alarme le CLA, qui dénonce l’attitude des parents démissionnaires de leur rôle réclamant uniquement de bons résultats. Le syndicat note également que c’est
en période d’examen que la violence bat son plein.
La fraude est ainsi devenue le chemin le plus court vers la réussite. «Avec un programme chargé et face à des modes d’examen qui favorisent plutôt la mémorisation, et ce, dans une société qui ne récompense pas le mérite et les méritants, les élèves recourent à la triche.» Les enseignants et les surveillants
sont souvent victimes de leurs «prises».
A la fin des épreuves, ils se font agresser à la sortie des établissements par les élèves qu’ils ont dénoncés. L’école publique cesse alors non seulement d’exercer ses effets éducatifs, cognitifs, psychopédagogiques et civiques, mais elle renonce aussi à son rôle. Adieu l’égalité des chances : «La production, ou plutôt la reproduction de l’élite se fait en tout cas ailleurs»,
préviennent les auteurs de cette étude.



Fatima Arab

zadhand
13/11/2015, 15h20
ECOLE ALGÉRIENNE

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«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)


A LA UNE ACTUALITÉ_Violence à l’école
13 Novembre 2015


De nouvelles mesures annoncées

La commission mixte chargée d’établir des propositions pour lutter
contre la violence en milieu scolaire a finalisé son rapport.
Une séance d’évaluation du rapport est prévue demain à Alger
lors d’une journée d’étude qui sera organisée en présence de la ministre.

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En attendant, la ministre de l’Education a annoncé qu’il «tendait à sécuriser
les établissements éducatifs exposés à des agressions récurrentes et comptait ouvrir
prochainement le dossier de recrutement d’agents de sécurité en coordination
avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales».
Au Conseil de la nation, Nouria Benghebrit a affirmé que l’école a le devoir de protéger l’élève.
Le ministère s’emploie actuellement «à cibler les établissements
dont l’environnement immédiat assiste à des agressions répétées.
La liste de ces établissements sera transmise aux services de sécurité spécialisés pour y renforcer leurs patrouilles», explique la ministre. Il est aussi question d’ouvrir le dossier de recrutement d’agents de sécurité notamment dans les primaire et ce en coordination avec le ministère de l’Intérieur. Autre mesure la formation des fonctionnaires du secteur
dans le domaine de la médiation et de la gestion des conflits
ainsi que l’actualisation des textes régissant notamment les conseils de discipline.
De son côté, l’Organisation nationale des parents d’élève qui ont co-écrit le rapport en question conjointement avec les syndicats du secteur et le ministère de l’Education, propose de créer une cellule au collège et au lycée chargé de la vigilance, de la prévention et du contrôle, explique Mohamed Benchettarara de l’organisation. Elle est habilitée d’organiser des visites inopinées dans les établissements, les classes et même inspecter les cartables des élèves susceptibles d’être à l’origine des violences.
La cellule sera composée d’un chef de classe, un surveillant, un directeur, l’agent de sécurité et des membres de l’association des parents d’élèves. Cette cellule doit être en contacte avec les services de sécurités. Ces derniers doivent aussi, selon les propositions, organiser des patrouilles en civil. L’autre proposition est d’installer des caméras de surveillances devant les écoles en délimitant une zone de sécurité de 300 mètre au minimum où même les parents n’ont pas le droit d’accéder. Au primaire, outre les caméras et la zone de sécurité retenues aussi, les parents, explique Mohamed Benchettarara, seront obligatoirement appelés à récupérer leur enfants et l’enseignants a la même obligation d’accompagner l’élève à la sortie jusqu’aux parents.


Nassima Oulebsir

zadhand
26/12/2015, 18h00
ECOLE ALGÉRIENNE

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«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)


A LA UNE ACTUALITÉ_Violence à l’école
publié le 25 Décembre 2015

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L’école est-elle victime ou responsable de la violence ?

Au moment où tout le monde s’autosatisfait de la signature de la charte d’éthique, des dizaines
de milliers d’enseignants sont insultés pendant les examens de fin du premier trimestre 2015,
des milliers ont été menacéssans aucune prise en charge de la gravité de la situation.
L’école est dévastée par une violence sans limite et non dévoilée,
et plus de 50% de ces violences verbales reçoivent l’approbation des parents d’élèves qui eux-mêmes sont dépassés dans l’éducation de leurs enfants et ne conçoivent pas que ces derniers peuvent échouer malgré les cours particuliers.
Dans chaque salle d’examen et ceci à 80% sur tout le territoire algérien, nous enregistrons au moins une insulte contre l’enseignant-surveillant, ce qui oblige certains enseignants à refuser d’assurer leur devoir et à déposer souvent un certificat médical ; d’autres, exaspérés, démissionnent ou décident de partir en retraite. Et dans certains cas, nous avons été surpris que
des administrateurs ou des collègues montent des parents ou des élèves
contre leurs enseignants sans aucune éthique ni neutralité de leur fonction.
Donc, au lieu de parler d’éthique «de devoirs et responsabilités», il est temps de trouver des solutions à ces maux qui enveniment toute la société. L’école est aujourd’hui dans une situation intenable. Sommée de résoudre les problèmes sociaux et d’éduquer les enfants, elle se retrouve de plus en plus en décalage avec sa mission première, qui était, rappelons-le, d’instruire. Mais pour transmettre des savoirs, encore faut-il que
les conditions soient réunies et que l’échange puisse avoir lieu.
C’est loin d’être toujours le cas. Les jeunes professeurs, mal préparés, souvent très mal ou carrément non formés, débarquent dans les établissements sans accompagnement administratif et doivent gérer l’ingérable, supporter l’insupportable, et enseigner comme ils le peuvent. Les conflits sont parfois quotidiens ; la situation peut exploser à tout moment ; les collègues craquent régulièrement ; de plus en plus abandonnent. Beaucoup de collègues sont usés, désabusés, et parfois supportent de plus en plus passivement la dégradation de leurs conditions
de travail, quand ils ne se lancent pas dans un projet de reconversion professionnelle.
La judiciarisation du système - un enseignant, poussé à bout, craque et met une gifle : un procès - et la volonté institutionnelle de ne «pas faire de vagues» contribuent au marasme actuel. Les professeurs n’osent parfois plus intervenir ; leur autorité est régulièrement contestée par les élèves. De plus en plus également par les parents qui prennent fait et cause contre l’école ;
et leur hiérarchie, elle aussi soumise à des pressions ne les soutient pas toujours comme elle le devrait.
Mal cadrés, dotés d’un fort sentiment d’impunité, voire de toute puissance, certains élèves n’hésitent ainsi plus à franchir toutes les barrières, et ce, de plus en plus jeunes. Ainsi, de nombreux témoignages de professeurs des écoles attestent du fait que la violence a désormais gagné en ampleur due de plus en plus à l’impunité et à la complicité des administrateurs qui refusent
de sanctionner ou de prendre certaines responsabilités et laissent
l’enseignant se débattre avec les élèves et leurs parents pour une note ou une sanction de renvoi.
L’école, disons-le, ne peut pas tout faire toute seule. Elle ne peut résoudre les graves problèmes sociaux et parfois familiaux que l’on a de plus en plus tendance à lui confier, alors que toutes les institutions ont déserté le terrain. Elle ne peut éduquer si elle n’en a ni le temps ni les moyens, matériels et humains, et si son autorité est sans arrêt remise en cause. Elle peut encore moins le faire quand certains élèves ingérables passent d’établissement en établissement sans aucun réel suivi. Nous manquons de structures spécifiques pour gérer ces élèves, pas forcément si nombreux, qui empêchent les autres de travailler et qui, un jour, finissent par passer à l’acte. Et ce jour-là, si c’est vous le professeur, j’espère que la pensée que vous faites «le plus beau métier du monde» a des vertus sacrément cicatrisantes.
Aujourd’hui, et c’est grave, l’enseignant a la phobie d’enseigner certaines classes ou de les surveiller pendant les examens ou de leur remettre leur copie d’examen. Cette phobie de la classe, de l’élève, du parent d’élève pousse souvent l’enseignant à fuir son métier et être souvent victime de dépression. Aujourd’hui, un autre phénomène grave est apparu : certains enseignants, pour avoir la paix et les faveurs aussi bien de l’élève que de ses parents, ont trouvé la solution miracle : «distribuer les bonnes notes même sans mérite et ainsi tout le monde est satisfait».
Du statut initialement sacré de l’instituteur, la profession d’enseignant est aujourd’hui la plus exposée aux incivilités. Deux phénomènes concomitants ont contribué à la désacralisation de l’instituteur, terme qui n’est d’ailleurs plus utilisé en Algérie : tout d’abord, l’affaiblissement de figures d’autorité et de transmission dans la société. Toutes les figures paternelles ont volé en éclats.
La figure du père est ici à comprendre au sens de «celui qui transmet».
L’instituteur est celui qui est debout, qui élève, qui institue un adulte, une nation.
De manière concomitante, l’accès au savoir et à la culture s’est démocratisé. Nous sommes donc passés d’un monde des autorités où l’information était relativement rare. Seuls peu de livres étaient disponibles à la majorité des Algériens, je ne parle pas bien sûr des classes bourgeoises. D’où l’importance des manuels scolaires, d’où l’importance de celui qui était le détenteur par excellence
du savoir l’instituteur. Dans des milliers de communes et de villages,
il était le seul à détenir le savoir et son seul rival était l’imam.
Le second axe est celui de l’institution elle-même qui a suivi ce mouvement avec une injonction aux professeurs de cesser les cours magistraux, les enseignements frontaux pour être à l’écoute d’un élève placé au centre du système. Des réformes et expérimentations pas toujours heureuses se sont succédé. Les professeurs également ont donné le bâton pour se faire battre en abolissant le vouvoiement, en délaissant des tenues rigoureuses, en adoptant des attitudes de trop grande proximité, aujourd’hui, en étant amis avec leurs élèves par exemple.
Dans l’affaire, nous avons perdu la barrière des générations et l’autorité qui va avec, autorité perçue comme moribonde à une époque et que l’on tente de restaurer devant les dégâts constatés, mais sans se donner de réels moyens. Nous avons également perdu l’alliance éducative entre parents et enseignants, dans laquelle les figures symboliques du père (l’école) et de la mère (la famille) s’imposaient à l’enfant de manière cohérente et coordonnée. Aujourd’hui, les parents viennent mettre en cause les professeurs sur les dires de l’enfant sacralisé qui sert d’intermédiaire entre les deux mondes censés être gouvernés par les adultes. C’est donc l’élève qui a le réel pouvoir et manipule à la fois parents
et institution tout en se voyant édicter des obligations de réussite parfois très pesantes.
Et puis, le troisième axe est médiatique, plus insidieux, cette société de consommation dont l’intérêt est de programmer l’enfant pour qu’il fasse acheter tout et n’importe quoi à ses parents. Cette publicité, cette ambiance médiatique, ce gosse de pub est tout puissant, sait mieux que ses parents ce qu’il est bon d’acheter dans un monde télévisuel très éloigné de la réalité mais dont la figure s’impose. La fonction paternelle, symbolique de la loi, est toujours ridiculisée afin de rendre ringarde toute velléité d’interdiction d’achat. Il suffit de regarder une série de spots
de publicité pour se rendre compte que le père y est toujours l’idiot de service.
Ces trois axes se coordonnent et aboutissent à une levée des cadres, des repères, des interdits, des limites... où l’enfant manipule la loi à sa guise avant d’accéder au monde des adultes, policier et coercitif, où il ne la manipule plus, ce pour quoi il n’a jamais été préparé. Le professeur a été désacralisé, mais également le policier, le médecin, le juge, le pompier... tout ce qui peut
ressembler à une personne porteuse de cadres et de contraintes.
Il est très difficile de désigner des responsables. L’évolution de la société est irréversible. Nous avons changé de modèle de société, nous sommes passés d’une société où il y avait des lieux de transmission obligatoires : le service militaire, l’école, ou encore la prière du vendredi. Nous sommes tous les bénéficiaires de cette nouvelle société, mais la transmission n’y est plus verticale : de ceux
qui savent vers ceux qui ne savent pas. La société se veut aujourd’hui égalitaire, libertaire.
Les instituteurs et tant d’autres ont perdu de leur respect. La société est aujourd’hui en quête de consommation et l’espérance porte sur l’épanouissement dans le bonheur. Et cela n’est pas très bon pour l’école. Inutile d’incriminer un ministre,
car aucune réforme n’y changera rien en raison de l’ampleur des problèmes de l’école.
L’école devient le réceptacle de tous les manques et de toutes les incompétences constatées chez l’enfant : à l’école, on doit ou l’on devrait apprendre à lire, écrire, compter, mais aussi parler, nager, faire du vélo, attacher ses lacets, être poli, se laver les dents, connaître le code de la route, l’hygiène, l’alimentation, le secourisme... et le pouvoir, les pouvoirs, qui se sont succédé, ont toujours trouvé payant électoralement de reporter les responsabilités parentales sur l’institution, ce qui flatte certains parents mais en agace d’autres. Nous sommes donc aujourd’hui perdus en conjectures sur la part qui revient aux parents et celle qui revient à l’école. Il est temps d’ouvrir un vrai débat national sur l’école et le problème de la violence et non pas créer des commissions qui ne peuvent donner de recette miracle à ce mal qui ronge toute la société.
La démission des parents d’élèves qui fuient leurs responsabilités d’accompagner les professeurs dans l’accomplissement de leur fonction d’éducateur et qui ont trouvé refuge dans les cours particuliers pour éduquer et transmettre à leurs enfants. La fuite en avant de l’administration à tous les niveaux qui cherchent la paix sociale et éducatrice quels que soient les moyens.
Le délaissement des enseignants de leur rôle d’éducateur vu qu’eux-mêmes se sont vus abandonnés aussi bien par leur tutelle et par les parents d’élèves. Donc, aujourd’hui faut-il faire le deuil de l’école algérienne ou avons-nous le courage de dire non
on s’est trompé et commençons par revoir ce qui ne marche pas,
car le problème est aussi bien psychique que pédagogique que didactique.
Le débat doit être ouvert :
- Comment faire la part des choses entre la responsabilité qui relèverait de la façon dont nous envisageons désormais l’éducation, et celle qui revient à l’institution ?
- La formation des enseignants a beaucoup évolué au fil des réformes. Sont-ils aujourd’hui suffisamment bien armés pour accomplir au mieux leur mission ?
- Faut-il considérer que les parents ont failli à leur mission d’éduquer leurs enfants, ce qui empêche l’école de les instruire ?
- Faut-il édicter des lois strictes pour responsabiliser les parents d’élèves pour leurs enfants mineurs ?
- Faut-il obliger l’élève à poursuivre ses études jusqu’à 16 ans ?
- Comment redonner à l’école aujourd’hui le statut dont elle a
besoin pour remplir la mission qui est la sienne ?

Hakem Bachir

zadhand
16/02/2016, 22h02
ECOLE ALGÉRIENNE

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A la une/Actualité_Les mesures des autorités n’ont pas suffi
le 16.02.16 | 10h00



La violence continue de marquer l’école

Dans l’enceinte des établissements ou à leurs abords, la violence impliquant
des élèves, des enseignants, des agents,
ou d’anciens élèves recalés, voire des étrangers
prend des proportions inquiétantes.



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Excès de violence dans les établissements scolaires. A l’école de Doukar à Tizi Ouzou,
des enseignants ont observé, début février, un arrêt des cours pour dénoncer
les menaces proférées par le parent d’un élève à l’encontre de leur collègue.
Réuni en session extraordinaire, le bureau local du Syndicat autonome des travailleurs
de l’éducation et de la formation (Satef) s’est joint au collectif et a rappelé dans
un communiqué l’origine de l’incident. «Une altercation s’est produite entre deux élèves
de cinquième année. L’enseignant est intervenu pour les départager, mais il a été établi
que l’un des enfants a laissé des traces de griffure sur le visage de l’autre.
Le 28 janvier 2016, le parent de l’élève blessé s’est présenté à l’école, a menacé
l’enseignant en question d’emprisonnement, le directeur de l’école de licenciement
et l’école de fermeture», signale le Satef qui exhorte la tutelle à «être aux côtés de
leurs collègues et défendre la dignité du secteur de l’éducation». Des faits comme
celui signalé à l’école Doukar se répètent souvent et parfois des drames sont signalés.
A Bousfer (Oran), un lycéen a été mortellement poignarder par son camarade.
Même agression mortelle au couteau à Reguiba, à El Oued, où un élève, âgé de 12 ans,
inscrit en 2e année au CEM Aïssa Messaoudi, a succombé à ses blessures.
Une enseignante de français, exerçant au CEM Hamida de Boghni (Tizi Ouzou),
a été agressée par son élève en 4e année moyenne. De pareils faits, parfois mortels,
se produisent tout au long de l’année scolaire. Dans l’enceinte des établissements ou
à leurs abords, la violence impliquant des élèves, des enseignants, des agents,
d’anciens élèves recalés ou encore des étrangers prend des proportions inquiétantes.
«Il y a eu plusieurs cas de violence cette année.
Ces cas ont parfois abouti à des meurtres ou à des handicaps. Imaginez si chaque semaine
il n’y a que 20 cas par wilaya, on aura près de 1000 cas à l’échelle nationale, soit 5000 cas
par mois et 45 000 par an», s’indigne Bachir Hakem, enseignant de mathématiques
au lycée Lotfi à Oran et porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Selon un rapport
cité par Hakem, 55% des cas de violences physique ou verbale sont enregistrés au sein
des établissements contre 45% dans l’espace environnant des écoles.
Une commission, puis plus rien !
«Ces chiffres donnent froid dans le dos, lorsque l’on sait que ces actes ont lieu dans ou
à proximité d’établissements censés éduquer les futures générations», estime le porte-parole
du CLA. Pourquoi une telle situation ? Le président de la Fondation nationale pour la promotion
de la santé et le développement de la recherche (Forem), le professeur Mustapha Khiati,
qui a organisé une journée d’étude sur la violence en milieu scolaire en collaboration avec
la CNCPPDH, a évoqué, entre autres, le déficit des conditions d’enseignement, du fait de
la surcharge des classes et du manque de moyens.
Mettant en avant le manque de communication à l’intérieur des établissements,
le Pr Khiati a critiqué la méthode de formation des enseignants en matière de pédagogie,
ce qui explique le recours systématique à la contrainte.
Des mesures dans l’immédiat pour endiguer ce phénomène inquiétant ?
La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a souligné, en marge d’une journée
parlementaire intitulée «Parlement de l’enfant», la nécessité de prendre des mesures «urgentes»
pour lutter contre la violence en milieu scolaire. «Etablir un plan de priorité est fondamental
dans la prise en compte d’un certain nombre de mesures qui viseraient à limiter la violence
en milieu scolaire», déclare-t-elle, expliquant que ce plan comportera des «mesures urgentes»
(lesquelles ?) pour lutter contre la violence en milieu scolaire.
Mme Benghebrit a rappelé l’installation, en octobre 2015, d’une commission composée
de représentants de son ministère, de syndicats du secteur et de parents d’élèves,
«en vue d’établir des propositions pour lutter contre la violence en milieu scolaire».
La commission devra rendre ses conclusions en mars prochain. En attendant,
un accord signé avec la DGSN permettra de sécuriser quelque 1200 établissements j
ugés «dangereux», a fait savoir une source au ministère, citée par El Khabar.


Propositions pour lutter contre la violence

Le porte-parole du CLA, Bachir Hakem, a formulé, dans une contribution, des propositions
pour lutter contre la violence en milieu scolaire. En voici quelques-unes :

- envisager de recruter des gardiens pour protéger les établissements scolaires
contre la violence et les agressions ;
- placer des caméras de surveillance dans les environs de l’établissement, connectées
à l’établissement et au commissariat le plus proche pour lutter contre les agressions,
l’achat et la consommation de drogue et les enlèvements ;
- placer des caméras de surveillance à l’intérieur des établissements dans les couloirs
et dans la cour pour lutter contre la violence à l’intérieur et la destruction de matériel pédagogique ;
- rendre la pédagogie à l’enseignant et à l’établissement ;
- créer des établissements regroupant des enfants difficiles encadrés par des psychologues ;
- se pencher sur un projet de loi qui criminalise les agressions contre les établissements scolaires ;
- multiplier des patrouilles de surveillance sécuritaire devant les établissements scolaires ;
- améliorer les conditions des élèves à travers le développement de la sécurité sociale
et l’institution de l’accompagnateur scolaire avec le recrutement de psychologues ;
- lutter contre les dangers qui menacent le milieu scolaire, dont le phénomène du suicide,
la violence et la consommation de stupéfiants.


Nadir Iddir



«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

zadhand
18/03/2016, 21h26
ECOLE ALGÉRIENNE

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A la une/Actualité_Violence en milieu scolaire
le 18.03.16 | 10h00



Des gendarmes et des policiers pour sécuriser l’école




Le plan contre la violence en milieu scolaire est enfin mis en application.
Les ministères de l’Education nationale, de l’Intérieur, ainsi que de
la Défense nationale, représenté par le commandement général de
la Gendarmerie nationale, ont signé, hier à Alger, une convention-cadre
visant à lutter contre la violence en milieu scolaire.



Le document a été paraphé par les ministres Nouria Benghebrit et Nouredine Bedoui,
ainsi que par le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba,
et le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel.
Dans un communiqué rendu public hier par la DGSN, le but de l’opération est de sécuriser
et à assainir le système éducatif. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que «les tentatives visant
à le désigner comme un espace non sécurisé ont pour but de déstabiliser l’Etat».
Il est question d’assurer à travers cette démarche «les conditions favorables à
une bonne scolarité et inculquer les bonnes valeurs morales permettant de former l’élève
d’aujourd’hui en tant que pilier de l’avenir du pays dans tous les domaines»,
selon le ministre de l’Intérieur.L’école «est la ligne rouge à ne pas franchir», soulignant que
le gouvernement «est déterminé à lutter contre toutes les formes de violence à travers
l’adoption de nouvelles mesures à même de réduire la dangerosité de ce phénomène».
Mme Benghebrit a affirmé, de son côté, que la lutte contre la violence en milieu scolaire passe
par la «prévention et la sensibilisation en privilégiant le dialogue et la médiation, en redoublant
de vigilance, et en bannissant l’impunité par l’application de la loi».

Le ministère de l’Education travaillera avec la DGSN et la Gendarmerie nationale pour
«faire de l’école un espace protecteur et protégé», selon Mme Benghebrit. Une cellule de suivi
et de traitement des données relatives au phénomène de la violence a été mise en place
au niveau de l’Observatoire national de l’éducation et de la formation. Le général-major
Menad Nouba a, pour sa part, indiqué que la convention «constitue un outil pour le renforcement
de la coordination et de la collaboration entre les ministères de l’Education, de la Défense
et de l’Intérieur conformément aux directives contenues dans le programme du gouvernement».

Le commandant de la Gendarmerie nationale a, quant à lui, assuré de l’aide nécessaire de
ce corps constitué aux responsables des établissements scolaires lors de l’accomplissement de
leurs missions. De son côté, le général-major, Abdelghani Hamel, a rappelé le plan sécuritaire mis
en place par la Sûreté nationale pour protéger les établissements scolaires, ainsi que les enfants
scolarisés contre «tous les dangers (agressions physiques et psychologiques) et assurer le bon
fonctionnement du système éducatif et le bon déroulement des examens officiels».

APS



«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)