PDA

Voir la version complète : Enfant et Environnement



zadhand
30/09/2015, 12h19
A LA UNE/ACTUALITÉ_L’Enfant et l’Environnement
30 Septembre 2015


Toute éducation vraie doit reposer sur le respect intelligent
de la nature et de la vie


Par Abdelhamid Benzerari*

Avec l’introduction de l’éducation environnementale dans les programmes de l’enseignement, notre monde scolaire, l’Algérie de demain, apprendra à respecter la biodiversité,
à défendre la nature, à lutter contre les diverses pollutions qui menacent
notre monde.Traiter le mal à la racine, c’est ce qu’il faut.
Et il y aura, sans aucun doute, une prise de conscience des défis qu’il aura à affronter.
L’environnement, est-il besoin de le rappeler, est devenu l’un des problèmes majeurs auxquels notre époque doit faire face. Le temps n’est plus où l’on pouvait attendre de la croissance économique et de l’industrialisation les promesses assurées d’un développement harmonieux et de l’accès à un nouvel âge d’or. Le monde a pris conscience de l’usure à laquelle le travail des hommes, prédateurs insatiables, soumet inéluctablement les richesses naturelles. Nous sommes entrés dans une ère marquée par les menaces que fait peser sur les ressources énergétiques comme sur les biens naturels des plus élémentaires et les plus immédiats une consommation effrénée
et dont le rythme croît à une vitesse inquiétante.
Il faut créer et répandre une morale de l’environnement, imposant à l’Etat, aux collectivités et aux individus, le respect de quelques règles élémentaires, faute desquelles le monde deviendrait irrespirable. Dans un domaine dont dépend directement la vie quotidienne des hommes, s’imposent plus qu’ailleurs le contrôle des citoyens et leur participation effective à l’aménagement de leur existence. La nature n’est plus pour nous «l’impassible théâtre» qu’évoquait Vigny ; elle reste une mère, mais une mère dont la fécondité nourricière n’est point exempte des périls du vieillissement. S’il n’est pas question de renoncer aux progrès matériels et techniques, dont l’abandon serait pour le plus grand nombre d’entre nous synonyme de régression vers une misère intolérable, il n’est plus question non plus d’accepter aveuglément une croissance désordonnée dont les bénéfices s’achètent au prix de gaspillage, de pollution et d’insupportables nuisances : réchauffement climatique, émission de polluants atmosphériques, raréfaction d’eau potable, utilisation excessive des pesticides, disparition d’espèces animales (280 espèces d’oiseaux et mammifères ont totalement disparu), déchets organiques et industriels, déchets radioactifs…

Les pollutions de l’atmosphère par les émissions de gaz à effet de serre.
«Tous responsables ?»
La révolution industrielle dès le milieu du XVIIIe siècle et le développement des villes, donc de la densité de population, ont entraîné la multiplication des foyers de chauffage et de production d’énergie, d’où une production accrue de gaz sulfurés et de fumées. Puis est venue l’automobile, et les gaz d’échappement des véhicules, principalement des oxydes d’azote
et des hydrocarbures,
ont, à leur tour, pollué l’atmosphère.
Les concentrations de ces gaz se traduisent sous l’action de l’ensoleillement d’un brouillard appelé «photochimique oxydant». La présence du plomb dans l’atmosphère est due à l’emploi du plomb tétraéthyle dans les supercarburants pour automobiles. Les polluants atmosphériques (monoxyde de carbone, oxyde de soufre, oxyde d’azote ou matières en particules) ne font pas que menacer notre santé (croissance des cas d’asthme, bronchite chronique, tuberculose, certaines formes même de cancer des poumons), la végétation est souvent une des premières victimes de la pollution.
Les pluies acides, provenant des émanations des hauts-fourneaux d’usines, détériorent les feuillages des forêts et réduisent la croissance des arbres tout comme le dépôt des poussières de cimenteries amenées par le vent. Les forêts les plus touchées se trouvent plus particulièrement en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Angleterre et surtout dans les pays nordiques. Les polluants atmosphériques peuvent, en retombant sur l’océan, affecter la vie marine, tant en région côtière qu’en haute mer.
Il existe aussi la pollution par des cancérogènes chimiques, affirment les biologistes qui étudient les causes du cancer. Le nombre de morts par cancer ne cesse d’augmenter.
Ces cancérogènes chimiques se trouvent dans toute la famille des hydrocarbures polycycliques contenus dans les fumées de cigarettes (goudrons) ou bien encore les fumées d’automobiles, d’industries des dérivés du pétrole, les suies des cheminées ou des centrales thermiques et thermoélectriques, les colorants de l’industrie chimique (amines et amides aromatiques,
colorants azoïques, chlorure de vinyle…).
Les climatologues réalisent que les activités humaines sont la cause de modification du climat. La combustion des charbons, bois et pétroles, relâche dans l’atmosphère de l’oxyde de carbone, du dioxyde de soufre. Le gaz carbonique laisse pénétrer le rayonnement solaire, mais il absorbe le rayonnement infrarouge émis en retour par la Terre. Tout comme le vitrage d’une serre, le CO2 présent dans l’air contribue donc à réchauffer l’atmosphère.
La déforestation dans certains pays par un abattage effréné d’arbres pour l’industrie du bois et du papier, le défrichage par incendie de forêts entières pour l’agrandissement des domaines agricoles ont augmenté, la concentration du CO2 dans l’atmosphère.
Les forêts sont de parfaites pompes aspiratrices de gaz carbonique et des usines super-géantes de fabrication de matières organiques. La superficie d’une ville comprenant plus de bitume que d’herbe, raison pour laquelle l’atmosphère au-dessus d’une zone urbaine se réchauffe.
Quand il n’y a pas assez d’espaces verts, les mégapoles à croissance rapide comme Tokyo, Mexico, Pékin, Schangaï ont des températures plus élevées
en été que la campagne environnante,plus de 10° environ.
Le réchauffement du climat provoque actuellement le recul des glaciers des montagnes, l’effritement de calottes glacières de l’Arctique et de l’Antarctique, «ces climatiseurs de la planète» qui renvoient la chaleur du soleil et rafraîchissent l’atmosphère des continents. Il est la cause de la multiplication des cyclones, des inondations dévastatrices, des sécheresses et famines dans les pays du Sud, de la montée du niveau des mers. Les habitants de certaines îles du Pacifique dont le relief est bas et plat, donc menacés de cataclysme, pensent à les quitter. Ils seront les premiers réfugiés climatiques.
La fonte des glaces a aussi un impact sur les courants marins
qui se répercutent à leur tour sur les courants atmosphériques.
L’altération de la couche d’ozone autour de la Terre a alerté aussi les physiologistes qui craignent les maladies des yeux, les cancers de la peau et un affaiblissement du système immunitaire. En effet, notre planète est protégée par un bouclier atmosphérique qui empêche les rayons ultraviolets émis par le soleil d’être dangereux. Et les biologistes s’inquiètent
pour la stérilisation de la surface de l’eau et la disparition du phytoplancton.
La destruction de la couche d’ozone notamment au dessus de l’Antarctique et de l’Arctique pourrait bientôt toucher l’Amérique, l’Australie et d’autres points du globe. Elle est due aux chlorofluorocarbones (CFC) qui servent essentiellement dans les aérosols.
Selon les experts, il faudrait supprimer 85% des émissions de CFC pour faire disparaître le trou de la couche d’ozone, ce qui demanderait, dans le meilleur des cas, une cinquantaine d’années.

Cette eau dont nous vivons
Au commencement de la vie était… l’eau, berceau nourricier, placenta originel des premières cellules animées. 95% des végétaux, 60% du poids de l’homme sur la balance des matières organiques ! Aujourd’hui, elle reste dans le monde une des ressources les plus recherchées et les plus exposées aux risques écologiques. Grâce à l’irrigation, la terre arrive à nourrir une population de plus de 6 milliards d’êtres humains qui augmente de 80 millions tous les ans. Soyons précis et graves. L’humanité disposera dans l’avenir de moins en moins de réserves en eau douce.
Dans un demi-siècle, elle doit multiplier ses besoins par 5. Mais il faut ajouter que cette consommation n’est pas égale pour tous et que l’eau départage aussi les riches et les pauvres. Certains pays doivent se contenter du minimum de survie (quelques litres par jour), d’autres ne comptent pas, beaucoup gaspillent. A réserve définie, limitée,
demande toujours plus gourmande, croissante.

«L’eau, une ressource épuisable»
A la maison, le compteur tourne vite : pour une douche, 25 à 50 litres ; pour le bain, de 150 à 200 l ; pour la chasse d’eau 10 ; pour la machine à laver le linge, 120, à laver la vaisselle 65 ; 150 à 200 sont nécessaires pour laver son véhicule (imaginer le nombre de véhicules dans le monde et le nombre de lavages par mois !). Les grandes stations de lavage de voitures, dans certains pays, pensent déjà à s’équiper d’installations de traitement de leurs eaux usées pour les réutiliser.
L’escalade commence avec les besoins collectifs : 100 l par élève et par jour dans une école ; 300 à 500 l par tête de bétail pour un abattoir… Mais la vraie consommation de masse
se manifeste avec la fabrication des produits de toutes sortes.
Pour la nourriture d’abord : produire 1 kg d’aliment exige l’emploi de 2 l d’eau pour la salade, de 1 500 pour le blé, de 12 000 pour les œufs. Il faut 25 l d’eau pour 1 l de bière mais 2 700 pour un litre d’alcool. On peut faire des calculs similaires pour la fabrication des vêtements : pour 1 kg de laine, il faut 100 l d’eau, il en faut cent fois plus (10 000) pour 1 kg de coton. Pour les produits pharmaceutiques également : 1 kg de streptomycine demande 4 000 000 de litres d’eau. Pour faire tourner les usines : pour produire 1 kg de papier, il faut 250 à 500 litres d’eau ; pour 1 kg d’acier, de 300 à 600 ; pour un 1 kg de nitrate, 600. Tout compris, consommation domestique, collective, industrie, etc., chaque homme utilise, en moyenne, 680 l d’eau par jour. L’Européen est nettement au-dessus de ce chiffre avec une consommation de 1700 l dont 250 ou 300 pour sa maison, mais très loin de l’Américain, champion du monde des aquavoraces, qui utilise 8 000 l par jour, presque cinq fois plus que l’Européen et douze fois plus que la moyenne mondiale. L’humanité a ainsi besoin de 1000 milliards de m3 par an, soit 1/50 des ressources mondiales utilisables. Mais dans un demi-siècle, elle doit multiplier ses prélèvements par 5, estiment les hydrauliciens.
L’eau est bien sûr au centre des écosystèmes et du développement humain.
Mais dans la zone méditerranéenne, l’eau est une ressource d’autant plus importante qu’elle est rare,
fragile, inégalement distribuée et largement exploitée.
Notre pays dont 80% de sa superficie sont des zones désertiques,
qui ne cessent de s’étendre vers le nord, a consacré un budget colossal pour l’édification de barrages, d’usines de dessalement d’eau de mer, la réalisation de grands forages
dont les plus importants se trouvent à Hassi R’mel.
L’eau fossile puisée dans les grands aquifères est acheminée jusqu’à Tamanrasset (ouvrage grandiose de 700 km de canalisations avec les stations de pompage
et les grands réservoirs qui vont avec).
Il faut mentionner les grands aquifères d’eau fossile qui constituent des gisements de plusieurs milliers, voire de plusieurs centaines de milliers de km3. Les plus importants se localisent dans les espaces désertiques du Sahara (Algérie, Tunisie, Libye, gypte) et de la péninsule Arabique. Il existe aussi un vaste aquifère fossile dans les hautes plaines des Etats-Unis, celui d’Ogallala dans le nord-ouest du Texas, l’aquifère Guarani, un des plus vastes de la planète qui s’étend sur quatre pays : Brésil, Paraguay, Uruguay et Argentine. Un autre en Australie. Leur exploitation aura un terme et des substituts sont à prévoir. Il s’agit de ressources non renouvelables.

« Gardez-moi pure ! »
«L’eau est la chose la plus nécessaire de la vie,
mais il est aisé de la corrompre.» Platon
Concernant les ressources dont regorge le sol, les nappes phréatiques sont surtout mises en péril par les substances nocives volontairement introduites dans le milieu naturel : excès d’épandage d’engrais et de pesticides pour l’agriculture, rejet direct d’eaux usées, dépôts de déchets urbains ou industriels lessivés par les pluies, par les fuites dans les égouts et les réservoirs :
- 500 millions d’hommes sont chaque année malades par l’eau polluée ;
- il passe une tonne d’eau chaque année dans le corps de l’homme ;
- la pollution est responsable de la recrudescence des hépatites, de la typhoïde,
des dysenteries, des diarrhées, du choléra ;
- chez nous, les villes et villages sont confrontés à des problèmes d’hygiène et de propreté. Les cités sont enlaidies par les amoncellements de déchets ménagers et autres.
L’exode rurale a multiplié les bidonvilles que l’Etat s’efforce d’éradiquer ; bidonvilles responsables dans la plupart des cas de décharges sauvages, d’égouts à ciel ouvert qui ont fait proliférer les rats, les moustiques, les mouches semeurs de bactéries, microbes, virus coupables de maladies comme les méningites, la leishmaniose cutanée, la leptospirose, le paludisme, la conjonctivite, le trachome…
- la médecine est impuissante pour combattre l’hépatite,
seule la bonne nature de l’homme peut venir à bout de la maladie ;
- la pollution thermique des centrales nucléaires risque de réveiller certains microbes pathogènes ;
- 20 l d’essence pénétrant dans une nappe phréatique rendent impropre
la consommation en eau d’une ville de 200 000 habitants.
La plupart des mers et océans sont aujourd’hui traités aux moindres frais, comme vide-ordures, dépotoirs, décharges publiques et privées universelles. «Tout à l’égout» des grandes concentrations urbaines qui y déversent à l’état brut ou insuffisamment épurées des masses de déchets organiques, ils s’infectent de virus porteurs de maladies contagieuses. Les rivières, qui drainent les détergents, les engrais, les pesticides, encrassent aussi leurs embouchures ou estuaires. Quant aux rejets industriels (mercure, chrome, plomb, zinc, cadmium…), ils sont d’ores
et déjà à l’origine de véritables tragédies.
La chaîne alimentaire, allant des algues au plancton, des petits poissons aux crustacés et aux plus gros poissons, et de ces derniers aux hommes, a concentré des quantités toujours élevées de mercure. Or, celui-ci attaque les centres nerveux, paralyse les centres moteurs,
provoque des malformations à la naissance.
Lors de la commémoration de la Journée mondiale de l’eau, célébrée tous les 22 mars, il ne faut pas oublier les établissements scolaires. Pour mettre en évidence le rôle éminent de l’eau dans l’environnement immédiat de l’homme, on ne cessera pas de sensibiliser la population et surtout la jeunesse : comment garder pure l’eau que nous buvons ? Comment combattre le gaspillage, les fuites des robinets et des canalisations ? Vulgariser le goutte à goutte pour l’irrigation ; portes ouvertes sur les barrages, les stations d’épuration, les stations de traitement des eaux usées, les usines de dessalement d’eau de mer… Encourager les journées de volontariat pour nettoyer les abords des oueds de divers déchets qu’ils charrient, les ports, les plages.
Notre littoral connaît la pollution due au mazout venu du large (le bitume). 300 000 tonnes d’hydrocarbures sont répandues en Méditerranée chaque année
provenant du nettoyage des cuves des pétroliers.
Les journaux, la télévision, la radio, les gens du culte, les partis politiques, les associations de jeunesse, les scouts, les groupements culturels, sportifs, de loisirs, les syndicats, les gens épris de progrès parleront, commenteront, sensibiliseront durant tout le mois de mars (pas uniquement le temps d’une journée) sur la préservation de l’eau, source de vie
pour notre pays qui connaît un manque.
Dans les écoles, ce sont des affichages, des distributions de prospectus et documentations diverses que commenteront les maîtres à leurs élèves.

«Que faire des déchets nucléaires ?»
«La terre est à tout le monde»

L’industrie nucléaire produit des déchets radioactifs. Elle n’est pas la seule : les laboratoires d’analyses, les hôpitaux, les universités utilisent pour leurs travaux de recherche
des corps radioactifs qu’ils rejettent ensuite.
Mais l’industrie nucléaire est de loin la plus grande source de déchets radioactifs dangereux pour l’homme et l’environnement. Les déchets radioactifs répandus dans l’atmosphère par les essais d’armes atomiques et de bombes à hydrogène, des pays comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne, de la France (Reggane, Polynésie française), de la Russie, de la Chine, de l’Inde, les bombes sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, la tragédie de Tchernobyl et de Fukushima au Japon le 11 mars 2011 à la suite d’un tsunami, ont contribué à augmenter la radioactivité existant naturellement à la surface de la planète et à laquelle sont normalement soumis tous les êtres vivants. Les retombées de tous les essais d’armes nucléaires, depuis le début de l’âge atomique, contribuent aujourd’hui à 2% environ de l’irradiation annuelle moyenne des êtres humains.
Les déchets nucléaires se présentent soit sous forme d’effluents, c'est-à-dire de gaz, de liquides ou d’aérosols (poussières) soit sous forme de déchets solides.
La radioactivité est due à la désintégration spontanée de noyaux atomiques instables et est constituée de différents types de rayonnements énergétiques : le rayonnement alpha est une émission de noyaux d’hélium, bêta est une émission d’électrons,
gamma est un rayonnement électromagnétique de grande énergie.
Tous ces rayonnements sont capables d’endommager plus ou moins gravement toute matière se trouvant sur leur trajet. En particulier, les cellules des êtres vivants peuvent être lésées ou tuées. Selon l’importance des doses de rayonnement reçues et leur distribution dans l’organisme, les lésions consistent en rougeur de la peau, brûlures, atteintes de tissus profonds, troubles digestifs, troubles sanguins, etc., et peuvent aussi conduire à la mort de l’individu irradié. Les cellules exposées aux radiations peuvent aussi, au lieu d’être tuées, voir leur patrimoine génétique transformé (muté) : dans ce cas, elles pourront donner, après quatre à vingt ans de latence, des cancers. Les déchets nucléaires représentent le plus gros problème. Il s’agit de les évacuer et de les stocker en des lieux et sous des conditionnements tels qu’ils ne puissent plus jamais contaminer à des niveaux significatifs les êtres vivants. Or, la période durant laquelle ils peuvent être dangereux pour l’environnement s’étend de quelques dizaines d’années à plusieurs millions d’années,
selon les corps radioactifs qu’ils contiennent.
Des caissons métalliques, en béton ou fondus dans une masse de verre, renfermant ces déchets radioactifs, sont couramment immergés dans les profondeurs océaniques. Pourront-ils résister à toutes les formes de corrosion, à un tremblement de terre, à une éruption volcanique sous-marine ?
Leur contenu, répandu en mer, causerait alors des dommages catastrophiques et irréversibles pour toute la biosphère. La forme du conditionnement n’est d’ailleurs pas résolue. Les Suédois envisagent de couler du plomb entre les barres du combustible usé et de mettre ces barres ainsi traitées dans un conteneur de cuivre de 10 cm d’épaisseur, lui-même entouré de bentonite. L’ensemble serait alors déposé à 500 m de profondeur dans le granit. Comment être sûr que les mouvements du sol et les eaux circulant sous terre n’endommageront pas le dépôt sur de si grandes périodes ?

L’éveil en classes vertes
«L’éducation doit apporter une vue claire sur les problèmes de l’homme, son avenir ambigu, sa puissance et sa fragilité.»
J. Hamburger

Pour chercher à sensibiliser le monde scolaire au respect des équilibres naturels, l’Education nationale doit marquer une étape importante vers la définition d’un enseignement attentif à l’environnement et utilisant très largement des expériences concrètes d’étude du milieu.
En découvrant un monde toujours plus riche, l’enfant s’enrichit lui-même.
Dans les années 1960-1970, il arrivait à certains enseignants de nos écoles, principalement ceux exerçant dans les zones rurales, de sortir leurs élèves en promenade quand la nature est en fête au printemps, le mercredi ou le samedi après-midi. Ils remplaçaient les heures d’éducation physique par une sortie récréative. En plus de son ambiance festive, la sortie avait un but pédagogique.
Elle aide l’enfant à conquérir ses espaces, à élargir sa vision : découvrir la vie dans les ruisseaux (poissons, têtards, grenouilles, libellules), les fleurs (coquelicots, narcisses…), les papillons multicolores, l’escargot, la tortue, les arbres (saule, frêne, pin d’Alep, chêne-liège, peuplier, palmier, olivier…), les animaux de la ferme, la basse-cour, questionner le fermier, le berger… Elle permet ainsi de renouer avec la nature et les éléments : l’air, l’eau, la campagne qui sont autant d’occasions de confrontation, de connaissance sensible, indispensable support à l’élaboration des idées pour découvrir, observer, toucher puis connaître, évaluer et comprendre les êtres et les choses qui les entourent. Ils constituent les innombrables éléments divers et complexes du monde
où se déroulera leur vie d’hommes.
Il en est ainsi parce que les sources d’activité sont authentiques.
En passant par l’observation, l’enfant en tire, grâce aux questions qu’il pose et qu’il se pose comme aux réponses que lui apportent les êtres et les choses, un épanouissement progressif et équilibré de son sens critique et plus généralement de sa personnalité. Son analyse l’aide à acquérir et développer un appétit durable et jamais satisfait d’aller toujours plus loin dans la découverte et la compréhension. Il est inlassablement curieux, impatient, émerveillé, sans cesse prêt à s’adapter avec souplesse à des présents et à des futurs en mouvance chaque jour.
Dans ces perspectives, il attend avec confiance les réponses aux «pourquoi» qui se multiplient. C’est à bon droit qu’on peut voir dans ces classes de nature l’un des moteurs de la rénovation pédagogique.

L’éveil en classes de mer
«La liberté, c’est la conscience de la nécessité.»
Spinoza

Chacun d’entre nous doit contribuer à développer autour de lui cette prise de conscience nécessaire : la protection de la nature, l’utilisation rationnelle de ses ressources constituent désormais le plus impératif des devoirs individuels et collectifs.
Pour susciter la curiosité enfantine, le dépaysement est un facteur essentiel.
Il amènera les élèves à une connaissance approfondie et au respect de la nature, plus particulièrement le bord de mer, la plage, le sable, les rochers marins, le lac, la sebkha, le chott… L’éveil au milieu naturel, sa découverte et son étude ne sont pas une mince entreprise. Ils demandent qu’on observe et, pour observer, il convient de ne pas être pressé par le temps.
L’enseignant, en éducateur de milieu marin, avec ses élèves, iront dans les trous des rochers, recueillir des algues que l’on aplatira et que l’on fera sécher pour les coller dans un album. C’est l’observation attentive des oiseaux de bord de mer (goélands, mouettes, le fou de Bassan, le grand cormoran…), des coquillages de toutes les formes et de toutes les couleurs, des bateaux de pêche, des sardiniers, des filets étalés sur les quais, d’un bateau à voile, c’est la visite d’un centre nautique, c’est aussi les discussions avec les marins pêcheurs : pourquoi y a-t-il de moins en moins de poissons ? Comment réguler les pêches ? Comment éviter la disparition de certaines espèces ? Pourquoi ne pas créer des zones surveillées pour protéger leur reproduction ?… Multiplier les fermes aquacoles dans le milieu marin… «Créer des parcs et des réserves naturelles, c’est bien ;
les respecter et les faire respecter, c’est mieux.»
Et cela veut dire une classe bien différente, au grand air marin, bien sûr, avec une sortie en mer si possible, mais aussi et surtout avec une double découverte, celle d’une flore, d’une faune, d’un milieu nouveau et celle d’une autre vie et d’une autre pédagogie.
La promenade dans une oasis, sur une dune de sable, au bord d’un oued, dans les champs, dans un bois où s’organisent la cueillette des feuilles, des bourgeons ou des fleurs, la récolte des pommes de pin, le ramassage des coquillages… offre à tous une variété infinie de senteurs, de nuances et de formes. Ainsi naissent et se développent avec une abondance inépuisable, tirées des réalités les plus concrètes et apparemment les plus banales de nombreuses activités d’éveil qui inspirent et transfigurent les enfants intelligemment motivés.
L’Education nationale avec le concours du ministère de l’Environnement doit accompagner l’enseignant dans sa tâche difficile par la fourniture de documents et de brochures qui l’aideront à présenter une approche, une voie d’accès à la compréhension
de cette globalité qu’est notre environnement.
Cette documentation sera un appel à tous les maîtres, un appel à tous les enfants de l’école pour que, dès aujourd’hui, nous réapprenions à traiter la nature comme il convient et à connaître notre environnement pour l’améliorer. C’est aussi un appel à l’esprit d’invention
et de création des jeunes et des enseignants.
Le dossier pédagogique comprendra des fiches pour l’étude de quelques milieux naturels : forêts et reboisement, chott, sebkha, oasis irriguées par les eaux des foggaras que partagent les peignes de distribution, oueds, sources, mers et océans, des CD-Rom traitant les problèmes des pollutions…
Les brochures développeront la découverte du milieu naturel, les interdépendances des êtres vivants dans un milieu déterminé : «Qu’est-ce qu’une biocénose ?» Les milieux de vie de ces biocénoses : «qu’est-ce qu’un biotope ?», de l’enfant à la découverte des régions rurales, sahariennes, de l’enfant qui vit en ville, de l’environnement qui est menacé, des perspectives d’avenir, de l’épuisement des réserves de la nature, de la protection des réserves de la nature, des espèces animales et végétales. Il est souhaitable aussi de proposer des stages de formation d’animateurs de classe verte, de classe de mer et de club vert à nos enseignants.
C’est un apport bénéfique et un plus pour la réussite de l’introduction de l’éducation environnementale dans les programmes de l’enseignement. Pour conclure, méditons ce noble précepte de Victor Hugo, «ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent», que bien de générations d’élèves ont eu à disserter. Si nous voulons obtenir dans l’avenir un sauf-conduit pour la vie, nous devons appliquer à la lettre cette énergique ligne de conduite
dans la bataille vigilante pour l’environnement.


A. B.


*Ancien SG de l’association nationale pour la défense de l’environnement

zadhand
23/01/2016, 20h39
A la une/Actualité_Yazid Haddar. Neuropsychologue et formateur dans le nord de la France
publié le 22.01.16 | 10h00


Des violences sociales aux violences scolaires


«Penser, c’est refuser, c’est dire non, c’est penser
contre les autres et surtout contre soi» (Jean D’Ormesson)


21118

La violence à l’école est l’un des problèmes les plus inquiétants dans notre pays,
car il s’agit d’un lieu de savoir-vivre, de vivre-ensemble, de savoir-être et d’apprentissage pour nos futurs
citoyens. Ceci dit, expliquer la violence scolaire uniquement par les événements politiques, par l’absence
de l’autorité de la loi, par les mutations sociales et/ou par la perte de valeurs morales, religieuses ou
traditionnelles d’autrefois me semble réducteur pour comprendre le phénomène. Car il s’agit bel
et bien d’un phénomène assez complexe pour le réduire à quelques facteurs.
Quelques précisions s’imposent pour ne pas s’emmêler les pinceaux ! Il est important de dissocier
les différentes sources de violence, car la violence émanant d’un trouble «dys», qui est d’origine
neuro-développementale (selon le DSM 5), créerait des difficultés de compréhension,
et en conséquence on assiste à l’expression violente (verbale ou physique) de la part d’un écolier,
qui n’est pas la même qu’une violence qui émane d’une maltraitance (violences physiques,
attouchements sexuels, etc.), d’où l’importance d’identifier les différents types de violences quelle
que soit leur origine. Je me limiterai ici à quatre sources de violence dans notre société avant d’aborder
la question de la violence dans le milieu scolaire : il s’agit de la violence de transmission,
la violence religieuse et la mutation sociale, et enfin j’aborde la violence suite au trouble d’apprentissage.
Concernant les violences de transmission, il s’agit des ruptures brutales intergénérationnelles qui
s’achèvent généralement dans la violence. Dans notre histoire, on constate malheureusement que
les transmissions des pouvoirs se faisaient entre les générations par des ruptures violentes, sans envisager
une transmission dans le cadre du respect des lois républicaines. Ces ruptures violentes renforceraient
le sentiment d’instabilité. En outre, elles consolideraient les attitudes paranoïaques telles que
les idées de complots ; de ce fait, l’atmosphère sociale serait dominée par l’instabilité politique,
et en conséquence la société s’insécuriserait et s’autonomiserait de la politique.
Le respect des lois républicaines a comme premier objectif d’assurer une continuité
(stabilité politique dans le cadre d’une alternance) des institutions afin de sécuriser les citoyens.
Quand les citoyens ne sont pas sécurisés, c’est-à-dire en l’absence d’éthique dans l’exercice politique,
cela les rendrait méfiants du politique, ainsi le citoyen se protégerait par lui-même. Désormais,
la violence serait l’expression sociale «légitimée» pour assurer la survie du citoyen ! C’est le cas,
malheureusement, de plusieurs pays arabes touchés par la vague du «printemps arabe»,
où les institutions de l’Etat sont soit inexistantes (comme la Libye),soit fragilisées par des
pratiques népotiques. Quant à la violence religieuse, elle n’est pas spécifique à notre pays,
c’est la résultante de l’absence de l’esprit critique dans son dogme (historique) et l’absence de
l’épistémologie dans son interprétation, c’est-à-dire l’absence des études de manière critique,
la méthode scientifique, les formes logiques et modes d’inférence utilisés en science théologique,
de même que les principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences,
afin de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective.
La religion, telle qu’elle est représentée et interprétée dans notre société, ne bénéficie pas des
évolutions scientifiques modernes en sciences humaines ; elle reste dans une vision et une
interprétation littéraliste et/ou traditionaliste. Tous les travaux des grands penseurs modernes,
comme Arkoun ou autres, essayent d’attirer notre attention afin que
l’on s’éveille et ne de pas rester sous la tutelle de la pensée du Moyen-Âge.
Il est important de souligner que sur le plan psychologique, les personnes sans esprit critique
sont plus fragiles et influençables par les idées extrémistes, quelle que soit leur nature : religieuse,
nationaliste, etc. Leurs nouvelles recrues sont incapables de remettre en question leurs idées ainsi
que celles des autres. En conséquence, cette violence est l’expression des idées prédominantes dans
les dogmes fanatiques. Quand ces idées trouvent des terrains fertiles et propices, leur propagation
s’impose comme seul modèle d’opposition, car la démocratie, à leurs yeux, est fragilisée par son
incertitude (le doute) et par son ouverture à l’autre (qui est représenté dans le dogme fanatique
comme le danger à abattre !).La société algérienne est en pleine mutation, comme tout autre société,
ce qui nécessite des nouvelles adaptations dans l’interaction (et intra-action) au sein de la famille,
mais également à d’autres niveaux de socialisation et la conception des valeurs. L’accélération des
nouveaux phénomènes, comme le divorce, secouent les codes sociaux traditionnels, car la femme ne
veut plus être le seul bouc émissaire de la défaillance du fonctionnement de la cellule familiale.
La femme ne veut plus être victime dans notre société, mais actrice de son propre développement,
c’est une évolution tout à fait légitime. Cependant, cette mutation sociale se heurte à une vision
traditionaliste de la société suivie par une culpabilisation pour les femmes qui n’ont
pas respecté les codes culturels et sociaux de la société.
Comme je l’ai souligné plus haut, la pensée religieuse puise son dogme dans un registre traditionaliste,
qui fait tirer vers le bas le citoyen, et la pensée nationaliste puise ses idéologies dans les
traditions dominantes et l’histoire «mythifiée» reste en déconnexion de la réalité sociale.
Néanmoins, la société espère à une évolution vers plus d’indépendance
et d’autonomie (l’individualisation) qui est le cœur de la pensée moderne.
L’exemple de l’enfant né hors mariage (acte civil) illustre la situation l’état civil a été fait par
des hommes afin de faciliter à l’individu de s’inscrire dans la citoyenneté, avec des droits et des
devoirs et non pas pour un croyant, entre le légal et l’illégal. Implicitement, cette fuite en avant engendre
une forme de violence que l’individu encaisse comme une faute et un péché qu’il n’a pas commis ;
de plus, il est privé de ses droits les plus élémentaires. Ce dysfonctionnement crée des défaillances
affectives et des souffrances psychologiques chez l’individu, qui peut les exprimer par la violence quand
toutes les portes de la communication sont closes. Nous ne pouvons pas incriminer la société parce
qu’elle est en mutation, mais nous devrions intégrer que les codes sociaux
évoluent et ils doivent s’adapter à celles-ci.
Que faire l’école ?
L’école a un rôle déterminant pour instruire le futur citoyen et une société nouvelle et non pas
pour préserver une société actuelle et/ou de faire renaître une société «authentique» ! Partant de ce
principe, ainsi que de la psychologie de développement, l’école devrait être réfléchie dans la continuité
d’un projet de société en respectant le rythme de développement de l’élève. Il serait plus propice d’enseigner,
par exemple, l’histoire et non pas la mémoire, car la mémoire est transmise dans les
œuvres artistiques (films, livres, témoignages, documentaires, conférences, etc.)
et par la mémoire collective entre les générations ; ainsi, la mémoire est subjective et l’enseignement
de l’histoire est objectif. Car l’histoire, comme science humaine, intègre les règles épistémologiques dans
sa démarche de recherche et d’écriture. Ainsi, l’idéalisation de l’histoire nationale et les personnalités nationales
rendent la tâche de l’enseignement des faits historiques complexe. A ce jour, aucun texte dans les
programmes scolaires ne remet en question «les ouvertures islamiques» en Afrique du Nord, ni sur
la période ottomane, ni sur les diverses négociations entre les différentes régions en Algérie pendant
la colonisation française, ni sur la chrétienté algérienne ou de sa judaïté, ni sur les différents événements
historiques régionaux, etc.Certes, ces idéologies sont justifiées par l’idée d’une nation unique et unie ;
cependant, doit-on rappeler que l’unicité est une fédération de diverses unités nationales ? A vrai dire,
n’ayons pas peur de la diversité nationale, car c’est le seul rempart de l’unité nationale.
Nous sommes plus unis que lorsque les diversités sont reconnues comme une richesse et non pas comme
une menace. Et l’école peut jouer un rôle déterminant dans la transmission d’une histoire nationale démystifiée
et surtout qui s’inscrit dans une évolution humanisée et non pas guerrière.
Afin de construire une société tolérante, l’école a un rôle important à jouer. Car l’exercice de la tolérance
commence dans la famille et à l’école ; cependant, cette dernière pourrait lui apporter les arguments théoriques
pour l’immuniser des idéologies mortifères. La tolérance est la capacité d’accepter les points de vue
d’autrui même s’ils diffèrent des nôtres. Elle s’apprend en construisant par étapes un sens de l’empathie,
associant émotions et raison. Si ce processus est enrayé dans l’enfance, la pensée dogmatique
s’imprime durablement dans les neurones. La majorité des théoriciens considèrent que ce sens de
l’autre se construit en plusieurs étapes et associe des processus affectifs et cognitifs.
Ainsi, intégrer le point de vue d’autrui nécessite de combiner deux formes d’empathie
une forme émotionnelle (ressentir les émotions d’autrui), c’est une période qui dure entre 1 à 4 ans,
c’est le partage des émotions (quand on pleure devant un bébé, il pleure aussi) ; et une forme cognitive,
qui est l’aptitude à appréhender les croyances et désirs d’autrui ; puis, à partir de cette base,
à imaginer ses intentions et anticiper ses comportements, et c’est à partir de l’âge de 4 ans que l’enfant
pourrait développer cette forme d’empathie qui nécessite d’intégrer un grand nombre d’informations,
comme le caractère de l’autre, ses conditions de vie, ses particularités culturelles, etc.
A partir de 9 ans, ces deux capacités, émotionnelle et cognitive, s’articulent. grâce à la maturation
cérébrale, l’enfant peut alors intégrer d’autres points de vue que le sien si l’environnement l’y incite.
Cette étape est celle qui permet à l’enfant d’adopter intentionnellement le point de vue d’autrui.
Cette attitude réintroduit la dimension émotionnelle, mais différemment du premier stade.
Il s’agit en effet d’adapter de façon attentionnelle le point de vue d’autrui, à la fois émotionnel
et cognitif, en se décentrant de son propre point de vue.Selon certains chercheurs en neurosciences,
si le processus est entravé à ce moment par une vision du monde dogmatique, le cerveau peine à accéder
à la tolérance. C’est là où l’école pourrait jouer un rôle déterminant en proposant des textes adaptés
et tolérants en montrant les diversités culturelles et ouvertes à l’autre. L’initiation à l’esprit critique joue
son rôle déterminant au cours des ces âges ; désormais, le choix des textes est décisif dans l’orientation
du projet de société que nous souhaitons et en respectant leur âge de développement me semble
la clé de la réussite, de la sérénité et de l’avenir de notre pays.
Pour mieux comprendre l’esprit critique, essayons de profiter des derniers résultats des neurosciences.
Notre cerveau dispose de deux modes de pensée : un mode automatique faisant appel à des croyances,
des habitudes ou des opinions, et un mode logique basé sur le raisonnement. Le mode logique
et rationnel procède par déductions, inférences et comparaisons.
Il est, bien souvent, lent et difficile d’accès. Cependant, la pensée heuristique (automatique),
qui repose sur des croyances, des habitudes, opinions, stéréotypes, des idées reçues depuis tout petit,
est facile d’accès. Pour accéder à une pensée logique (libre) et méthodique, nous devons bloquer
le mode automatique et activer le mode raisonnement(1). Le programme pédagogique n’est pas
uniquement d’apprendre à lire, écrire et compter, mais surtout apprendre à raisonner.
Et apprendre à mieux raisonner, c’est apprendre à bien résister.
Les troubles d’apprentissage !
Quand on parle de difficultés scolaires ou des élèves qui ont besoin d’un suivi spécifique dans
le système scolaire, il est important de les situer dans trois catégories :
Catégorie (1) : des difficultés de type «déficitaire» d’origine neurologique, développemental,
etc. Tout ce qui est relatif à un déficit neuro-développemental : déficience intellectuelle, autisme,
TED, troubles psychiatriques, etc.Catégorie (2) : des difficultés de type «apprentissage», qui n’est pas
causé par une déficience intellectuelle ni par un déficit sensoriel (acuité visuelle ou auditive),
un manque d’encadrement scolaire, une carence de motivation ou des conditions
socio-économiques défavorisées. Un trouble d’apprentissage correspond donc à une atteinte affectant
une ou plusieurs fonctions neuropsychologiques, ce qui perturbe l’acquisition, la compréhension,
l’utilisation et le traitement de l’information verbale ou non verbale (dyslexie, dysgraphie, dysphasie,
dyspraxie, agnosie, troubles attentionnels avec ou sans troubles d’attention (TDAH). D’après la dernière
classification du DSM 5, ces troubles sont classés dans la catégorie des troubles neuro-développementaux.
Catégorie (3) : des difficultés de type «désavantage», qui peuvent toucher les élèves qui vivent
dans des conditions socioculturelles défavorables, qui perturbent les capacités d’intégration scolaire,
d’apprentissage, etc. C’est-à-dire que ce sont des enfants qui ne peuvent pas être intégrés dans les
deux premières catégories.Les violences scolaires sont différentes d’un niveau à un autre, car chaque
catégorie nécessite un accompagnement spécifique ; mettre tous les élèves au même niveau et aux
mêmes besoins, c’est créer un déséquilibre au sein de la classe entre le haut niveau et celui en difficulté
scolaire rendrait la tâche de l’enseignant très délicate ; désormais,
les violences deviennent l’expression de l’élève et de l’enseignant.
Il est important pour les enseignants, les pédagogues, les chercheurs en sciences humaines,
les psychologues, le corps médical et paramédical, les journalistes, etc., de soulever l’urgence de
remédier à cette violence qui touche l’ensemble des institutions et des populations de notre pays.
La création d’un observatoire autonome, qui regroupe l’ensemble des professionnels afin de mieux
cerner le fonctionnement et l’émergence de la violence dans notre société,
avec des publications périodiques,me semble d’une utilité vitale.

zadhand
24/01/2016, 21h25
PLUS QUE JAMAIS CIBLÉE
L’enfance évolue dans une société malsaine

Une avancée importante qu’est la protection de l’enfance prévue par le projet
de révision de la Constitution, selon Mustapha Khiati, président de la
Fondation nationale pour la promotion de la santé et de la recherche scientifique
(Forem). Pourtant, une solution en aval ne suffit pas à solutionner les problèmes
de fond en amont.Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - Constitutionnaliser la protection
de l’enfance contre toutes formes de violences qui sont susceptibles d’être commises
à son égard, est «certainement» une avancée. Surtout que cela a toujours fait l’objet
des revendications de la société civile, a souligné M. Khiati. Un autre argument est que
«l’enfant n’est plus en sécurité» dans notre société. D’où l’urgence de le protéger
justement. En effet, cette situation particulièrement sensible, si ce n’est qu’elle est
dramatique, est retracée par plusieurs indicateurs «même s’ils sont loin de la réalité»,
a-t-il précisé. 10 000 cas de violences avérées ont été déclarés en 2015. Il n’empêche
que le président de la Forem, outre la société civile, experts et sociologues, juge que ces
statistiques ne constituent que «la tête de l’iceberg ». Et les chiffres réels devraient
avoisiner voire dépasser les 50 000 cas, selon lui. Un énorme fossé demeure entre ce
qui se passe et ce qui est recensé, a-t-il ajouté. Rappelant que des tabous subsistent
encore s’agissant des déclarations, particulièrement dans les zones rurales ou reculées.
Revenant sur le fond de l’article sur la protection de l’enfance prévu par la loi fondamentale,
M. Khiati a apprécié sa rédaction le trouvant «perspicace», puisque cette responsabilité à
l’égard de l’enfant doit être assumée et par la famille, la société et l’Etat par ses institutions.
Ceci en rajoutant, que suite à la promulgation de la nouvelle Constitution, c’est l’ensemble
du dispositif législatif qui devra être revu pour «une remise à niveau» afin de l’adapter
davantage aux besoins de la société. Tabac, alcool et drogue devront également être
«assimilés » à des violences contre l’enfance puisque leur consommation a atteint des
proportions alarmantes même au sein des écoles primaires et collèges, a-til confirmé.
Ceci en s’appuyant sur ses récentes statistiques en la matière révélant que 14% des
collégiens ont consommé au moins une fois des produits stupéfiants. Toutefois, ce chiffre
devra être relativisé puisque ce n’est, évidemment, pas l’ensemble des concernés qui se sont
«déclarés». Par ailleurs, le président de la Forem a tenté d’expliquer le pourquoi du comment
de la société qui sombre sensiblement dans les violences aujourd’hui. Car, selon lui, les années 90
ne justifient pas tout. Il y a lieu de prendre en ligne de compte d’autres facteurs. L’injustice sociale
liée à l’emploi et au logement, l’exode rural et l’éclatement de la famille qui s’en est suivi,
puis la constitution de cités anonymes où l’autre est rejeté. Un tout qui a conduit à
«une société anonyme» selon ses observations. Néanmoins, restant relativement optimiste,
M. Khiat a indiqué que «ce n’est jamais trop tard pour agir» si chacun y met du sien.
Signifiant paradoxalement que ce fléau, rassemblant toutes les formes de violence, s’amplifie.

N. B