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Voir la version complète : Pourquoi les bloqueurs de publicité refont débat



rubicube
26/09/2015, 10h17
MEDIAS iOS 9 les autorise pour la première fois et de nombreux sites Internet s'inquiètent...
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Personne n’aime la publicité en ligne. Laides, agressives, envahissantes, les annonces ralentissent le chargement des pages Web, consomment de la data et polluent les contenus. Mais à l’heure du tout gratuit, c’est aussi la source principale de revenus de nombreux sites Internet qui peinent à survivre. Alors qu’Apple autorise pour la première fois avec iOS 9 les bloqueurs du pub, le débat repart de plus belle.

Quoi de neuf avec iOS 9 ?

Apple ne propose pas directement un bloqueur de pub. En revanche, les développeurs peuvent créer des extensions filtrant des contenus (cookies, images, vidéos, pop-ups etc.) sur le navigateur Safari. Crystal, Blockr, Purify… Les apps se multiplient.
Que s’est-il passé avec le bloqueur Peace ?

En 48 heures, Peace se retrouve en tête de l’app store. Mais le co-créateur de Tumblr, Marco Arment, décide de retirer son app et de rembourser tout le monde. « Je ne m’y attendais pas, mais ce succès me laisse un goût amer. Les bloqueurs de pub bénéficient aux utilisateurs mais ils font du mal à de nombreux acteurs qui ne le mérite pas », écrit-il. Selon lui, il faut pouvoir offrir « plus de nuances et de réglages » que le « tout ou rien » d’iOS.

Et sur Android ?

A l’inverse de la version PC, Chrome n’accepte pas les extensions qui bloquent des contenus sur smartphone ou tablette. Il est possible de contourner cette restriction en téléchargeant un navigateur alternatif mais cette méthode reste pour l’instant marginale.

Apple vs Google

Alors que plus de 90 % des revenus de Google dépendent de la publicité, l’entreprise a pour l’instant surtout appelé l’industrie à proposer des annonces moins intrusives. Apple, de son côté, n’a pas ce problème. Sa plateforme publicitaire mise avant tout sur des réclames dans les apps. Qui, à l’inverse de Safari, ne sont pas ouvertes aux bloqueurs.

Combien de personnes utilisent un bloqueur ?

Selon PageFair, cela va de 10,4 % des internautes en France à 34,9 % en Pologne. Au total, cela représente 200 millions de personnes dans le monde. Mais c’est surtout la croissance qui inquiète, avec une hausse globale de 40 % sur un an.

Quel manque à gagner ?

Une étude alarmiste controversée de PageFair et Adobe chiffre le manque à gagner global, desktop et mobile, à 40 milliards de dollars en 2016. Pour comparer, le marché de la publicité sur Internet devrait, lui, atteindre 200 milliards de dollars (dont plus de la moitié sur mobile), la même année selon eMarketer. Les analystes de la banque UBS ne donnent pas de chiffre global mais évaluent l’impact des bloqueurs sur iOS 9 à seulement 1 milliard de dollars.

Listes blanches et contributions

Le leader du secteur, AdBlock Plus, propose à ceux qui vivent de la publicité de payer pour que leurs annonces soient mises sur une liste blanche. Selon le Financial Times, Google, Amazon ou encore Microsoft auraient notamment accepté de verser une commission. Cela s’assimile « à de l’extorsion et du racket », dénonce l’investisseur et blogueur Jean-Louis Gassée dans sa dernière Monday Note. Google, de son côté, tente une autre approche avec son service « Contributor ». Aux Etats-Unis, l’internaute peut choisir de payer une somme fixe, allant de 2 à 10 dollars par mois, qui est répartie entre les sites qu’il visite, avec une publicité allégée jusqu’à 50 %.

Quelles solutions alternatives ?

Certains tentent d’interpeller l’internaute en lui demandant de désactiver son bloqueur ou d’ajouter le site à la « liste blanche des exceptions ». Selon PageFair, cela ne marche que dans 0,33 % des cas. Le Guardian, lui, propose de devenir un « supporteur » et de bénéficier d’avantages pour une contribution mensuelle allant de 7 à 20 euros par mois. Du côté de la vidéo, certains services arrivent à contourner les bloqueurs.

Publicité native et avenir

Beaucoup de sites migrent vers la publicité « native », plus difficile à bloquer, avec un habillage qui ressemble à un article. Selon le journaliste Jeff Jarvis, « ce n’est pas la bonne réponse » car ces pubs cherchent trop souvent « à tromper » l’internaute. Selon lui, les journaux « doivent développer une relation de confiance » avec leurs lecteurs. « Au lieu de chercher à collecter en secret des données, faites-le de manière transparente et ouvrez-leur l’accès afin qu’ils puissent corriger les erreurs ». Bref, un système de publicité ciblée amélioré dans lequel l’internaute contrôlerait ses données.