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zadhand
28/08/2015, 20h53
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
28/08/2015|15:54
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Le-général Hassan (DRS) arrêté et transféré à la prison militaire de Blida
Info Algérie1 : Le général-major Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, ex-chef de la direction de la lutte contre le terrorisme, au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), a été arrêté, hier soir, en son domicile à Chevalley (Alger), a appris Algérie1 de bonnes sources.Le tribunal militaire de Blida avait déjà le 8 février 2014, placé sous contrôle judiciaire le général Hassan avant de poursuivre l’enquête d’usage qui a abouti hier à son arrestation suite à un mandat d’arrêt délivré par le même tribunal.Le général Hassan est poursuivi pour constitution de bande armée, fausses déclarations concernant le stock d’armes en sa possession, détention et rétention d’armes de guerre, rétention d’informations et mensonge, à la suite d’interrogatoires de trois terroristes capturés à Tiguentourine, selon les mêmes sources.De graves accusations qui peuvent lui valoir la peine de mort, s’il est reconnu coupable par les juges du tribunal militaire en vertu de l’article 86 du code pénal algérien, précisent nos sources.C’est au cours d’un contrôle effectué par un barrage militaire dans le sud du pays, du coté de Ouargla, que des individus armés ont été arrêtés. Au cours de leur interrogatoire, les enquêteurs ont été surpris par les aveux des personnes qui ont affirmé que c’est le général Hassan qui les a armés.Son procès, qui se déroulera certainement à huis clos, pour des raisons évidentes, promet néanmoins d’être riche en rebondissements.Le général Hassan est un proche parmi les proches du général de corps d’armée, Mohamed Lamine Médiene, alias Toufik, patron du DRS.Pour rappel, le DRS a subi un large lifting en septembre 2013, décidé par le président de la république Abdelaziz Bouteflika, qui a fait couler beaucoup d’encre. En effet, le général-major Rachid Lallali, dit Attafi, en charge de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) et le général-major Athmane Tartag, dit Bachir, responsable de la Direction de la sécurité intérieure (DSI) ont été admis à la retraite, alors que ce dernier est de nouveau opérationnel au sein de la présidence de la république.Outre les généraux Attafi et Tartag, le mouvement a concerné aussi le général-major M’henna Djebbar qui était à la tête de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), le général-major Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, ex-chef de la direction de lutte contre le terrorisme et le colonel Fawzi qui dirigeait le Centre de Communication et Diffusion (CCD) qui a été dissous au même titre que le Service de la Police Judiciaire (SCPJ).La DCSA, quant à elle, est passée depuis sous le contrôle du chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah. Elle est désormais dirigée par le général-major Lakhdar Tirèche.On se rappelle que fin juillet 2015, un autre proche du chef du DRS, le général-major Djamel Mejdoub, patron de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP), a été limogé de son poste et sa direction rattachée à la garde républicaine (qui avait également changé de titulaire); toutes ces informations ont été annoncées en exclusivité par Algérie1.La DSI a encore une fois changé de titulaire, puisque le général Boura Rezigue alias Abdelkader, a été nommé début août 2015 comme nouveau directeur de la Direction de la sécurité intérieure, en remplacement du général-major Abdelhamid Bendaoud alias Ali,
comme révélé également par Algérie1.

zadhand
01/09/2015, 00h44
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
31/08/2015|20:54

Le général Hassan remis en liberté

Le général Hassan, ex-chef de la lutte antiterrorisme au sein du DRS,
a été libéré aujourd'hui lundi de la prison de Blida où il était détenu depuis 5 jours.
Aucune charge n'a été retenue contre lui,a appris Elwatan.com.
Le général Hassan, «Monsieur antiterrorisme» au sein du DRS,
a été placé sous mandat de dépôt par le juge du tribunal militaire de Blida, jeudi dernier.
Les circonstances de son **Hidden Content: Check the thread to see hidden data.**.


Elwatan.com

zadhand
07/09/2015, 23h45
A LA UNE/ACTUALITE_ Changements au sein de l’armée
07 Septembre 2015



Le DRS entre luttes de clans et rumeurs

Des changements qui n’ont toujours pas livré leurs secrets.
Et en l’absence d’une communication officielle,
il est aujourd’hui difficile – voire impossible – de comprendre
le sens réel de ces chamboulements.

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Pour comprendre un tant soit peu cette volonté qu’on prête au président Abdelaziz Bouteflika de reconfigurer les Services secrets, un petit rappel des faits s’impose. Nous sommes à l’été 2013. Le chef de l’Etat rentre d’un long séjour médical à Paris.
Des informations contradictoires circulent sur son état de santé. Puis, soudain, des décisions importantes sont annoncées. Le puissant colonel Faouzi,
directeur de l’information auprès du DRS, est limogé.
Les raisons ? On n’en saura jamais rien. Mais ce qui va suivre va sonner l’opinion. Le général Bachir Tartag, directeur de la Sécurité intérieure, est démis de ses fonctions. L’homme, qui sera remplacé durant deux années par le général Ali Bendaoud, est appelé,
des mois plus tard, à la présidence de la République.
Son remplaçant, lui aussi, sera limogé deux ans plus tard, en juillet dernier. Plus que les limogeages de hauts responsables, la présidence de la République dépouille, en quelques jours, le DRS de services aussi importants que névralgiques que sont la communication et la police judiciaire, qui seront directement rattachés à l’état-major de l’armée.
L’opération de «transfert» des différentes directions s’est récemment achevée avec la dissolution du service de l’Intelligence économique du DRS.
Auparavant, le puissant GIS (groupe d’intervention spéciale), corps d’élite spécialisé dans la lutte contre le terrorisme, a été dissous. Ses éléments, des militaires surentraînés, sont dispersés, affectés à d’autres services de l’armée.
Dans un geste que beaucoup d’observateurs interprètent comme une déclaration de guerre du clan Bouteflika au chef du DRS, la présidence de la République suspend, en mars 2014, le général Hassan, responsable de la lutte antiterroriste au sein de ce département.
Et comme pour ajouter un nouveau chapitre à ce puzzle qui s’écrit autour des Services secrets algériens, l’homme est mis aux arrêts fin août dernier.
En deux années, la présidence de la République a donc réussi l’incroyable prouesse de changer complètement la configuration du DRS. Il ne reste de cet énigmatique service que son mythique patron, le général Toufik, dont les Algériens connaissent très peu de choses. Il est même en passe de pulvériser le record du monde de longévité à la direction d’un service sensible
25 ans à la tête du DRS.
En l’absence d’indications officielles qui montrent la direction que la présidence veut donner au DRS, les spéculations vont bon train.
Et l’hypothèse qui sort du lot est celle qui veut que ces changements sont loin de répondre à une logique de réforme, comme on pourrait le supputer. Ils ont l’apparence d’un résultat des luttes acharnées que se livrent deux clans du pouvoir. L’absence de débat public et de transparence accrédite cette hypothèse.



Ali Boukhlef

zadhand
13/09/2015, 16h45
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
13 Septembre 2015|14h56


Le général Toufik s’en va, Tartag le remplace

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions
de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, exercées
par le général de corps d'armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite,
indique dimanche un communiqué de la Présidence de la République.

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"Conformément aux dispositions des articles 77 (alinéas 1 et 8) et 78 (alinéa 2) de la Constitution,
Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense nationale,
a mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité,
exercées par le général de corps d'armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite", lit-on dans le communiqué.
Le président de la République a nommé M. Athmane Tartag,
chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, ajoute la même source.
M. Athmane Tartag, général-major à la retraite, était jusqu'à ce jour conseiller
auprès du président de la République. Auparavant, il avait assumé plusieurs hautes responsabilités
au sein des services de renseignement et de sécurité, conclut le communiqué.



APS

zadhand
14/09/2015, 20h52
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
14 Septembre 2015|10h00


Le général Toufik mis à la retraite
La fin d’une époque



Chute d’un mythe et la fin d’une époque. Le tout-puissant patron
des services de renseignement, le général de corps d’armée Mohamed Mediène dit Toufik,
a été démis de ses fonctions après un quatre de siècle de règne dans l’ombre.

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Il est – avec le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) – le symbole de la période la plus tumultueuse de l’histoire contemporaine du pays. Son départ est un événement, tant l’homme et les services qu’il dirigeait ont concentré de vastes pouvoirs hors de portée de tout contrôle et surtout au rôle politique considérable.L’homme «sans visage» a été jusqu’à hier le dernier survivant en poste du cercle de militaires qui ont barré la route aux islamistes du FIS. L’ère Toufik a vécu laissant un DRS dépouillé de ses pouvoirs et de son influence. C’est par le biais d’un communiqué de la présidence de la République – un fait inédit – que sa mise à la retraite a été prononcée. «Conformément aux dispositions des articles 77 (alinéas 1 et 8) et 78 (alinéa 2) de la Constitution, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense nationale, a mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du renseignement et de la sécurité, exercées par le général de corps d’armée, Mohamed Mediène, admis à la retraite», a annoncé le communiqué présidentiel.Il est remplacé par le général-major à la retraite, Athmane Tartag dit Bachir, lui aussi a été longtemps officier des services ayant exercé auprès de son désormais prédécesseur avant de partir à la retraite.Ainsi donc, prend fin une période remplie de conflits et de luttes d’influence entre différents pôles du pouvoir. Intervenu dans un contexte politique aussi flou qu’incertain, le départ du général Toufik ne manque pas de soulever des interrogations.Un limogeage ? Est-il parti au terme d’une guerre d’usure entre son département et la présidence de la République qu’il a perdue ou bien suite à un arrangement – un départ négocié – dicté par une conjoncture sécuritaire nouvelle ? Au regard de la nature opaque du fonctionnement du pouvoir réel, il n’est pas si facile de confirmer une thèse aux dépens d’une autre.Probablement les deux à la fois. Cependant, il faut rappeler que la décision de Bouteflika de briguer un quatrième mandat présidentiel avait révélé des désaccords profonds entre les clans et la guerre avait débordé le sérail pour être portée sur la place publique. Le tout-puissant des Moukhabarate a essuyé des attaques violentes venues pour la première fois de l’intérieur même du régime.A quelques semaines de la présidentielle d’avril 2014, le secrétaire général de l’ex-parti unique, Amar Saadani s’est ouvertement attaqué à celui que tout l’establishment algérois redoutait, inaugurant ainsi une longue guerre d’usure où chaque «groupe» s’employait à neutraliser l’autre.Ce jour-là, le prestige du Général était sérieusement atteint. Une première défaite symbolique mais non sans conséquences politiques. La raison de cette guerre déclarée serait une opposition du patron du DRS à un quatrième mandat d’un Bouteflika à la santé incertaine. Mais en réalité, le général Toufik n’avait jamais affiché clairement son opposition. La réalité est que Mohamed Mediène a de tout temps été «loyal» jusqu’au bout.Cependant, il aurait «réfléchi à un plan B» dans le cas où le président sortant serait dans l’incapacité de briguer un autre mandat. Ce qui a été interprété par la garde prétorienne de Bouteflika comme une opposition.Dans l’ambiance exécrable de la présidentielle, des officiers supérieurs au sein de l’armée connus pour leur proximité avec le patron du DRS étaient soudainement envoyés à la retraite, dont le général Djebar Mhena, chef de la sécurité de l’armée, la colonel Chafik chargé de la lutte contre la corruption et le colonel Fawzi qui s’occupait des médias, pour en arriver à l’arrestation fracassante du chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan.Dernier épisode annonçant la fin de celui que certains surnomment «dieu de l’Algérie» et symboliquement la victoire de Bouteflika qui a consacré l’essentiel de son énergie à «disloquer» le noyau dur constitué par les généraux de la période 1990 pour déplacer le centre du pouvoir à la Présidence.
DRS, fin et suiteMais faut-il réduire l’événement à l’unique lutte clanique ? Ne s’agit-il pas aussi du «démantèlement» ou de la «mutation» d’un appareil aussi tentaculaire qu’hégémonique ? D’évidence, le départ du général Toufik, certes dans un contexte conflictuel, obéit à des impératifs politiques et sécuritaires nouveaux.Le DRS, qui convenait durant une période marquée par une guerre contre le terrorisme, ne correspond plus dans sa forme actuelle à une nouvelle situation ou à la menace sécuritaire qui, elle, a connu des transformations profondes redoublant de férocité. «La nature de la menace a changé et pour la combattre, il faut adapter l’instrument de lutte», analyse un spécialiste.Ahmed Ouyahia, dans sa conférence de presse d’avant-hier, a laissé entendre que les appareils sécuritaires du pays connaissent un changements «naturel» pour mieux les adapter. Une restructuration interne.Même la notion et la vocation des Services devraient «subir» une mutation. Passer du sécuritaire au renseignement, à l’anticipation et à la prévention.Héritier de la Sécurité militaire, le DRS est perçu par les acteurs politiques et sociaux ainsi que les militants des droits de l’homme comme «police politique» dont la mission est de museler la société. C’est Big brother.Dans les milieux initiés, l’on parle d’une «réforme structurelle et doctrinale» des Services mise sur la table depuis des années, mais chahutée par des luttes politiques.Il faut souligner que depuis quelques années, des failles sont apparues dans le dispositif sécuritaire, rendant «possibles» des attaques terroristes d’envergure : l’attaque contre l’Académie interarmes de Cherchell, les attentats commis par le Mujao dans le sud du pays et surtout la prise d’otages du site gazier de Tiguentourine.A la menace «domestique» s’ajoute celle encore périlleuse du voisinage immédiat.Le pays est cerné par des frontières à la fois hostiles et instables. Le chaos libyen et l’instabilité malienne sont deux menaces réelles et permanentes qui exigent une adaptation de l’outil sécuritaire.La priorité est de «sanctuariser le territoire». Il s’agit là d’éléments objectifs. Le départ de Toufik, bientôt 76 ans, «négocié et sans contrepartie» – un départ consentant – devrait-il être analysé à l’aune de cette donne ? Vraisemblablement, d’autant que l’usure du temps et de la fonction a dû peser sur la décision.De l’avis d’observateurs avertis, la fin de mission du général Toufik devrait conduire, à terme, au changement même de l’appellation du Service comme ce fut le cas pour la défunte Sécurité militaire.En tout cas, le DRS dans sa forme actuelle est voué à disparaître. Et dans ce mouvement, d’autres changements aussi importants que nécessaires devraient suivre.Mouloud Hamrouche avait convié les Toufik, Gaïd Salah et Bouteflika à préparer leur départ. Sommes-nous dans ce schéma ? La longue parenthèse fermée de l’ère toufikienne amorcera-t-elle un changement dans la nature du système politique ? Pas si sûr.


Hacen Ouali

djafar1
16/09/2015, 17h23
tout nos responsables cumulent ( au moins) plus d'un quart de siècle dans le sérail du pouvoir et ce n'est pas demain la veille l’avènement de la démocratie chez nous
alors mediene est mort vive tartag et la révolution continue comme disait muhya (cet inconnu du bataillon celui la est bien mort allah yarahmou))

zadhand
19/09/2015, 00h21
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
18 Septembre 2015


La vraie légende du général
«Toufik»


Que cache le mythe Toufik qui vient de quitter ses fonctions après 25 ans à la tête du DRS ? Un homme, un soldat, un «monstre paranoïaque», une émanation de l’Ancêtre comme on appelle le MALG historique dans la «maison» ? Décryptage du parcours de l’homme le plus mystérieux d’Algérie.

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Le militant algérois a de l’œil. Les années de militantisme dans le PPA-MTLD, le scoutisme et même en tant que membre du Mouloudia historique et la clandestinité de la cellule de l’organisation politico-militaire du FLN-ALN, ont aiguisé son regard. Et ce regard tombe sur ce jeune homme, un peu solitaire au lycée, bon élève et très discret, qui tranche avec la gouaille joyeuse des Algérois.Le militant est du même quartier que le jeune homme, Saint-Eugène à Alger. Il connaît bien sa famille, notamment son père Ahmed, Ahmed Mediène. Il étudie longtemps son cas et son intuition lui dit qu’il faut recruter ce jeune homme renfermé. Il le voit souvent ce jeune Mohamed, assis seul sur une marche des escaliers à côté de l’ex-Opéra d’Alger, square Port-Saïd actuellement. Assis et silencieux, regardant le monde s’agiter autour de lui. Parfois des heures.Il a quoi ? 18, 19 ans ? Petit gabarit à la peau claire et aux yeux scrutateurs qui s’imprègnent de son environnement, scannent la place de l’opéra en silence. Nous sommes en 1959. Le militant FLN-ALN approche le jeune homme : «Tout ce qu’on te demande est de rester ici et de noter mentalement tous les mouvements que tu aperçois, les flics français, leurs commissaires, quand ils rentrent dans le café, avec qui ils ont parlé…Tu vois tout ça et tu me rends compte après verbalement.» Sans hésitation, le jeune Mohamed dit oui à son voisin, respecté dans le quartier pour ses engagements et son niveau d’étude (en droit). Quotidiennement, chaque soir à Saint-Eugène, Mohamed faisait un compte rendu au responsable clandestin. D’une précision terrible, oralement, sans notes écrites ou aide-mémoire, ce qui a permis à l’Organisation de mener pas mal d’opérations fructueuses. Puis c’est le maquis, les premiers coups de feu alors qu’il n’a pas encore vingt ans...L’embuscade où il a failli y passer, n’était l’intervention héroïque du frère aîné de Betchine ! Ensuite, la Tunisie, les opérations à la frontière et ses débuts dans les transmissions chez le MALG, avec toujours ses silences et ses regards scrutateurs, sa retenue. Il observait le monde en chaos autour de lui et traçait son sillon dans cette armée embryonnaire qui, déjà aux frontières, était plus puissante que les armées du Maroc et de la Tunisie réunis.Scanner vivant«Cette incroyable faculté à observer que Mediène a développée très jeune lui a beaucoup servi dans sa carrière, témoigne un ancien colonel des services actions du DRS. Il a ce tempérament très calme d’un observateur hors du commun. Dans nos réunions, et sans en faire trop, il observait les visages de tout le monde, étudiant les réactions. Un vrai scanner vivant.» Un scanner vivant, selon cet ancien opérationnel à la retraite ? «Parfois, il nous étonnait, c’est sa faculté d’observer, son œil, son intuition qui nous surprenaient. Ecoutez ça», nous relance l’ancien colonel. Invité à dîner chez un de ses collaborateurs, un général des services opé’ (opérations à l’étranger), «Toufik» arrive dans son véhicule tout-terrain, sans escorte.Il embrasse son hôte à l’entrée de la villa barricadée sur les hauteurs d’Alger, à Hydra, dans une impasse sécurisée, avant de se crisper et de reculer de quelques pas. «Qu’est-ce qui ne va pas ?» demande, intrigué, le barbouze. Pensif, le petit homme à la peau claire et aux yeux nerveux derrière ses grosses lunettes le bombarde calmement de questions : «Tu as changé ta garde ? Tu as reçu une livraison ?Tes enfants sont venus avec des amis ? Tu as reçu des ouvriers pour des travaux chez toi ?... » Vexé, le général maître des lieux, perd patience : «Mais enfin, dis-moi ce qui se passe ? Rentre.» L’homme à l’écharpe rouge, souvenir des classes au KGB, attrape alors son talkie-walkie pour donner des ordres pour convoquer des démineurs. Une heure plus tard, la voiture du général-hôte est découverte pleine de TNT. De quoi souffler la maison, une partie du quartier, la famille du général opé’… et son invité, Mohamed Mediène.Calme«C’était dans les années 1990. A l’époque, une guerre fratricide déchirait les services secrets. Mediène a senti le danger, comme un détecteur d’explosifs ; son ami est resté bouche bée. Mediène a encore gagné contre le destin», conclut le colonel. Comment gagner contre le destin ? Comment rester à la tête des services secrets les plus secrets si longtemps, 25 ans ?«Il écoutait tout le monde, ne coupait jamais la parole, témoigne un ancien collaborateur, puis il parlait à la fin, succinctement. Un jour, je lui avais signalé un fait gravissime, que je ne peux dévoiler ici. Il m’a juste écouté, sans être ni ébranlé ni choqué, son visage est resté de marbre. A la fin de mon rapport, il a juste dit :‘’Ok, alors il faut faire ceci et cela’’. Calmement, alors que je lui exposais une affaire de sécurité d’Etat. Il nous a toujours bluffés avec son calme.Du coup, nous, ses collaborateurs, essayions de l’imiter, calme et discipline.» «Sa discipline était exemplaire et il n’a jamais remis en cause ou même commenté un ordre, confie un conseiller à la Présidence qui est pourtant très critique face à la puissance et à l’entrisme du DRS. Il n’a jamais traîné de scandale ni eu de sanction, même minime. Jamais de frasque. Ce n’est pas quelqu’un qui a ramassé du fric. Et surtout, c’est un patriote, un vrai.Je ne suis pas d’accord ni avec ses méthodes ni avec sa manière de gérer le DRS comme un Etat parallèle, mais je dois reconnaître qu’il a un sens du patriotisme très élevé.» «En 2003, ‘’Toufik’’ remet un dossier complet sur le scandale Khalifa à Bouteflika. Ce dernier, 48 heures après et en plein Conseil des ministres, lance : ‘’Le patriotisme de Si Toufik me rappelle celui de Si Ben Boulaïd. Si Toufik nous a sauvés d’une vraie catastrophe‘’», raconte le cadre d’El Mouradia.Et d’ajouter : «Sans le respect que lui devaient ses hommes, sans son autorité, il y aurait eu des dérapages contre le Président, je vous l’assure.» «Jamais il n’a dit un mot déplacé sur Bouteflika, pas une seule fois. Quand ils doivent se rencontrer, le protocole est très strict. Mediène suit la voie protocolaire et les deux responsables correspondent via leurs chefs de cabinet respectifs. Il l’appelle toujours Monsieur le président, Bouteflika lui, se contente d’un ‘’Si Toufik’’», explique le même conseiller.Soldat«Mediène est un soldat, on oublie cela souvent, indique un de ses hommes, chargé de la lutte antiterroriste. C’est un enfant du MALG et de l’ALN. Il était dans une projection, disons, historique, sans jamais bien sûr faire de l’ostentatoire par rapport à son rôle ou à sa puissance. D’ailleurs, il n’est pas un janviériste comme on le présente souvent. Quand les généraux Taghit, Touati, Djouadi, Lamari (Mohamed), Gheziel et Nezzar (venu tardivement à ce groupe) ont commencé à se réunir pour trouver l’astuce pour déposer Chadli en 1992, il n’était pas là.Puis, dans les semaines qui ont suivi, il n’a ni dénoncé ni soutenu leur démarche. Sa priorité était de ramasser les lambeaux des services après le traumatisme de 1988, les accusations de tortures, le départ de Lakehal Ayat et de Mohamed Betchine.» «A un moment donné, les civils se sont barrés, s’emporte un commandant de l’ANP de l’époque. Djenouhat, Taghit, Touati et d’autres hauts officiers de l’armée étaient hors d’eux.Structure globaleOn est en 1992 et on avait ‘’gentiment’’ demandé à Chadli de partir en lui envoyant Djenouhat qui était son ami, avec tout le respect qu’on doit au chef des forces armées, à un moudjahid, à un colonel du temps de Boumediène. Il y eu alors une volonté de recentrage autour des forces armées et on avait les hommes pour ça : Touati, Mohamed Lamari et surtout Mediène qui s’occupa de sécuriser les militaires tandis qu’on militarisait la sécurité.» «Mediène avait hérité de la structure la plus compliquée en Algérie, mise en lumière après les accusations de torture d’Octobre 1988, décapitée de ses chefs ; il pensait qu’il fallait ramasser les morceaux, créer un corps de frappe capable de faire face à la guerre qui s’annonçait, explique un autre collaborateur de «Toufik» durant les années 1990, aujourd’hui à la retraite.Face au fait que l’ANP, bâtie sur les schémas soviétiques et arabes lourds et inadaptés à la guérilla, face au fait qu’il fallait créer une structure globale qui assume le putsch contre Chadli avec intelligence et efficacité, Mediène a commencé ce travail titanesque de rassembler les services en un seul et créer le DRS, qui englobait à l’époque toutes les directions du renseignement militaire et civil, mais aussi pas mal de ‘’directions secrètes’’ pour maintenir le bon fonctionnement de l’Etat, au cas où.»Et là, l’ancien colonel nous cite la DSE. «La Direction de la sécurité de l’Etat n’existe pas réellement, elle est constituée de l’état-major du DRS plus d’autres personnalités importantes, en cas de crise ; cela s’est produit quelquefois, notamment dans les années 1990.» Face à cette volonté de concentrer tous les services entre les mains de «Toufik», des oppositions naissent, notamment celle de Khaled Nezzar, ministre de la Défense à l’époque, qui ne portait pas Mediène dans son cœur et qui n’aimait pas trop les services de renseignement, mais qui a dû céder face aux sollicitation du «Cardinal de Frenda», le général Larbi Belkheir, protecteur du colonel Mediène.L’autre à s’opposer est le chef de gouvernement de l’époque, Mouloud Hamrouche. «Si Mouloud s’est accroché avec Nezzar (qui a fini par défendre les thèses de Mediène) devant Chadli, raconte un ancien ministre ‘réformateur’. Il était à ses yeux hors de question de revenir sur la restructuration des services secrets pour en recréer un Léviathan, une machine gigantesque sous l’autorité d’un seul homme.Le démembrement des services dans les années 1980, leur spécialisation et leur gestion par un général non issu de la boîte, le tankiste Lakehal Ayat, ont pu créer un début de transition entre police politique et services de renseignement performants. Même le chef du Mossad a reconnu que les services algériens l’ont complètement débordé au Liban pendant la guerre civile dans les années 1980.» Peine perdue. Chadli écouta plutôt Nezzar et Belkheir et le discret colonel Mohamed Mediène, qui devint par décret présidentiel de septembre 1990 le DRS, le directeur du renseignement et de la sécurité.Sa fonction, son nom et sa structure se confondant en une seule entité qui a pu traverser la guerre et les pires crises politiques, souvent non sans dégâts. «Il a été au cœur de la guerre et de la gestion du sortir de la guerre, commente un de ses collaborateurs. Le DRS a été la première instance à penser qu’il n’y avait pas d’issue militaire à la lutte antiterroriste et les contacts des services avec l’AIS remontent en fait à 1994, à l’initiative du ‘’major’’ bien sûr. C’est pour cela que le DRS a trouvé en Bouteflika l’homme idéal qui endosserait cette politique, intégralement», assure un cadre de la boîte.Dynastie«Mais le patron a fait beaucoup d’erreurs, surtout deux, majeures : il aurait dû s’opposer franchement à la réélection de Bouteflika, comme l’a fait Smaïn Lamari (le défunt n°2 du DRS) et il aurait dû aussi ‘’ouvrir’’ les services à des compétences civiles, pour élargir nos champs de réflexion, regrette un ancien officier de la ‘‘maison’’. Au lieu de cela, le DRS s’est renfermé sur lui-même et la paranoïa interne nous a fait beaucoup de mal.» «Certains disent qu’il a été démis de ses fonctions, d’autres prétendent que c’est lui-même qui a démissionné dix jours avant l’annonce officielle. Peu importe, poursuit l’ex-DRS.Le chef savait que parmi ceux, nombreux, qui courbaient l’échine devant lui, beaucoup voulaient le détruire. Mais il est resté étrangement passif.» «Personne ne peut absolument rien contre Toufik, même Gaïd Salah qui n’en a ni les capacités ni l’envergure. Toufik est malin, très malin ! Tu peux le poignarder plusieurs fois, il ne bronchera pas ! Un animal à sang-froid», nous disait l’ex-général Hocine Benhadid. Son départ arrange quelque part les deux pôles, la Présidence et le DRS. «Bouteflika ne veut pas partir en laissant le système qu’il a trouvé en arrivant en 1999, cela serait une preuve d’échec.De son côté, Mediène sait que son temps est révolu, il a été le patron d’une structure dont la raison d’être a évolué et il ne peut plus jouer son rôle d’arbitre au sein d’une collégialité de la décision qui n’existe plus à cause de Bouteflika, analyse un ancien de la ‘‘maison’’ qui a commencé sa carrière au sein du MALG. Les services secrets, eux, continueront à vivre, Mediène n’étant qu’une étape de leur longue existence depuis le maquis. MALG, DSM, DCSM, DGPS, DRS… Qu’importe le sigle, les services sont l’ADN de l’Etat algérien et la dynastie révolutionnaire veille au grain et saluera un des siens, Si ‘’Toufik’’, chaleureusement. Et très discrètement.»



Adlène Meddi

zadhand
13/10/2015, 09h42
A LA UNE/ACTUALITÉ_DÉPART DU GÉNÉRAL TOUFIK, SUCCESSION DE BOUTEFLIKA, FLN...
Publié le 12 Octobre 2015


Ziari s’implique

Le général Toufik n’a pas été démis de ses fonctions mais a quitté son poste de son propre gré, a déclaré l’ancien président de l’Assemblée populaire algérienne (APN) dans un entretien paru hier chez notre confrère El-Khabar.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Abdelaziz Ziari a livré une somme d’informations notables sur ce changement qui suscite à ce jour énormément d’interrogations tant sur le pourquoi d’un tel départ que sur son implication sur le développement de la situation en Algérie. Quoi qu’il en soit, Ziari est le premier homme public à donner autant de détails sur le «mystère» Toufik qui, affirme-t-il donc, «a de lui-même quitté son poste».
La raison ? «Je suis sûr, ajoute-t-il qu’un accord a eu lieu entre le Président Bouteflika, le chef d’état-major Gaïd Salah et Toufik. Ils ont conclu que pour avancer, l’Algérie ne devait en aucun cas laisser le DRS continuer à s’immiscer dans les affaires politiques du pays. Il en a découlé le départ du général Toufik». Il écarte l’existence de lutte clanique entre les institutions concernées et se dit persuadé que si l’ancien patron du DRS a décidé de quitter son poste c’est qu’il était «fatigué ou en désaccord avec tous les changements qui ont été opérés au sein de l’institution militaire».
Ziari tient à rappeler que le général Toufik a assumé des responsabilités à des moments où l’Algérie traversait des moments extrêmement difficiles et que «s’il a décidé de partir c’est qu’il a ses raisons. L’une d’entre elles est qu’il n’était plus associé aux décisions importantes qui ont été prises». «C’est un véritable homme d’Etat qui assume ses responsabilités», ajoute-t-il.
Tous les changements opérés ces derniers mois dans le corps de l’armée et de la direction des services de renseignement devraient cependant s’étendre à d’autres institutions, politiques notamment, afin de permettre à l’Algérie de sortir de la crise dans laquelle elle se trouve, auquel cas, poursuit Abdelaziz Ziari, ils auraient une «tout autre signification». Cette crise, a selon lui généré un climat totalement anormal dans le pays ce qui lui fait dire que nous vivons actuellement la fin d’une époque de l’Algérie. Une époque où l’on assiste à la disparition progressive mais sûre de la génération ayant mené le pays à l’indépendance «pour des raisons biologiques», ce qui fait que les «voies» qui conduisaient au pouvoir auparavant ne peuvent plus être empruntées car elles ne sont plus acceptées par les nouvelles générations. De même qu’il est devenu inacceptable de «faire de la politique dans les casernes».
De manière adroite, l’ancien président de l’APN appelle le président de la République à ouvrir le champ politique afin de laisser place à d’autres personnes. «En l’absence de changements, dit-il, nous connaîtrons des catastrophes que vivent les pays ayant refusé de changer (…) Je souhaite au Président Bouteflika de vivre plus de 100 ans, mais pour des raisons objectives et parfois biologiques, chaque responsable est appelé à quitter le pouvoir un jour».
Le premier magistrat du pays demeure actuellement «le seul homme fort du pays, indique-t-il, et ce en dépit de ses problèmes de santé». Quant aux informations prêtant à son frère Saïd Bouteflika des pouvoirs qui dépassent ses prérogatives, elles sont qualifiées de «chimères». «Saïd est très proche de son frère, il transmet des informations et des messages d’orientations, sans plus.»
L’interview d’El-Khabar était également pour Ziari une occasion d’affirmer son soutien à Issad Rebrab, le patron de Cevital ayant récemment essuyé de vertes critiques de la part du ministre de l’Industrie,
M. Bouchouareb. «Il n’aurait pas dû l’attaquer, j’aurais souhaité qu’il y ait 10 Rebrab en Algérie.»
Sellal n’est pas épargné non plus par l’ancien président de l’APN. Le Premier ministre qui «laisse croire que des décisions sont prises par des parties influentes et non par le Président».

A. C.

zadhand
21/10/2015, 22h46
A la une/Actualité_Le message codé de Nezzar à Gaïd Salah
21 Ocobre 2015


«Le DRS n’est pas sous l’autorité de l’état-major»

L’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, a estimé que «le communiqué de la Présidence ajoute à la confusion ambiante et n’apporte aucun éclairage sur les tenants et les aboutissants des décisions prises par le Président s’agissant de ce service de sécurité».
La polémique née au lendemain de la «décapitation» des états-majors des structures sécuritaires suivie de la mise à la retraite du patron des Services spéciaux ne retombe pas. Manifestement, le communiqué de la Présidence du 8 octobre dernier, défendant la thèse d’une «réforme large», n’arrive pas à fermer cette parenthèse tendue et surtout n’a pas pu convaincre grand monde.
Ce cafouillage inédit prend même de l’ampleur avec l’intervention de l’ancien ministre de la Défense et non moins influent général à la retraite, Khaled Nezzar, qui met en cause sèchement les «clarifications» de la présidence de la République. «Le communiqué de la Présidence ajoute à la confusion ambiante et n’apporte aucun éclairage sur les tenants et les aboutissants des décisions prises par le Président s’agissant de ce service de sécurité (DRS)», a déclaré M. Nezzar, hier, sur le site Algériepatriotique.
De la bouche d’un ancien ministre de la Défense nationale, la mise au point sonne comme un démenti à l’adresse des auteurs du communiqué présidentiel. En tout cas, cette intervention témoigne du «désordre» régnant, mais aussi et surtout du flou qui entoure tant les changements intervenus au sein du DRS que des nouveaux «détenteurs» de nouvelles fonctions qui ont connu des transferts.
Qui relève de qui et qui est patron de qui ? L’ancien chef d’état-major puis ministre de la Défense pose la question, ou du moins demande des précisions pour lever toute équivoque. M. Nezzar dit clairement que le fameux communiqué de la Présidence «ne précise pas de quelle entité relèvent les services touchés par ces changements». Une interpellation lourde de sens, qui suggère que les changements opérés au sein du DRS n’obéissent pas, finalement, à une ambition de réforme, dont l’objectif serait de parvenir à l’instauration de l’«Etat civil».
Le général à la retraite, politiquement actif, laisse entendre qu’il ne s’agit, au bout du compte, que d’une manœuvre pour mettre hors jeu le général Toufik. L’ancien ministre de la Défense nationale mesure l’importance et la nécessité de définir les frontières et les prérogatives au sein des différentes structures de l’armée et des Services de renseignement.
D’où son doute sur les intentions et surtout l’objectif recherché à travers la mise à l’écart de l’ex-patron du DRS : «Si cette relation fonctionnelle n’est pas clairement identifiée, cela voudrait dire que le Président n’a fait que retirer le DRS à un responsable pour le mettre entre les mains d’un autre.» Mais entre les mains de qui et surtout sous la coupe de quelle autorité ? La présidence de la République ou L’état-major de l’armée ? La confusion demeure et il n’est pas exclu qu’elle soit sciemment entretenue.
Ce qui amène Khaled Nezzar à faire l’implacable constat qu’«en définitive, il n’y a pas eu de restructuration des services de renseignement». De ce fait, l’ancien membre du défunt Haut Comité de l’Etat (HCE) ne se limite pas à relever les ambiguïtés entourant les changements au sein de l’appareil sécuritaire faisant planer aussi bien les doutes que les inquiétudes, il se charge alors de corriger et de rétablir des évidences historiques. «Cette situation (confusion, ndlr) fait dire à beaucoup de gens que le DRS est sous le commandement de l’autorité militaire, alors qu’il n’en est rien», tranche M. Nezzar. Et de poursuivre avec certitude que le DRS «relève de la présidence de la République même si ses locaux se trouvent aux Tagarins».
L’ancien ministre n’a pas manqué de rappeler que depuis toujours, les Services spéciaux relèvent de l’autorité du président de la République. Et c’est là que ce message codé de Khaled Nezzar prend tout son sens politique. S’il s’abstient de révéler clairement le fond de sa conviction, il semble vouloir dire, à l’adresse du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, «vous n’êtes pas le seul et unique patron».
Ce dernier, qui occupe l’espace politique national depuis le quatrième mandat, ne cesse d’envoyer des signes qu’il est le maître à bord. Ce qui fait dire à certains observateurs avertis que l’homme est «en campagne» et s’interroger même sur ses ambitions politiques. Il va sans dire que l’actuel chef d’état-major va s’atteler à examiner soigneusement, afin de le décoder, le message de son «aîné».


Hacen Ouali

zadhand
03/12/2015, 22h15
A la une Actualité_Après le départ de 14 généraux du département
le 03.12.15 | 10h00


37 officiers du DRS mis à la retraite

Après la mise à la retraite de 14 généraux du DRS,
c’est au tour de 37 autres officiers
de ce service spécialisé dans la lutte antiterroriste
et le contre-espionnage économique d’être mis à l’écart.
La mesure intervient après le démantèlement du Groupe d’intervention spécial (GIS) et le rattachement de la Garde présidentielle à la Garde républicaine. La «purge» au niveau du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) se poursuit. Après le départ de son premier responsable, le général Toufik, c’est au tour de 37 officiers et officiers supérieurs de ce département d’aller grossir les rangs des retraités, apprend-on de source bien informée.
Selon nos informateurs, il s’agit surtout de cadres de l’institution spécialisés dans la lutte antiterroriste et les affaires économiques liées notamment à l’espionnage économique et à la corruption. «Ce sont des gradés du DRS qui ont passé toute leur carrière dans l’antiterrorisme, mais également dans les dossiers d’espionnage économique et les gros dossiers de corruption dans lesquels
sont impliquées des sociétés ou des personnes d’origine étrangère.
Dans leur majorité, ils ont une moyenne d’âge de 50 à 55 ans. Leur mise à la retraite d’office sent l’odeur du règlement de comptes. Tout le monde sait qu’un poste n’est pas éternel, mais les circonstances dans lesquelles ils ont été mis à la retraite laissent penser qu’il s’agit tout simplement d’une opération ciblant tous les cadres qui ont travaillé de près ou de loin avec l’ancien patron du DRS,
le général de corps d’armée Mohamed Mediène dit Toufik.
Son successeur est en train d’expurger le Département de ses meilleurs éléments. Est-il conscient des répercussions de tels actes ? N’a-t-il pas besoin de ressources expertes dans son travail ? Est-il conscient du fait que ces purges ne servent pas le DRS, mais plutôt ceux qui veulent le détruire au profit d’intérêts occultes ?» explique notre source, précisant que ces décisions font tache d’huile et risquent d’avoir des conséquences inquiétantes sur le moral des troupes.
«Personne ne peut nier que des dérives ont pu être commises par des cadres de cette institution. Cependant, il est dangereux d’utiliser celle-ci pour régler des comptes à des personnes. Il y a un sentiment de malaise qui ronge une grande partie des jeunes qui y exercent. Quel sera l’impact de tels départs à la retraite sur la mobilisation et l’engagement des troupes, en ces moments difficiles où le pays fait face à de nombreuses menaces ?» ajoute notre interlocuteur.
Force est de constater que l’opération de «restructuration» des structures de l’armée, évoquée par-ci par là, semble se transformer en véritable «chasse aux sorcières» ciblant surtout les cadres qui sentent l’odeur de leur ex-chef ou qui ont eu à traiter des affaires de corruption ayant éclaboussé des hommes du Président.

Une centaine d’officiers du DRS mis à la retraite en une année

En une année, au moins une centaine d’officiers ont été admis à la retraite, alors que leur âge ne dépassait pas la cinquantaine. Dès son intronisation à la tête du DRS, le général-major Bachir Tartag a poursuivi les purges en mettant à la retraite au moins 14 généraux et une dizaine d’autres officiers. Certes, nombre d’entre eux avaient dépassé l’âge limite de la retraite et d’autres traîneraient des casseroles, mais les conditions et la conjoncture dans lesquelles ils ont été remerciés laissent transparaître la volonté revancharde du premier responsable de l’armée, dont la mission semble être de vider le DRS de toutes ses prérogatives pour en faire une coquille vide,
puisqu’il a été réduit à une direction ministérielle.
En parallèle, les pouvoirs de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) sont élargis pour devenir une force de l’armée, avec un commandement et des troupes, alors que dans ses missions, elle prend en charge désormais la prévention pour devenir la Direction centrale de la prévention de la sécurité de l’armée (DCPSC). En clair, la DCSA ne s’occupe plus de la sécurité interne de l’armée, mais exerce le rôle de police politique puisque ses agents, tous en civil, sont depuis quelques mois assez nombreux sur le terrain pour faire ce que le redouté DRS faisait avant, mais pour le compte du premier responsable de l’armée dont les ambitions politiques avérées ne sont plus un secret.
«Nous sommes dans une guerre de règlement de comptes au détriment de la patrie. Si ces changements étaient dans l’intérêt du pays, nous aurions tous applaudi. Cela s’est fait pour renforcer les positions d’un clan par rapport à un autre, dans le seul but de se maintenir au pouvoir et d’asseoir ce dernier», révèle un officier fraîchement mis à la retraite, qui était parmi les cadres qui ont enquêté sur les affaires Sonatrach et autoroute Est-Ouest.
Le service de la police judiciaire où il travaillait a été dissous en 2014, pour être recréé quelques mois plus tard sous une autre appellation, mais dont les missions ont été privées du volet économique, comme si l’espionnage économique n’existait pas. Les concepteurs de la «restructuration» ont également décidé de dissoudre le GIS, une unité d’élite du DRS, qui constituait une force de frappe redoutable contre le terrorisme. Formés dans plusieurs pays, ses éléments ont été dispatchés à travers les commandements des forces ; mais beaucoup ont préféré,
depuis, faire valoir leurs droits à la retraite.
Pour ce qui est de la Garde présidentielle ou plus précisément de la Direction de la protection et de la sécurité présidentielles (DPSP), elle a tout simplement été rattachée, comme un simple service, à la Garde républicaine, alors qu’elle était une force qui dépendait de la Présidence. Autant de changements
qui ne semblent pas obéir à une logique sécuritaire qui exige la capitalisation
de l’expérience et du mérite,mais plutôt à une politique
de préservation d’intérêts purement personnels.

Salima Tlemçani

zadhand
04/12/2015, 18h50
A la une Actualité_Mohamed Mediene dit Toufik
le 04.12.15 | 16h49

20141


Le général Toufik rompt le silence

Le général de corps d’armée à la retraite, Mohamed Mediene dit Toufik, a fini par sortir
de son mutisme. Dans une déclaration parvenue, aujourd’hui vendredi, à El Watan,
l’ex- patron du DRS a dénoncé la condamnation du général à la retraite,
Abdelkader Aït Ouarabi dit Hassan, à 5 ans de prison ferme.
Dans sa déclaration, la première pour cet homme qui a longtemps cultivé le mystère,
il a donné sa version des faits concernant l’affaire du général Hassan, ancien chef
du Service de coopération opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat).
Toufik s’est dit « consterné » par le verdict prononcé
par le Tribunal militaire d’Oran le 26 novembre dernier.
Il a expliqué que : « le général Hassan était le chef d’un service érigé par le décret
agissant sous l’autorité de mon département à ce titre il était chargé d’une mission
prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations avec les
objectifs fixés. Les activités de son service étaient suivies régulièrement
dans le cadre réglementaire ».

« Laver l’honneur des hommes »

Au sujet de l’opération qui a valu au général Hassan l’accusation d’« infraction
aux consignes générales», il a affirmé que l’ancien chef du Scorat a
« traité le dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns ».
Toufik a estimé « urgent » de « réparer une injustice qui touche un officier qui a servi
le pays avec passion et de laver l’honneur des hommes qui, tout comme lui,
se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie ».
L’ex-patron du DRS a critiqué le traitement réservé par la presse à cette affaire.
Les médias, dit-il, on fait preuve de « beaucoup d’à-propos ».
« J’ose espérer que mon intrusion médiatique, même si elle constitue un précédent,
ne suscite pas de commentaires qui risquent de la dévoyer
et de la détourner du but recherché », a conclu Mohamed Mediene.

Déclaration intégrale du général à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik

Consterné par l’annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran
à l’encontre du général Hassan, et après avoir usé de toutes les voies
réglementaires et officielles, j’ai estimé qu’il est de mon devoir de faire
connaître mes appréciations à l’intention de tous ceux qui sont concernés
par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin.
Le général Hassan était le chef d’un service érigé par le décret agissant
sous l’autorité de mon département. A ce titre, il était chargé d’une mission
prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations
en relation avec les objectifs fixés. Les activités de son service étaient
suivies régulièrement dans le cadre réglementaire.
En ce qui concerne l’opération qui lui a valu l’accusation d’« infraction
aux consignes générales », j’affirme qu’il a traité ce dossier dans le respect
des normes et en rendant compte aux moments opportuns.
Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase
de l’opération, je l’ai félicité –lui et ses collaborateurs – et encouragé
à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès. Il a géré
ce dossier dans les règles, en respectant le code de travail
et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel
vivement recommandé dans le cas d’espèce.
Le général Hassan s’est entièrement consacré à sa mission. Il a dirigé
de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens
et des institutions de la République. Sa loyauté et son honnêteté
professionnelle ne peuvent être mises en cause. Il fait partie
de cette catégorie de cadres capables d’apporter
le plus transcendant aux institutions qu’ils servent.
Au-delà des questionnements légitimes que cette affaire peut susciter,
le plus urgent, aujourd’hui, est de réparer une injustice qui touche
un officier qui a servi le pays avec passion, et de laver l’honneur
des hommes qui, tout comme lui,
se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie.
Les médias ont traité abondamment cette affaire en faisant preuve
de beaucoup d’à-propos, malgré l’absence d’éléments d’appréciation officiels.
J’ose espérer que mon intrusion médiatique, même si elle constitue
un précédent, ne suscite pas de commentaires qui risquent de la dévoyer
et de la détourner du but recherché.

Le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene

Farouk Djouadi

zadhand
02/01/2016, 20h56
A la une Actualité_Mohamed Mediene dit Toufik
le 02.01.16 | 10h00

20141



Le discret recueillement du général Toufik

Au moment où l’Algérie s’apprête à passer à l’année 2016, le général de corps d’armée
à la retraite, Mohamed Mediène, pointe au siège national du FFS, à Alger.
Sans faire de bruit et loin des regards et surtout des projecteurs de la presse nationale
qui avait déjà quitté les lieux —, le général Toufik se «dilue» dans la foule pour
se recueillir sur la dépouille de la grande figure historique et opposant Hocine Aït Ahmed.
Devancé de quelques minutes par l’avocat Miloud Brahimi, l’ex-patron des Services secrets,
en chemise bleue et veste noire, se glisse discrètement dans le chapiteau
où le cercueil est posé, couvert de l’emblème national et d’une gerbe de fleurs.
Après la Fatiha, il demande à voir les membres de la famille du défunt auxquels il présente
ses condoléances, sans faire d’échanges avec la direction actuelle du parti ni une quelconque
déclaration. Le général Toufik repart silencieusement comme il est venu. L’ex-patron
du DRS avait appelé la direction du FFS au lendemain de l’annonce de la mort de
Hocine Aït Ahmed pour présenter au parti et à la famille ses condoléances,
tout en les informant de sa venue le jour du recueillement sur la dépouille mortelle. 

R. P.

zadhand
23/01/2016, 19h56
A LA UNE/Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
le 23.01.16 | 10h00


Fin de la police politique ou restauration d’une présidence régalienne ?


Le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), la trop puissante police politique algérienne, a été marginalisé sans drame par un vieux président de 78 ans, malade et impotent, ouvrant la voie à la restauration de la présidence toute-puissante dans le style de Houari Boumediène et Chadli Bendjedid.
Mais la crise économique et la fragilité de l’Exécutif lui interdisent
d’aller trop loin contre le dernier rempart du régime.

Le 13 septembre 2015, un communiqué de la présidence de la République annonçait la mise à la retraite du chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général de corps d’armée Mohamed Mediene,
et son remplacement par l’un de ses anciens subordonnés, le général-major à la retraite Bachir Tartag.
Cette annonce a été considérée, non sans raison, comme un événement majeur.
Le DRS est l’héritier de ce qui s’appelait jusqu’à 1990 la sécurité militaire, issue elle-même des services secrets du Front de libération nationale (FLN) en lutte contre l’occupation française, qui furent la redoutable main de fer du régime après l’indépendance.
L’autorité du DRS s’est renforcée davantage après 1992, dans le feu de la lutte contre la subversion islamiste.
Toutefois, le départ de Mohamed Mediene n’a pas été une surprise.
Agé de 76 ans, le dernier survivant des officiers dits «janviéristes» qui, en janvier 1992, avaient poussé le président Chadli Bendjedid à abdiquer et fait annuler le premier tour des élections législatives remportées par les islamistes, n’était pas voué à demeurer éternellement à son poste. Surtout, une série de décisions, prises les deux dernières années avant son limogeage, l’avaient affaibli, réduisant à la portion congrue l’immense pouvoir dont jouissait le DRS. Des décisions qui ont consisté à «dépouiller» méthodiquement ce dernier en vue de sa transformation en une structure
chargée principalement du renseignement, sans poids militaire ni politique.

Démantèlement méthodique du DRS
Le démantèlement du DRS a commencé à la fin de l’été 2013 par le rattachement direct de trois de ses branches à l’état-major de l’armée (EMA) : la Direction de la communication et de la diffusion, la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) et le Service central de police judiciaire (SCPJ). La première structure jouait — et joue encore — un rôle important dans le contrôle du secteur de l’information, par des pressions plus ou moins «amicales» sur les journalistes algériens et les correspondants de la presse étrangère.
La DCSA est chargée de la protection des forces armées contre les menées subversives. Le SCPJ, enfin, mène des enquêtes — notamment économiques — pour le compte de la justice, et c’est cette dernière qui, dès 2009, a lancé les investigations sur la gestion de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, un proche de Bouteflika aujourd’hui en fuite à l’étranger.
Après une pause de moins de deux ans, l’opération contre le DRS a repris en juillet 2015, avec le rattachement direct à l’EMA de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGPSP), puis peu après,
par la dissolution du Groupe d’intervention spéciale du DRS et l’intégration du Service de coordination opérationnel et
de renseignement antiterroriste (Scorat) à la DCSA, une structure précédemment rattachée à l’EMA en 2013.
Entre ces deux grandes «restructurations» et/ou concomitamment avec elles, nombre d’officiers du DRS, dont le nom était associé à la décennie 1990 et à ses terribles tragédies (exécutions sommaires, disparitions forcées, etc.), ont été rendus à la vie civile.

Bouteflika a réussi à ne pas rester un «trois quarts de président»
On ne peut comprendre le limogeage de Mohamed Mediene sans l’insérer dans un long processus enclenché par Abdelaziz Bouteflika dès son élection en 1999 pour redonner son prestige d’antan à l’institution présidentielle, écrasée entre 1992 et 1999 sous le poids pris par l’armée, et plus spécialement par le DRS, dans la gestion directe de la vie politique. Dès son premier mandat, il a ouvert les hostilités contre les principaux chefs janviéristes qui lui avaient offert la présidence en 1999, à un moment où l’isolement international du pays était devenu intenable, aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan économique.
Peu après son accession au pouvoir, le nouveau président a déclaré qu’il ne serait pas une «trois quarts de président», et, quelques années plus tard, en 2004, il a mis sa menace à exécution, limogeant le puissant chef de l’état-major de l’armée, le général de corps d’armée Mohamed Lamari, co-artisan avec Mohamed Mediene du putsch constitutionnel de 1992 contre Chadli Bendjedid, soupçonné de vouloir cohabiter avec les islamistes du Front islamique du salut (FIS).
Son successeur, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, qui, à ce jour, occupe toujours le poste, compte parmi les fidèles de Bouteflika, à qui il doit sa promotion inattendue alors qu’il était en fin de carrière. Le départ de Mohamed Lamari a été suivi d’autres limogeages d’officiers janviéristes qui détenaient des postes-clés (commandements d’armes, de régions militaires...). Ainsi, bien qu’initialement il ait été coopté, Bouteflika a su devenir un président à part entière.
Ses trois prédécesseurs depuis 1992 (Mohamed Boudiaf, Ali Kafi et Liamine Zeroual) avaient dû partager une partie de leurs prérogatives — de façon officieuse, bien entendu — avec des généraux rendus puissants par la place centrale occupée par l’armée dans le dispositif de lutte contre les groupes islamistes armés. Et même si aujourd’hui son locataire est physiquement diminué, la présidence est le centre de décision politique unique en Algérie.
Ce n’est là, en vérité, qu’un retour à la période 1965-1992, pendant laquelle, tout en consultant les militaires sur les principaux dossiers politiques, diplomatiques, etc., le chef de l’Etat exerçait des prérogatives étendues dans tous les domaines, celui de la défense compris. Anciens officiers supérieurs cooptés par leurs pairs, les présidents Houari Boumediene et Chadli Bendjedid étaient de véritables Bonaparte, et s’ils arbitraient les conflits internes au régime, ils ne partageaient
leurs pouvoirs à proprement parler avec aucun des groupes qui le composaient.
Contrairement à ceux qui prédisaient une lutte acharnée entre les janviéristes dépités d’être marginalisés par un Bouteflika jaloux de ses prérogatives constitutionnelles, le renouvellement du commandement militaire s’est passé sans heurts. Ni le départ de Lamari en 2004 ni celui de Mediene en 2015 n’ont soulevé de vagues. Le chef de l’Etat a, sans doute, exploité contre ses adversaires les ambitions de jeunes officiers supérieurs empressés de refermer la parenthèse de l’instabilité politique et d’autant plus favorables à la «professionnalisation de l’armée» que les budgets militaires sont substantiels. Surtout, il a su tirer profit de la précarité politique, pour ainsi dire, des janviéristes, affaiblis face à lui par leur rôle dans les drames des années 1990. Sans sa protection, certains d’entre eux se seraient retrouvés devant le juge ailleurs qu’en Algérie. C’est à bord d’un avion officiel dépêché d’Alger que le général-major à la retraite Khaled Nezzar, parrain du coup d’Etat constitutionnel de janvier 1992, a été rapatrié d’urgence en avril 2001, échappant ainsi à des poursuites judiciaires en France après des plaintes pour torture déposées contre lui.
Cependant, la principale raison du manque de combativité des anciens janviéristes devant le rouleau compresseur présidentiel est à chercher dans le contexte politico-économique des années 2000 et de la première moitié des années 2010. L’ère de Bouteflika a été caractérisée, d’une part, par un recul notable de l’insurrection islamiste — symbolisé, après le vote de la loi sur la concorde civile en 2000, par la reddition de milliers de djihadistes — et, d’autre part, par une prospérité financière relative, qui n’a commencé à prendre fin qu’à l’été 2014, avec la chute des cours mondiaux des hydrocarbures. Cette prospérité a permis, après une décennie 1990 bien austère, une importante dépense publique (500 milliards de dollars entre 2004 et 2013). Elle s’est aussi traduite par l’amélioration des revenus de larges couches de la population (les dépenses des ménages ont triplé entre 2000 et 2011).
Pour avoir les coudées franches au niveau politique, le président Bouteflika a savamment œuvré à faire passer pour son œuvre personnelle la stabilisation relative du front sécuritaire et l’aisance que connaissaient les caisses de l’Etat. Et il y a réussi !
Il est pourtant de notoriété publique que les redditions islamistes avaient été négociées en 1997 pendant le règne court et agité de son prédécesseur, Liamine Zeroual, et que l’amélioration des revenus de l’Etat est due à une conjoncture mondiale favorable plutôt qu’à la prévoyance de ses premiers ministres successifs.

Un nouveau patronat «boutéflikien»
Cette mirobolante dépense publique a constitué une manne providentielle pour nombre d’hommes d’affaires qui ont bénéficié non seulement de juteuses commandes étatiques, mais aussi de facilités foncières et bancaires considérables. Certains, grâce à la magnanimité du gouvernement et à leur soutien à Bouteflika (et nullement par la magie de leur esprit d’entreprise), se sont rapidement hissés du rang de businessmen sans envergure à celui d’influents nababs. Et c’est là que se trouve la deuxième cause de la facilité avec laquelle le chef de l’Etat a marginalisé ses adversaires : le monde des affaires n’était pas de leur côté, divisé entre une minorité agissante de pro-Bouteflika et une majorité circonspecte et passive.
Selon un article du journal électronique algérien maghrebemergent.com publié le 11 mars 2014, Ali Haddad, l’artisan de l’alliance patronale autour du chef de l’Etat, a bénéficié depuis 1999 de 2,5 milliards de dollars de marchés publics : le «Groupe des frères Haddad», devenu un opérateur incontournable dans le secteur des travaux publics, n’était pourtant qu’une petite entreprise familiale à la fin des années 1990. Une autre PME, le groupe Kougc, du non moins bouteflikien Reda Kouninef, opère aujourd’hui dans des secteurs aussi divers que l’hydraulique, le bâtiment, l’électricité, les travaux publics et le génie civil pétrolier, et il a pour partenaire une société publique aussi puissante que Sonelgaz (gaz et électricité). Le groupe agro-alimentaire Laïd Benamor s’est pour sa part notablement enrichi en peu de temps, si bien qu’en 2013 il a pu acquérir 60% du capital des minoteries publiques Eriad.
Presque inconnus en 1999, ces chefs d’entreprise président aujourd’hui aux destinées du monde des affaires : Ali Haddad dirige le Forum des chefs d’entreprise, Laïd Benamor est à la tête de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie. Comme pour le FLN, principale composante de la majorité présidentielle, l’Etat civil, aux yeux de ces nouveaux patrons, ressemble moins à une démocratie qu’à un Etat garantissant aux prédateurs civils l’impunité et les soustrayant à l’œil du DRS, qui, jusqu’à 2013 — c’est-à-dire avant que sa police judiciaire ne soit rattachée à l’état-major de l’armée — menait des investigations sur les scandales de corruption... Pour eux, l’ère Bouteflika ne doit pas se terminer avant qu’ils n’aient consolidé l’assise de leurs affaires et de leur influence politique. C’est pourquoi ils ont, de manière ostentatoire, financé sa campagne en 2014. Second motif de leur zèle, leurs privilèges peuvent s’avérer éphémères dans un pays où l’économie reste soumise au bon vouloir du pouvoir.
L’ordre restauré
L’affaiblissement du DRS et la remise au pas d’une armée surpolitisée peuvent difficilement être tenus pour des progrès sur la voie menant à un gouvernement démocratique. Si une phase est fermée, cela n’en
n’ouvre pas pour autant une nouvelle qualitativement différente.
Au fond, la période actuelle s’apparente à celle d’avant 1992 et à la suprématie de la présidence sur l’institution militaire, dont, paradoxalement, l’armée tirait une partie de sa légitimité «intérieure».
Dans cet ordre restauré, les forces de sécurité civiles sont destinées à jouer un rôle plus important que par le passé, en prévision de révoltes à venir en raison de la crise économique. Les effectifs de la police sont passés de 106 000 en 2006 à 200 000 en 2013, soit un policier pour 200 citoyens contre 1 pour 270 en France. Cependant, l’armée reste le principal garant de la pérennité du régime, d’autant que les foyers d’instabilité aux frontières ne sont pas près de s’éteindre (Mali, Libye...)
et que les relations avec le voisin marocain se sont gravement dégradées
Rabat soutient désormais jusqu’à l’ONU la revendication d’autodétermination de la Kabylie.


Yassine Temlali
Journaliste, traducteur et chercheur en histoire et linguistique


Yassine Temlali

zadhand
25/01/2016, 20h02
A la une/Dissolution du DRS, création d’une nouvelle structure
le 25.01.16 | 10h0


Est-ce la fin de la police politique ?

Le Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
s’en va et un superministère de la Sécurité et du Renseignement arrive.
La nouvelle restructuration des Services secrets accouche ainsi d’une nouvelle dénomination
du défunt DRS héritier de la défunte Sécurité militaire (SM).

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Les pleins pouvoirs en matière de sécurité — le GIS, la Garde républicaine
et la fonction de police judiciaire — reviennent désormais au
ministre conseiller Athmane Tartag, remplaçant de Mohamed Mediène,
et ce, après un court passage dans à l’état-major. Les manœuvres ayant
conduit à dépouiller le DRS de certains de ses champs d’action durant
l’été 2015 pour les attribuer à l’état-major de l’armée n’auront été
que le premier acte de la restructuration de la maison du Renseignement.
Ce premier acte avait servi à dégager le général-major Mohamed Mediène
dit Toufik en faisant pencher la balance du pouvoir du côté des Tagarins.
Mais cette situation n’a pas duré longtemps. Le retour au schéma premier
d’un DRS avec toutes ses «prérogatives» se précise, avec pour seule
modification une nouvelle dénomination. Une séquence qui rappelle
la restructuration opérée en 1990 dans les Services de renseignement
et ayant donné naissance au DRS.
Cette restructuration n’avait d’ailleurs pas changé les pratiques des
Services. Au sortir du parti unique, la Sécurité militaire n’avait pas
disparu mais avait opéré une mue afin de s’adapter à un paysage politique
devenu pluriel. Le changement de sigle n’avait pas abouti au changement
de pratiques et n’avait pas mis fin au contrôle de la vie politique par
une police faiseuse de roi. 25 années durant, la police politique a pesé
de son poids sur la vie politique en Algérie, à tel point que son patron
était affublé du surnom de «Rab D’zaïr»...
Qu’est-ce qui pourrait donc aujourd’hui garantir que cette nouvelle
restructuration des Services de renseignement apportera la fin des pratiques
de la police politique ? Les partis politiques, le mouvement associatif
et les médias seront-ils épargnés par les infiltrations, les mouvements
de redressement mécanisés et les fichages tous azimuts ? Les pratiques
et actes extrajudiciaires cesseront-ils ? Y a-t-il réellement une volonté
d’en finir avec la police politique ou s’agit-il de simples manœuvres
de positionnement entrant dans le cadre de la lutte des clans ?
Le doute est légitime tant ces «changements» sont faits dans l’opacité
et loin de tout débat ou implication de l’avis des citoyens. S’il
y a une réelle volonté d’en finir avec les pratiques de police politique,
il est impératif de mettre les bases d’une réelle démocratie,
où le peuple aura seul le choix de ses représentants et élus
et ses droits de justiciables seront garantis
et jamais foulés au pied par les décideurs.


Nadjia Bouaricha