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Voir la version complète : Centre d’Information et de Documentation sur les Droits de l’Enfant et de la femme



zadhand
26/08/2015, 19h12
A LA UNE/ACTUALITE_Centre d’Information et de Documentation sur les Droits de l’Enfant et de la femme (Ciddef)
26 Août 2015
La loi Kafala


Enfants adoptés
Le ministre de l’Intérieur s’érige en tuteur légal



Imposant une autorisation du juge des mineurs aux enfants kafil qui voyagent avec leurs familles adoptives,
le ministre de l’Intérieur viole la loi relative à la kafala qui donne à celles-ci
tous les droits dont jouissent les parents sur leurs enfants.

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Il n’est pas à sa première mesure inique et scélérate. En 1994, un simple directeur de ce département avait interdit à des milliers d’enfants adoptés d’être inscrits sur le livret de famille de leurs parents adoptifs.Fortement décriée, la mesure est qualifiée par de nombreuses associations des droits de l’homme et de défense des droits de l’enfant comme une ségrégation qui maintient les enfants «abandonnés» dans une situation d’exclusion totale.Aujourd’hui, alors que le gouvernement ne cesse de faire l’éloge de la nouvelle loi sur la protection de l’enfance, promulguée avec un retard d’une dizaine d’années, le ministre de l’Intérieur se démarque en privant la catégorie la plus vulnérable de cette enfance de son droit d’avoir une famille et de vivre au sein de la société sans stigmatisation. Imposée dans le silence, cette mesure répréhensible a créé de graves traumatismes chez les enfants adoptés ainsi que leurs parents, qui ont vécu le cauchemar au niveau des postes frontaliers.Isolés des voyageurs, leurs documents de voyage confisqués, ils ont dû passer de longues heures sous les regards inquisiteurs des passagers et les questions culpabilisatrices des enfants. Aussi poignants les uns que les autres, les témoignages se ressemblent. Ils révèlent la cruauté de la décision inique du ministre de l’Intérieur et le traumatisme qu’elle a causé chez les adolescents, dont certains ont dû apprendre leur situation par le comportement indélicat de la police aux frontières et de la procédure d’établissement de cette autorisation du juge des mineurs.Quand l’état fait dans la ségrégationDepuis des années, les associations de défense des enfants privés de famille militent pour que la prise en charge de ces derniers soit renforcée et leur protection légale effective. Malheureusement, aussi bien dans les textes que dans le vécu quotidien, ces enfants subissent non seulement le regard inquisiteur de la société qui voit en eux le péché, mais aussi la ségrégation des institutions de l’Etat qui les place sous le régime des lois d’exception et les ghettoïse.En dépit de la loi sur la kafala qui permet aux familles de leur offrir la chaleur d’un foyer, l’Etat continue à compliquer la procédure d’adoption, allongeant encore plus la vie dans des centre d’accueil plus proches de mouroir que de maisons, privant ainsi des milliers de couples du bonheur de l’adoption. Les rares familles qui ont réussi à achever le long parcours du combattant pour accueillir un enfant se heurtent à chaque étape de la vie de ce dernier à des mesures scélérates qui leur rappellent le statut de «pupille de l’Etat» de celui qu’ils considèrent comme leur enfant.Et la mesure d’interdiction de voyage des enfants adoptés sans autorisation du juge des mineurs illustre parfaitement cette exclusion des parents adoptifs de tous les droits conférés par la loi relative à la kafala.Pour de nombreux juristes, le ministre de l’Intérieur a outrepassé ses prérogatives en décrétant une telle mesure, qui doit être annulée. A ce titre, ils invitent tous les associations et les familles adoptives à porter l’affaire devant le Conseil d’Etat pour exiger son annulation pure et simple.A peine un mois après sa nomination, le ministre de l’Intérieur rate le coche. Il laisse tomber le masque du «démocrate attaché au respect de la loi» pour s’autoproclamer tuteur légal des enfants adoptés, excluant de fait les milliers de parents auxquels la loi a conféré tous les droits parentaux. Une grave dérive qui mérite réparation…


Salima Tlemçani

zadhand
05/08/2016, 20h01
COMMENT PROTÉGER LES 20 000 ENFANTS SDF ?

5 août 2016 | 19:15


La triste et bouleversante affaire de l’enlèvement et de la mort de la petite Nihal à Tizi Ouzou
a relancé le débat chez les spécialistes et experts, mais aussi chez l’ensemble de la société civile,
autour de la sécurité des enfants devant les kidnappings qui ne cessent d’augmenter.

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Quel sera le sort des enfants résidant dans les rues, ces SDF à la fleur de l’âge,
dont le nombre dépasse, aujourd’hui, 20 000 dans le pays ? Comment s’assurer
que les ravisseurs ne s’emparent pas de ces enfants SDF ?Les actes d’enlèvement d’enfants ont pris une proportion très inquiétante durant ces cinq dernières années. Chaque année, près de 200 cas de kidnapping sont recensés par les services de la Gendarmerie et de la Sureté nationales. Ce chiffre, déjà inquiétant, risque fort bien d’augmenter vu la présence de 20 000 enfants, sans domicile fixe (SDF) qui hantent
les rues des villes algériennes. L’affaire de Nihal a replongé, encore une fois, toute
la société dans le doute et la crainte des enlèvements d’enfants. Cette affaire est intervenue après tant d’autres ayant alimenté un grand débat autour de ce phénomène
de société. On se souvient de l’affaire d’Amine de Dély Ibrahim qui avait fait la une des quotidiens nationaux, animé des discussions dans les rues, dans les cafétérias et même chez le gouvernement qui avait procédé au durcissement des lois juridiques contre les ravisseurs.Il semble que toutes ces mesures adoptées n’ont rien apporté devant
l’ampleur du risque d’enlèvements d’enfants. Des proies faciles pour les réseaux de malfaiteurs. Les enfants SDF, avec leur bout de carton de fortune, risquent de devenir
la prochaine cible des ravisseurs qui surgissent par surprise.
L’heureux dénouement de l’affaire de kidnapping du petit Amine Yarichéne, libéré l’an dernier grâce à une minutieuse enquête menée par la section de recherches de la Gendarmerie nationale, ne doit pas faire oublier les souffrances des enfants en
difficulté, confrontés aux dangers d’enlèvements, de séquestration et d’agressions
dans de nombreux quartiers. On pense aux enfants SDF qui peuplent les rues de
nombre de villes algériennes et qui peuvent à tout moment être kidnappés ou
maltraités. En 2012, le ministère de la Solidarité nationale a annoncé qu’ils étaient
11 000 enfants sans domicile fixe à errer dans les rues algériennes,précisant que
ce chiffre a été établi en 2012. Le nombre aurait augmenté avec le rythme des
expulsions de familles de leur logement et avec la déperdition scolaire, d’après une
source proche de ce département ministériel. Ils seraient, aujourd’hui, près de 20 000 enfants à être livrés à la rue. L’augmentation du nombre d’enfants sans domicile fixe
est constatée pendant les patrouilles nocturnes faites par plusieurs structures,
dont le Samu social qui multiplie les efforts pour venir en aide à cette frange juvénile
de la société. Cependant, ces structures ne peuvent aller au-delà des moyens
matériels disponibles et le problème des enfants SDF,malgré tous les efforts consentis,
est toujours là, allongeant la souffrance des enfants en difficulté. « En chacun de ces enfants je vois un éventuel petit Amine », dit un passant, faisant allusion au kidnapping d’Amine Yarichéne. Le danger guettant ces enfants est quotidien, comme celui d’être enlevés, ou percutés par une voiture ou encore agressés. La nuit, nombreux parmi
ces enfants passent la nuit dans des jardins publics ou à même la rue. Nombre d’entre
eux se comptent parmi des familles expulsées de chez elles, d’autres hantent les rues, seuls. Certains tentent de survivre en subvenant à leurs besoins par la vente de
cigarettes ou autres produits. D'autres font dans la mendicité. Abdelhamid est un
enfant de 11 ans rencontré aux alentours de la Grande Poste, au centre d’Alger.
« Je vis dans la rue depuis une année et je me débrouille en vendant des cigarettes
et en essuyant les vitres de voitures de passage », nous dit-il, mais tout en refusant
de relater son histoire.