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zadhand
04/05/2015, 13h26
A LA UNE/INTERNATIONAL
04 Mai 2015|10H00

182 ans après leur occupation par les Anglais
Les îles Malouines, l’éternel combat des Argentins

Cinquante ans après l’adoption par les Nations unies de la résolution 1514,
les îles Malouines sont toujours occupées par les Anglais.

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La seule voie que nous poursuivrons vise à atteindre la paix par le biais du droit international.» Lorsqu’il a convié, fin avril, une trentaine de journalistes à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, le secrétaire aux Affaires des îles Malouines, Géorgie du Sud et Sandwich du gouvernement argentin a voulu raviver une flamme qui risque de faire oublier que ce pays d’Amérique latine, sorti de la dictature il y a une trentaine d’années, se sent spolié d’une partie de son territoire. Des archipels, distants d’un peu plus de 480 kilomètres des côtes argentines, sont occupés depuis 1833 par les Britanniques.
Daniel Filmus, le CV bien rempli, tente donc de rappeler que même si son pays «ne compte pas faire la guerre à Sa Majesté la reine d’Angleterre», il ne compte pas non plus baisser les bras. Ce cycle de conférences de presse se déroule à l’occasion de la célébration des 50 ans de l’adoption d’une résolution des Nations unies attestant le caractère «colonial»
de la présence britannique sur ces îles.
«Nous allons continuer d’insister, mais de manière pacifique, sur le caractère légitime de notre revendication.
Les îles Malouines sont argentines», répète, sans se lasser, le ministre argentin.Combat dans la paix
S’il développe ce langage de paix, le représentant du gouvernement argentin oppose la démarche de son pays à celle de l’Angleterre. Le Parlement britannique a, en effet, voté début avril de nouvelles mesures visant à renforcer la présence militaire anglaise sur ses îles, situées au fin fond de l’océan Atlantique, à équidistance entre les côtes africaines et sud-américaines.
L’augmentation du budget de la gérance de ces îles tient compte également des terres, inhabitées jusque-là, appelées Géorgie du Sud (à ne pas confondre avec l’Etat américain) et Sandwich du Sud. «Au lieu de renforcer son armée,
l’Argentine préfère investir dans la santé et l’éducation.
Nous sommes des partisans de la paix», répète encore Filmus, sur un ton calme mais déterminé.
Les Britanniques ont occupé les îles en 1833. Ils ont chassé les Argentins, qui y ont installé une administration dès leur indépendance en 1810. Depuis, Londres n’a jamais quitté les lieux, tout comme elle s’est emparée d’autres archipels dans l’Atlantique et le Pacifique. En 1982, cependant, les troupes argentines, guidées par le dictateur Juan Perón, ont envahi l’archipel. Les Anglais, dirigés à l’époque par Margaret Thatcher, ont répliqué.
C’était la guerre des Malouines. Après des semaines de combats, l’Angleterre a pris le dessus et a chassé les militaires argentins. C’était la déroute du vieux dictateur et de son armée. Depuis, Buenos Aires et Londres entretiennent des relations diplomatiques normales. Les deux pays ne se font plus la guerre. Mais les Argentins s’accrochent à la résolution de 1965, qui fait de ces territoires des colonies. Les Nations unies appellent régulièrement les deux pays à engager un dialogue en vue d’une issue pacifique au conflit.
En vain. «Les Britanniques refusent toute discussion sur le conflit», rappelle Firmus. Mais «nous devons être patients. Notre seule démarche, c’est la paix», insiste l’homme à la barbe poivre et sel,
qui rappelle l’ancien président du Brésil voisin, Lula Da Silva.
Si les Anglais, qui ont organisé en 2013 un référendum avec leurs 2800 sujets, s’accrochent tant à ces îles, c’est qu’elles recèlent des richesses inestimables. Des experts argentins, mais également des Anglais, sont convaincus de l’existence de pétrole et de gaz offshore dans ces eaux de l’Atlantique. Mais l’exploration n’a jamais commencé.
Interpeller les consciences
Outre les hydrocarbures, les côtes des îles Malouines et leurs environs produisent chaque année des milliers de tonnes de toutes sortes de poissons, dont le calamar présent en grande quantité. L’enjeu ne semble pourtant pas être le même pour les Argentins. «Contrairement aux Anglais, nous aurions revendiqué ces îles même si elles ne sont que de pierres», indique Daniel Filmus, pour rappeler que pour son pays, «c’est une question de principe».
Au-delà de l’occupation militaire, les Argentins craignent que l’activité économique et le passage intense des navires britanniques ne provoquent une catastrophe écologique «plus grave que celle du golfe du Mexique». Le conférencier cite comme preuve des articles de journaux britanniques qui tirent la sonnette d’alarme sur les dangers
de l’exploitation probable du pétrole dans cette zone.
En plus de vouloir sensibiliser la communauté internationale, les Argentins comptent sur la «prise de conscience» des Anglais eux-mêmes. «Il y a une prise de conscience de l’opinion publique britannique», précise le ministre argentin, qui cite comme exemple des associations de défense de l’environnement et certains médias.
C’est pour tenter de «vendre» encore la «légitimité» de cette cause que l’Argentine, qui fait figure de deuxième plus grande puissance économique d’Amérique latine, déploie sa diplomatie. L’Afrique en est une des cibles privilégiées. Le gouvernement de Cristina de Kirchner semble se rappeler que le continent noir est la région du monde qui a plus souffert de la colonisation.