zadhand
04/05/2015, 13h14
A LA UNE/ACTUALITE
04 Mai 2015
Procès de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest
L’avocat de Khelladi revendique un complément d’enquête
Magistrale était la plaidoirie de Mahmoud Abassi, l’avocat de Mohamed Khelladi, un des principaux mis en cause dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest et contre lequel, le procureur général avait requis vingt années de prison ferme. Durant plus de deux heures, l’avocat en question a battu en brèche toutes les accusations retenues contre son client. Mieux,
il a demandé à l’accusation d’ouvrir une enquête complémentaire sur cette affaire.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
Connu pour ses réquisitions à l’époque où il était représentant du ministère public, M. Abassi Mahmoud, qui a embrassé une carrière d’avocat depuis une dizaine d’années, a fait état hier de ses qualités d’avocat digne de ce nom. Et pourtant, ce dimanche, la partie n’était pas facile pour celui qui devait assurer la défense de l’ex-directeur des nouveaux projets (DNP) au niveau de l’Agence nationale des autoroutes (ANA).
Pas facile, dans la mesure où l’avocat devrait à la fois battre en brèche les chefs d’inculpation de l’accusation mais aussi ceux de ses confrères qui «n’ont pas hésité un moment pour enfoncer mon client, en le présentant comme le véritable et principal coupable dans cette affaire».
En effet, avant son intervention, le dernier avocat du collectif assurant la défense de Medjdoub Chani a lourdement chargé Mohamed Khelladi. Mieux encore, Me Amine Sidhoum a qualifié l’ex-patron de la DNP «d’agent servant des cercles occultes», tout en lui attribuant le sobriquet «d’agent 007».
Des propos qui n’ont pas laissé indifférent l’avocat de Khelladi, exprimant son regret, «qu’un des confrères qui prétendent défendre les droits de l’Homme porte des accusations très graves à l’encontre d’une personne qui est déjà arbitrairement poursuivie par le parquet général». «Où se trouve la déontologie et le respect fondamentaux des textes régissant la défense des droits de l’Homme», s’est interrogé l’avocat.
La plaidoirie entamée par Me Abassi en début d’après-midi a tenu en haleine toute l’assistance. Dans la grande salle d’audience, c’est un silence religieux qui a marqué l’intervention de l’avocat.
«On veut clore à tout prix ce dossier»
Avant d’entamer sa plaidoirie, Me Abassi a tenu à rendre hommage à la presse qui a fêté ce 3 mai sa Journée internationale. «C’est un honneur et avec beaucoup de respect que je rends hommage à notre presse et aux journalistes ici présents en cette occasion de la Journée internationale de la presse pour le travail accompli à l’occasion de ce procès», a-t-il déclaré.
Un hommage, faut-il le rappeler, que le magistrat Tayeb Hellali n’a cessé de rendre aux journalistes présents au procès pour «le travail professionnel qu’ils accomplissent en rendant compte des audiences du procès». La défense de Mohamed Khelladi est passée à la vitesse supérieure, lorsqu’elle interpelle à la fois le président du tribunal criminel et le procureur général pour «l’ouverture d’une infirmation judiciaire ou faire un complément d’enquête sur cette affaire sur la base de ce qui a été révélé lors des débats et des propos tenus par les mis en cause dont Mohamed Khelladi». «On a cité des ministres, des ambassadeurs et d’autres personnes, mais à aucun moment on a décidé d’ouvrir une information judiciaire pour connaître le fond du problème et mettre à nu les dessous de cette affaire. Oui on n’a pas voulu, car on veut à tout prix clôturer ce dossier et condamner Khelladi en le présentant comme le bouc émissaire de cette affaire. Non Mohamed Khelladi n’est nullement responsable de cette affaire et n’a rien à voir dans cette affaire.
On l’a mis sous mandat de dépôt pour qu’on ne puisse faire toute la lumière sur cette affaire»,
a indiqué à haute voix Me Abassi sous le regard attentif du président du tribunal criminel et des membres du jury.
«On se plaindra auprès du président de la République»
Poursuivant son offensive, Me Abassi passe à une autre étape. Cette dernière est considérée, selon lui, de très «importante», puisqu’elle concerne l’ex-ministre des Travaux publics. Ainsi, il commente les réponses d’Amar Ghoul suite aux questions qui lui ont été posées par le juge instructeur. «C’est grave ce qui s’est passé. Un ministre de la République ne signe pas sa déposition ou encore il ne porte aucune autre précision lorsque le juge lui demande dans la question 17 si vous avez d’autres éclaircissements à faire sur cette affaire.» Et de s’interroger «A quoi obéit cette démarche ? De quoi a-t-on peur ? Que veut-on cacher ? On ne va pas se taire. Nous allons saisir le premier magistrat du pays et nous plaindre auprès de lui et nous lui dirons que l’enquête que vous avez demandée sur cette affaire a été étouffée». Il s’adresse à Khelladi et lance en sa direction : «Tu n’es pas un traître. Bien au contraire, tu as défendu ton pays comme tu l’avais fait durant toute ta carrière.»
Il s’adresse de nouveau au président du tribunal criminel et déclare : «Il sera vraiment honteux et scandaleux que Khelladi soit condamné pour les chefs d‘inculpation d’association de malfaiteur, de détournement de biens publics ou encore de trafic d’influence». Il conclut sa plaidoirie en demandant la relaxe. Avant la plaidoirie de Me Abassi, l’avocat de Chani Medjdoub, en l’occurrence Me Sidhoum Amine, a indiqué que Chani a été arrêté sur la base d’un scénario préfabriqué par la police judiciaire (du DRS, Ndlr) (…).
Le tribunal criminel repose sur l’intime conviction, certes, mais pas sur un scénario préfabriqué dans les laboratoires des services spéciaux», a-t-il lâché. Et de poursuivre : «Si j’étais à la place de l’accusation, j’ouvrirai une enquête et si ce n’est pas vrai, je poursuivrai les dénonciateurs»,
tout en rappelant son statut de directeur de la police judiciaire, en l’invitant de visiter les locaux de la DRS.
«S’il pouvait le faire, il sortirait juste après pour aller dire au juge d’instruction que c’est lui qui a tué Boudiaf».
Enfin, il conclut son intervention en tentant d’enfoncer l’accusé Khelladi qui avait pointé du doigt son client Chani. «Le juge d’instruction aurait pu demander une expertise psychiatrique approfondie de cette personne !», indique-t-il en parlant des incohérences et des contradictions dans ses déclarations.
A. B.
[email protected]
04 Mai 2015
Procès de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest
L’avocat de Khelladi revendique un complément d’enquête
Magistrale était la plaidoirie de Mahmoud Abassi, l’avocat de Mohamed Khelladi, un des principaux mis en cause dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest et contre lequel, le procureur général avait requis vingt années de prison ferme. Durant plus de deux heures, l’avocat en question a battu en brèche toutes les accusations retenues contre son client. Mieux,
il a demandé à l’accusation d’ouvrir une enquête complémentaire sur cette affaire.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
Connu pour ses réquisitions à l’époque où il était représentant du ministère public, M. Abassi Mahmoud, qui a embrassé une carrière d’avocat depuis une dizaine d’années, a fait état hier de ses qualités d’avocat digne de ce nom. Et pourtant, ce dimanche, la partie n’était pas facile pour celui qui devait assurer la défense de l’ex-directeur des nouveaux projets (DNP) au niveau de l’Agence nationale des autoroutes (ANA).
Pas facile, dans la mesure où l’avocat devrait à la fois battre en brèche les chefs d’inculpation de l’accusation mais aussi ceux de ses confrères qui «n’ont pas hésité un moment pour enfoncer mon client, en le présentant comme le véritable et principal coupable dans cette affaire».
En effet, avant son intervention, le dernier avocat du collectif assurant la défense de Medjdoub Chani a lourdement chargé Mohamed Khelladi. Mieux encore, Me Amine Sidhoum a qualifié l’ex-patron de la DNP «d’agent servant des cercles occultes», tout en lui attribuant le sobriquet «d’agent 007».
Des propos qui n’ont pas laissé indifférent l’avocat de Khelladi, exprimant son regret, «qu’un des confrères qui prétendent défendre les droits de l’Homme porte des accusations très graves à l’encontre d’une personne qui est déjà arbitrairement poursuivie par le parquet général». «Où se trouve la déontologie et le respect fondamentaux des textes régissant la défense des droits de l’Homme», s’est interrogé l’avocat.
La plaidoirie entamée par Me Abassi en début d’après-midi a tenu en haleine toute l’assistance. Dans la grande salle d’audience, c’est un silence religieux qui a marqué l’intervention de l’avocat.
«On veut clore à tout prix ce dossier»
Avant d’entamer sa plaidoirie, Me Abassi a tenu à rendre hommage à la presse qui a fêté ce 3 mai sa Journée internationale. «C’est un honneur et avec beaucoup de respect que je rends hommage à notre presse et aux journalistes ici présents en cette occasion de la Journée internationale de la presse pour le travail accompli à l’occasion de ce procès», a-t-il déclaré.
Un hommage, faut-il le rappeler, que le magistrat Tayeb Hellali n’a cessé de rendre aux journalistes présents au procès pour «le travail professionnel qu’ils accomplissent en rendant compte des audiences du procès». La défense de Mohamed Khelladi est passée à la vitesse supérieure, lorsqu’elle interpelle à la fois le président du tribunal criminel et le procureur général pour «l’ouverture d’une infirmation judiciaire ou faire un complément d’enquête sur cette affaire sur la base de ce qui a été révélé lors des débats et des propos tenus par les mis en cause dont Mohamed Khelladi». «On a cité des ministres, des ambassadeurs et d’autres personnes, mais à aucun moment on a décidé d’ouvrir une information judiciaire pour connaître le fond du problème et mettre à nu les dessous de cette affaire. Oui on n’a pas voulu, car on veut à tout prix clôturer ce dossier et condamner Khelladi en le présentant comme le bouc émissaire de cette affaire. Non Mohamed Khelladi n’est nullement responsable de cette affaire et n’a rien à voir dans cette affaire.
On l’a mis sous mandat de dépôt pour qu’on ne puisse faire toute la lumière sur cette affaire»,
a indiqué à haute voix Me Abassi sous le regard attentif du président du tribunal criminel et des membres du jury.
«On se plaindra auprès du président de la République»
Poursuivant son offensive, Me Abassi passe à une autre étape. Cette dernière est considérée, selon lui, de très «importante», puisqu’elle concerne l’ex-ministre des Travaux publics. Ainsi, il commente les réponses d’Amar Ghoul suite aux questions qui lui ont été posées par le juge instructeur. «C’est grave ce qui s’est passé. Un ministre de la République ne signe pas sa déposition ou encore il ne porte aucune autre précision lorsque le juge lui demande dans la question 17 si vous avez d’autres éclaircissements à faire sur cette affaire.» Et de s’interroger «A quoi obéit cette démarche ? De quoi a-t-on peur ? Que veut-on cacher ? On ne va pas se taire. Nous allons saisir le premier magistrat du pays et nous plaindre auprès de lui et nous lui dirons que l’enquête que vous avez demandée sur cette affaire a été étouffée». Il s’adresse à Khelladi et lance en sa direction : «Tu n’es pas un traître. Bien au contraire, tu as défendu ton pays comme tu l’avais fait durant toute ta carrière.»
Il s’adresse de nouveau au président du tribunal criminel et déclare : «Il sera vraiment honteux et scandaleux que Khelladi soit condamné pour les chefs d‘inculpation d’association de malfaiteur, de détournement de biens publics ou encore de trafic d’influence». Il conclut sa plaidoirie en demandant la relaxe. Avant la plaidoirie de Me Abassi, l’avocat de Chani Medjdoub, en l’occurrence Me Sidhoum Amine, a indiqué que Chani a été arrêté sur la base d’un scénario préfabriqué par la police judiciaire (du DRS, Ndlr) (…).
Le tribunal criminel repose sur l’intime conviction, certes, mais pas sur un scénario préfabriqué dans les laboratoires des services spéciaux», a-t-il lâché. Et de poursuivre : «Si j’étais à la place de l’accusation, j’ouvrirai une enquête et si ce n’est pas vrai, je poursuivrai les dénonciateurs»,
tout en rappelant son statut de directeur de la police judiciaire, en l’invitant de visiter les locaux de la DRS.
«S’il pouvait le faire, il sortirait juste après pour aller dire au juge d’instruction que c’est lui qui a tué Boudiaf».
Enfin, il conclut son intervention en tentant d’enfoncer l’accusé Khelladi qui avait pointé du doigt son client Chani. «Le juge d’instruction aurait pu demander une expertise psychiatrique approfondie de cette personne !», indique-t-il en parlant des incohérences et des contradictions dans ses déclarations.
A. B.
[email protected]