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Voir la version complète : Pierluigi Bersani, le favori-fantôme



soltan009
10/01/2013, 15h56
http://s1.lemde.fr/image/2013/01/09/644x322/1814486_3_f9e1_pierluigi-bersani-le-13-decembre-a-rome_14f81bc024415e8e62b1feac0530ee0c.jpg

Celui-là, on finirait presque par croire qu’il a disparu de la circulation. Depuis sa désignation il y a plus d’un mois (c’était le 2 décembre 2012, une éternité en politique) comme chef de file de la coalition de gauche, Pierluigi Bersani s’est effacé des radars médiatiques, laissant le champ libre à l’affrontement Monti-Berlusconi. Pourtant, s’il y a une chose sur laquelle les sondages sont d’accord, c’est la victoire de son camp au soir du 25 février. Sera-t-elle suffisante pour lui permettre de gouverner les mains libres ? C’est tout l’intérêt de cette consultation régie par un mode de scrutin tellement compliqué et byzantin qu’il permet toutes les hypothèses, tous les calculs.
Pendant que ses deux adversaires se vautrent littéralement sur tous les écrans de télévision à leur portée, Bersani les déserte. Favori, il peut se consacrer à d’autres tâches. Parti le premier en campagne, il maintient son avance. Alors que Monti et Berlusconi en sont encore à constituer leurs listes en s’arrachant les vedettes (une championne olympique d’escrime pour le premier, un ex-footballeur du Milan AC pour le second), il a déjà présenté les siennes, mardi 8 janvier. Nouveauté : il y aura 40% de femmes. Une petite révolution dans un pays où le machisme se porte bien. Le même jour, le Cavaliere lui a fait un beau cadeau en déclarant que le jugement de divorce qui le condamne à verser 36 millions d’euros par an à son ex-épouse, avait été rendu par des magistrates "communistes et féministes".
Mais la plus grande différence entre Bersani et ses concurrents est ailleurs : il a confiance. Dans ses rares interventions télévisées, il assure que la gauche gagnera aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée et qu’il entrera au palais Chigi, siège de la présidence du conseil, épaulé par une solide majorité dans les deux chambres. Feignant de se désintéresser des coups de billard à trois bandes (ou davantage) qui guident la stratégie de ses adversaires, il affiche sereinement ses certitudes. Une attitude qui fait plaisir à voir, quand bien même celles-ci relèvent aussi de la méthode Coué.
Entre un Monti qui se présente en confiant qu’il avait "mieux à faire" que de "sacrifier" ses vieux jours pour "sauver l’Italie", et un Berlusconi dont on ne se sait plus s’il veut être premier ministre, ministre de l’économie ou peut-être un jour – qui sait ? – secrétaire d’Etat au tourisme), les Italiens finiront par se demander si cela vaut la peine de voter pour des candidats qui entrent dans la campagne à reculons. Bersani se distingue au moins par sa clarté de ses ambitions. Lui a envie de "faire le job". Et ne s’en cache pas.