PDA

Voir la version complète : Mais qui dirige le pays ?



zadhand
18/04/2015, 16h49
A LA UNE/ACTUALITE
18 Avril 2015


LE PRÉSIDENT DU MSP DRESSE LE BILAN DE BOUTEFLIKA
«Mais qui dirige le pays ?»


Le président du MSP sort la grosse artillerie pour s’en prendre au président de la République et son cercle restreint qui, selon lui, tente par tous les moyens de «colmater» son absence de la scène.
M. Kebci - Alger (Le Soir)
«Vous aurez dû rentrer chez vous au terme de votre 3e mandat», a affirmé, hier vendredi, Abderezzak Mokri qui ouvrait les travaux d’un forum politique qui devra s’étaler sur deux jours et s’achever donc, ce samedi. Ce qui aurait créé, selon lui, un sentiment de «regret» chez le petit peuple à l’avènement de la nouvelle donne économique empreinte d’une baisse sensible des cours du pétrole et de la production du pays, notamment en gaz. «Ah, si Bouteflika était encore là !», aurait dit le peuple, selon Mokri pour qui cette 4e mandature du président de la République dont la première année s’est achevée hier est de «trop». Et au président du MSP de dresser à l’occasion le bilan de l’action du Président, se basant, a-t-il précisé, sur des «données et chiffres» rendus publics par des institutions de l’Etat et des «confidences» que lui auraient faites de hauts responsables de l’Etat qu’il a pris soin de ne pas nommer. «15 ans après, on ose encore parler de la nécessité de diversifier l’économie nationale», a-t-il ironisé, s’interrogeant sur «l’impact» des centaines de milliards de dollars injectés. Avec, notamment une croissance d’à peine 4% alors que pour un des conseillers du Premier ministre, Abderrahmane Mebtoul, «elle aurait pu et dû être à deux chiffres». Les recettes du pays ont vertigineusement dégringolé. En deux mois (janvier et février de l’année en cours, seuls 4 milliards de dollars ont été engrangés. Le président du MSP a également traité de la baisse drastique de la production du pétrole et du gaz qui fait que, de l’aveu même que lui aurait fait un haut responsable, le pays «n’assure qu’à hauteur de 40%» ses livraisons de gaz pour l’Italie. Il en est de même de sa quote-part au sein de l’Opep que l’Algérie ne peut pas aussi honorer.Des indicateurs qui font craindre à Mokri une réédition plus dangereuse, selon lui, des événements d’octobre 1988 qui, selon lui,
étaient nourris par des considérations purement «économiques».
Avec, a-t-il argué, la «récession économique entamée dès 1986», conjuguée, il est vrai, a-t-il ajouté, à la «prise de conscience citoyenne et les différends au plus haut sommet de l’Etat à cette époque».

Attaque frontale contre Ali Haddad
Au vu de la complexité de sa situation, le pays a besoin, a rebondi Mokri, d’un président «présent, disponible et prospecteur». C’est comme si, a-t-il ajouté, le Président regarde le pays «à travers les yeux des autres» et ces derniers lui renvoient une image fausse de la réalité de ce même pays. «Non, Monsieur le Président, vous n’êtes pas présent, vous n’êtes pas disponible», a-t-il asséné, s’en prenant à ce cercle qui fait tout au nom du Président. D’abord au patron du FCE dont il a dénoncé son audace «exagérée», selon lui, puisqu’ayant été jusqu’à recevoir des ambassadeurs, aussi bien étrangers nommés en Algérie et algériens retenus pour certaines capitales, «avant même leur prise de fonction officielle». Et il y a ces hauts responsables dont certains sont encore au gouvernement et qui ne cessent de «proférer des menaces à l’encontre de l’opposition et de claironner leur patriotisme», cités dans le livre Paris-Alger, histoire passionnelle sorti mercredi dernier. Une publication qui divulgue la «traçabilité» des biens immobiliers de ces hauts responsables en France. Ce à propos de quoi, le président du MSP invite les institutions de l’Etat et l’appareil judiciaire à «bouger» et à «réagir» même si son parti, selon lui, est «déterminé à prendre ses responsabilités historiques en ne laissant pas faire de manière pacifique cette faune s’approprier le pouvoir». Pour Mokri, le salut du pays réside dans une «transition démocratique, sereine et pacifique» à même de conférer au pays des «institutions fortes et souveraines qui pourront tenir en respect ces appétits voraces».


M. K.

zadhand
17/11/2015, 22h07
A la une Actualité_Capacité du président Bouteflika à diriger le pays
le 17.11.15 | 10h00


Démarche anodine, sérieuses interrogations

La demande d’audience des «19-3» personnalités nationales,
qui aurait pu être anodine,s’est transformée en
un véritable événement politique
qui pose sérieusementla problématique de la santé
du chef de l’Etatet de sa capacité à diriger le pays.

19817

Quoi de plus normal qu’un président de la République reçoive des personnalités, qui plus est amis et proches l’ayant soutenu ou ayant cautionné son quatrième mandat, même s’il s’est rendu au Conseil constitutionnel, le 3 mars 2014, déposer son dossier de candidature dans un état de santé que tout le monde connaît. L’événement en lui-même n’aurait suscité aucune curiosité si la demande d’audience formulée par les «19-3» avait été acceptée.

Certaines personnalités — la moudjahida Zohra Drif, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), l’ancienne ministre de la culture Khalida Toumi et Lakhdar Bouregaâ, commandant de la Wilaya IV — avaient pourtant l’habitude de rendre visite au locataire d’El Mouradia. Que s’est-il passé pour qu’elles puissent plus l’approcher ?
Est-il isolé ? S’est-on emparé de ses prérogatives ?
Ou, tout simplement, Abdelaziz Bouteflika ne gouverne plus ?

La demande d’audience, qui aurait pu être anodine, s’est transformée en un événement politique qui pose sérieusement la problématique de la santé du chef de l’Etat et de sa capacité à gérer le pays. Les mots lâchés par la pasionaria du PT et le moudjahid Lakhdar Bouregaâ illustrent une situation kafkaïenne du pouvoir qui semble bien échapper à son titulaire «légal» : «Pour ne pas dire qu’il est séquestré, je dirais que le Président est assigné à résidence surveillée !» Il n’y a pas de mots plus forts pour décrire la manière dont l’institution de la présidence de la République est détournée. Et venant du commandant de la Wilaya IV historique, qui n’appartient à aucun bord politique,
ils ont encore plus de puissance et renseignent
sur ce que les auteurs de la demande d’audience
au Président appellent «le délitement de l’Etat».

Les propos tenus par Louisa Hanoune ne le sont pas moins. Pour elle,
«il y a un pouvoir parallèle» et ceux qui gouvernent au nom de Bouteflika
«lui mentent et lui montrent de faux documents». Khalida Toumi,
son ancienne ministre de la Culture, dit dans ses dernières déclarations,
que ses camarades et elle-même «connaissent des choses très graves». Lesquelles ?
Les initiateurs de la démarche n’en disent rien pour l’instant.

Mais y a-t-il des choses plus graves encore que ce que le commun des mortels connaît
délitement de l’Etat, menace sur la souveraineté nationale, blocage des institutions,
dérives politiques, grave crise financière, panne économique ?
Les incidences liées au quatrième mandat, obtenu dans des conditions
très contestées par l’opposition, ne manqueront assurément pas — dans
un contexte sécuritaire, régional et international de plus en plus
difficile — d’hypothéquer encore plus la stabilité du pays.

La «confiscation» de la fonction présidentielle que dénoncent depuis un mois ceux
qui demandent audience au chef de l’Etat, l’accaparement du pouvoir par des forces extraconstitutionnelles décrié par l’opposition politique qui revendique
depuis presque deux ans le retour à la légitimité par les urnes,
c’est-à-dire l’organisation d’une élection présidentielle anticipée,
plongent les institutions dans une mortelle léthargie.

Puisqu’elle se décline comme une démarche sans arrière-pensée politique,
la demande d’audience des 19 personnalités (devenues 16 après
le retrait de trois d’entre elles) met le doigt sur la plaie
et donne de manière inattendue,
en cela que ses initiateurs sont amis ou proches du Président,
de la consistance et de la force à la thèse selon laquelle
le locataire d’El Mouradia ne gouverne plus.
Que faire à présent que les choses deviennent de plus en plus
claires et que la convergence de vues
sur la manière dont est géré le pays se consolide ?

Said Rabia