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zadhand
15/04/2015, 16h31
A LA UNE UNE/ACTUALITE
15 Avril 2015


Plus de 268 000 compétences se sont installées à l’étranger
La fuite des cerveaux algériens quantifiée


La fuite des cerveaux algériens est désormais quantifiée. Le pays a connu une véritable saignée, notamment depuis le début des années 1990. Rien qu’en Europe, l’Algérie compte le plus grand «bataillon» de migrants qualifiés, dont l’effectif dans les pays de l’OCDE est de 267 799 personnes, soit 26% des Algériens installés
dans cette région du monde.

C’est ce que relève une étude sur «La fuite des cerveaux et le développement dans l’espace de l’UMA : le cas Algérie», réalisée par le Cread. Présenté hier à Alger, ce rapport élaboré par une équipe de chercheurs conduite par le sociologue Mohamed Saïb Musette, renseigne sur l’ampleur du phénomène de la migration qui touche, particulièrement, l’élite.
Selon cette étude, sur les 267 799 Algériens de niveau supérieur en Europe, il y a 1,2% qui sont titulaires d’un PHD (plus haut niveau d’études). «On constate aussi qu’il y a 24,8% de femmes et 27% d’hommes qui ont un niveau d’études supérieur. Ces proportions sont quasi équitables. La répartition des émigrés qualifiés, d’origine algérienne, par âge, nous montre la prédominance de la classe active (35-54 ans) chez les deux sexes, quoique chez les femmes, la classe des 25-34 ans est presque aussi importante que celle qui la suit», lit-on dans ce rapport.
La France : destination préférée des algériens
Selon ce rapport, les «têtes pleines» algériennes préfèrent la France. Ce pays a accueilli 75% des migrants qualifiés d’Algériens, contre 11% pour le Canada et 4% pour la Grande-Bretagne. «Cependant, l’Espagne et l’Italie, qui sont les destinations favorites après la France et le Canada pour les Algériens en général, n’attirent pas pour autant les personnes qualifiées», soulignent les chercheurs de Cread. Ces derniers, afin de comprendre la dimension réelle de la fuite des cerveaux, ont élargi leur étude même aux Algériens nés et vivant à l’étranger.
Dans ce sens, la proportion d’Algériens ne jouissant que de la nationalité algérienne est de 24%. Par contre, «75% des immigrés algériens qualifiés possèdent la nationalité du pays d’accueil, dont 48% d’entre eux l’avaient déjà à la naissance. La nationalité acquise à la naissance correspond à la situation des migrants nés ‘étrangers’ en Algérie», indique le document.
En France, ajoute encore l’étude, il y a un volume important d’Algériens qualifiés, avec un effectif de 139 000 sur un effectif d’émigrés qualifiés (bac+2 ans) de l’ordre de 454 000 environ, soit 31% de la totalité, nettement supérieur à la moyenne observée dans les pays de l’OCDE. Sur cette base, les chercheurs du Cread ont fait trois lectures.
La première, la plus rigoureuse, est celle qui considère la fuite de cerveaux à partir du niveau de la licence, d’ingéniorat et d’un diplôme de médecine. «Sur cette base, ils ne sont que 52 800 diplômés, avec 33% de médecins, 27% des ingénieurs et 33% ayant au moins une licence.» Une autre acception, légère peut-être, faite en intégrant aussi les niveaux bac+2, ce qui donne un taux de 68% qui détient un diplôme supérieur à un bac+2 années d’études universitaires.
10 318 médecins algériens en France
L’autre chiffre qui donne encore le tournis est celui de médecins algériens ou d’origine algérienne qui activent en France. Se référant aux statistiques publiées par l’Ordre des médecins (France) en 2014, le rapport relève l’existence de 54 168 médecins, nés hors de France, soit 26% du potentiel. Parmi eux, il y a 40% de Maghrébins inscrits à l’Ordre, dont plus de la moitié sont originaires d’Algérie. «Le nombre de médecins algériens est estimé à 10 318, dont 92% sont des salariés.
L’élément le plus important revient au lieu de formation : 27% des médecins algériens ont été formés en Algérie», expliquent les auteurs de ce document. Sur les 10 318 médecins activant en France, 2858 ont fait leur formation en Algérie. Que fait cette catégorie d’émigrés, une fois installée à l’étranger ? L’étude démontre qu’ils s’intègrent facilement dans le monde du travail dans le pays d’accueil.
En effet, plus de la moitié des immigrés algériens qualifiés ont un contrat de travail à durée indéterminée, 11% exercent des professions libérales et 9,2% seulement sont au chômage. «Selon la catégorie socioprofessionnelle, on constate que 34% d’Algériens installés en France sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles, contre 14% qui sont des employés», précise-t-on.
Le niveau des rémunérations des compétences originaires d’Algérie, lit-on dans le rapport, varie entre moins de 500 euros à 8000 euros et plus. «Le regroupement des niveaux, en trois classes plus ou moins homogènes, donne 35% des personnes qui perçoivent moins de 1500 euros, 25% entre 1500 et 2500 euros et puis 37% plus de 2500 euros. La rémunération comprend, certes, une catégorie de personnes sous-payées, mais elle dépend aussi du volume horaire de travail, donc de la nature du contrat de travail des migrants»,
ajoutent les auteurs de cette enquête.Les diplômés des universités réussissent.
L’étude met l’accent sur les profils des personnes qui s’installent en France. Il ressort qu’il n’y a aucune différence entre les femmes et les hommes. Les cerveaux algériens qui quittent le pays pour la France ont également des caractéristiques bien définies : ils sont jeunes et en pleine maturité (classe d’âge 25-45 ans) et ils sont diplômés des universités (3e cycle au minimum). «Ces émigrés sont pour la plupart en activité. Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de formation universitaire.
Ils occupent pour la plupart des postes d’emploi dans des professions libérales et intellectuelles», observe l’enquête en question. Tout en analysant les causes qui sont à l’origine de cette fuite des cerveaux qui ne s’arrête toujours pas, le rapport relève également la faible intensité des retours des compétences. Et par conséquent, l’Algérie ne pourra pas profiter de leur savoir-faire.
«Même s’il y a retour, un nouveau départ n’est pas exclu.
Le retour ‘virtuel’ des compétences est une piste à explorer. Les changements observés récemment dans le profil des migrants algériens, pour la plupart des personnes de niveau universitaire, méritent une observation constante quant au renforcement des liens avec le pays d’origine. L’analyse des causes et des attentes des migrants scientifiques nous a permis de situer les efforts à engager une stratégie devant permettre leurs contributions au développement économique et social du pays», recommande le rapport.

De nombreux étudiants algériens à l’étranger ne reviennent pas Au pays

Le nombre d’étudiants algériens dans les universités des pays de l’OCDE était de 27000 en 2011, soit 23% de l’ensemble des étudiants maghrébins. Ce chiffre s’établit à 23 298 personnes en 2014, selon les données de l’Unesco.
Selon la même source, 88% des étudiants algériens ont choisi la France. «Ce volume ne représente qu’une très faible proportion (à peine 2%) par rapport à l’effectif des étudiants inscrits dans les établissements de formation supérieure en Algérie.
Et tous les étudiants algériens ne sont pas nécessairement boursiers de l’Etat.
Cette revue, pour intéressante qu’elle soit, mérite d’être complétée par des études sur le parcours des étudiants algériens à l’étranger, notamment le retour des étudiants boursiers, en particulier en formation doctorale, et leur intégration dans le marché du travail aussi bien à l’étranger qu’au niveau national», explique un rapport du Cread sur la fuite des cerveaux, présenté hier à Alger.
Selon une étude sur «Les étudiants maghrébins en France» (Abdelkader Latreche, 2004), citée dans ce rapport, 27% des étudiants algériens en France n’envisagent pas le retour au pays, la plupart en formation doctorale, dont 46% pensent partir vers d’autres horizons. M. M.

bougaa
16/04/2015, 14h58
rien d'étonnant, l'intelec et le bled ne font pas bon ménage
bien plus qu'une fuite, les enfants nés de l'immigration algérienne ne sont pas encouragés pour aller faire carrière de l'autre côté de la méditerranée
dommage que les autorités algériennes n'aient pas pris la mesure de cet échec qui perdure depuis des décennies

zadhand
02/08/2015, 13h02
A LA UNE UNE/ACTUALITE-Carrières broyées entre allégeance et exclusion
02 Août 2015


Le grand spleen des cadres



Depuis le mois de mai, des changements sont opérés au pas de charge au sein de l’Exécutif,
à la tête des grandes entreprises, dans le corps des walis et des services de sécurité.
Ces mouvements produiront-ils «du» changement ?
Rien n’est moins sûr quand on connaît le sort réservé à nos cadres dirigeants.

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Il y a un autre problème crucial, celui des cadres. Des pratiques destructrices sévissent en Algérie. J’ignore si elles ont cours ailleurs. Peut-être… Il s’agit de remerciements de cadres compétents et de travailleurs, auxquels procède systématiquement tout nouveau ministre. Il faut protéger ces forces vives de la nation ! » martelait le défunt président Mohamed Boudiaf dans son ultime discours prononcé à Annaba en ce fatidique 29 juin 1992. Dans la foulée, il faisait cette annonce : «Dans ce but, nous allons promulguer une loi qui protégera et rassurera les cadres afin qu’ils travaillent pour l’intérêt général.De sorte que le ministre, ou n’importe quel autre responsable, ne pourra plus limoger tel cadre parce qu’il n’est pas de son bled, tel autre parce qu’il ne lui convient pas, et tel autre parce qu’il ne marche pas avec lui. Ces pratiques sont irresponsables. La question des cadres figure parmi nos priorités, qui sont le logement, la jeunesse et aussi la formation. La stabilité des cadres constitue donc une priorité. Il faut donner un socle à ce pays. J’ai lu une étude sur le système français qui montrait que ce sont les commis de l’Etat qui détiennent les dossiers.Le gouvernement peut procéder à des changements, mais l’intérêt général n’est pas perdu de vue. Il faut donc protéger les cadres et les jeunes qui ont un rôle essentiel dans la société.» On connaît la suite. Le président Boudiaf n’aura pas eu le temps de promulguer cette loi destinée à protéger les cadres, ses assassins en avaient décidé autrement. Il n’est pas certain que la situation de nos cadres, si bien décrite par Si Tayeb El-Watani, ait sensiblement changé depuis. C’est dire combien il est difficile d’être commis de l’Etat en Algérie tant, par un glissement dangereux, l’Etat se confond avec «le pouvoir».«Des» changements mais pas «de» changementLe 24 mai 2015, une dépêche APS annonçait des changements dans le top management d’un certain nombre d’entreprises et d’établissements financiers (Sonatrach, Air Algérie, Douanes, BNA, CNEP, etc.). Dix jours auparavant, Bouteflika procédait à un remaniement ministériel qui a vu débarqués certains ministres une année à peine après leur nomination.Le 22 juillet, à l’issue d’un Conseil des ministres, un important mouvement est opéré dans le corps des walis, suivi par un mini-remaniement ministériel qui, à la surprise générale, a sacrifié un fidèle parmi les fidèles : Amara Benyounès. Deux jours plus tard, un véritable séisme frappe les services de sécurité : pas moins de trois généraux sont limogés (Sécurité présidentielle, Garde républicaine, Direction de la sécurité intérieure du DRS). Cela nous fait bien «des» changements en quelques mois. Mais cela apportera-t-il «du» changement ? Rien n’est moins sûr pour qui connaît un tant soit peu les «mœurs» du système.Au-delà de ce charivari, c’est toute la situation de la «technostructure» qui pose question. C’est un classique : les relations entre «savoir» et «pouvoir» ont toujours été problématiques. Et à regarder la condition de ceux que l’on désigne sous le générique de «cadres», c’est-à-dire, et pour aller vite, un niveau de compétence couplé à un niveau de responsabilité dans les rouages de l’Etat, il ne fait aucun doute qu’il y a un véritable malaise qui touche nos «mas’ouline», dans quelque secteur qu’ils se trouvent. Pressions, ingérences, limogeages arbitraires, manque d’autonomie, manque de reconnaissance, mise au placard à la moindre velléité de fronde, plan de carrière n’obéissant à aucun critère objectif, la liste des préjudices est longue.Ceci, sans parler de la souffrance morale de ces milliers de compétences obligées de cautionner des politiques hasardeuses pour pouvoir garder leur poste sous peine de bannissement à vie. Si l’obligation de réserve contraint nos commis de l’Etat au silence, tenus qu’ils sont, au-delà de la discipline et de l’esprit de corps qu’impose leur fonction, à une forme d’omerta imposée par le «système», on ne compte pas tous ceux qui en «off», dans l’intimité des cercles privés, laissent transpirer leur spleen, voire leur exaspération.Certains frôlent même la dépression, en assistant, impuissants, à la déliquescence de l’Etat, la mauvaise gouvernance érigée en système, l’état de délabrement du service public, du bien public, de la chose publique, sans parler de la dilapidation à outrance de l’argent public, par la gabegie, la prévarication et une corruption qui a atteint des proportions «industrielles». Les plus intègres sont profondément mortifiés, oui, par l’état de santé économique, politique et moral de notre pays plus d’un demi-siècle après l’indépendance, habités qu’ils sont par un immense et irrépressible sentiment de gâchis.Un ressenti que résume l’expression que de fois entendue dans la bouche de moult «responsables» que nous avons approchés : «Ma khallawnache nekhedmou !» On ne nous laisse pas travailler. Et cela donne des autoroutes mal faites, une université qui ne sait plus où donner de la tête, des trottoirs hideux, un urbanisme laid, un secteur industriel moribond, une agriculture en jachère ou encore une industrie culturelle au point mort.La «mystique du développement»Mohamed Benguerna, sociologue des organisations et directeur de recherche au Créad qui a consacré de nombreuses études à la formation et aux trajectoires professionnelles des cadres techniques, souligne un paradoxe saisissant en parlant de la condition de nos technocrates : «Dans le discours officiel, depuis les différents documents de la guerre de Libération jusqu’à aujourd’hui, vous trouverez que le cadre a toujours occupé une place très importante. C’est le pivot du développement.Et c’est ça qui crée une «illusion» chez le cadre algérien car, dans la réalité, il voit bien qu’il n’a pas la place qu’on lui confère dans le discours politique et idéologique» (voir entretien). Mohamed Benguerna rappelle que bien avant l’indépendance, le FLN avait planifié la formation des cadres qui allaient prendre en main le destin du pays. Sous le GPRA, beaucoup ont été envoyés se former dans différentes universités, notamment des pays de l’Est, en prévision de ce grand dessein.«A leur retour, ces nouveaux diplômés se sentent redevables vis-à-vis de leur pays ; ils ont désormais une dette morale. Cela sera un des motifs de leur implication forte dans les premiers plans de développement. Ils vont accepter avec une grande fierté des postes de responsabilité très importants et servir de caution technique aux politiques révolutionnaires. Nous sommes en présence des djounoud du développement», écrit Mohamed Benguerna (in Cadres techniques et société en Algérie, Cahiers du GDR Cadres, n°8, novembre 2004).Le sociologue parle même de «mystique du développement», sauf que cela va tourner à un asservissement de la «technostructure» par le pouvoir politique. «Les responsables politiques diffusent la thèse selon laquelle ‘le développement’ ce sont les cadres’. Les cadres intègrent bien cet appel et ils adhèrent pleinement à cette mystique du développement. En réalité, sous l’alibi technique, les cadres cautionnent des projets technologiques et industriels dont les dimensions politiques leur échappent totalement. La figure du cadre exécutant prend place.» Le fait est que le régime a toujours voulu disposer d’un appareil technico-administratif qui fasse «tourner la machine» sans faire de vagues.A tout prendre, et l’expérience le prouve, les tenants du pouvoir préfèrent s’accommoder d’un personnel docile, fût-il notoirement incompétent, plutôt que de «s’encombrer» de cadres trop sourcilleux sur les méthodes. Et gare à ceux qui s’aviseraient de porter les errements de la haute gouvernance sur la place publique. Il suffit, pour s’en convaincre, de méditer le sort qui a été réservé à notre ami Benyoucef Mellouk, ancien chef de service chargé des affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice, et qui subit un véritable calvaire depuis plus de vingt ans pour avoir fait éclater l’affaire des magistrats faussaires au début des années 1990.Plus de 120 000 cadres marginalisésMohamed Benguerna évoque une enquête diligentée en haut lieu, en 1992, pour recenser les cadres marginalisés. Même s’ils datent, ces chiffres annoncent la tendance tant ils sont révélateurs de «l’hécatombe» qui est celle des cadres sacrifiés. «Ce recensement a permis de signaler un nombre de 80 000 cadres marginalisés durant la période qui s’échelonne de 1980 à 1992» note le sociologue (in Cadres techniques et société en Algérie).Mohamed Benguerna indique que cette marginalisation des cadres «recouvrait quatre cas de figure : les cadres mis en retraite anticipée, les cadres mis en congé spécial, les cadres qui ont été remerciés, et les cadres encore en poste mais non ‘utilisés’». Le sociologue poursuit : «Il faudra noter que cette population de cadres marginalisés est souvent plus importante, si on y ajoute les diplômés universitaires qui exercent une fonction sans aucun rapport avec le niveau et la qualité de leur formation.»M. Benguerna nous apprend également que «les départs en retraite anticipée touchent une population de cadres dont la moyenne d’âge se situe autour de la cinquantaine. Tout récemment, certains journaux ont avancé le chiffre de 120 000 cadres marginalisés». Dans la foulée de ce recensement, un forum national des cadres marginalisés a été organisé les 1er et 2 juillet 1993. Il a réuni «500 délégués venus de l’ensemble du territoire national» indique M. Benguerna.Loin de stopper l’hémorragie, il sera paradoxalement suivi, quelques années plus tard, de cette gigantesque opération de chasse aux sorcières, sous le gouvernement Ouyahia, au nom d’une opération dite «mains propres». Les chiffres les moins alarmistes parlent de plus de 2000 cadres injustement incarcérés. Même après leur acquittement, la grande majorité de ces gestionnaires ne s’en relèveront jamais et seront brisés à vie. Aujourd’hui encore, la dépénalisation de l’acte de gestion continue de faire débat.Suite au Conseil des ministres du 22 juillet dernier, de nouvelles dispositions sont venues «sécuriser» l’acte de gestion. Désormais, «l’action publique n’est engagée que sur plainte des organes sociaux concernés (conseil d’administration, assemblée générale…)», rassurait le communiqué de la présidence de la République. Cela suffit-il pour redonner confiance aux managers de nos entreprises publiques et à libérer les initiatives ? C’est loin d’être acquis.Et les derniers procès qui ont marqué l’actualité judiciaire (autoroute Est-Ouest, Sonatrach 1, affaire Khalifa Bank) viennent, si besoin est, confirmer une longue tradition managériale, à savoir que ce sont toujours les «seconds couteaux» qui paient, et que les vrais ordonnateurs et les gros poissons ne sont jamais inquiétés. Maître Khaled Bourayou résumait parfaitement cette fragilité du cadre comme victime expiatoire, comme «fusible», en déclarant à propos du procès Khalifa : «Les faits pour lesquels il (Abdelmoumen Khalifa, ndlr) est poursuivi sont liés à notre système. Un système où celui qui exécute ne décide pas et celui qui décide ne gère pas et où le cadre accepte d’exécuter et d’être exécuté pour sauver le système», (interview à TSA, 10 mai 2015).Pas d’ascension sans allégeanceTémoignage hautement édifiant, celui du sociologue-urbaniste Rachid Sidi Boumedine. Dans ses mémoires intitulés : Yaouled, parcours d’un indigène (édition APIC, 2013), Rachid Sidi-Boumedine livre avec truculence la crème de sa longue expérience, depuis qu’il était responsable au sein de la section universitaire de la Fédération de France du FLN dans la région de Grenoble, jusqu’aux années où il eut à occuper différentes fonctions dans un secteur qu’il connaît bien, celui de l’urbanisme, dont le poste de directeur de l’Institut national d’études et de recherches en bâtiment (Inerba).Levant le voile sur les pratiques du «système» dans la gestion de la chose publique et la gestion des carrières par la rente et les réseaux clientélistes, il écrit : «Tant de textes ont été écrits, dont certains par moi, sur l’Etat néopatrimonial, plus souvent appelé clientéliste, en Algérie (…) J’ai écrit que les groupes qui dominent et s’approprient l’Etat et le gèrent comme un bien personnel — ce qui définit justement ce type de système politique — fonctionnent en réseau qui traversent l’appareil formel, et en contrôlent, en fonction de leurs intérêts, les rouages majeurs. L’essentiel réside dans le contrôle des modes de formation de la rente — à vrai dire de toutes les formes de rente — de les capter et de les redistribuer. Ils tiennent leur force de leur mainmise, à travers leurs membres, sur des positions stratégiques, et aussi, progressivement, sur des secteurs de l’économie.Ils perdurent grâce à tous ceux qui leur font allégeance, et qui sont nourris par leurs dirigeants centraux, et se nourrissent aussi, selon leur niveau, de la part de rente qui leur est autorisée. A l’inverse, quiconque veut espérer une ascension dans les hiérarchies, formelles ou réelles, mais qui ouvrent surtout sur des captations de parts de rente, doit manifester cette allégeance personnalisée. L’appartenance à la même famille qu’un haut responsable, ou à sa tribu, à sa région, peut être facteur de cette allégeance, mais il est d’autres chemins pour l’adhésion et l’ascension.»Rachid Sidi Boumedine raconte comment les marques d’allégeance s’expriment jusque dans les signes vestimentaires : «Au début des années 1980, l’encartement et l’appartenance au parti commençaient à remplacer l’engagement ou la compétence dans l’ascenseur social. (…) De l’autre côté, des cadres sont devenus tout à la fois membres de ‘kasma’ (les cellules locales) de quartiers chics, de coopératives immobilières pour — faire — construire leur villa, et dirigeants dans l’appareil administratif.Leur appartenance et leur allégeance se manifestaient jusque dans les apparences par la ‘saharienne’, tenue de rigueur et uniforme significative durant l’été, et par le long manteau bleu l’hiver.» «Pour les autres, la marginalisation éventuelle, du moins pour ceux dont l’allégeance n’était pas assez visible, prenait des figures graduées, depuis la mise à l’écart simple, jusqu’au passage par la case ‘prison’ pour les plus récalcitrants ou politiquement marqués à gauche. Combien de responsables ont été démis de leurs fonctions alors qu’ils se trouvaient en congé annuel, ou, pire, en congé de maladie ?»«Ces postes ‘‘dangereux’’ sont courus malgré tout»Dans la dernière partie du livre intitulé : Résistant ou survivant ? , on peut trouver un sous-chapitre consacré explicitement à la situation des cadres sous le titre : «L’Etat et ses cadres, l’Etat des cadres». Dressant un comparatif entre la position du cadre technique et celle du chercheur universitaire, le sociologue urbaniste confie : «Je ne sais toujours pas comment expliquer notre situation et notre position : d’une part, par notre formation, nous n’avons pas d’autre employeur possible que l’Etat, ce qui est une contrainte définitive, et d’autre part, il y a des différences considérables entre la situation de l’universitaire, enseignant et chercheur, et celle du haut cadre technique.»«Aux yeux de l’opinion, le cadre dirigeant a une meilleure place, un plus grand prestige, et des avantages salariaux et en nature, sans comparaison avec les revenus de l’enseignant universitaire. Ceci est vrai, du moins jusqu’en 2012 où une vaste opération de ‘revalorisation’ avec rappels a été entreprise. Cependant, ce que l’on sait rarement, c’est qu’il n’est le plus souvent qu’un exécutant, qu’il n’a aucune marge de manœuvre dans l’exécution des instructions qu’il reçoit, au risque d’être vertement réprimandé publiquement ou de perdre son poste.»Et de poursuivre : «Il faut noter que si de grandes variations existent d’un responsable à l’autre, ou d’un secteur à l’autre, selon la personnalité et le parcours du dirigeant, dans les échelles de la politesse, de la grossièreté ou de la goinfrerie, le principe général est le même.» Rachid Sidi Boumedine fait remarquer qu’en dépit de toutes les avanies infligées à nos hauts fonctionnaires et autres cadres dirigeants, «ces postes ‘dangereux’ sont courus malgré tout, dans la mesure où ils permettent au titulaire de servir à son tour les siens, et donc d’obtenir à son tour des services de la part de ses homologues.Même dans le cas où un pareil cadre n’est pas corrompu, au sens strict du mot, cette ‘économie du troc’ permet de vivre largement au-dessus des moyens que permet, en théorie, le poste. Mais il faut accepter le rôle de ‘fusible’. Certains y échappent, d’autres paient, pour l’exemple et pour l’opinion, le prix de la durabilité du système. Quant aux titulaires de postes dépourvus de la possibilité de distribuer des rentes, quelle que soit leur nature, ils ne sont que des fonctionnaires qui font tourner la machine. Enfin, ceux qui visiblement sont indociles, qui ne jouent pas le jeu, sont rapidement mis en marge quelles que soient leurs compétences».«Ma faute ? J’avais réussi !»L’auteur ne manque pas de signaler un autre rituel ô combien récurrent dans le répertoire des humiliations faites à nos cadres : la manière si peu élégante dont ils sont «remerciés». «Ce qui est remarquable, c’est cette persistance dans le temps des mêmes procédés. Je les ai vécus trois fois : on vous installe cérémonieusement, publiquement, sous les projecteurs, les félicitations et les vivats, et on vous évacue discrètement, par une trappe cachée, dans l’obscurité.» «La seule différence repérable dans l’évolution des modalités d’éviction depuis les années 1980 réside dans ce fait qu’on est passé de ce qu’on appelait un ‘sale coup’ arrivé à un individu, victime d’un ministre, à celle de ‘mode de fonctionnement’ du système. Même cette dernière remarque est ‘murmurée’ de nos jours, prouvant que la peur d’être entendu est toujours là, même si son auteur est un retraité.On ne sait jamais !» Même fort de son «bagage», de ses compétences, il faut croire qu’un cadre intègre, sous nos latitudes, a toujours besoin d’une protection, d’un «parrain» pour durer. M. Sidi Boumedine raconte comment il était «invité à choisir entre deux responsables : le ministre et le vice-ministre». «Tu es avec X ou avec Y. Tu dois te déterminer sinon…» l’accule-t-on. «J’ai répondu orgueilleusement : je suis ici par mon travail et non par ‘piston’, et je n’ai pas à prêter allégeance à l’un ou à l’autre. J’avais utilisé des termes brutaux devant cet ami.Je ne suis au service de personne. La réponse était claire : ‘Alors, tant pis pour toi, tu seras viré !’ Ce qui fut fait un an après avec l’avertissement suivant : ‘On va te demander de rejoindre un poste (plus) élevé et tu diras oui, sinon il t’arrivera la même chose qu’à X (passé par la case prison pour le casser moralement).’ Il peut parfois sembler paradoxal que la sanction consiste à promouvoir quelqu’un, mais en Algérie, c’est un classique, car le poste quitté devait permettre, ou permettait, de faire ce que le poste plus élevé ne permettait pas.Ce n’est donc pas une question de position formelle dans les organigrammes, mais d’influence, à défaut de pouvoir, que permettent l’un ou l’autre poste.» Et de lancer : «Or, quelle influence peut avoir un institut de recherche ? Aucune, en principe. Et quelle avait été ma faute ? Aucune, en apparence. J’avais réussi à faire prospérer l’institut, tant en termes de travaux réussis que d’équilibre financier, le budget étant largement excédentaire pour l’exercice, comme le voulaient les pouvoirs publics. (…) Où est donc l’erreur ?
Justement là. J’avais réussi !»

Mustapha Benfodil

zadhand
16/09/2015, 09h31
A LA UNE/ ACTUALITE/Projet de loin
16 Septembre 2015


LE PROJET DE LOI PORTANT RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DÉVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE À L’APN

La fuite des cerveaux en débat

La fuite des cerveaux a été, comme il fallait s’y attendre, au cœur des débats, hier à l’APN à l’occasion de l’exposé du projet de loi portant recherche scientifique et développement technologique.
M. Kebci - Alger (Le Soir) - Aucun ou presque parmi les députés, près de 80 à s’inscrire pour les débats, n’a manqué d’évoquer ce fléau qui ne cesse de compromettre et sérieusement toute perspective de recherche, socle de tout développement technologique que nombre de pays de la taille de l’Algérie ont compris depuis longtemps.
Ce pourquoi, d’ailleurs, certains intervenants, à l’image de Lyes Saâdi du FLN qui a relevé l’impérative mise en place d’un cadre juridique à même de limiter le phénomène et ainsi contraindre les bénéficiaires de bourses d’études à l’étranger à retourner au pays une fois le diplôme en poche. Et de s’interroger sur «le profil de ces heureux bénéficiaires qui seraient majoritairement les enfants de hauts responsables et de ceux qui ont le bras long». Mais pour ce député, notre université souffre d’un autre fléau, celui du critère de «l’allégeance partisane dans la désignation des responsables, ce qui porte, selon lui, un coup fatal à l’intelligence et aux compétences».
Pour sa part, Ramdhane Taazibt du PT, ce projet de loi est «le bienvenu quoiqu’il soit venu quelque peu en retard, à l’effet, selon lui, de mettre de l’ordre» dans le segment de la recherche scientifique. Il regrettera les «entraves bureaucratiques et l’absence d’une forte volonté politique» à booster la recherche scientifique. Car estimera-t-il, «Le 1% du PIB annuellement réservé à la recherche ces dernières années, suivant la norme fixée par l’Unesco, est faiblement exploité», regrettant que pas moins de 45 000 enseignants-chercheurs aient quitté le pays ces quinze dernières années, soit 50% des potentialités du pays en la matière.
Taazibt s’inscrira en faux contre l’obligation de résultats contenue dans ce projet de loi, estimant qu’un travail de recherche, s’il s’avère «inexploitable dans l’immédiat, pourra l’être à l’avenir». Il dira, par ailleurs, voir d’un mauvais œil l’investissement privé préconisé dans le secteur, considérant nos privés pas suffisamment aptes à s’impliquer, non sans émettre des craintes de voir «l’oligarchie mettre main basse sur la recherche».
Un autre parlementaire, Tahar Missoum du parti du Rassemblement algérien (RA), a abordé, lui, le fléau du plagiat qui caractérise ces derniers temps les mémoires de soutenances de diverses thèses, ce qui ternit davantage l’image de notre Université à l’extérieur. Il mettra le doigt sur l’orientation des nouveaux étudiants, à ses yeux, loin d’être fortuite, puisque gonflant à souhait le budget des œuvres sociales universitaires, de l’ordre de 6 milliards de dinars, notamment en matière de «transport des étudiants qui profite à un intervenant bien particulier».
Sa collègue du RND, représentant l’émigration dans la zone 3, a interpellé le premier responsable du secteur sur la problématique de l’authentification des diplômes de notre diaspora, ceci au moment où les pouvoirs publics s’évertuent à encourager le retour au bercail de notre matière grise, assez nombreuse à faire le bonheur de nombreux pays.


M. K.

djafar1
16/09/2015, 16h55
même les responsables des attentats de Paris (nos illuminés) ,ne voulaient pas être jugé dans leur pays d'origine (pour ceux qui s'e souviennent)...préférant la France pour vous dire la contradiction que nous vivons malgré nous
il faut se rendre à l'évidence tout le monde rêve de vivre en occident parce que c'est la ou toute personne se sent en sécurité même nos grands responsables quand ils sont chassés de leur pays préfèrent l’occident même si le coco ben ALI à opté pour l’Arabie Saoudite (je ne pense pas qu'il est toujours la bas).

zadhand
06/11/2015, 10h21
A la une Actualité_Fuite des cerveaux
06 Novembre 2015

Ces médecins et ingénieurs que nous perdons

Pour la première fois, un rapport* de l’Organisation internationale du travail
étudie les spécificités de la fuite des cerveaux dans les pays du Maghreb.
Qui part et pourquoi faire ? El Watan Week-End a décortiqué le rapport pour vous.



19609

- La génération de la «désillusion»

Le sociologue du Cread, Karim Khaled, rappelle que l’immigration des compétences algériennes existe depuis 1830 et peut être divisée en quatre périodes. La dernière période qui commence dans les années 1990 est celle de la désillusion, selon lui. Il estime que les intellectuels ont vécu une crise, notamment liée à la «déception» des élites après avoir été «emballées et prisonnières par le discours développementiste des années 1970» ainsi qu’aux «échecs» des luttes politiques des années 1980, 90 et 2000 qui «n’ont pas pu basculer l’équilibre des formes
identitaires idéologiques dominantes depuis l’indépendance».
Pour les universitaires, «l’emprise du politique dominant» a fait de l’université «une institution anomique incapable de se reproduire d’une manière autonome et reste aliénée par rapport à sa propre histoire et à l’histoire de tout son environnement». Selon lui, malgré toutes les politiques de formation à l’étranger et les multiples reformes, «l’enseignement supérieur algérien ne peut être que producteur de foyers migratoires». Cette période se caractérise par une forte concentration de l’intelligentsia algérienne dans les pays du Golfe
et dans l’espace de la francophonie, notamment la France et le Canada.
«Des destinations dans un contexte mondialisé, où des voies nouvelles se présentent aux élites professionnelles algériennes. Il s’agit vraiment d’une nouvelle ère de circulation internationale accélérée par l’avènement des technologies de l’information et de la communication mais avec des reconfigurations et le retour du ‘‘pouvoir de l’identité’’ comme forme de résistance au rythme imposé aux déclassés dans cette révolution numérique», explique le sociologue. Malgré cette diversification dans les destinations des élites intellectuelles algériennes dans les années 2000, la France reste toujours la destination dominante pour des raisons historiques, familiales et linguistiques.
Au-delà du sentiment de désillusion, le rapport énumère plusieurs facteurs importants de départ : d’abord, les limites d’une carrière professionnelle ou universitaire et les besoins de recherche dans des domaines scientifiques, techniques et technologiques de pointe expliquent en grande partie les départs continus de cadres et d’étudiants à l’étranger. Ensuite, outre le prestige et le rayonnement dans la société, les diplômes d’universités étrangères
offrent plus de chance de recrutement à l’international.
Les lourdeurs administratives, les blocages bureaucratiques, les difficultés socioéconomiques et les limites d’épanouissement culturel motivent également le départ de cadres et d’universitaires. Le taux de chômage très important des diplômés du supérieur, le souci d’assurer un meilleur avenir à ses enfants
et les raisons sécuritaires sont enfin d’autres facteurs importants dans le départ.

- Des diplômés du 3e cycle qui deviennent majoritairement cadres

Ceux qui quittent l’Algérie ont en majorité entre 25 et 45 ans. Les docteurs en santé représentent la plus grande part des effectifs des diplômés les plus élevés exerçant en France. Ils se situent presque au même niveau que les ingénieurs. Ensuite viennent les personnes ayant obtenu un DESS et un master professionnel puis les DEA et masters.
Ces diplômés sont pour la plupart en activité dans leur pays d’accueil. Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de formation universitaire. Ils occupent pour la majorité des postes d’emploi dans des professions libérales et intellectuelles. Plus de la moitié des immigrés algériens qualifiés avait un contrat de travail à durée indéterminée, 11% exerçaient des professions libérales et 9,2% étaient au chômage.
On constate que 34% d’Algériens installés en France sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles, contre 14% qui sont des «employés». On observe aussi un niveau assez faible de «brain waste» - soit à travers des emplois n’exigeant pas de niveau supérieur ou alors ils sont sous-employés avec
une faible rémunération. 6% d’immigrés faisant le métier d’ouvrier.
Il y a aussi le «brain waste» relatif, non mesurable encore, c’est la situation qui équivaut à la déqualification des diplômés, en les affectant à des postes de niveau inférieur à leurs qualifications. Le niveau des salaires peut être un indicateur : 35% des personnes perçoivent moins de 1500 euros par mois, 25% entre 1500
et 2500 euros et puis 37% gagnent plus de 2500 euros.

- Les médecins sont les plus concernés

«L’Algérie n’est pas en situation de pénurie de médecins, elle a formé et forme encore un nombre important de praticiens», explique Ahcène Zehnati, chercheur au Cread. Le nombre de diplômés en médecine a plus que doublé entre 2001 et 2011, il passe de 1714 à 4023. Même chose pour les médecins spécialistes
qui sont 897 en 2005 et 1929 en 2013. 11 629 médecins sont formés
dans les spécialités médicales et chirurgicales entre 2005 et 2013.
A titre de comparaison, la Tunisie forme 8 fois moins de généralistes et 4 fois moins de spécialistes que l’Algérie. Cette amélioration de la formation ne concerne cependant pas le personnel paramédical, puisque le rapport entre le nombre de personnel paramédical et les médecins a baissé : Il passe de 3,4 en 1998 à 2,47 en 2012. Pourtant, les médecins constituent la première catégories d’Algériens nés en Algérie et exerçant à l’étranger. Le taux de fuite est supérieur à ceux enregistrés en Afrique du Sud ou au Ghana, par exemple et le nombre de médecins qui quittent l’Algérie augmente constamment depuis 1997. «La destination privilégiée des médecins algériens reste majoritairement la France pour des raisons historiques, culturelles, système de formation, conventions inter-universitaires», rappelle le rapport.
Près d’un médecin né en Algérie sur 4 exerce, en effet, en France. Les effectifs de médecins spécialistes ne sont pas touchés de la même manière. Pour les médecins nés en Algérie, quel que soit leur lieu de formation, le «taux de fuite» est de 43% pour la psychiatrie. Viennent ensuite l’ophtalmologie, la radiologie et l’anesthésie-réanimation. Pour les médecins nés et formés en Algérie, les taux sont moins importants, mais les spécialités les plus concernées sont là aussi la psychiatrie, la radiologie, l’ophtalmologie et l’anesthésie-réanimation. De manière générale, les médecins qui travaillent dans le secteur public sont plus touchés par le départ que ceux du privé.
Le rapport ne présente pas les raisons de départ des médecins, mais estime que les salaires pourraient être l’un des facteurs. En 2013, un médecin non hospitalo-universitaire touchait 77 000 DA par mois pour un généraliste, 110 000 pour un spécialiste. Un maître-assistant dans un CHU est payé 90 500 DA et un professeur 183 000 DA. L’étude souligne que ces salaires sont en moyenne une fois et demie plus élevés
que les salaires des cadres des entreprises nationales algériennes.

- Les Marocains partent pour faire un troisième cycle

Les migrations intellectuelles marocaines remontent au XIXe siècle et elles sont aujourd’hui souvent le fait d’élites intellectuelles, de chercheurs ou d’étudiants et de sportifs, avec un taux de retour faible. «Malgré le développement de nouvelles destinations, comme c’est le cas pour la Belgique, le Canada, les Etats-Unis ou les pays de l’ancien bloc de l’Est, la France draine toujours le plus grand nombre d’étudiants marocains», rappelle le rapport. Ils représentent la première population estudiantine étrangère dans les universités françaises avec plus de 15% en 2004.
A titre de comparaison, les Algériens représentent 8,5%.
Aujourd’hui, l’arabisation, la suspension des bourses du gouvernement et les conditions d’inscription plus difficiles ont fait diminuer le nombre de départs, qui reste malgré tout important. Désormais, on part pour préparer un troisième cycle plus que pour faire des études de premier et deuxième cycles. Dans tous les cas, une partie des étudiants à l’étranger, une fois leur cursus universitaire achevé, demeure sur place, pour des raisons familiales ou professionnelles.
Les meilleurs sont repérés dans les grandes écoles ou laboratoires et sollicités pour intégrer des emplois, parfois même avant l’obtention de leur diplôme. Les autorités ont tenté dans les années 1990 de limiter cette immigration avec des mesures restrictives. Aujourd’hui, l’Etat tente au contraire de structurer
la diaspora scientifique marocaine pour favoriser le retour
et la collaboration des élites installées à l’étranger avec le Maroc.

- Les boursiers mauritaniens ne rentrent plus au pays

Plus de 70 000 diplômés mauritaniens vivent aujourd’hui à l’étranger, toutes spécialités confondues. Dans un pays où le taux de chômage officiel est de 10% et où le salaire des fonctionnaires, l’équivalent de 5000 DA par mois, n’attire pas les diplômés, plus de la moitié des diplômés mauritaniens à l’étranger finissent par s’installer temporairement ou définitivement dans leur pays d’accueil. La plupart d’ente eux sont des ingénieurs, scientifiques, universitaires, financiers, qui ont souvent accès à l’étranger à des emplois de haut niveau,
notamment dans des organisations internationales,
des universités ou des compagnies privées.
Le départ des diplômés a été poussé par les crises politiques de 1987 avec le Front Polisario et 1989 avec le Sénégal, ainsi que par le plan d’ajustement structurel des années 1980. Le pays octroie des bourses aux étudiants mauritaniens qui veulent étudier à l’étranger, dopant implicitement dans le futur la migration des compétences scientifiques, selon le rapport. Ces bourses sont d’ailleurs à l’origine en grande partie de la mise en place
de la diaspora scientifique mauritanienne établie à l’étranger.
Traditionnellement, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et les pays d’Afrique de l’Ouest particulièrement le Sénégal, la Côte d’Ivoire constituent les principales destinations des boursiers mauritaniens. Face au nombre de diplômés chômeurs très important, «la plupart des étudiants en fin de cycle- notamment ceux des filières francophones- cherchent des inscriptions dans des universités françaises ou se lancent dans l’aventure aux USA, en Australie ou au Canada».

Leïla Beratto

zadhand
06/01/2016, 20h21
A la une Actualité_Fuite des cerveaux
06 Janvier 2016
20694


Un scientifique algérien candidat au prix Nobel



La Kabylie regorgée de talents et de potentiels en matière de ressources humaines et le Professeur Madjid Boutemeur n’est qu’une démonstration. Il est docteur en physique nucléaire et physique des particules, professeur d’universités. Considéré comme l’un des savants les plus renommés dans la recherche dudit domaine.


Madjid Boutemeur travaille sur le « Grand collisionneur de hadrons » (LHC), le plus puissant accélérateur de particules du monde, implanté à la frontière franco-suisse, et plus particulièrement sur le « Solénoïde compact pour muons »
(CMS), détecteur polyvalent installé sur l’anneau du LHC.
Il se dit convaincu de décrocher le prix Nobel, «Mon excellent parcours universitaire à Grenoble m’a permis d’obtenir une thèse de collaboration avec le CERN. Avec cette thèse, j’ai été candidat au prix Nobel en 1987 et j’ai failli l’avoir. J’ai soutenu ensuite une autre thèse à l’université de Yale aux USA où j’ai établi le record du monde de la polarisation des spins dans les très basses températures.
L’accumulation de mes succès m’a ouvert les portes des grandes universités mondiales, comme le Canada où j’ai travaillé pendant cinq années avec l’université de Montréal et le gouvernement à partir de septembre 1991.».

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zadhand
09/02/2016, 14h48
A la une Actualité_Fuite des cerveaux
le 09.02.16 | 10h00

Médecins spécialistes
La saignée


Des médecins formés en Algérie tiennent le haut de l’affiche des départs.
Au tableau de l’Ordre des médecins en France, 21,94% sont d’origine algérienne.
21519

Beaucoup de médecins, formés en Algérie, voient leur avenir sous d’autres cieux.
C’est l’une des conclusions de l’ouvrage intitulé De la fuite des cerveaux à
la mobilité des compétences - Une vision du Maghreb, publié cette semaine par
le Centre de recherche en études appliquées pour le développement (Cread)
en collaboration avec le bureau d’Alger de l’Organisation internationale du travail (OIT)
sous la houlette du sociologue et chercheur Mohamed Saïb Musette. Analyse d’un phénomène
qui déleste le pays de ses compétences. Les médecins formés en Algérie tiennent le haut
de l’affiche des départs. Le taux des médecins inscrits au tableau de l’Ordre des médecins
en France est de 21,94%. «Ce ne sont pas tous les médecins en exercice qui sont inscrits
au tableau de l’Ordre des médecins. Le taux de fuite est encore plus important si l’on inclut
tous les médecins installés en France exerçant dans le secteur médical ou autre, il atteindrait
presque 30%», est-il précisé dans l’étude en question. Les psychiatres algériens sont
les premiers à répondre aux sirènes de l’Occident, avec un taux de 30% installés en France,
suivis par les spécialistes en radiologie (15,55%), en ophtalmologie (13,10%)
et en anesthésie-réanimation (12,96%).Les migrants algériens qualifiés représentent
26% en moyenne des Algériens installés dans les pays de l’OCDE (soit un effectif
de 267 799 personnes), dont 1,2% ont un PhD (plus haut niveau d’étude). Il est à noter
une part grandissante de femmes qui choisissent de s’établir sous d’autres cieux.
«La différence est réduite dans les proportions entre les hommes et les femmes, contrairement
à ce qu’on observait dans les données des années 2000 (…). On constate aussi
que 24,8% de femmes et 27% d’hommes ont un niveau d’études supérieur.
Peu de différences existent entre les femmes et les hommes, avec une forte féminisation chez
les jeunes. Ils sont en majorité en pleine maturité (classe d’âge 25-45 ans)», commente
Mohamed Saïb Musette. Les Algériens qualifiés installés en Occident sont généralement
bien lotis, si l’on en croit l’étude du Cread. Le niveau des rémunérations des compétences
originaires d’Algérie varie entre 500 euros et 8000 euros et plus. Il apparaît ainsi que 35%
des personnes perçoivent moins de 1500 euros, 25% entre 1500 et 2500 euros et puis 37%
plus de 2500 euros. «Ils sont pour la plupart en activité, peut-on lire dans l’étude.
Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de
formation universitaire. Ils occupent pour la plupart des postes d’emploi dans des professions
libérales et intellectuelles. On observe aussi un niveau assez faible de ‘brain waste’
soit à travers des emplois n’exigeant pas de niveau supérieur ou alors ils sont sous-employés
avec une faible rémunération. Ce phénomène peut donner lieu à des ‘gains’ pour l’Algérie,
d’une autre manière, à partir de la migration de retour, réelle ou virtuelle.»
Parmi les raisons qui poussent les compétences au départ, le sociologue Mohamed Saïb Musette
souligne un sentiment de marginalisation des élites algériennes. «Le référent de la réussite sociale
et professionnelle, en dehors de l’accomplissement universitaire et scientifique, explique-t-il,
a été floué dans ses références et ses valeurs, un segment des compétences (intellectuelles
et professionnelles) se considère comme marginalisé et inutile. Le savoir et les diplômes ne
seraient pas des critères objectifs et incontournables de l’ascension sociale et professionnelle.
L’affairisme et le favoritisme seraient devenus les moyens reconnus et privilégiés.
Les compétences vont donc tenter de s’accomplir et de s’épanouir ailleurs, notamment dans
certains pays du Nord.»Très souvent, la cause du départ dépasse le cadre individuel et se détermine
pour des considérations familiales et sociales. «En effet, précise M. Musette, des adultes,
des jeunes, issus principalement de familles aisées, quittent le pays dès l’obtention du bac français.
Ce phénomène s’est amplifié avec l’avènement des écoles privées et l’ouverture des lycées français
en Algérie. Des instituts et des écoles supérieures privées sont ouverts principalement à Alger,
affiliés à des établissements similaires étrangers. Les enfants d’expatriés algériens ne rejoignent pas
le pays après la fin de leur cursus universitaire ou à la sortie d’une grande école.»
Le phénomène est néanmoins à relativiser.Si la fuite des cerveaux s’accélère partout dans le Maghreb,
avec un taux de croissance de 57%, elle tend à se stabiliser dans notre pays.
«Nous avons calculé le taux de ‘‘brain drain’’ des Algériens dans les pays de l’OCDE.
Il représentait 6,6% en 2012 (population âgée de 15 ans et plus). Il faut souligner qu’il a été
de 17% dans les années 1970 et de 8,6% dans les années 2000 (pour les plus de 25 ans).
L’ampleur de ce phénomène reste abstraite», peut-on lire dans l’excellent ouvrage du Cread.


Amel Blidi

malouki
10/03/2016, 16h12
Attraction des talents, stabilité politique, fuite des cerveaux : l’Algérie dernière de l

​L’édition 2015-2016 de l’Indice mondial sur la compétitivité des talents (GTCI) place l’Algérie à la 104e place sur les 109 pays étudiés.La thématique « Attraction des Talents et Mobilité Internationale » se concentre sur l’importante corrélation entre mouvement des talents et prospérité économique.L’Algérie parmi les derniersL’Algérie se classe à la 104e place dans la productivité du travail, à la 106e place dans les exportations de haute valeur et à la 103e place pour la qualité des institutions scientifiques. Ce rapport souligne par ailleurs que l’Algérie est classée dernière du classement à la 109e place dans l’utilisation des technologies.Selon ce rapport GTCI 2015-16, la Tunisie est classée à la 73e position, alors que le Maroc est 93e. Par ailleurs, les Emirats arabes unis occupent la 23e position, le Qatar arrive 24e, l’Arabie Saoudite 42e, le Kuwait 51e, la Turquie 63e, la Jordanie 70e, le Liban 77e, l’Égypte 88e.Une étude détailléeL’indice est calculé sur la base des points obtenus sur 61 paramètres. L’Algérie obtient une note de 27,964 sur 100. Les différents éléments sont répartis dans 6 catégories ou «*piliers*», que sont les éléments à permettre l’émergence des talents (et des affaires en général), les capacités d’attraction, la croissance (développement des compétences), la rétention, le travail et les compétences professionnelles (formation) et enfin, les compétences de haut niveau (supérieures).Parmi les 61 paramètres l’on retrouve des éléments de base comme la facilité de recruter (66e), l’efficacité de l’administration (93e) et ses relations avec le monde de l’entreprise (81e), ou la stabilité politique (98e). Dans le domaine de l’attraction, l’indice note le niveau des investissements directs étrangers et le transfert de technologie (97e), la fuite des cerveaux (100e) ou la tolérance envers les immigrés (100e).Par ailleurs, dans le domaine du développement (formation), le GTCI évalue le classement des universités (72e), la qualité des écoles de management (95e) et la formation dans les entreprises (71e – données de 2007), ainsi que la liberté d’expression (104e).Pour le système des retraites, l’Algérie arrive 54e, l’un de ses meilleurs résultats, alors qu’elle est 70e en termes de taxation. Pour la sécurité durant la nuit, l’Algérie est classée 72e. Ces éléments font partie des paramètres qui permettent de retenir les compétences dans le pays.De plus, le GTCI inclue des indicateurs comme la productivité par employé, plaçant l’Algérie à la 62e place mondiale. Enfin, l’Algérie arrive 67e en termes de nombre de chercheurs, avec 165 pour un million d’habitants. Pour la qualité des institutions de recherche scientifique, l’Algérie arrive 103e avec une note de 2,63 sur 7.

zadhand
14/03/2016, 17h23
A la une/Actualité_Rabeh Sebaa
le 14.03.16 | 11h47 | mis à jour le 14.03.16 | 13h03


"Les départs massifs vers l’étranger sont le meilleur indice de
la mise à l’écart délibérée des compétences"



Dans cet entretien accordé à ElWatan.com, Rabeh Sebaa,
professeur d’anthropologie culturelle et linguistique, sociologue-essayiste analyse
que dans notre pays« la compétence ne s’accommode pas des entorses
qu’impose le recours à la maarifa (favoritisme) et à la corruption »
et c'est pour cela que sa place est « scandaleusement marginale »…



22260


268 000 cadres algériens sont déjà installés ailleurs. Quelle est justement la place
de la compétence dans notre pays? Scandaleusement marginale. Car elle
ne s’accommode pas des entorses qu’impose le recours à la maarifa et à
la corruption. Et c’est précisément pour ces raisons qu’il n’est que rarement fait appel
à des profils de compétence, perçus comme des gêneurs ou des empêcheurs de tourner
en ronde autour des prébendes. Dans la mesure où souvent la compétence se conjugue
avec un minima de déontologie et d’éthique. C'est-à-dire les deux ennemis jurés de
la marifa et la corruption. Les départ massifs vers l’étranger, qui se sont accélérés
ces dernières années, sont le meilleurs indice de la mise à l’écart délibérée et de plus
en plus généralisée des compétences nationales dans tous les domaines.
Pouvez-vous nous dire à quel point est répandue la "Maarfia" dans notre pays qui est
en opposition avec la compétence? La notion de maarifa ou de aarf, qui signifie littéralement
connaissance, fait partie intégrante, au moins depuis quatre décennies, du champ sémantique
sociétal algérien. Si aux premières années de l’ indépendance les notions de frères
et de sœurs, y compris dans les discours officiels, ont longtemps prévalu, elles ont été
progressivement remplacées par la notion de maarifa et de aarf qui ont connu une généralisation
impressionnante. Cette généralisation est consécutive au délitement des fondements
institutionnels du lien social. Qui n’a jamais trouvé ses voies et moyens de consolidation.
Le caractère ou la dimension nationale de la maarifa est la mesure indicielle de
la déliquescence des institutions de socialisation et de régulation à l’échelle de toute la société algérienne.
D'où nous vient la culture ou la dé-culture de la maarifa?
Forme altérée du beniâamisme, littéralement cousinisme ou cousinage, fondée originellement
sur le lignage et les rapports de sang, la maarifa s’est élargie à d’autres groupes sociaux,
dépassant les bornes de la parenté ou de la proximité. Limitée au départ aux sphères
d’échanges de la quotidienneté, elle s’est progressivement élargie aux espaces institutionnels
où elle constitue, à présent, une balise incontournable. Même pour des opérations ou des actes
qui ne nécessitent pas forcément un recours à la maarifa. Y recourir est devenu un trait mental.
N'y a-t-il pas un certain tribalisme dans notre façon de penser d'où cette tendance incroyable
à tout faire surtout pour le travail pour passer par la "maarifa?"
Rappelez-vous la rapide résurgence de la notion de aarouch, qui a vite supplanté la notion
de société civile ou d’opposition dans les événements de Bejaia. Ou encore les tentatives
de tribalisation du drame ghardaoui. Il existe donc un fond de tribalité rampante prêt à rebondir.
Cette dernière a été utilisée même pour des élections ou des représentations nationales
à tous les niveaux. Dans ce cas de figure l’appartenance tribale se confond avec la maarifa.
Le fils de la tribu devient un aarf. Et l’adage consacré est invariablement
« El aarf khir men talef » qui signifie le connu est préférable à l’inconnu. Quand elle est chargée
de négativité, la maarifa devient synonyme de piston ou de passe droit. Pour ceux qui
n’y accèdent pas. Mais pour ceux qui en bénéficient, elle dans l’ordre des choses, elle est de
l ordre du naturel. Même aux yeux de la société aider un parent ou un proche à trouver un travail
ou à être recruté, même s il ne possède pas le profil de ce poste, est choses « normale »
la normalité ici fait office d’accoutumance.
Comme vous l'avez cité plus haut, Maarifa et corruption: Y a-t-il un lien entre les deux?
La corruption s’est greffée sur la maarifa avant de la supplanter. A telle enseigne que aarf
est devenu synonyme implicite de corrompu. Il existe à présent un jumelage serré entre maarifa
et corruption. Une démocratisation effrénée de la corruption, qui a gagné même les petites
prestations ou des services minimes, tels que les imprimés administratifs qui s’acquièrent chez
le buraliste du coin, lui-même aarf de l’agent qui vous le recommande. Cette corruption fondée
sur la maarifa fait écho à une corruption d’Etat (Autoroute, Sonatrach….) devenue l’archétype
sociétal de la rapine officielle. Cette banalisation de la corruption d’Etat a libéré la corruption
ordinaire en la confortant. Dans l’imaginaire collectif, la corruption ordinaire est moindre mal,
voire un petit mal qui fait du bien au jour le jour, comparée à la corruption d’Etat qui ruine
l’économie nationale et qui ne connait plus de limites. La société algérienne, est, de toute
évidence, partie prenante dans la consécration du couple marifa-corruption,
par son insoutenabledéficit d’indignation.

Propos recueillis par Hamida Mechaï

aissdz
14/03/2016, 18h15
Malheureusement sa ne va pas en s'arrangeant