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zadhand
06/03/2015, 15h06
Université Algérienne


06 Mars 2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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par Rachid Brahmi

Ailleurs puis en Algérie, l’on sait depuis l’introduction des nouvelles méthodologies d’enseignement et des réformes qui en résultèrent, que l’évaluation d’un système éducatif doit cerner tous les éléments qui le composent, c’est-à-dire les formateurs, les programmes, les méthodologies, l’infrastructure, les élèves, les étudiants et autres.
Si ces réformes ne sont plus tout à fait récentes, les procédures d’évaluation pas encore maitrisées, constituent de ce fait, l’une des grosses lacunes, de notre système éducatif. Ce papier aborde l’évaluation de l’apprenant, un processus qui ne recouvre pas la même réalité pour tous, alors que l’élève ou l’étudiant est la raison d’être de toute institution éducative.

Notons au préalable, que dans un jargon, on use actuellement, du terme apprenant en lieu et place de ceux d’élève ou d’étudiant. Simplement défini, l’élève ou l’étudiant est celui qui reçoit un enseignement dans les premiers cycles de l’Education nationale ou dans ceux de l’enseignement universitaire. Ceci renvoie aux méthodes d’enseignement classique où l’enseignant, tel « une source de savoirs » transmet une somme de connaissances à l’enseigné considéré comme un réceptacle. Par contre, l’apprenant est supposé être actif, pour être amené à construire ses savoirs, par un apprentissage sous la conduite de l’enseignant. Autrement dit, il n’est plus question de transmission où l’enseigné doit recevoir une certaine somme de connaissances qu’il devra restituer le jour de l’examen. Il s ‘agit donc d’accompagner l’apprenant, de façon à ce qu’il puisse acquérir un savoir faire lui permettant d’acquérir le savoir en toute autonomie. John Dewey estime qu’il faut susciter chez l’apprenant, lors de toute étape d’apprentissage, un certain engagement qui est l’un des paramètres constituant ce qui est appelé le contrat didactique, celui-ci décrivant des règles régissant le partage des responsabilités, entre le formateur et ses apprenants.

Par ailleurs, selon une définition, évaluer un système c’est « recueillir sous des formes différentes et à des moments divers, des informations sur ce système, en vue de prendre une décision ». Evaluer, c’est aussi « mesurer l’écart entre un objectif et un résultat au cours d’une situation donnée ». Autrement dit, il s’agit de dégager les objectifs que l’on se donne, puis déterminer s’ils ont été réalisés. Faisant partie intégrante du métier d’enseignant, l’évaluation de l’apprenant constitue un acte pédagogique capital, sinon il est impossible de parler d’apprentissage. Dans ce sens, vu les pratiques largement adoptées, l’apprenant est censé être soumis à quatre types d’évaluation : initiale, formative, formatrice et enfin sommative. L’évaluation initiale étant incontournable, le formateur est censé dresser un bilan des connaissances et capacités nécessaires pour aborder de nouvelles notions, et à ne pas adopter une position inflexible, où l’on estime que sans tel ou tel prérequis, l’apprenant ne pourra pas progresser. Intervenant avant le début d’un enseignement donné, cette évaluation dite aussi diagnostique n’est pas sanctionnée par une note, mais permet d’identifier les connaissances acquises ou requises, aussi bien pour l’enseignant que l’apprenant. Ce dernier devant être amené à revoir des notions déjà vues, il faudra réorganiser alors les enseignements en fonction des observations tirées de ce diagnostic.

L’évaluation formative est, selon B. Bloom, « l’ensemble des procédures utilisées par le formateur afin de situer la progression des apprenants face aux objectifs assignés, en vue de diagnostiquer les difficultés éventuelles et d’y apporter les remédiations pédagogiques adéquates ». C’est une démarche « intégrée à un apprentissage » où l’apprenant peut mesurer le chemin parcouru et celui restant à parcourir. L’erreur est positive, elle fait partie de l’acte d’apprendre ; elle n’est plus considérée comme objet de sanction ou source de « différenciation », mais élément de diagnostic et indicateur de réorganisation des tâches éducatives en vue de rectifier le processus d’apprentissage. L’évaluation formative, orientée vers une aide pédagogique immédiate, est aussi un temps de réassurance et de mise en confiance de celui qui apprend. Cette forme d’évaluation, qui a pour but d’informer les apprenants et l’enseignant sur le degré d’atteinte des objectifs de l’apprentissage, s’effectue au début, durant ou à la fin d’une séquence d’apprentissage. Elle tend à réguler les activités d’apprentissage, soutenir les efforts des apprenants et vérifier leurs acquis à diverses étapes. Elle permet également d’assurer une progression continue par le biais « d’activités correctives, de renforcement ou d’enrichissement des connaissances ». Une forme importante de ce type d’évaluation consiste à utiliser, autant que possible, les méthodes interactives dont le feed-back, pour donner un sens à l’apprentissage.

Concernant l’évaluation formatrice dont le but est d’impliquer l’apprenant en dehors des cours, elle demeure évidemment le résultat d’un apprentissage sous l’impulsion du formateur et permet à l’apprenant de gérer son travail personnel, favoriser une autogestion des erreurs et s’approprier les critères d’évaluation. Dès lors, nous pouvons éliminer certains conflits, sinon les atténuer, car il arrive souvent, par exemple, que des étudiants ne saisissent pas la « réalité » des notes attribuées, tout comme il peut arriver qu’un enseignant n’applique pas correctement, pour différents motifs, les diverses évaluations.
Par ailleurs, ce n’est qu’après les trois formes d’évaluation citées ci-dessus, et une formation constituant un tout, correspondant à un chapitre de cours ou à l’ensemble des cours d’une période donnée, qu’il s’’agit de procéder à une évaluation sommative, c’est-à-dire à tester l’apprenant par des interrogations orales et écrites, des tests ou des examens. C’est donc à ce niveau que nous pouvons enfin parler de notes. Nous devons signaler, pour cette dernière forme d’évaluation — le couperet qui détermine le sort de l’apprenant — que la validité du jugement chiffré de l’enseignant se heurte à l’arbitraire caractérisant inévitablement tout système de notation. A cet effet, une discipline à part entière, la docimologie, est consacrée à l’étude du déroulement des évaluations en pédagogie. Plus récemment, une autre discipline, l’édumétrie s’occupe des « questions théoriques, méthodologiques et techniques relatives aux pratiques d’évaluation et de mesure en éducation ».

En outre, l’évaluation étant trop souvent limitée à l’examination, donc à des notes et à un calcul de moyennes, l’enseigné est alors réduit à un chiffre. Il faudrait rappeler, que dans des pays avancés, les notes moins pointilleuses sont exprimées à l’aide de cinq à six lettres. Sachant que chez nous, et notamment dans les disciplines scientifiques, la correction des copies se fait jusqu’au quart de point près, il est aisé de remarquer que pour une copie notée sur vingt, nous n’avons pas moins de quatre-vingts notes possibles situées entre zéro et vingt. Quelle superbe précision dans les subdivisions pour une « procédure » appelée évaluation ! Quatre-vingts nombres dans nos écoles et universités, contre six lettres dans des systèmes éducatifs les plus performants du monde. « La précision numérique est souvent une émeute de chiffres », dixit l’épistémologue Gaston Bachelard. Toute évaluation n’est qu’une estimation, donc une approximation, selon la définition la plus basique. Dans ce sens, la conception manichéenne ou l’intransigeance par une évaluation sommative, non soutenue par les autres formes d’évaluation, demeure anti-pédagogique et ne pourra en aucun cas entretenir une sérénité et une certaine émulation, afin que le contrat didactique puisse avoir du sens.

Malgré les efforts entrepris pour limiter l’arbitraire, nombreux sont les facteurs qui continuent d’influencer, plus ou moins consciemment, le jugement de l’enseignant. La note dépend, en outre, de la « disposition » de l’enseignant et des critères variables d’un enseignant à l’autre, sur lesquels il fonde son jugement. Pour illustrer cela, des auteurs ont montré, lors de l’évaluation sommative d’une classe de terminale, qu’une copie de philosophie nécessite 127 évaluations, c’est-à-dire 127 correcteurs différents pour que nous soyons en mesure d’avoir la note la plus objective. Même pour une copie de mathématiques, une discipline censée être rigoureuse, ces mêmes auteurs estiment qu’il faudrait 13 évaluateurs pour avoir une note objective de la copie. Ainsi, parmi les quatre formes d’évaluation mentionnées, seule la dernière appelée sommative consiste à estimer l’apprenant par des notes. Le contrôle, ce processus extérieur à l’apprenant, est régi par des critères de conformité et de logique, et vérifie pour valider ou rejeter, donc sanctionner. L’évaluation, quant à elle, englobant et dépassant le contrôle, privilégie le qualitatif sur le quantitatif. L’apprenant participe alors, à l’élaboration des procédures d’évaluation.

Qu’entend-on maintenant par évaluation continue ? Sommairement, c’est une procédure permanente durant toute la période d’apprentissage et qui permet à l’apprenant de combler immédiatement une lacune. Pour ce type d’évaluation analogue à celle formative, l’autocorrection peut être pratiquée, et des tests de « remédiation » ou des exercices, pas toujours sanctionnés par une note, permettent de déceler les erreurs, pour aboutir enfin, après une collecte systématique et multiforme d’appréciations qualitatives et quantitatives, à une note finale.

Au vu des considérations ci-dessus, la communauté éducative ne peut que se poser un certain nombre de questions. Applique-t-elle toutes les formes d’évaluation requises ? Les enseignants ont-ils une nette idée du contenu, des méthodologies et des programmes des cycles antérieurs, pour pouvoir juger impartialement leurs apprenants ? Les notes sont-elles des preuves irréfutables des acquis ? Les effectifs dans les classes, le temps imparti à l’apprentissage, lorsqu’il ne subit pas un sensible rétrécissement dû à de multiples facteurs et les divers moyens tels qu’ils sont gérés, nous permettent-ils d’appliquer les différentes formes d’évaluation ? Et puis, les enseignants tous cycles confondus, sont-ils outillés pour cela ? Les réponses à ces questions ont de quoi engendrer les plus sombres appréhensions.
Car sans une pratique satisfaisante des différents types d’évaluation, il est impossible de parler de contrat didactique. Par conséquent, telle partie rejettera la balle dans le camp de telle autre, chacune refusant d’assumer sa part de responsabilité. Évoluant dans un climat dépourvu de sérénité, c’est donc bien l’apprenant, ce premier otage, ce bouc émissaire sujet et objet de frustrations, ce maillon faible qui doit souvent, sinon toujours faire les frais de défaillances qui le dépassent. Et pour paraphraser la citation en haut du texte, si le formateur ne pourra pas bien donner, faute d’évaluations pas bien menées, il ne recevra que peu de l’apprenant.

Pour conclure, indépendamment d’un projet de société, nous ne pouvons évoquer un fonctionnement satisfaisant, encore moins performant du système éducatif, si les évaluations concernant tous ses éléments ne sont pas sérieusement effectuées.


http://www.maghreb-sat.com/forum/attachment.php?attachmentid=15188&stc=1


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zadhand
27/07/2015, 22h37
27 Juilet 2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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Farid Benremdane
Docteur en sciences du langage

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«Des génies en physique ou en maths échouent à l’université parce qu’ils ne maîtrisent pas le français»

Les résultats obtenus aux examens nationaux révèlent un taux d’échec très important en français. Quel est votre diagnostic ?
Ce taux d’échec révèle un problème éminemment didactique et pédagogique. C’est que nous sommes face à une nouvelle génération qui a suivi son cursus scolaire totalement en langue arabe. La langue française retrouve un nouveau statut en Algérie. Après avoir été langue seconde pour une grande partie des Algériens, elle est devenue une langue carrément étrangère pour la génération de l’après-arabisation.
Même si, pour d’autres, elle continue d’être une langue étrangère privilégiée ou seconde, puisqu’elle fait partie de leur environnement immédiat. Le français fait partie du paysage sociolinguistique avec l’héritage littéraire algérien francophone. Mais il y a un décalage générationnel, puisque l’arabe s’est installé dans le système éducatif algérien. Donc il est tout à fait évident qu’on n’a pas la même compétence linguistique en français qu’il y a 25 ans.
C’est une question de configuration générale du paysage sociolinguistique. Sur la question de la pratique de l’enseignement, certains sont restés dans l’ancienne posture, c’est-à-dire en considérant le français comme langue seconde alors qu’elle est totalement étrangère. Ces professeurs enseignent donc le français à la manière dont ils l’ont appris, eux, à l’école. Avant, toutes les matières se faisaient en français, plus maintenant. On enseignait en français, désormais, on enseigne le français, ce qui est totalement différent.
- L’introduction de cette langue plus tôt n’a pas eu d’effet, comme l’espéraient les initiateurs de la réforme de 2003…
Tout est dans la méthodologie. Nous préconisons – et c’est ce qui va se faire à partir de cette année – de procéder à des approches plus ciblées. On ne devrait pas enseigner le français à Tamanrasset avec la même méthode qu’à Annaba. Nous sommes en train de «contextualiser» l’enseignement du français en prenant en compte le paysage linguistique.
Ce qu’il faut également affronter, c’est que cette langue est devenue un facteur de discrimination. Car nous avons des élèves qui sont de véritables génies en physique ou en maths, qui échouent à l’université parce qu’ils ne maîtrisent pas l’outil de médiation qu’est le français. C’est une question d’équité. Le français n’est pas un luxe, mais une qualification.
- Quelle est la recommandation de l’atelier consacré aux difficultés d’apprentissage des langues étrangères ?
La solution n’est pas politique ou idéologique, mais purement pédagogique. Beaucoup d’enseignants n’arrivent toujours pas à comprendre qu’il faut enseigner le français comme une langue étrangère et non comme langue seconde. Ce qui explique pourquoi on obtient de meilleurs résultats pour l’enseignement de l’anglais ou encore de l’allemand ou de l’espagnol.
Il faut appliquer la même approche pour le français.

Fatima Arab

zadhand
29/08/2015, 00h57
Université Algérienne


28 Août2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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Alger
sit-in des diplômés du système classique


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Une vingtaine de représentants des diplômés universitaire du système classique ont observé, hier matin, un sit-in devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, pour contester les conditions d’admission au magistère, qualifiés par les organisateurs de cette action comme «impossible à satisfaire».
«Nous revendiquons l’ouverture des examens à tous et sans conditions. Nous sommes marginalisés face aux diplômés du système LMD», dénonce Abdelkader Sabkha, représentant du bureau d’Alger.
Pour conforter leurs revendications, les manifestants ont donné l’exemple de l’université de Constantine où les diplômés du système classique sont obligés de satisfaire à certaines conditions qui freinent l’accès à cette catégorie, notamment en rapport à l’âge exigé.
«Pour accéder au concours, les candidats du système classique doivent être diplômés avant 2005 avec une note de 12 de moyenne sur l’ensemble des années d’études accumulée, et ce, sans jamais refaire l’année, explique Abdelkader.
En parallèle, aucune condition n’a été imposée aux diplômés du système LMD.» Un autre manifestant poursuit : «L’âge exigé pour accéder aux concours des écoles supérieures est de 27 ans. Nous voulons poursuivre nos études.
Pourquoi nous obligent-ils à nous arrêter là ?». Les contestataires appellent aussi le ministère de l’Enseignement supérieur à appliquer le décret présidentiel 304-07 qui reconnaît l’équivalence entre l’ingéniorat et le master LMD.
Parmi les contestataires, un ingénieur d’Alger, qui a été contraint, selon lui, à faire une année d’études de plus pour avoir son équivalence, sauf qu’il ne peut plus accéder au magistère aujourd’hui à cause de son âge.
Les organisateurs indiquent qu’ils ont été reçus par le chef de cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur après leur sit-in organisé devant son siège le 13 août dernier.
Une rencontre qui, selon eux, s’est soldée sur un simple rendez-vous prévu pour le 1er septembre. «Le chef de cabinet nous a informés qu’il ne pouvait pas prendre de décision car le ministre était en congé», affirme un délégué qui a pris part à la rencontre. Ces diplômés promettent d’autres actions si leurs revendications ne sont pas prises en charge. 

Meziane Abane

zadhand
21/09/2015, 20h42
Université Algérienne/Alger

21 Septembre 2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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La colère des étudiants de la faculté de Médecine

Les étudiants de la faculté de Médecine de l’Université d’Alger ont observé dimanche
un mouvement de protestation pour dénoncer la situation déplorable dans laquelle se retrouve leur faculté.
Ces futurs médecins éprouvent toutes les peines du monde pour étudier et réussir leur cursus dans un environnement académique qui leur est de plus en plus hostile. (http://www.algerie-focus.com/blog/2015/08/etudes-en-france-les-villes-ideales-pour-les-algeriens/)Dans leurs plateformes de revendications, dont notre rédaction détient une copie, ces étudiants en colère réclament une définition claire du statut de l’interne en médecine. Les protestataires déplorent l’absence
de supports pédagogiques de référence dans chaque module.
A cause de cette carence, les étudiants de la faculté de médecine de l’université d’Alger n’arrivent pas à suivre leurs programmes afin de préparer les épreuves d’examens. Les grévistes ont exigé également un guide de l’externat et l’affichage dans les plus brefs délais des résultats des épreuves. Bref, selon les étudiants protestataires, ils ne disposent même pas d’un service d’activités culturelles. Dans ces conditions pédagogiques inconfortables et désagréables, ces étudiants craignent pour l’avenir de leurs études.

zadhand
23/12/2015, 10h46
Université Algérienne

23 Décembre 2015 15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

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A LA UNE/Université_Houda-Imane Faraoun. Ministre de la poste et des technologies de l’information et de la communication
le 23.12.15 | 10h00

Si médiocrité il y a, c’est bien celle du système dans lequel évoluent les universitaires


Imane Houda Faraoun s’exprime en tant qu’universitaire dans cet entretien accordé à El Watan-Etudiant
sur des questions liées à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique.
Ce qui semble de prime abord éloigné du ressort de son ministère, mais il paraît que «tout ce qui monte converge»,
selon la jeune physicienne de formation, très portée sur la «philosophie».
La ministre préconise que dans certaines circonstances, il convient mieux de rester assez «terre à terre»,
une vision pragmatique qui, selon elle, permet de rester réaliste et proche du terrain.

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En tant qu’universitaire, que pensez-vous de l’état de l’université algérienne que la communauté ne cesse de dénoncer ?
En tant qu’universitaire, j’ai été personnellement interpellée par le constat que vous faites sur l’ampleur qu’ont pris les machinations dans le domaine des publications scientifiques. Vous aviez révélé plusieurs graves manquements concernant la gestion de carrière des universitaires, le plagiat, la publication dans des revues prédatrices, autant de dysfonctionnements qu’en réalité tout le monde dans la sphère universitaire connaît, mais que la communauté a encore du mal à solutionner faut d’une bonne communication justement. Je peux vous assurer que la volonté et les efforts pour parer
à ces manquements existent et sont déjà en cours depuis plusieurs années.
A ce sujet, bien des débats ont eu lieu, moi-même j’y ai pris part, et nombre d’universitaires et de responsables, notamment de la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique y travaillent depuis assez longtemps avec le ministère de tutelle ; des dispositions, notamment pour moraliser la vie scientifique, et mettre de l’ordre dans le champ de publication existent tout autant que la volonté de raviver les revues nationales.
Mais, à mon sens, ces débats doivent encore être élargis à tous ceux en droit d’y apporter leur contribution. Il ne sert à rien de se tirer dessus ni de céder aux controverses réductrices qui se focalisent sur les personnes, car il s’agit d’un enjeu national qui dépasse les ambitions personnelles. Toute réserve gardée, je vous exprime honnêtement et pour le plaisir de prendre part au débat mes convictions propres qui ne sont en effet que les idées que je partage avec un certain nombre de mes collègues universitaires. Pas plus en tant que ministre qu’en tant que scientifique et ancienne universitaire, un milieu que je pourrais éventuellement réintégrer, mais ce n’est pas uniquement dans cette perspective que je m’en soucie personnellement.
Nous avons tous intérêt à nous en soucier, car le système d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est un enjeu angulaire et vital pour le développement. Je considère qu’il est un bon signe de maturité et de conscience intellectuelle que la presse s’en empare en connaissance de cause et sache vulgariser au grand public
ces questions complexes, mais desquelles dépend le devenir de tous.
Quand vous rapportez dans des articles de presse de flagrants manquements à l’éthique et un certain état de déliquescence des institutions universitaires, cela a de quoi alarmer. Mais cela devrait plus interpeller ; j’éprouve du respect pour les médias responsables qui savent ouvrir les vrais débats et ouvrent par la même l’espace et donnent l’occasion de s’exprimer et d’échanger. J’ai personnellement l’intime conviction que c’est par la bonne communication que l’on arrivera à régler nos problèmes.
Plusieurs experts et intervenants sur la scène universitaire, parfois de grade professoral,
déplorent la médiocrité des travaux scientifiques…
Malheureusement, en l’état actuel du système d’évaluation, même le passage au grade de professeur se fait sans évaluation effective des capacités réelles du postulant. Moi-même j’aurais souhaité que mes compétences personnelles en matière d’enseignement et mes capacités à mener des recherches aient été plus sévèrement jugées ; le système actuel fait que ce passage n’est qu’une formalité conditionnée, entres autres, par le nombre de publications qui ne peuvent en aucun cas refléter la qualité.
Dire que nos chercheurs sont des médiocres est faux, je dirais même qu’il est attentatoire à la dignité de tous et il serait suicidaire de désigner notre élite à la vindicte. Si médiocrité il y a, il faut dire que c’est bien celle du système dans lequel ils évoluent ; de ce point de vue, une démarche de réforme responsable nous permettra de racheter le système sans pour autant décimer notre potentiel scientifique. Nos universités comptent de très brillants scientifiques qui fournissent énormément d’efforts, mais s’il leur arrive de baisser les bras dans un environnement mal adapté et dans certaines situations, il faut l’avouer même hostile à leur émancipation, cela ne doit pas être perçu comme une forfaiture de ces derniers.
Un scientifique en déperdition n’est pas un faussaire, il est plutôt une victime car il n’est en fait que le maillon faible dans un maillage extrêmement complexe dans lequel il ne détient pas assez de prérogatives ni assez de moyens de communication pour se manifester. Personnellement, durant ma carrière universitaire j’avais connu des lumières, de brillants scientifiques, mais qui, de guerre lasse, avaient fini par céder face aux innombrables contraintes à leurs ambitions scientifiques et si certains avaient eu l’opportunité de changer de carrière d’autres ont eu le courage et les moyens pour démissionner, beaucoup finissent, hélas, par se «normaliser» et rentrer dans le moule de la médiocrité ambiante. Mais peut-on leur en vouloir ?
On ne peut pas non plus les sommer de se débrouiller quel que soit l’environnement pour être bons et crier au scandale au moindre manquement à la rigueur : ce serait un bien mauvais message et cela ne résoudra pas le problème. Il ne faut pas croire que le système tel qu’il est serait le résultat prémédité d’une volonté de casser l’université.
Donc, c’est l’effet de tout un système déliquescent ?
Si le système est effectivement déliquescent, il serait faux et contreproductif de faire porter le chapeau à un tel ou groupe de personnes en particulier d’identifier le mal et le dysfonctionnement, mais nous devons garder la lucidité que cet état de fait est conséquent à une accumulation historique d’altérations qui ont corrompu et qui corrompent toujours le champ du savoir. Il faut avoir la lucidité d’admettre que les crises et les dysfonctionnements auxquels nous devons faire face sont les séquelles de l’histoire récente de notre pays, un héritage commun avec sa dimension tragique, certes, mais aussi avec des avancées qu’il faut admettre. Afficher la volonté de s’en émanciper ne se fera pas par les bons discours et encore moins dans l’affrontement et le dénigrement.
Qu’en sera-t-il des publications universitaires ?
On ne publie pas pour publier, et il serait mensonger de prétendre qu’on le fait pour l’amour du savoir. La publication est certes essentielle, mais elle n’est pas une fin en soi, car il faut que la recherche qui la sous-tend profite concrètement au développement du pays. Et si certaines publications algériennes sont effectivement inutiles et médiocres, bien d’autres sont excellentes, mais paradoxalement pas plus utiles. Il est en fait dommageable que tant de dépenses profitent aux économies étrangères sans être du moindre secours pour remédier à nos contraintes de développement local.
Ainsi, au sujet de l’épineuse problématique de la publication scientifique, il convient de nuancer l’application de cette approche dans le contexte national. La mise en valeur de la publication, bien indexée, est certes un indicateur favorable à un meilleur positionnement sur les classements internationaux, mais quel intérêt aurions-nous à fabriquer une notoriété virtuelle quand on sait pertinemment que nos établissements ne sont pas encore en mesure de venir à bout de nos soucis les plus élémentaires ?
Bien qu’elle soit un indicateur appréciable de performance, la publication scientifique n’aura d’intérêt qu’à la condition d’être inscrite dans un contexte fonctionnel performant. On ne peut pas calquer les modèles de pays étrangers où il existe effectivement une recherche appliquée. Personnellement, je me rangerais volontiers du côté des partisans de la suppression de la publication comme indicateur de valeur dans la gestion de la carrière et la promotion.
Cela redonnera à l’acte de publier sa vocation : donner une visibilité aux travaux de chacun. Mais s’agissant de la gestion de carrière, il convient de réfléchir à un meilleur dispositif d’évaluation qui permette de prodiguer d’une part le bon enseignement aux étudiants et, d’autre part, soutienne en même temps le développement de nos scientifiques selon
des approches d’évaluation équitable par leurs pairs.
Quel serait donc le rôle des chercheurs en Algérie ?
Il faut avoir l’humilité d’avouer que les scientifiques en Algérie ne sont pas sommés de décrocher les étoiles ni de réinventer la roue. La production du savoir et la recherche sont un processus complexe et délicat, certes, mais il suffit de l’envisager simplement, comme une recherche de solutions. Tout en étant inscrit dans le contexte global – mondial – de la marche de la science. Il serait plus rentable pour un pays tel que le nôtre d’opter – non pas par modestie plutôt par réalisme – pour une approche plutôt «terre-à-terre» non pas dans le sens péjoratif du terme bien entendu, mais pragmatiquement ;
en d’autres termes, être plus proche de la réalité du terrain.
Une approche scientifique qui s’applique à solutionner nos problèmes de tous les jours, des solutions pour parer aux insuffisances qui nous font perdre de l’argent bien avant ceux censés prétendument nous en faire gagner plus. A ce propos, pour revenir à la publication scientifique, il faudrait d’abord souligner son importance sans jamais la dénigrer. Il convient de la considérer à sa juste valeur et dans le contexte dans lequel elle intervient.
Cette question n’est pas propre à notre pays, elle reste problématique partout dans le monde. Personnellement, à l’époque où je poursuivais mon cursus en France, nous étions confrontés également à ce genre de modalités ; le CNRS, par exemple, exige un nombre minimum de publications effectives avant d’allouer ses subventions et d’attribuer son label. A la différence qu’à l’étranger, la recherche appliquée existe bien et plus encore par l’aspect d’une dynamique formidable ; les entreprises industrielles y dirigent des laboratoires de recherche, la recherche et le développement (R&D) sont une réalité
et bien d’autres formes contractuelles avec les universités existent.
Il faut avouer que notre environnement est encore loin de cette disposition et on ne peut pas encore prétendre rejoindre ce modèle sans une politique formellement orientée vers la recherche appliquée. Une telle politique s’attellera à favoriser cette orientation par des mesures concrètes, comme pour le cas de l’accompagnement de la téléphonie mobile, par exemple, la détaxation que l’Etat a encore maintenue cette année doit bénéficier à un sérieux engagement dans l’évolution
des services par le développement des technologies y afférentes.
Un éventuel essor entrepreneurial dans ce sens impulsera certainement cette recherche appliquée et inversement.Pour revenir à la problématique de la qualité ou tout bonnement à l’opportunité des publications scientifiques, il convient également de mettre en place d’autres mesures afin de réorienter ces efforts vers la recherche appliquée.
Une des mesures susceptible de favoriser l’émergence de la recherche appliquée dans la sphère universitaire passerait éventuellement par la suppression de l’obligation systématique de la publication scientifique tous azimuts, qui s’avère dans bien des cas contreproductive. Inciter les chercheurs à recentrer leur efforts sur la sphère économique – ce qui serait au passage plus rentable pour leur carrière –serait susceptible de leur ouvrir des champs de travail bien plus passionnants, mais surtout aboutissant à des résultats utiles. Ce qui fait la fierté de tout scientifique et motive son labeur.
Selon vous, comment arrivera-t-on à établir le lien entre la recherche scientifique et la sphère économique ?
Il faut reconnaître que bien des avancées ont été enregistrées concernant la loi sur le statut des chercheurs, à la suite de longs débats et grâce à la bonne volonté d’un grand nombre de membres de la communauté universitaire. Mais il faut reconnaître aussi qu’il reste beaucoup à faire. Le plus grand potentiel de nos chercheurs est cloîtré dans l’université.
Il nous faut reconsidérer pragmatiquement le statut de l’enseignant chercheur et son rôle, également celui du chercheur permanent, ou celui, pourquoi pas, indépendant. Il nous faut réfléchir tous ensemble et approfondir la réflexion sur d’autres modèles, en s’appuyant sur les expériences d’autrui, certes, mais en se référant à nos besoins immédiats.
Pour notre part, je vous assure que nous travaillons déjà selon cette approche dans le domaine des TIC ; nous envisageons des scénarios en mettant en expérimentation des mécanismes nouveaux en termes contractuel de recrutement de chercheurs en entreprise. Mais pour que cela aboutisse à des résultats performants, comme dans toute expérimentation scientifique, c’est à la lumière des résultats qu’on tranche ; dans ce cas, la manière adéquate d’asseoir le modèle et le cadre juridique le plus approprié.
Au ministère de la Poste et des TIC, nous avons une volonté réelle d’impulser le recherche-développement dans ce secteur. Notre cible, se sont des profils hautement spécialisés, orientés vers des problématiques clairement identifiées. Nous restons toujours à la recherche du cadre contractuel adéquat dans ce genre de partenariat.
A titre d’exemple nous venons, tout à notre avantage, de débaucher un jeune chercheur algérien pourtant bien établi à l’étranger, qui évolue en entreprise spécialisée dans la recherche et le développement ; nous l’avons engagé en CDD. Nous lui avons confié une importante mission de recherche spécifique ; à la fin de sa mission, il sera libre de poursuivre sa carrière ailleurs. Mais le temps où il sera à notre disposition, nous ferons en sorte de le garder le plus longtemps pour tirer le maximum de son savoir-faire.
Ainsi, l’évolution du secteur va de pair avec l’évolution de la législation et du développement des technologies, de la compétitivité des entités économiques privés et publiques. De la même manière continuelle, notre réflexion doit rester en mouvement pour suivre toutes ces dynamiques et apporter les solutions en temps opportun. Je vous ai cité le cas de ce jeune homme simplement, à titre d’illustration d’un modèle de recherche sectoriel qui servira certainement dans les TIC,
mais qui pourra également être transposé dans l’intérêt d’autres secteurs un jour.
Personnellement, je reste très proche du milieu universitaire où je compte le plus grand nombre de mes amis ; je m’en inspire toujours et j’y trouve des ressources, notamment à la faveur de la tendance mondiale à l’internalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui favorise la coopération internationale et la mise en réseau de programmes de recherche régionaux. Le pense que nos efforts devront être systématiquement orientés vers des champs d’application clairement identifiés. Et pareillement concernant la sphère économique par la mise en oeuvre de mécanismes similaires qui permettent un réel transfert technologique. Nous devons nous y atteler sans fausse prétention, certes, mais résolument avec de grandes ambitions.


Bio express


Houda Imène Faraoun est née le 16 juin 1979 à Sidi Bel Abbès. Actuelle ministre de la Poste
et des Technologies de l’Information et de la Communication, elle est aussi chercheure et physicienne.
Titulaire d’un DES en physique de l’Université de Sidi Bel Abbès en 1999, puis un Magister,
un doctorat dans la même université en 2001, elle obtient en 2005 un doctorat
en sciences pour ingénieur de l’Université de Technologie de Belfort (France).
Ayant décroché son habilitation scientifique universitaire de l’Université de Tlemcen en 2008,
Houda Imène Faraoun obtient le grade de Professeur en 2013.
De son expérience professionnelle, elle active en tant qu’enseignante chercheure à l’Université
de Tlemcen de 2006 à 2011. Puis, directrice générale de l’Agence nationale pour
le Développement de la Recherche universitaire, 2011-2012.
Et ensuite directrice générale de l’Agence Thématique de Recherche en sciences et Technologie,
2012-2015 avant d’occuper son poste de ministre des PTIC.

Mohamed Staifi & Zouheir Ait Mouhoub

zadhand
15/07/2016, 20h06
Université-50 à 60% de redoublement en 1ère année

Université Algérienne
15.07.2016 19:00
15184 15185


«Donner avant de recevoir, c’est la loi»
(Alain, Propos sur l’éducation)

15186

Le redoublement en première année universitaire tend à devenir une
donnée « naturelle », confirmant chaque année cette tendance lourde
qui s’est dessinée depuis au moins une dizaine d’année. D'après le
secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la
recherche scientifique, les résultats de l’année universitaire 2015-2016
ont révélé un redoublement allant de 50 à 60% des étudiants,
principalement dans certaines filières scientifiques et technologiques.
Le secrétaire général du MERS fait incomber cet échec dans
l’accomplissement de la première année par les jeunes étudiants, au choix
aléatoires qui seraient fait dans l’orientation après l’obtention du baccalauréat.
Mais, l’on sait que les choix ne sont pas si aléatoires que cela, du fait d’une
combinaison de conditions, opérée par le ministère de l’Enseignement supérieur
et de la recherche scientifique ; ce qui donne au futur étudiant une gamme
limitée de filières, selon la note du baccalauréat et les notes des matières
principales de la filière convoitée.Le responsable du MERS estime qu’
« après analyse, il s’est avéré que l’examen du baccalauréat ne met pas en
exergue les compétences de l’élève acquises au cours de sa scolarité ».
Il préconise de mieux harmoniser le choix de la spécialité ciblée à l’Université
avec la note obtenue à l’examen du BAC. Il y a lieu, ajoute-t-il, de prendre en
compte les matières scientifiques dans l’orientation vers les filières des sciences
et de la technologie à l’Université.En dehors du cercle de l’administration
universitaire, des analystes et experts ont pu établir le lien entre le taux de
redoublement en première d’université avec la langue d’enseignement.
Sachant que les élèves poursuivent leurs études en langue arabe, du primaire
jusqu’au lycée, il leur est difficile d’aborder, à l’Université, les filières scientifiques
et technologiques qui continuent à être enseignées en français.

zadhand
03/09/2016, 11h22
Université d’été du RAJ à Béjaïa


Le mouvement associatif à l’épreuve du pouvoir
le 03.09.16 | 10h00


Il n’y aura pas, selon le professeur de droit et journaliste Ammar Belhimer, de société civile ni de
développement durable et encore moins de démocratie participative sans un mouvement associatif organisé.

http://www.elwatan.com/images/2016/09/02/raj_2618350_465x348p.jpg (http://www.elwatan.com/images/2016/09/02/raj_2618350.jpg)


Jeudi, s’est ouverte à la ville balnéaire de Tichy, à 20 kilomètres de Béjaïa,
l’université d’été du Ras-semblement Actions Jeunesse (RAJ), en présence
de représentants de syndicats, dont le Snapap, de dynamiques associations
et de jeunes de plusieurs régions du pays. On note aussi la présence de
représentants du MDS, du FFS, du PST, de journalistes et d’anonymes. Cette
université d’été est dédiée, «en ce 60e anniversaire du Congrès de la Soummam,
à la mémoire de tous les combattants et martyrs de la Guerre de Libération
nationale, de Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi, visionnaires hors pairs et
architectes de la Révolution et de convictions inébranlables».Sous le slogan
«Société civile : acteur incontournable du développement», le coup d’envoi a été
donné dans l’après-midi sur deux airs de Ali Ideflawen, interprétés par la chorale
Cheikh Aheddad de Seddouk et une allocution d’ouverture du président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, qui a déclaré : «La thématique de l’université d’été a pour
objectif de relancer le débat au sein de la société dans un contexte où le pouvoir
met les bâtons dans les roues du mouvement associatif. D’où la nécessité de
s’organiser et créer des synergies pour s’imposer et faire face au rouleau
compresseur du pouvoir.»Des conférences, des ateliers, des projections et
d’autres activités sont programmées. Le premier jour, les présents ont entendu,
en milieu d’après-midi, les professeurs Daho Djerbal et Ammar Belhimer qui
ont animé, respectivement, les conférences «Individu et société, citoyenneté et mouvements sociaux» et «Associations et société civile», avant l’installation des
ateliers plus tard dans la soirée. Dans la conférence de Daho Djerbal, les
mots-clés sont l’individu, le processus d’individuation et la servitude. Dans un
exposé de haute facture, le directeur de la revue Naqd détricote le rapport de
domination existant entre le maître et le sujet ou l’individu.Aussi bien dans les
structures traditionnelles, telles que la monarchie, que dans les structures
modernes, comme la République, le processus d’individuation est avorté et
même si «le statut d’individu est le plus bas, le maître est perçu comme le
sauveur providentiel», car il n’est pas question de rester isolé. Dans les sociétés
modernes capitalistes, «il n’y a pas, a affirmé le conférencier, de cohérence
interne pour se former» et, dans ce contexte, «la pérennité en dehors du petit
groupe, on va la chercher dans des structures plus vastes». Ce qui fait du rapport
de servitude un acte «volontaire» servant «de canal de réinsertion des déclassés».
A ce propos, Daho Djerbal précise : «Le pouvoir se nourrit de l’usure des structures sociales en les dominant et en en maîtrisant les pôles, en ouvrant les portes aux
scories, aux notables, ce sont ces gens-là qu’on trouve à proximité.»
Pour étayer ses propos, le conférencier revient sur la désillusion au lendemain de l’indépendance,où l’effort consenti pour s’affranchir du pouvoir colonial et l’aspiration
à la démocratie sont partis en fumée avec l’apparition d’un pouvoir postcolonial,
après une éphémère période d’autogestion. Retour donc à la servitude avec le FLN
qui «s’imposait au peuple algérien pour devenir le parti unique».
«Pas de société civile sans association»
Dans son intervention, le professeur de droit et journaliste Ammar Belhimer ne voit l’émergence d’une société civile nulle part ailleurs que dans un «processus
conscient, ininterrompu, cumulatif d’expérience, d’expression mais surtout d’actions
de la part d’entités juridiques de la société (associations, ndlr), qui doivent
nécessairement être homogènes et stables».En d’autres termes, il n’y aura pas,
selon lui, de société civile ni de développement durable et encore moins de démocratie participative sans un mouvement associatif organisé. «Est-ce que le droit algérien fait obstacle ou favorise ce processus», s’interroge Amar Belhimer. Pour y répondre, le conférencier interroge le réel et met à nu «l’organisation par le pouvoir de cette
ex-pression juridique», c’est-à-dire le mouvement associatif, pour ressortir trois
marqueurs qui ont jalonné l’évolution du droit régissant les associations ces 20
dernières années.Il s’agit, primo, de la loi 85-15 de 1987 qui semble «un deal entre
la société et un pouvoir qui ne pouvait plus distribuer la rente avec le tarissement des ressources pétrolières», car «faute de pouvoir distribuer la rente, le pouvoir distribue
les libertés». Le deuxième marqueur est la loi 90-31 de 1990, intervenue dans le prolongement de la Constitution de 1989 et répond «à des préoccupations nouvelles d’affirmation et de garantie des droits de l’homme» qui se sont matérialisées dans
une exposition quantitative des associations.Le troisième marqueur est la dernière
loi sur la mise en conformité de 2012. Ammar Belhimer s’y attarde et souligne que
cette loi correspond «à une réaction de peur de la vague du Printemps arabe».
Si le conférencier «apprécie positivement cet instinct de conservation», il déplore l’instrumentalisation de ce «prétexte» dont s’est servi le pouvoir pour rétrécir
l’espace d’expression et d’organisation des 81 000 associations activant sur le
territoire national. De ce fait, la loi de 2012 constitue un «obstacle majeur» à l’éclosion
d’un mouvement associatif, donc à une société civile. Ce verrouillage, dit-il, s’est fait
à trois niveaux, qui sont la constitution, le financement et la surveillance des activités
des associations «si bien que la mise en conformité est devenue une impossibilité de renouveler le droit d’exister pour la plupart de ces associations». Ammar Belhimer
plaide pour l’abrogation de cette loi, «faute de quoi on ne peut pas enclencher un processus de transition entre l’association et la société civile».D’ailleurs, en l’état
actuel des choses, cette loi a réduit les champs d’action de beaucoup d’associations, tandis que d’autres ont tout simplement disparu. Un contexte qui fait la part belle aux associations «de collaboration et d’allégeance», à côté d’autres de type administratif, partisan ou, dans une moindre mesure, contestataire, selon une typologie empruntée
par le conférencier à un collègue.Pour Ammar Belhimer, cette configuration cache
des enjeux, illustrés dans des enquêtes, à l’exemple de celle réalisée récemment par
des spécialistes internationaux, révélant que le mouvement associatif en Algérie est essentiellement localisé dans le milieu urbain avec 70% des associations basées en
ville, 20% dans les zones semi-urbaines et 7% seulement en milieu rural. Mieux
encore, l’enquête révèle que le mouvement associatif est «l’expression des
centres-villes avec 62% des associations recensées, ce qui, d’un point de vue sociologique, indique une extrême proximité avec le pouvoir central».
Pour le conférencier, les statistiques démontrent «une prééminence d’associations d’allégeance et de collaboration» et «sont, dans leur majorité, le fait des pouvoirs
publics qui sont, selon Omar Derras, à la recherche de repositionnement politique».
A côté, pour amortir les disparités sociales, il y a des associations à caractère social,
dira Ammar Belhimer. Et de finir en soulignant, sur la base d’un rapport du PNUD,
«la disproportion entre la part des jeunes (70% de la société) et la part de leur structuration dans le mouvement associatif, avec seulement 1027 associations sur les 81 000».

Mohand Hamed-Khodja

Lako
07/09/2016, 16h58
Hadjar: Vers la révision du plan universitaire national
http://i.huffpost.com/gen/4667994/images/n-ALGERIA-UNIVERSITY-large570.jpg
Une réflexion est engagée pour la révision du plan universitaire national, la possibilité du redéploiement de certaines spécialités et la révision des conditions d'inscription dans certaines écoles supérieures.
Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie d'émission de deux timbres postaux relatifs à l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, M. Hadjar a indiqué qu'une réflexion a été engagée pour la révision du plan universitaire algérien, évoquant la possibilité du "redéploiement de certaines spécialités et écoles supérieures".
Le ministre a démenti l'information faisant état de la fermeture de l'école supérieure des sciences politiques, soulignant qu'il s'agit "d'une simple rumeur".
La question concerne uniquement la révision des conditions d'accès à cette école, a-t-il précisé, ajoutant qu'"il est inconcevable que cette école délivre des diplômes de Master et de Doctorat à des étudiants qui ne jouissent pas d'une formation élémentaire liée aux sciences politiques ou à la presse".
L'accès à ces écoles sera revu pour que les étudiants soient admis à partir du baccalauréat et non la licence et pour que celles-ci deviennent "des pôles d'excellence", a-t-il ajouté.
Les transferts universitaires seront revus cette année et s'effectueront par voie électronique, à l'instar des inscriptions universitaires, a précisé M. Hadjar, indiquant que la demande et la réponse se feront via internet.
Concernant les conditions de qualification de l'enseignant universitaire, le ministre a souligné que la condition de publication d'un article dans une revue scientifique "n'a pas été annulée".
Par le passé, l'article scientifique constituait un obstacle pour les étudiants vu la difficulté de la publication, particulièrement dans les revues internationales à haut niveau académique, a-t-il ajouté.
Toutes les publications des universités algériennes seront diffusées dans un même site Internet et un comité de lecture national sera mis en place dans le but de hisser les revues algériennes au niveau des publications internationales, a-t-il fait savoir.
Concernant le communiqué publié par le conseil national des professeurs de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique affirmant n'avoir pas été associés à la décision du ministère de geler les stages de courte durée et de l'équivalence des diplômes de doctorat des systèmes classique et LMD, M. Hadjar a répondu que toutes les décisions adoptées récemment sont le couronnement de la série de rencontres tenues tout au long de l'année avec la participation de tous les partenaires associés.
Pour ce qui est des périodes de stage, le ministre a indiqué qu'elles n'ont pas été écourtées et que le budget qui leur était alloué n'a pas été affecté.
A propos du dossier de retraite, le ministre de l'enseignement supérieur a affirmé qu'il s'agit d'un retour à une disposition de loi en vigueur avant 1996. Il a annoncé qu'une commission a été mise en place au niveau de chaque secteur pour déterminer les métiers pénibles nécessitent un traitement spécial.
Il a révélé qu'une autorisation d'allonger la durée d'activité des médecins et des enseignants qui remplissent les conditions de santé et qui forment le voeux de continuer à travailler après l'âge de retraite.
Même passé l'âge de départ en retraite, cette catégorie jouit d'une compétence et d'une expérience qu'il faut exploiter ne serait-ce que pour l'encadrement.
Il a également assuré que le gestion des prestations universitaires ne sera pas privatisée et qu'une conférence nationale débattra de la manière idoine de les gérer.
L'Etat ne renoncera pas à fournir la restauration et le transport universitaires mais il sera procédé à la révision de la gestion des subventions allouées à ces prestations pour une meilleure maîtrise des fonds alloués aux oeuvres universitaires, a-t-il expliqué.

zadhand
16/10/2016, 18h41
L’UFC adopte la numérisation pédagogique et administrative (recteur)


Université de la Formation Continue (UFC)
Publié le 16-10-2016, 19h06

L’université de la formation continue (UFC) a lancé cette année la
numérisation pédagogique et administrative de l’ensemble de ses 53
centres et 11 annexes à l’échelle nationale, a indiqué hier son recteur,
Djamel Houd Mouissa. Limitée jusque-là aux inscriptions et transferts,
la numérisation inclura désormais les programmes pédagogiques, la
formation et la gestion administrative de l’UFC, a indiqué M. Houd en
marge de l’ouverture de la nouvelle année de formation universitaire à
Batna. Cette opération constitue un bond qualitatif qui fait de l’UFC un
pôle d’excellence en matière d’utilisation des nouvelles technologies de
l’information et de la communication pour développer les méthodes
d’enseignement et de formation, a-t-il affirmé.L’UFC qui a vu ses effectifs
estudiantins passer de 20.000 à 120.000 actuellement, s’affirme en
partenaire incontournable au regard de l’importance de l’investissement
dans les ressources humaines pour le développement y compris des
entreprises, a encore souligné M. Houd.Evoquant la convention de
partenariat signée entre l’APS (Algérie presse service) et l’UFC, dans
le domaine de l'audiovisuel, le recteur de l’UFC a estimé qu’elle est
«fructueuse et permet à l’UFC de tirer avantage de l’expérience des
techniciens de l’Agence dans la gestion des interfaces multimédias».
La cérémonie de lancement de la nouvelle année de formation
universitaire continue s’est déroulée à l’auditorium de l’université
Batna-1 en présence du wali et des cadres des universités Batna-1 et
Batna-2 ainsi que des centres UFC de la région Est. Des étudiants et
diplômés de l’UFC ont été honorés à l’occasion.