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zadhand
12/02/2015, 17h26
SwissLeaks
la trahison du code d'honneur !


le 12.02.15 | 10h00


Le journal français le Monde a dévoilé ces derniers jours un nouveau pan du scandale SwissLeaks. À savoir une liste de pays et personnalités concernés par le transfère illégal de plus de 180 milliards d'euro dans les comptes genevois de l'HSBC. Il y a, en tout, plus de 130.000 personnes physiques ou morales dans le monde dont 44 Algériens.

Les révélations sur l'existence de comptes bancaires cachés qui bénéficient d'un secret bancaire aussi énigmatique que paradoxal dans un pays démocratique dont la transparence et la morale sont deux conditions sine qua non à la bonne gouvernance, est en effet un révélateur significatif des limites frappantes d'un modèle new-libéral imposé pratiquement à tous les pays du monde.

Première limite : dans les pays dits démocratiques, les pays qui forment la civilisation dominante actuelle, il y a des lois et des règles très rigoureuses en la matière puisque le fisc est l'unique denier de l'État. Pour détourner cette contrainte majeure, les gardiens du temple libéral et au nom, justement, de la liberté de ne pas payer ses impôts, ils ont pu trouver une ruse presque parfaite qui prend l'allure d'une échappatoire, là où on peut transgresser ses propres lois et règles. Les paradis fiscaux, un nominatif qui fait rêver, il nous renvoie en fait l'image des îles paradisiaques avec leurs mers d'eau turquoise transparente et le soleil à longueur d'année. Malheureusement, cette image très séduisante n'est pas la réalité, il s'agit bien d'une configuration beaucoup plus ténébreuse, des pays dont les banques ont le droit d'encaisser l'argent d'où qu'il vient quitte à être sale. Là où l'État n'effectue aucun contrôle fiscal sur ces fortunes souvent d'origines très douteuses. Néanmoins, le problème c'est qu'on ne se limite guère comme jadis aux fraudes fiscales, maintenant on a créé des sociétés écrans, autrement dit, des entreprises fictives créées pour dissimuler les transactions financières des sociétés économiques. Par exemple, il y a de grandes sociétés multinationales qui ne paient aucun impôt dans leurs pays de naissance sous prétexte d'optimisation fiscale ! Alors qu'un simple ouvrier, employé ou même petit patron, paient de 30 à 40 % de leurs bénéfices à l'État entre cotisation sociale et impôts. Là, on n'est même pas dans le registre des inégalités et de l'injustice sociale, ce nouveau modèle a dépassé largement les règles et codes du capitalisme/libéralisme lui même. Cela discrédite certainement l'action des gouverneurs de ces pays, car il les rend complètement démunis face à la superpuissance de ces groupes qui deviennent au fur et à mesure les vrais décideurs. Ce qui peut provoquer un déséquilibre sociopolitique très dangereux dans l'avenir, y compris dans les pays qui renvoient une allusion de solidité «éternelle».

Deuxième limite : justement, pour ce qui est des règles et lois, ce « modèle » très peu réglementé, s'appuie sur des organismes particulièrement financiers qui n'obéissent à aucune loi, car ils fonctionnent dans l'obscurité totale, et donc les soupçons sur l'utilisation des méthodes occultes, conflit d'intérêts, biais d'influences, corruption, blanchiment d'argent, trafic d'armes et narcotrafic et tous les crimes économiques qu'on peut imaginer, sont tellement légitimes, voire très préconisés. À titre d'exemple, dans une conversation téléphonique divulguée par les médias, un ancien ministre des Finances français cherchait où il peut « planquer » son argent en toute sécurité. Dans ce cas de figure, la question principale n'est pas l'évasion fiscale du premier responsable du fisc français, mais d'où parvenaient ces sommes d'argents d'un haut fonctionnaire de l'État ?

Troisième limite: contrairement aux stéréotypes véhiculés par les médias internationaux, l'intensité des capitaux transférés illégalement à ces banques, selon ce même rapport, est beaucoup plus élevée dans les pays dits démocratiques, les pays du Nord civilisé que les pays du Tiers-monde, les pays pauvres du Sud. On peut effectivement observer dès lors qu'il existe sur cette « liste de la honte » 440 personnes associées à l'Algérie, ce qui nous intéresse particulièrement, dont 10% de nationalité algérienne (44 personnes) avec une somme totale de 671 millions d'euro transférée entre 1970 et 2006. Sans aucun cynisme de notre part ou une volonté de vouloir minimiser l'ampleur de ce scandale, il faut avouer que sur 36 ans, ce chiffre est tout de même peu signifiant, en proportion à la richesse de notre pays ( PIB, réserves de changes...etc.) et en comparaison avec d'autres pays beaucoup moins riches et qui sont mieux classés dans ce tableau de la fraude. Toutefois, la justice algérienne est appelée à ouvrir une information judiciaire car ces transferts sont strictement interdits dans la loi du pays. On peut s'interroger en revanche sur l'existence d'autres comptes dans d'autres banques et d'autre pays ! Certainement, mais on a là un aperçu et un échantillon très représentatif qui nous donne une idée assez claire sur l'échelle de grandeur de ce phénomène dans tous les pays du monde.

Ainsi donc, on peut conclure sans aucune hésitation que ces fléaux sont très liés aux pays dominants, ce qui rend le discours moralisateur, qui ressemble beaucoup à l'argument principal de la colonisation (civiliser les indigènes) et prétend se soucier de la transparence, la démocratie et la bonne gouvernance des pays du Sud, beaucoup moins crédible. Il se heurte fortement en fait à l'épreuve du terrain de la lutte contre la corruption et tous ces crimes économiques. Cette réfutation nous révèle également la grossièreté de l'argument du droit d'ingérence selon lequel les pays puissants s'ingèrent dans les affaires des pays pauvres pour leur «apprendre» et/ou leur imposer la bonne gouvernance, la démocratie et la transparence dans la gestion de leurs affaires !

En vantant les bienfaits de ce système libéral, la démocratie occidentale est bien embarrassée par ces scandales à répétition. Parce qu'en trahissant son propre code d'honneur et malgré les crises graves successives qui ont secoué le « monde libre », le capitalisme est en train de sombrer dans un aveuglement perceptible. Il est victime effectivement de son propre égoïsme et prisonnier de son arrogance. Le grand capital veut imposer ainsi un ordre établi très strict au reste du monde mais en suivant lui même une démarche anarchique. Cette contradiction est potentiellement génératrice de chaos qui ne sera pas forcement créateur !

zadhand
23/02/2015, 17h06
SwissLeaks
Le scandale de la banque HSBC (suite)
Un formidable travail d’investigation qui n’a pas encore tout livré


Comprendre la fraude fiscale de HSBC en 3 minutes…
En 2006 et 2007, la banque HSBC de Genève a mis en place un système de fraude fiscale. Le placement de l'argent de ses clients dans des sociétés offshore a permis l'évasion de plus de 180 milliards d'euros, selon les enquêteurs, à travers plus de 200 pays pour le compte de 130 000 personnes physiques ou morales. Les explications en images.

A voir sur Internett:
SwissLeaks : comprendre la fraude fiscale de HSBC en 3 min (http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/02/08/swissleaks-comprendre-la-fraude-fiscale-de-hsbc-en-3-min_4571570_3234.html)


…Et consulter le dossier
publié par Le Monde
«SwissLeaks/Révélations sur un système international de fraude fiscale». Le 8 février 2015, 154 journalistes d’une cinquantaine de médias publient le résultat de plusieurs mois d’enquête sur la filiale suisse de la banque HSBC. Les révélations mondiales portent sur le système d’évasion fiscale mis en place par la banque et ses clients.
En savoir plus:

SwissLeaks, tout savoir sur ce système international de fraude fiscale (http://www.lemonde.fr/economie/visuel/2015/02/11/swiss-leaks-tout-savoir-sur-ce-systeme-internationale-de-fraude-fiscale_4574353_3234.html#KKYMuE4R2AuKlfwE.99)
Rappel des faits (voir aussi Le Soir d’Algérie du 16 février 2015). Début 2014, le quotidien français Le Monde entre en possession de données concernant la filiale suisse de la banque HSBC sur la période 2005-2007 et décide de les partager avec une soixantaine de médias internationaux, via l'ICIJ, un consortium de journalistes d’investigation. Le Monde, devant l’ampleur de la tâche, avait rapidement compris qu’il ne pourrait pas traiter seul les documents auxquels il avait eu accès.
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), dont le siège est à Washington, est une émanation du «Center for Public Integrity» (CPI, Centre pour l'intégrité publique), une organisation à but non lucratif créée en 1989.
Il va coordonner le «dépouillage» et l'analyse des dossiers en impliquant plus de 150 journalistes originaires de quelque 50 pays. Parmi eux : la BBC, le Guardian (Royaume-Uni), Clarín (Argentine), Politiken (Danemark), Aftenposten (Norvège), le Tages-Anzeiger (Suisse), la Süddeutsche Zeitung (Allemagne), l'Asahi Shimbun (Japon), Le Soir (Belgique), etc. L'ICIJ a, par ailleurs, répertorié et publié sur son site les liens des articles parus sur l'affaire dans toute la presse mondiale le lundi 9 février.

Des hommes politiques algériens, anciens et actuels, sur la liste
Selon l’ICIJ, les clients qui détenaient des comptes bancaires HSBC en Suisse comprennent d’anciens et actuels politiciens de Grande-Bretagne, de Russie, d'Ukraine, de la Géorgie, du Kenya, de la Roumanie, de l'Inde, du Liechtenstein, du Mexique, du Liban, de la Tunisie, de la République démocratique du Congo, du Zimbabwe, du Rwanda, du Paraguay, de Djibouti, du Sénégal, des Philippines et de l'Algérie. Il faut noter la formule «anciens et actuels politiciens» ! Ce qui expliquerait l’existence d’une certaine fébrilité au sein du pouvoir algérien à l’idée que cette liste soit rendue publique. HSBC Private Bank (Suisse) a continué à offrir des services à des clients qui avaient été défavorablement nommés par les Nations unies dans des documents judiciaires et dans les médias comme connectés au trafic d'armes, au trafic de diamants et à la corruption.

Une seule voix
A rebours de l'enthousiasme généralisé suscité par cette investigation mondiale, certains journaux émettent toutefois quelques réserves. C'est le cas de la rédactrice en chef de Bilan, un bimensuel économique suisse. Auteur d'un livre sur l'évasion fiscale, Myret Zaki s'interroge sur le battage médiatique suscité par l'affaire. «Le travail des journalistes qui se sont plongés dans ces données des semaines durant mérite certes respect et louanges. Mais le problème de ces opérations coordonnées, c'est que la presse impliquée en devient uniforme, parle d'une seule voix, présente les faits à l'identique, et l'esprit critique se perd quelque part dans la masse des gigaoctets. On reçoit des données prêtes à l'emploi ? Alors on tape sur la cible sans se poser de questions.»
L'essentiel, selon elle, ne réside pas dans le fait que certaines célébrités telles que Gad Elmaleh figurent sur la liste Falciani mais plutôt dans ce qu'il révèle sur le laxisme avancé de certains pays en matière de lutte contre le blanchiment d'argent.
«Alors qu'on découvre les comptes douteux de cette liste, on sait que le ministère public de la Confédération en a eu connaissance, et qu'à nul moment la Suisse n'a jugé opportun d'ouvrir une enquête […] On n'est ici qu'au début de l'investigation journalistique. Comme le phénomène persistant de la soustraction fiscale, le problème du blanchiment reste entier, il est en progression, et il est de portée mondiale. C'est à ce niveau que les journalistes pourraient combiner leurs forces au plan mondial pour enquêter.» Ce qui explique que cette affaire HSBC est loin d’avoir livré tous ses secrets. L’exploitation de cet énorme fichier n’est pas terminée : ces premières révélations et à l’échelle mondiale en appellent d’autres. Comme il est maintenant quasi certain qu’HSBC n’est pas la seule banque internationale à s’être livrée à ces pratiques criminelles. D’autres affaires vont bientôt faire leur apparition ?
Djilali Hadjadj

Estimant que son journal sous-traite l’affaire HSBC, un journaliste anglais démissionne
The Telegraph, journal britannique, n'a pas le courage, ou pire, plus la possibilité de déplaire à l'un de ses importants annonceurs, la banque HSBC, estime Peter Oborne, éditorialiste politique de ce quotidien. Le journaliste l'a fait savoir haut et fort en démissionnant. Selon lui, les responsables du Telegraph ont «privilégié» la publicité et les intérêts du groupe bancaire international britannique au devoir d'informer. Le reporter, entré il y a cinq ans au sein du quotidien conservateur, accuse ainsi sa hiérarchie et les propriétaires du journal, les frères Barclay, de «tromperie envers ses lecteurs».
Articles «délibérément supprimés»
Dans une tribune publiée le 17 février sur le site «Open Democracy», Peter Oborne révèle que certains responsables éditoriaux ont «délibérément supprimé des articles critiques envers la HSBC».
Il évoque entre autres un reportage de janvier 2014 concernant des comptes bancaires à Hongkong, retiré du site internet, alors qu'«il n'y avait aucun problème».
Cette frilosité à publier ce qui pourrait déplaire à un annonceur date de 2013, affirme M. Oborne. A cette date, HSBC avait suspendu sa publicité dans les colonnes du Telegraph après que le journal a publié une enquête sur des comptes offshore à Jersey. «HSBC est un annonceur que vous n'êtes pas autorisé à offenser», aurait alors déclaré un ancien responsable du journal à Peter Oborne.
Pour l'heure, le groupe HSBC n'a pas réagi à ces déclarations. Le quotidien The Guardian, qui a lui-même révélé l'affaire SwissLeaks, assure toutefois que la banque HSBC a fait une «pause» dans ses publications publicitaires dans ses pages après la révélation du scandale.
LSC

SHSBC et l’Algérie, une histoire ancienne
Le listing d’HSBC Genève pour la période fin 2006-début 2007 n’a pas encore tout livré : beaucoup de mystère, de questions et de rumeurs sur la liste des 440 clients de cette banque associés à l’Algérie dont presqu’une cinquantaine est de nationalité algérienne. Il faut rappeler que cette liste est aux mains du gouvernement français depuis 2009, gouvernement qui l’a d’abord donnée à ses alliés occidentaux (européens et américains notamment).
L’a-t-il livrée au gouvernement algérien ? Fort probable. Pour le moment, ce que l’on sait entre autres — et qui est assez surprenant — du «fichier algérien» montre que des Algériens avaient ouvert des comptes à HSBC Genève dès…1958 ! Vous avez bien lu : 1958, soit 4 ans avant l’indépendance. Est-ce une partie de ce que l’on a appelé le «trésor du FLN» ?
D. H.

zadhand
23/06/2015, 00h56
La fraude fiscale de HSBC 22 Juin 2015


Sur Arte demain soir _L’affaire HSBC



Mardi 23 juin à 19h55 (heure algérienne), la chaîne franco-allemande Arte diffuse un documentaire intitulé Falciani et «Swissleaks»/La fin d’un paradis fiscal ?, qui traite de l’affaire HSBC Genève qui avait défrayé la chronique internationale il y a quelques mois. Les données «Swissleaks» ont permis de mesurer l'ampleur de la fraude fiscale un peu partout dans le monde, en Algérie notamment.
Ce documentaire en forme de polar économique suit le parcours semé d'embûches du lanceur d’alerte Hervé Falciani. Ancien collaborateur de la banque HSBC, Hervé Falciani a fourni en 2008 aux autorités financières françaises les numéros de plus de cent mille comptes de particuliers qui avaient mis leurs avoirs à l’abri à HSBC Genève, clients issus de quelque deux cents pays, dont l’Algérie.
Le tout représentant une somme excédant 75 milliards d’euros. Investissements offshore, paradis fiscaux, transferts d’argent selon des procédés élaborés et dénués de toute transparence sont depuis longtemps monnaie courante pour HSBC, deuxième plus grande banque du monde. Les documents publiés en février dernier dans le cadre du scandale «Swissleaks» prouvent que les conseillers de cette institution financière fournissaient de précieuses informations à leurs clients pour leur permettre d’échapper au fisc dans leurs pays respectifs.

Opérations bancaires illégales
Le documentaire suit le parcours d'Hervé Falciani et ses efforts pour remettre des données confidentielles entre les mains d'administrations scrupuleuses et de décideurs politiques intègres. Il a dû quitter précipitamment la Suisse où il est recherché par la justice. Il vit à Paris et continue de travailler comme informaticien. Il demeure en contact permanent avec le parti espagnol anticorruption «Partido X».
Le documentaire est suivi d’un entretien avec Hervé Falciani.