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Voir la version complète : Traité transatlantique : plus de pesticides dans ton assiette



edenmartine
14/01/2015, 09h36
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Avec le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) en cours de négociation entre les États-Unis et l'Union européenne (UE), celle-ci devrait probablement être plus indulgente quant à la présence de pesticides dans les aliments. C'est ce que révèlent des documents publiés mercredi 7 janvier par la Commission européenne.

Les craintes des associations semblent bien fondées : avec le TTIP, qui vise à aplanir toute entrave commerciale entre les États-Unis et l'UE, la sécurité des aliments de ce côté-ci de l'Atlantique pourrait en prendre un sacré coup. Du moins avec les pesticides, pour lesquels l'UE emploie des limites maximales de résidus très inférieures à celles des États-Unis. Selon des documents de négociation (http://trade.ec.europa.eu/doclib/press/index.cfm?id=1230)rendus publics mercredi par la Commission européenne, cédant ainsi aux demandes de transparence, l'UE propose aux États-Unis que « les tolérances et les limites maximales de résidus [LMR] adoptées par la commission du Codex Alimentarius soient appliquées par les deux parties après l'entrée en vigueur de l'accord, sans délai excessif » [1].

Or les limites fixées par le Codex Alimentarius, programme sous l'égide de l'ONU [2], sont le plus souvent supérieures à celles en vigueur dans l'UE, comme le révèle un rapport publié mercredi (http://ciel.org/Chem/TTIP_LCD_7Jan2015.html) par le Center for International Environmental Law(CIEL). Selon l'association américaine, rien d'étonnant à cela : le Codex est « sous influence des États-Unis et du lobby industriel ».

Des LMR toujours plus basses dans l'UE

Entre l'UE et le Codex, les différences sont parfois d'un facteur de 2 à 5, mais souvent bien plus. Ainsi pour la diphénylamine dans les pommes : dans l'UE, la LMR est fixée à 0,01 mg/kg, alors que le Codex prône une valeur 1.000 fois plus élevée, de 10 mg/kg - chiffre en vigueur aux États-Unis.

A l'inverse, ce dernier pays a opté pour des valeurs au minimum similaires à celles du Codex Alimentarius, mais souvent plus élevées. C'est donc un compromis pour le moins bancal que la Commission propose aux États-Unis, par lequel les consommateurs européens devraient ingérer bien plus de pesticides que par le passé.

Plus délicat, que va-t-il se passer pour les 82 pesticides interdits dans l'UE, mais autorisés aux États-Unis? Pour le CIEL, « l'approche prônée par l'industrie des pesticides [qui suit de près les négociations en cours, ndlr] conduirait à réintroduire ces substances dans l'UE, malgré les nombreuses preuves que ces risqué ne peuvent être prédits ou contrôlés, et que l'exposition devrait ainsi être limitée ».

« Le plus petit dénominateur commun »

En matière de sécurité des aliments, c'est donc la politique du « plus petit dénominateur commun » qui a été choisie, dénonce le CIEL. La Commission se défend toutefois de vouloir sacrifier la protection des consommateurs à des impératifs commerciaux : « aussi bien les États-Unis que l'UE se sont engagés à ce que le TTIP ne change rien à leurs règles respectives de sécurité des aliments ».

« L'UE conservera ses restrictions sur l'emploi d'hormones et de promoteurs de croissance dans les élevages, tout comme les États-Unis gardera les siennes sur les contaminants microbiens », ajoute-t-elle.

Hasard du calendrier ou non, le département américain à l'agriculture (USDA) a annoncé fin décembre la reprise des importations de bœuf européen, levant ainsi l'embargo en place depuis 1998 en raison de la crise de la vache folle (voir leJDSA (http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-b-uf-europeen-revoit-les-etats-unis,54130)). Ce qui, dans le contexte actuel, a peu de chances d'être un geste gratuit.

Notes :

[1] Seule exception notable, des divergences de LMR pourront subsister lorsque «l'importateur [aura] émis des réserves auprès de la commission du Codex Alimentarius».

[2] Il s'agit d'un programme commun de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).