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harroudiroi
13/01/2015, 11h44
Lettre ouverte à Dieudonné: "Tu as trahi ceux qui te défendaient"

http://communaute.lexpress.fr/avatar_30_36/w_50,h_50,c_fill,g_center/v1421104862/avocatdudiable_1242783.jpg (http://communaute.lexpress.fr/membre/avocatdudiable) Par AvocatDuDiable (http://communaute.lexpress.fr/membre/avocatdudiable) (Express Yourself) publié le 13/01/2015 à 12:24
Ancien soutien du polémiste antisémite Dieudonné, notre contributeur considère que le message posté par l'humoriste sur sa page Facebook, "je me sens Charlie Coulibaly", est la provocation de trop.


http://static.lexpress.fr/medias_10129/w_2048,h_890,c_crop,x_0,y_55/w_605,h_270,c_fill,g_north/le-polemiste-dieudonne-le-15-janvier-2012-a-paris_5186091.jpg



Le polémiste Dieudonné, le 15 janvier 2012 à Paris.

Je t'ai défendu cher Dieudo (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/dieudonne-le-polemiste_1310258.html). J'ai cru en toi, parfois en fermant les yeux, parfois en me bouchant les oreilles certes, mais j'ai cru en toi lorsque tu revendiquais le droit à la liberté d'expression (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/dieudonne-la-circulaire-valls-menace-t-elle-la-liberte-d-expression_1312319.html). Je t'ai aimé pour ce que tu représentais à mes yeux: un provocateur talentueux, capable d'instiller chez tes spectateurs un esprit critique sur des questions trop rarement mises sur le devant de la scène (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/ce-que-l-affaire-dieudonne-dit-de-la-concurrence-memorielle_1316746.html) (je pense en particulier à l'esclavage, aux religions, à la mort). Je voyais en toi un rebelle non-violent, défenseur des opprimés, perturbateur du politiquement correct, dénonciateur des injustices. Je te défendais, lorsqu'aux repas de famille par exemple, le vieil oncle lançait "pfff ce Dieudonné", tentant d'expliquer avec conviction que tu étais un écorché vif, que tu jouais la bête immonde sans pour autant l'être. J'ai prêché auprès de personnes blessées par tes propos, en te trouvant mécaniquement des excuses aux noms de la liberté d'expression et du Dieu Humour. Je t'ai accordé le bénéfice du doute, trouvé des prétextes, des circonstances atténuantes, j'ai invoqué ta subtilité. Je me suis opposé, en tant que juriste, à l'arrêt du Conseil d'Etat (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/spectacles-de-dieudonne-avec-l-arret-du-conseil-d-etat-les-maires-y-verront-plus-clair_1312995.html) en date du 9 janvier 2014 interdisant ton spectacle. Je me suis fait l'avocat du diable, mettant parfois un voile sur ma bonne foi. Bref, je t'ai soutenu en ce que tu incarnais l'humoriste qui doit absolument exister malgré ses dérapages, pensant que dans le "mal", tu pouvais également susciter le "bien".
Tu as raté l'occasion de mettre de côté nos différences

Il m'a fallu attendre ce dimanche 11 janvier 2015 pour que tu me trahisses à jamais, en déclarant te sentir "Charlie Coulibaly" (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/dieudonne-se-sent-comme-charlie-coulibaly_1639592.html). En ironisant sur la marche républicaine (http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actualite/societe/marches-republicaines-les-images-de-la-maree-humaine_1639552.html), le seul jour depuis des années où nous devions nous lever comme un seul homme, le seul jour où nous pouvions abattre temporairement Le mur, tu m'as perdu, ainsi que des milliers de fans, à cause de l'ambiguïté que tu recherches. Bien sûr, tu trouveras les mots pour te défendre toi-même. Mais comment peux-tu ignorer l'émotion que cela va susciter dans un moment pareil? Nous sommes à court d'excuses, de réflexion, d'arguments. Car quand bien même il y avait une part d'hypocrisie (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/attentat-a-charlie-hebdo-les-pires-tentatives-de-recuperation-politique_1638622.html) dans cette marche républicaine - je pense à ceux qui crachaient sur Charlie Hebdo (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/willem-nous-vomissons-sur-ceux-qui-subitement-disent-etre-nos-amis_1639351.html) il y a encore peu de temps, ou à ces dirigeants (http://www.lexpress.fr/24henimage/qui-sont-les-chefs-d-etat-ou-de-gouvernement-presents-a-la-marche-republicaine-a-paris_1639564.html) qui ignorent les vertus de la liberté d'expression dans leur propre pays - elle a permis à la France, au monde, de mettre de côté, l'espace d'un court instant, nos "différences". Cela ne voulait pas dire que l'on oubliait ce qui se passait ailleurs, au Nigéria par exemple (http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/boko-haram-je-n-ai-pas-arrete-de-marcher-sur-des-cadavres_1639869.html), cela voulait juste dire que nous étions, à ce moment précis, unis dans la diversité.
La liberté d'expression, oui, mais dans le cadre de la loi

Tu as beau te justifier de ce missile via une lettre envoyée (https://twitter.com/DWHUMBERT/status/554620321069039616) à Bernard Cazeneuve, tentant maladroitement et sans conviction de dire que quand tu t'exprimes, on ne cherche pas à te comprendre. Tu te trompes. Vraiment. Tu te trompes en ce que chacun essaye justement de te comprendre, toi qui bénéficies, bien plus que d'autres, d'une tribune. Une partie de tes fans, ceux qui croient encore en toi, brandissent la liberté d'expression comme on érige un "permis de dire tout ce que l'on veut". Ceux-là se trompent également, la liberté d'expression connaît ses limites.
Des limites juridiques d'abord, qui sont gravées soit dans les textes fondamentaux (articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_des_droits_de_l%27homme_et_du_cit oyen_de_1789) de 1789, article 10 de la Convention européenne des Droits de l'Homme (http://www.echr.coe.int/pages/home.aspx?p=basictexts&c=fra)), soit dans la jurisprudence. Donc non, on ne peut pas tout dire, même dans le moins pire des régimes, la démocratie. Certes, la justice aura du mal à te condamner uniquement pour cette polémique, offrant l'occasion à tes jeunes avocats de philosopher sur ton message et d'appuyer sur le fait que tu as senti dans le regard des autres que tu étais à la fois Charlie et Coulibaly. A moins que l'enquête ne soit plus globale et qu'un faisceau d'indices tende à démontrer l'apologie du terrorisme. Quoi qu'il en soit, au-delà de ces limites juridiques, il y a surtout des limites morales. Et celles-ci, tu les as outrageusement dépassées, te plaçant au même niveau de bêtise que ceux qui ont vu en toi l'ennemi public numéro un, et donnant également raison à une partie de tes assaillants. C'était pourtant un jour important pour ne pas souffler sur la polémique, pour ne pas jouer sur l'ambiguïté de certains propos.
Ceux qui boivent tes paroles vont dériver

Alors c'est terminé, je ne te suis plus. C'était la fameuse goutte d'eau... ou plutôt la fameuse goutte d'alcool, celle que l'on regrette d'avoir ingérée. Car au final tu es comme l'alcool. Un peu ça va, on se marre, c'est agréable. A moyenne dose, suivant les gens, tu peux faire rire, pleurer, grincer des dents, commencer à énerver. A forte dose, tu deviens incohérent, voire dangereux.
A tout le moins, il ne suffit pas de dire que tu es un homme de paix pour l'être réellement. Il ne suffit pas non plus de dire que tu parles au nom de la liberté d'expression (http://videos.lexpress.fr/actualite/monde/video-des-dessinateurs-du-monde-entier-rendent-hommage-a-charlie-hebdo_1638849.html) pour que cette dernière forme autour de toi une bulle de protection inaliénable. Le pouvoir des humoristes n'est pas à prendre à la légère et tu as une responsabilité envers ceux qui t'écoutent, ne t'en déplaise. Tu sais très bien que certaines de tes paroles sont bues par tes fans. Tu sais très bien que certains de tes fans se nourrissent de tes ambiguïtés. Tu sais très bien que tes ambiguïtés peuvent conduire à des dérives. Or, ces "dérives", c'est justement ce qu'il faut éviter, aujourd'hui plus que jamais. Par tes propos, tu as raté l'occasion de te taire. Pire, tu as raté l'occasion d'envoyer un message réconciliateur.
Partant, je t'en veux, toi qui te prétends être justement "l'homme de paix", car en sortant cette connerie dimanche soir, puis en cherchant la victimisation derrière (celle que tu dénonces pourtant dans tes spectacles) tu as prouvé que, dans un instant de communion (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/en-direct-attaques-terroristes-a-paris-une-marche-republicaine-historique_1639460.html) aussi solennel, tu ne pouvais t'empêcher de polémiquer en revendiquant le nom d'un assassin (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/l-enquete-relie-coulibaly-au-joggeur-blesse-par-balles-a-fontenay-aux-roses_1639710.html) dénué de morale, de courage, de savoir et de coeur. Tu as trahi une partie de ceux qui te défendaient jusqu'alors, qui voyaient en toi le meilleur des humoristes. Je ne doute pas que certains te trouveront encore des excuses, à base de "vous ne le comprenez pas, c'est de l'humour, c'est la liberté d'expression". Mais pour combien de temps?

En savoir plus sur Lettre ouverte à Dieudonné: "Tu as trahi ceux qui te défendaient" - L'Express (http://www.lexpress.fr/actualite/la-derniere-trahison-de-dieudonne_1640016.html#CSMP01mjiITgoQMh.99)

edenmartine
14/01/2015, 09h28
Quand Charlie Hebdo faisait l’apologie du terrorisme


À l’heure où Dieudonné est poursuivi pour une petite diatribe satirique, replongeons-nous un instant dans un passé assez proche afin de redécouvrir ensemble la une du journal hebdomadaire Charlie Hebdo du 10 octobre 2012 :
http://quenelplus.com/wp-content/uploads/2015/01/charlie.jpg

Que peut-on y voir ? Hormis le très gentil épitaphe laissé sur la tombe par un proche aimant, le titre du dessin ne laisse en aucune façon place au doute. Aucune réserve n’est permise, le message est clair !

Le dessinateur Riss réclame toute honte bue le retour d’entre les morts du terroristo-salafisto-islamisto-philatéliste Mohamed Merah, à la manière d’un zombie qui parviendrait à s’extraire lui-même de sa propre tombe, le poing dressé vers le ciel comme pour tous nous faire comprendre qu’il est de retour pour assassiner de nouveau l’Innocence.

Faut-il trembler ? Faut-il avoir le sang qui se glace ? Faut-il avoir froid dans le dos ? Tu veux un thé ? Autant de questions qui nous saisissent et s’imposent à nous tant elles nous paraissent nécessaires !

Déjà, les ragots vont bon train et les mauvaises langues s’en donnent à cœur joie. Des cerveaux malades affirmeraient que « Charlie Hebdo a été entendu » ou encore que « lorsqu’on demande le retour de quelqu’un et qu’il revient, il ne faut pas revenir se plaindre qu’il est reviendu ».

Qu’a fait le ministre de l’Intérieur de l’époque ? Rien ! Une enquête de fond semblait pourtant impérative. Par une absence de réaction, le ministre n’a-t-il pas lui même encouragé des gens à passer à l’acte ?

Par ce laxisme intolérable, n’est-il pas d’une certaine manière et à son niveau, un des cerveaux des attaques du 7 janvier 2015 ? Qui sont les vrais responsables ? Qui propage l’idéologie de haine ?Nous vous laissons juges.

harroudiroi
14/01/2015, 12h12
Ils nous laissent être juges.