PDA

Voir la version complète : L'homme moderne a perdu 20% de densité osseuse



edenmartine
23/12/2014, 17h04
http://img.20mn.fr/Mpdfh2Q7R2KjpYGxpA6EvQ/648x415_20mn-31902.jpg

Mais surtout, elle change de nature et devient phénomène de mode. Tout effroi évacué, le crâne et le squelette deviennent un motif. Marina Abramovic, Carrying the skeleton I, 2008


Les chasseurs-cueilleurs qui vivaient encore il y 7.000 ans avaient des os et des articulations (hanches, genoux et chevilles) aussi solides que l'homme de Neandertal, un cousin disparu il y a 28.000 ans ou même les chimpanzés, un lointain ancêtre, selon des scientifiques américains. Mais ça c'était avant. Puisque, jusque-là et depuis des millions d'années, les hommes et leurs ancêtres survivaient de chasse et de cueillette, des activités requérant une activité physique intense.

Dans leurs travaux, parus ce lundi dans les Comptes rendus de l'académie américaine des sciences (PNAS) (http://www.pnas.org/), des experts affirment , aujourd'hui, que les humains ont perdu 20% de densité osseuse dans des membres inférieurs. Ces «agriculteurs» qui vivaient dans les mêmes régions depuis 6.000 ans ont, en effet, des os nettement moins denses et plus fragiles.

http://img.20mn.fr/f4ReXWcgRKCunErDqKKl0w/561x0_sediba-squelette-inedit-rebat-cartes


Plus spongieux, moins denses
«Il s'agit de la première étude (1) sur le squelette humain à révéler une importante diminution de densité osseuse chez les hommes modernes», souligne Brian Richmond, conservateur de la division d'anthropologie du musée national d'Histoire naturelle à Washington et professeur à l'Université George Washington, un des coauteurs de ces travaux.

Les résultats montrent que seuls les humains modernes récents ont une faible densité des os spongieux qui est particulièrement prononcée dans les articulations des membres inférieurs (hanches, genoux et chevilles). «Ce changement anatomique tardif dans notre évolution paraît bien avoir résulté de la transition d'une vie nomade à un mode de subsistance plus sédentaire», concluent ces chercheurs.


Un contexte anthropologique aux pathologies osseuses
«La quantité de céréales cultivée dans le régime alimentaire des agriculteurs ainsi que de possibles carences de calcium pourraient avoir contribué à réduire la masse osseuse mais il apparaît toutefois que l'aspect biomécanique de l'abandon des activités de chasse et de cueillette a joué une plus grande part», précise Timothy Ryan, professeur adjoint d'anthropologie à l'Université de Pennsylvanie, autre auteur de cette découverte.


Une découverte qui fournit un contexte anthropologique aux pathologies osseuses des populations contemporaines comme l'ostéoporose, une fragilisation des os fréquente chez les personnes vieillissantes qui résulte en partie du manque d'activité physique notamment la marche.



http://img.20mn.fr/Tqp1magsQUeL8Pp7ZLxK5w/561x360_20mn-65423

«Nous n'avons pas évolué pour être assis à un bureau»
«Il y a sept millions d'années d'évolution des hominidés qui les a adaptés pour l'action et l'activité physique nécessaires à leur survie mais depuis seulement une centaine d'années nous sommes dangereusement sédentaires», relève alors Colin Shaw, professeur à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni). Et d'ajouter: «Nous n'avons pas évolué pour être assis dans une voiture ou à un bureau».


Pour ces chercheurs, faire beaucoup d'exercice physique à partir d'un très jeune âge doit permettre de parvenir à une résistance osseuse maximum vers trente ans. Et la prochaine étape de cette recherche sera donc d'analyser les différents types de mouvements du corps qui ont permis à nos ancêtres de parvenir à une telle solidité osseuse en étudiant, entre autres, les coureurs de marathon de l'extrême de l'Himalaya au désert de Namibie.

(1). Pour cette étude, les auteurs ont utilisé des scanners pour mesurer la densité osseuse de la partie spongieuse des os chez 59 humains modernes, 229 primates comme des chimpanzés ainsi que sur des ossements fossilisés d'hominidés dont l'Australopithécus africanus (-3,3 à -2,1 millions d'années), le Paranthropus robustus (-1,2 millions d'années) et des Néandertaliens (-250.000 à -28.000 ans).